Bâle - Fribourg-en-Brisgau (17 août 2008)

 

Match amical.

Bâle danse avec les loups

Trois ans après, l'EHC Bâle retrouve donc la LNB. Décrédibilisé par sa dernière saison en LNA, accumulant quarante points de retard (!) sur l'avant-dernier d'alors, Ambrì-Piotta, les Rhénans ont vécu un véritable chemin de croix. Il a fallu attendre les barrages pour voir Bienne mettre un terme à leurs souffrances. Et clore ainsi une morne parenthèse, à l'exception de cette fameuse saison 2005/06 où les Daniel Manzato, Olivier Keller et autres Éric Landry prirent les pronostiqueurs à contre-pied pour s'offrir un quart de finale face à Davos. Qu'elles semblent loin cette époque et cette diaspora aujourd'hui semée aux quatre vents, Bâle n'a plus que la LNB à se mettre sous la dent. Un juste retour des choses pour les détracteurs d'un club écrasé par son ombrageux voisin, le FC Bâle.....

Fribourg-en-Brisgau a également connu l'élite nationale mais le parallèle s'arrête là. Au contraire de Bâlois recyclés en équipe-ferme du HC Lugano, les Wölfe renaissent aux ambitions après deux ans de purgatoire en Oberliga. Avec les désistements de Regensburg et Essen, Freiburg a donc réintégré l'antichambre et la perspective de bouillants derbys avec l'historique rival Schwenningen. À ce titre, une première prise de température victorieuse face à des Wild Wings en rodage (4-3) pouvait doper l'orgueil des troupes et de partisans toujours friands de ce genre de festin !

Voilà qui a suffi à voir les ambitions en légère hausse dans un contexte voué aux essais. Si un simple SMS (!) a suffi à couper celui de l'ex-enfant terrible Adam Spylo, l'essai se poursuit ce soir de l'autre côté du Rhin pour Gert Acker (Villach, AUT-1) et l'ex-international Jochen Molling (Augsbourg).

Si Fribourg-en-Brisgau se conjugue plus que jamais à la façon slave, avec sa traditionnelle "Czech Connection", Basel a pris une consonance finlandaise avec un nouvel entraîneur plutôt méconnu et un duo d'importés à découvrir. Pas un luxe pour encadrer un contingent extrêmement juvénile, qui a pris la température de son nouvel environnement par deux défaites devant Ajoie (1-2) puis les GCK Lions (1-3) avant de peaufiner son rodage devant deux faibles contradicteurs de ligues inférieures.

C'est qu'il n'y a pas grande différence, sur le papier du moins, entre Bâle et les Young Sprinters de Neuchâtel de l'an passé, autre formation hybride dessinée par ses "proprios" de LNA. Même ossature de jeunes aux dents longues assortie d'une fine pincée de vétéran, Markus Wüthrich en l'occurrence, le seul à revendiquer un réel passé en LNA.

Pour sa première à domicile, la nouvelle mouture bâloise s'est parée d'un rouge inhabituel. Mais auquel il faudra pourtant s'habituer. Comme il faudra se faire à la gnac de cette bleusaille, sans peur et sans reproches à l'heure de se jeter dans la gueule du loup. Car les Wölfe, étonnement fébriles, ne trouveront jamais le remède à ce collectif naissant alliant engagement physique et générosité. Constamment gênés par un forechecking leur laissant une faible marge de manœuvre, leurs cousins germains subissent d'entrée. Incapables de déployer un jeu de passes digne de ce nom et, pire encore, d'assurer leurs arrières. Cette inconsistance, traduite dans tous les secteurs du jeu, profite immanquablement aux hommes de Kari Rauhanen et démontre que le culot est toujours payant. Timothy Kast, venu de Genève-Servette, exploite ainsi une certaine suffisance du routinier Roman Kadera en lui subtilisant le disque dans sa zone. Puis décochant aussitôt un tir sec cinglant le montant droit de Ronny Glaser (06'53").

Il va sans dire que Glaser, dans ces conditions, n'en mène pas large et subit plus qu'à son tour. Au point de s'embrouiller derrière sa cage pour souligner ces criantes carences défensives. Et comme bien souvent en pareil cas, cela se paye en cachots sonnants et trébuchants mais le jeu de puissance local, encore expérimental, démontre encore un petit manque de maturité.

Pour autant, Fribourg-en-Brisgau ne fait pas mieux dans le même registre malgré l'expérience de ses cadres et se perd dans des schémas imprécis devant le solide Ivan Mantegazzi. Il faut dire que ce dernier connaît bien la musique après s'être lancé en LNB du côté de Coire, l'ancien club-partenaire luganais avant le retrait des Grisons cette année.

La chance sourie aux audacieux

Si l'absence du vétéran tchèque Tomas Kucharcik annule celle du Finlandais Patrik Westerback, Bâle submerge totalement ses vis-à-vis en forces égales par sa fougue et son envie. Deux préceptes assurément inconnus à ces Wölfe-là, à la merci de ce contradicteur tirant tous les dividendes de son style engagé. Aussi les pénalités allemandes s'enchaînent-elles, et l'ouverture, devenue inévitable, se matérialise sur un powerplay conclut dans le slot par Manuel Zigerli, en pivot devant Ronny Glaser (1-0 à 18'12").

Assiégé de toutes part à la reprise, Glaser constate à nouveau que les données n'ont pas changé au retour des vestiaires. Au gré des relances mal assurées et d'une implication assez douteuse, les Loups tendent la bâton pour se faire battre. Toutefois, la chance consent à leur octroyer un petit répit, sur un tir sec du poignet du seul étranger bâlois aligné ce soir (23'32"). Aussitôt suivi d'un revers du même Pete Suonpää sur l'arête (23'40"). Pas de doutes, les Wölfe boivent la tasse et touchent le fond lorsque le vétéran Sergei Stas, revenu en famille en Forêt-Noire pour la prochaine naissance de son fils, rejoint Josef Kottmaier au banc d'infamie.

À la baguette de Suonpää, les Rhénans flairent le bon coup mais la précision n'est décidément pas l'apanage de la jeunesse. Elle ne l'est pourtant pas davantage chez les plus aguerris, où un tour de cage du Canadien Matt Hubbauer sonne comme un bien timide rappel (28'24"). Discret aux avant-postes, l'ancien Moskito d'Essen l'est tout autant qu'un Roman Kadera à la technique trop rarement ressuscitée. Le Tchèque, en fin de carrière, est ce soir tout bonnement incapable de tirer son épingle du jeu. Il en va de même pour le redoutable Petr Mares, dominateur l'an passé en Oberliga mais contraint, ce soir, une diète sévère due à la bonne couverture des locaux. Malgré une vaine tentative de jeu rapide orchestrée par Kottmaier, le Germano-Tchèque rate même son revers au second poteau (36e).

En fait, rien ne réussit à Freiburg ce soir. Peut-être accusent-ils le contre-coup d'un match plein livré devant Krefeld (3-3) la veille ? Quoi qu'il en soit, lorsque Ronny Glaser est à côté de ses bottes, l'addition se sale d'elle-même. Entendu de tout son long après que Kast se soit montré trop court sur un centre-tir de Zigerli, il se fait logiquement surprendre par ce dernier, qui avait bien suivi l'action en jaillissant de l'arrière du but (2-0 à 36'39"). Définitivement plus entreprenants, les locaux marquent proprement le match de leur empreinte.

De leur côté trop empruntés pour que s'exprime convenablement leur potentiel, les Fribourgeois ne tardent pas à tomber dans la frustration. Basculant vers un jeu rude mettant le feu aux poudres d'un derby déjà haché par d'incessantes pénalités. Lorsque Kadera perd son sang-froid devant Röthlisberger, l'assommant d'une charge brutale contre la bande (43'30"), les Allemands entament une longue période de pénitence. L'exclusion du Tchèque, aussitôt suivie d'une méconduite d'un Mares tombant les gants à défaut de tenir son rang (47'51"), accentue une averse tombant drue sur les casques visiteurs. Les Rhénans n'en demandaient pas tant, eux qui n'arrivent toutefois pas à tuer le match par manque de responsabilités offensives.

Barré à Bienne, son club formateur, Manuel Zigerli a quitté le Seeland pour venir, comme d'autres, s'aguerrir à Bâle. Et pour sa grande première à l'Arène Saint-Jacques, tout lui aura réussi. Même son tir de pénalité, hérité d'un break-away abruptement avorté et vengé d'une approche conclue entre les bottes de Glaser (3-0 à 50'07").

Gert Acker, en deuxième rideau, aura beau rendre la pilule moins amère (3-1 à 51'06"), la jeune garde rhénane semble toujours posséder un coup d'avance. Démonstration sur une longue ouverture du néo-capitaine Christoph Rohrer lançant Roman Mordasini dans le dos d'une défense démobilisée. L'ex-Thurgovien, en griffant la lucarne gauche, est insaisissable (4-1 à 52'27"). À l'image de ses nouveaux coéquipiers.

Et si les rôles s'inversent en fin de partie, avec une accumulation de pensums, Matt Hubbauer, décalé par Sergei Stas, couronne enfin, d'un plomb sous la barre, le jeu placé de Wölfe jusque-là bien poussifs (4-2 à 58'36"). L'EHC Basel n'aura pas eu le dernier mot ce soir, à l'instar d'un Suonpää goûtant à son tour à la médecine teutonne. Mais l'aura emporté haut la main en surclassant la concurrence au terme d'un derby pour le moins heurté. S'il est trop tôt pour tirer un quelconque enseignement, il semble acquis que ce Bâle-là ne manquera pas, à l'avenir, de caractère !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Bâle - Fribourg-en-Brisgau 4-2 (1-0, 1-0, 2-2)

Dimanche 17 août 2008 à 15h00 à la St.Jakob-Arena. 900 spectateurs (entrée gratuite).

Arbitrage de M. Wirth assisté de MM Clément et Wehrli.

Pénalités : Bâle 20', Fribourg-en-Brisgau 10'+25'.

Évolution du score :

1-0 à 18'12" : Zigerli assisté de Hug et Kast (sup.num.)

2-0 à 36'39" : Zigerli assisté de Kast et Baur

3-0 à 50'07" : Zigerli (tir de pénalité)

3-1 à 51'06" : Acker assisté de Hubbauer et White

4-1 à 52'27" : Mordasini assisté de Rohrer

4-2 à 58'37" : Hubbauer assisté de Stas (sup.num.)

 

Bâle

Gardien : Ivan Mantegazzi.

Défenseurs : Lassi Laakso - Ken Machacka ; Serge Haas - Dominik Hug ; Michele Zanatta - David Malicek ; Mike Röthlisberger.

Attaquants : Pascal Wittwer - Pete Suonpää - Reto Müller ; Oliver Baur - Timothy Kast - Manuel Zigerli ; Roman Mordasini - Christoph Rohrer (C) - Sandro Wälti ; Adrian Laubacher - Sandro Bruderer - Luca Balerna.

Remplaçant : Dougal Poget (G). Absents : Patrik Westerback (malade), Markus Wüthrich (blessé), Thomas Keller (blessé), Philipp Stäubli (malade), Damian Osterwalder (surnuméraire).

Fribourg-en-Brisgau

Gardien : Ronny Glaser [sorti de sa cage de 59'15" à 59'35"].

Défenseurs : Daniel Ketter - Sergei Stas ; Petr Bares - Jeff White ; Rudolf Gorgenländer (A) - Robert Hoffmann ; Michael Frank - Jochen Molling.

Attaquants : Matt Hubbauer - Patrick Vozar (C) - Roman Kadera ; Petr Mares (A) - Marc Wittforth - Gert Acker ; Dennis Meyer - Christian Billich - Josef Kottmair ; Tobias Kunz, Ibrahim Weissleder, Timo Linsenmaier.

Remplaçant : Christoph Mathis (G). Absents : Tomas Kucharcik, Chris Capraro.

 

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