Pittsburgh Penguins - Detroit Red Wings (4 juin 2008)

 

Finale de la Coupe Stanley, match 6.

Detroit tenait la coupe à 34 secondes de la fin : il faudra digérer cet échec en triple prolongation pour tenter de conclure à l'extérieur. Pittsburgh joue quoi qu'il arrive son dernier match de la saison à domicile et a tout à gagner ce soir, porté par son public. La série a pris une tournure riche en émotion avec ce spectaculaire match 5. La chaleur qui règne sur Pittsburgh en ce moment a conduit les organisateurs à renforcer la climatisation, mais la surface de jeu reste moyenne.

Les Red Wings déterminés

Les Red Wings, dominateurs dans cette série - au moins au nombre de lancers - sont donc sous pression au coup d'envoi malgré cette avance de 3 victoires à 2. L'ambiance est indescriptible, alors que ce sont les visiteurs qui débutent pied au plancher. Mike Babcock a insisté sur le mauvais début de match 5, aussi l'équipe essaie de faire mieux. Les deux équipes appuient leurs mises en échec d'entrée, notamment le héros d'avant-hier Maxime Talbot sur Daniel Cleary. La première occasion énorme revient à Petr Sykora, buteur en prolongation, qui récupère une mauvaise relance de Nicklas Kronwall devant le but, sans opposition. Chris Osgood sauve son équipe, ballottée après une bonne première présence. L'intensité et le rythme sont très élevés d'entrée.

Après cinq minutes, les arbitres appellent la première pénalité du match, une obstruction totalement inutile de Darryl Sydor sur Kirk Maltby. Avec 3 buts en 27 supériorités dans cette finale, Detroit tourne mal à un de plus. Mais cette fois-ci, l'équipe spéciale parvient à bien faire tourner le disque. Le gros travail technique de Datsyuk et Zetterberg, impressionnant dans le contrôle du disque, décale Brian Rafalski sur le côté gauche. Le vétéran profite de l'écran de Tomas Holmström pour faire mouche, avec l'aide d'une déviation involontaire de Hal Gill (0-1).

La réaction ne tarde pas avec une grosse présence de la ligne Malkin-Sykora. Chaque palet est âprement disputé et les espaces sont difficiles à trouver. À la mi-période, Detroit offre à son tour un avantage numérique lorsque Dallas Drake est sanctionné pour une charge sur Whitney. Draper tente de faire le pressing mais prend immédiatement deux minutes stupides en mettant une charge sévère dans le dos de Sergei Gonchar, derrière le but de Fleury. 5-contre-3 à venir pour les Penguins. Premier tir de Malkin, rebond dégagé devant Malone. Tir de Gonchar dévié par Crosby. Le travail de Zetterberg est énorme, Stuart et Datsyuk ne sont pas en reste. Pittsburgh n'a pas réussi à se montrer dangereux.

Pire, Adam Hall prend deux minutes pour une crosse haute peu après. Detroit peine à s'installer face au gros pressing adverse. Lors des seules occasions, Dupuis sauve son équipe en devançant Franzen, à l'affût d'un rebond laissé par Fleury sur son propre tir lointain, puis Hudler ne parvient pas à conclure de près. À cinq minutes de la sirène, Datsyuk déborde côté gauche et remise vers Zetterberg, qui manque le cadre. La fin de période est légèrement dominée les Wings, parfois gênés par l'échec-avant adverse mais qui globalement maîtrisent le palet. La surface de jeu se dégrade un peu, et il y a assez peu d'occasions intéressantes ; Detroit vire en tête assez logiquement après vingt minutes.

Bras de fer

La partie reprend sensiblement sur les mêmes bases : du rythme et des duels. Sur une contre-attaque, Lilja est puni pour un coup de crosse sur Sykora. Chris Osgood doit rester vigilant face au lancer de Whitney, Malone jouant le rôle de l'écran, à l'affût du rebond. Pittsburgh est ensuite très inquiet quand son capitaine Crosby rentre au banc après avoir trébuché sur un débordement côté droit et subi une lourde mise en échec de Stuart. La pénalité est tuée et la partie se ré-équilibre alors que Detroit multiplie les interceptions en zone offensive. C'est en toute logique que Valtteri Filppula parvient à expédier entre les jambières un rebond laissé par Fleury, sur un tir venu de l'aile signé Samuelsson (0-2).

Les Penguins sont en grosse difficulté, dominés dans le jeu comme au score. La réaction peine à apparaître, car le marquage adverse ne laisse aucun champ. Whitney puis Crosby du revers font tout de même passer quelques frayeurs dans la défense : Osgood sauve du gant puis colle bien son poteau. Le gardien est à son meilleur peu après, sortant une tentative de Roberts de manière spectaculaire, à bout portant. Une supériorité numérique ne tarde pas à arriver en faveur des Penguins, qui poussent de plus en plus. La pression devient énorme sur la défense de Detroit, qui finit par craquer. Hossa sort le palet de derrière le but pour Crosby, qui sert Malkin à l'opposée. Le tir puissant du Russe, pourtant sans opposition, trouve son chemin entre les jambières (1-2). Le public explose et tout est relancé... sauf que Gary Roberts commet une crosse haute en zone offensive et redonne une chance aux Wings de reprendre de l'air. Les esprits s'échauffent en fin de pénalité lorsque Franzen tente de reprendre un palet contrôlé par Fleury. Orpik et Franzen sont envoyés se reposer deux minutes, quatre-contre-quatre. L'intensité est à son comble, et la période s'achève sur ce court avantage pour les Wings.

Jusqu'à la dernière seconde...

Pittsburgh tente de repartir avec de la vitesse, se créant un premier tir de Dupuis. En face, c'est Franzen qui démarre en contre-attaque, sur une nouvelle mauvaise relance locale : Marc-André Fleury ne tremble pas. Il y a beaucoup de bonnes intentions des deux côtés, sans que l'on ne trouve souvent le cadre. Mises en échec et chaude ambiance règnent... Le temps défile en faveur des Red Wings, bien positionnés en défense et habiles en contre-attaque ; Datsyuk en bataille dégage le palet et Zetterberg parvient à la contrôler dans la neutre de manière spectaculaire. Il décolle côté gauche, expédie un lancer masqué par un défenseur. Fleury sauve, le disque glisse légèrement derrière lui. Il ne le voit pas et, lorsque la pression arrive sur lui, il se penche en arrière et le disque file au but. Un but justement validé, l'arbitre avait bien vu que la rondelle n'était pas gelée par le gardien (1-3). Fleury se rattrape sur la présence suivante en sauvant devant ce même Zetterberg, parti en 2-contre-1 avec Kronwall.

Il y a des boulevards en défense alors que les Penguins se jettent à l'assaut. Les occasions proviennent essentiellement de l'échec-avant de Detroit, Osgood est peu menacé. Les blancs sont sous contrôle et Zetterberg en feu, avec une nouvelle interception et un arrêt de Fleury. Dans la foulée, Datsyuk et Cleary profite d'une nouvelle mauvaise relance pour se créer une occasion. Les Penguins ne font plus rien de bon, avec toujours autant de difficultés à enchaîner trois passes de suite. Le pressing haut sur Gonchar et Whitney gêne la relance, et il faut attendre les deux dernières minutes pour que Pittsburgh reçoive une supériorité numérique ; Hudler, coupable lors du match 5, est à nouveau puni pour un accrochage. Fleury sort pour un attaquant de plus et les Penguins donnent tout. Malkin donne à Gonchar à la bleue, pour un tir puissant plein axe, dévié par Hossa alors que Lilja est au sol (2-3). Il reste 1'19"... Fleury sort à nouveau et Pittsburgh essaie tout ce qui est possible. Detroit s'arqueboute en défense, jusqu'à la toute dernière seconde avec un palet dangereux au buzzer près du poteau, sauvé par Osgood...

Les Detroit Red Wings remportent la coupe Stanley 2008, un succès mérité au vu de la physionomie des matches. Mais Pittsburgh aura tout donné et n'aura rien lâché, jusqu'au bout.

Étoiles du match : 1 Henrik Zetterberg (Detroit), 2 Brian Rafalski (Detroit), 3 Evgeni Malkin (Pittsburgh).

Trophée Conn Smythe (meilleur joueur des playoffs) : Henrik Zetterberg (Detroit), 27 pts (13 buts) en 22 matches et un ratio de +16.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Mike Babcock (entraîneur de Detroit) : "Je n'ai pas encore réalisé tout ça... Mais partager ce parcours avec les gars, la ville de Detroit et ma famille était très fort. Je suis sûr que je vais encore avoir beaucoup d'émotions dans la semaine à venir. Mais avoir son nom sur la coupe Stanley, c'est spécial... Sur un match aussi serré, l'émotion sur le banc est si incroyable qu'il faut la gérer. Envoyer les gars sur la glace, les faire rentrer est plus difficile mais on a eu une équipe très concentrée. Lidström est à mon avis un meneur phénoménal, un vrai capitaine avec sa serénité et son talent. Il y a aussi le groupe de soutien avec Draper et Chelios. Et Datsyuk et Zetterberg, pour leur tempérament de meneurs. Vous savez, on a une équipe très particulière et on est vraiment heureux évidemment. Osgood est une histoire fantastique. Quand on change de gardien au premier tour de playoffs, c'est souvent que vous allez à la pêche dans les trois jours, pas 14 victoires plus tard... Il faut lui donner du crédit. Il s'est assis dans mon bureau il y a 2-3 ans, parlant de se reconstruire et de trouver un chemin, et il l'a fait. Il a appris le style papillon et a progressé. Et maintenant, c'est l'un des meilleurs gardiens de la ligue, grâce à son mental et son tempérament. Il l'a prouvé en rebondissant et en gagnant ce soir."

Chris Osgood (gardien de Detroit) : "Ce n'est jamais facile. C'est le trophée le plus difficile à gagner. Ils ont donné tout ce qu'ils avaient. Probablement la série la plus difficile que j'ai vécue. C'était chaotique dans les 40 dernières secondes. On a sorti le palet à 10 secondes de la fin et là, ils font une superbe action. Ils ont vraiment une bonne équipe, Crosby avait des ailes. Je savais que c'était un bon revers de Hossa, j'ai essayé d'aller aussi loin que possible et ça a tapé mon bras. Je crois que le temps était écoulé quand le palet a roulé à côté du but. J'étais heureux de voir l'arbitre siffler la fin quand je me suis relevé..."

Nicklas Lidström (défenseur de Detroit) : "C'est un sentiment particulier d'être le premier à toucher la coupe. C'est la même émotion que les autres, contents du résultat final. Vous débutez le camp d'entrainement avec cet objectif. Vous en parlez toute la saison, de la manière de connaître le succès en phases finales. On a vécu une bonne saison régulière, et on a su enchaîner en playoffs, et c'est ce dont je suis le plus fier. C'était difficile de perdre contre Anaheim l'an dernier en finale de conférence, mais la plupart des gars ce soir y étaient. Cette fois-ci, l'équipe a répondu présent face aux coups durs dans ce parcours."

Sidney Crosby (attaquant de Pittsburgh) : "Nous n'avons probablement pas aussi bien joué qu'on aurait voulu sur les deux premiers matches. On savait qu'on pouvait hausser le niveau. En revenant ici, on avait confiance qu'on pouvait remonter. Gagner le 5e à Detroit nous a donné de l'élan, mais on a pas réussi à s'imposer ici. On voulait tout donner, et on est un peu courts. C'est dur, pas très agréable. On doit s'en souvenir..."

 

Pittsburgh Penguins - Detroit Red Wings 2-3 (0-1, 1-1, 1-1)

Mercredi 4 juin 2008 à 20h20 à la Mellon Arena. 17 132 spectateurs.

Arbitrage de Marc Joanette et Brad Watson assistés de Pierre Racicot et Jean Morin.

Pénalités : Pittsburgh 8' (4', 4', 0'), Detroit 12' (4', 6', 2').

Tirs : Pittsburgh 22 (8, 8, 6), Detroit 30 (9, 9, 12).

Évolution du score :

0-1 à 05'03" : Rafalski assisté de Zetterberg et Datsyuk (sup. num.)

0-2 à 28'07" : Filppula assisté de Samuelsson et Kronwall

1-2 à 35'26" : Malkin assisté de Hossa et Crosby (sup. num.)

1-3 à 47'36" : Zetterberg assisté de Datsyuk et Kronwall

2-3 à 58'33" : Hossa assisté de Gonchar et Malkin (sup. num.)

 

Pittsburgh Penguins

Gardien : Marc-André Fleury.

Défenseurs : Sergei Gonchar (A) - Brooks Orpik ; Rob Scuderi - Hal Gill ; Darryl Sydor - Ryan Whitney.

Attaquants : Pascal Dupuis - Sidney Crosby (C) - Marian Hossa ; Ryan Malone (A) - Evgeni Malkin - Petr Sykora ; Maxime Talbot - Jordan Staal - Tyler Kennedy ; Jarkko Ruutu - Adam Hall - Gary Roberts.

Remplaçant : Ty Conklin (G). En réserve : Kristofer Letang, Georges Laraque, Kris Beech, Jeff Taffe, Dany Sabourin (G).

Detroit Red Wings

Gardien : Chris Osgood.

Défenseurs : Nicklas Lidström - Brian Rafalski ; Brad Stuart - Nicklas Kronwall ; Brett Lebda - Andreas Lilja.

Attaquants : Pavel Datsyuk - Henrik Zetterberg - Tomas Holström ; Johan Franzen - Valtteri Filppula - Mikael Samuelsson ; Dallas Drake - Kris Draper - Daniel Cleary ; Jiri Hudler - Darren Helm - Kirk Maltby.

Remplaçant : Dominik Hasek (G). En réserve : Darren McCarty, Tomas Kopecky, Kyle Quincey, Justin Abdelkader, Derek Meech, Aaron Downey, Chris Chelios, Mattias Ritola, Mark Hartigan, Jakub Kindl, Jonathan Ericsson, James Howard (G).

 

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