Épinal - Sierre (22 août 2008)

 

Tournoi Flyzoom d'Épinal, première journée.

Rien ne Sierre de courir...

Entre malentendus et rumeurs galopantes, le feuilleton Centomo aura à lui seul rythmé l'été de Dauphins longtemps incertains. Et las par dessus le marché d'attendre la très hypothétique venue d'un gardien dont l'expérience en NHL (un match avec Toronto pour celui qui aura passé l'été sur la planète Mars) fut mise à toutes les sauces. Enfin fixés sur leur sort, c'est à dire "sans" tomo (ils s'y attendaient), les Vosgiens pouvaient se tourner vers leur première échéance de la saison. Journée coïncidant tristement avec l'annonce du décès de Pierre-Yves Eisenring, l'entraîneur suisse des Dauphins lors de la saison 2006/07, disparu durant le camp d'entraînement de Chiasso...

C'est que la journée fut riche en nouvelles. Une mauvaise, on l'a vu, et quelques autres aussi dont l'avenir nous en dira davantage. Outre le désistement prévisible de Centomo, l'arrivée attendue d'un centre nord-américain, l'universitaire Chris Myhro, aura pimenté cette journée d'ouverture, marquée d'une double confrontation franco-suisse. Avant de rencontrer à leur tour Olten, en passe de devenir le nouveau sparring-partner attitré de l'ère Allard, les locaux se mesurent à une autre valeur-sûre de la LNB suisse, le HC Sierre-Anniviers.

Retrouver les sommets de l'antichambre - et accessoirement un leadership cantonal contesté par Viège - était une priorité pour des Valaisans frustrés par des échecs à répétition. Aussi confièrent-ils les rênes du club à un autre revanchard, Daniel Aegerter, sorti meurtri d'une pénible expérience à la tête d'un HC Martigny aujourd'hui retiré des affaires. Aegerter, bien décidé à retrouver un succès égaré depuis le titre de série A2 italienne voilà deux ans, a donc repensé l'ossature de l'équipe en couplant l'expérience de quelques routiniers du circuit à la jeunesse de la relève. Quitte à y mettre le prix. Histoire d'entourer convenablement un redoutable duo étranger semant terreur et désolations chez tous les gardiens de LNB. Puisque le centre Derek Cormier, créateur hors-pair et compteur génial, servira toujours les caviars à son habituel compère Lee Jinman, les filets risques d'être encore garnis du côté de Graben !

Ceux qui s'attendaient à une mise en route laborieuse en seront pour leurs frais ! Malgré un degré de préparation plus avancée, les Valaisans, qui ont déjà rechaussé les patins depuis près d'un mois, peinent rapidement devant des Spinaliens agressifs et prônant un défi physique constant. D'entrée de jeu, l'increvable duo Petrak-Plch force Zerzuben à un double-arrêt déjà décisif (01'10"), mettant d'amblée la défensive adverse dans l'embarras. En effet, les arrières "sang et or" trouveront rarement la parade, en ces premiers instants, aux manœuvres habilement orchestrées par des Jan Plch ou Stéphane Gervais déjà bien affûtés. Et quoi de mieux qu'une promotion d'Ilpo Salmivirta sur la ligne de parade pour accentuer une dimension physique déjà prometteuse ?

Cette entame énergique semble ainsi faciliter l'intégration des nouveaux. À commencer par une paire Benoît Quessandier - Fabien Leroy déjà bien en place derrière un trio toujours emmené par Guillaume Chassard. Attaquant-né, Leroy semble donc avoir trouvé ses marques aux côtés d'un ex-Rouennais très consciencieux pour sa première à Poissompré. Et si Jan Simko, toujours très imprécis, restera fidèle à lui-même, Ryan Caicco chercha quelques repères au cœur d'un trio attendant patiemment l'arrivée prochaine de Chris Myhro.

La meilleur illustration de ce hockey total reste sans conteste, Tarik Chipaux. L'ailier de poche, dopé par l'enjeu (le fait d'avoir été formé en Suisse y est sûrement pour quelque chose), aura tiré son épingle du jeu en forecheckant sans retenue. Tel un caillou dans le patin sierrois, le fougueux numéro dix aura donc tourmenté à sa façon ses adversaires, signant notamment une charge kamikaze contre la bande (6e).

Parfois ballotté au gré des accélérations spinaliennes, le HCS se replie une fois encore sur les ailes de son fameux duo de choc. Derek Cormier, le petit stratège, se trouve ainsi les yeux fermés avec Lee Jinman, et signe les meilleurs coups d'une escouade n'osant visiblement pas trop se découvrir devant des locaux manquant singulièrement de réalisme devant un Martin Zerzuben solide. Difficile d'en dire autant pour son alter-ego Stanislav Petrik...

S'il se voit assuré du poste de titulaire le temps du tournoi, le Slovaque semble moralement atteint par une concurrence promise depuis de longs mois. Il n'exposait pas, avant la partie, un enthousiasme débordant. Le peu d'optimisme qui lui restait est donc balayé par un disque ressorti sur le défenseur Michael Jenni, qui le loge dans sa lucarne droite (0-1 à 15'18"). Déjà le début de la fin pour Épinal accusant doucement les contrecoups de son engagement des premiers instants. Ainsi la recrue John Paulson, une armoire à glace pour le moins impressionnante, inaugure ses premiers - et sûrement pas derniers - séjours sur les bancs d'infamie d'un Poissompré défraîchi.

Recevant l'appui tardif - mais bruyant - d'une poignée de partisans arrivés durant le premier entracte, Sierre se laisse déborder à la reprise mais tire une fière chandelle aux prouesses de Zerzuben. L'ex-Biennois, gardien revendiquant le plus d'expérience à un poste envahi en LNB par les jeunes loups, retarde froidement l'échéance devant Chassard et Petrak. Ce n'est toutefois pas la même musique lorsque le second bloc du jeu de puissance, pourtant renforcé de Caicco et Quessandier, entre en piste pour mieux souligner ses carences persistantes.

Tenu à bout de bras par son box-play, Sierre montre essentiellement son répondant par le biais de Derek Cormier. Le centre acadien, posté à l'angle droit de la cage, voit toutefois Petrik lui claquer la porte au nez (25'56"). Ce n'est que partie remise puisque le gardien slovaque, pas "petrikéen" pour autant, paye comptant un effroyable instant d'égarement sur un contre rondement mené. Lancé dans le dos de la défense par Peter Hürlimann, Kevin Lötscher en profitera pour glisser son revers dans le petit filet droit de l'étourdi (0-2 à 27'07").

Rassuré par le filet opportuniste de l'ex-Viégeois, qui serait Bâlois si les Rhénans n'avaient pas été relégués en LNB, Sierre voit ses arrières d'autant plus protégés par la bonne forme tenue par Martin Zerzuben. Des deux, c'est plutôt lui qui est "petrikéen", repoussant tous les assauts adverses. C'est donc peu dire qu'il tient la baraque, tout particulièrement devant un Stéphane Gervais à bout portant et esseulé au second poteau (29'15").

Loin de sa configuration optimale, Épinal, incapable de conclure, reste dans le collimateur des zèbres. À force d'enchaîner les pensums, les hommes de Shawn Allard mâchent le travail à des Sierrois n'attendant même pas qu'une double supériorité numérique soit effective pour tripler la mise. Sur jeu placé, Michaël Pottier voit donc son frappé court ras de glace être dévié dans le slot par un autre jeune du cru, Killian Imsand (0-3 à 31'20").

Il suffit pourtant d'un malentendu en zone neutre pour que Jan Plch, épaulé d'Ilpo Salmivirta sur l'aile gauche, ne ravive la flamme d'une échappée conjointe conclue avec sang-froid pour ne laisse aucune chance à Martin Zerzuben (1-3 à 33'28").

En deux temps trois mouvements, la partie, jusque là privée de rythme, s'emballe subitement. Le banquier-buteur Cédric Métrailler, une autre solide option offensive, y va de son break-away (34'02") alors qu'un énième numéro du gros lot Cormier-Jinman voit Philippe Wüst, venu du rival viégeois à l'intersaison, rater l'immanquable. En s'appuyant sur ses tauliers habituels pour tenir un tempo devenu soutenu, l'ICE voit alors ses certitudes d'hier se conjuguer encore au présent. L'impact devenu coutumier de Salmivirta aux avant-postes, la grinta de Chassard ou la fiabilité de Slovak restant elles aussi de sacrées valeurs sûres du jeu lorrain.

Nantis d'un avantage conséquents, les hommes de Daniel Aegerter renient progressivement, à l'amorce du dernier vingt, toute initiative offensive. Se concentrant sur la gestion d'un score à priori insurmontable, quitte à installer un faux-rythme tenace. Les pensionnaires de LNB ont donc fait le plus dur, sans convaincre certes mais en s'acquittant sérieusement de leur mission. Les cadres spinaliens ne l'entendent toutefois pas de cette oreille et retrouvent un certain dynamisme pour jouer leur va-tout, mais la réussite restera désespérément fuyante.

Au cœur d'une fin de match rendue hachée par une nervosité bien palpable, Benoît Quessandier croyait bien avoir fait le plus dur en éliminant tour à tour, en désavantage numérique, un Lee Jinman venu au repli puis Martin Zerzuben. Las, l'agile cerbère valaisan (formé à... Viège !) voyait ses montants le substituer (42'39"). Comme pour mieux accabler des Lorrains s'échinant, en vain, en puisant dans leurs ultimes ressources.

Cormier, moins impliqué désormais, et les siens dispensent donc une petite leçon d'efficacité à leurs hôtes. Frappant à des moments opportuns sans trop se découvrir (excepté sur quelques séquences en débuts de périodes), les nouveaux coéquipiers d'Omar Tognini auront su s'épargner les mésaventures vécues plus tôt dans la journée par Olten. Et comme l'ICE, un peu courte, accuse logiquement le coup en fin de match, la couverture défensive s'étiole, permettant à Cédric Métrailler, également passé par Viège (un de plus !) de nettoyer le haut du filet (1-4 à 49'53"). Avant qu'une nouvelle infraction de l'Américain John Paulson ne profite à un David Maurer s'acharnant dans l'enclave pour bonifier le retour du même Métrailler (1-5 à 53'31").

Pour sa rentrée, l'IC Épinal n'aura pas choisi la facilité en rencontrant une grosse cylindrée d'une Ligue B helvète plus que jamais à la portée des clubs de Ligue Magnus. Pour autant, et contrairement à Strasbourg, les Dauphins n'auront pas su tenir la distance. Ni même fructifier de prometteurs schémas offensifs. Ce n'est sûrement que partie remise pour une troupe enchaînant dans la foulée avec un EHC Olten tombé dans la facilité face à de vaillants Alsaciens.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Sierre 1-5 (0-1, 1-2, 0-2)

Vendredi 22 août à 20h45 à la patinoire de Poissompré. 400 spectateurs.

Pénalités : Épinal 18', Sierre 10'.

Tirs : Épinal 30, Sierre 34.

Évolution du score :

0-1 à 15'18" : Jenni assisté de Pannetier

0-2 à 27'07" : Lötscher assisté de Hürlimann

0-3 à 31'20" : Imsand (sup.num.)

1-3 à 33'28" : Plch assisté de Salmivirta

1-4 à 49'53" : Métrailler assisté de Maurer et Tognini

1-5 à 53'31" : Maurer assisté de Métrailler et Tognini (sup.num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Benoît Quessandier - Fabien Leroy ; Peter Slovak - Stéphane Gervais ; John Paulson - Lionel Simon.

Attaquants : Jan Simko - Ryan Caicco - Guillaume Chassard ; Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Jan Plch ; Tarik Chipaux - Guillaume Papelier - Erwan Agostini ; Shawn Allard, Anthony Pernot.

Remplaçant : Mathieu Perrin (G). Absents : Chris Myhro (arrive samedi), Borislav Ilic.

Sierre

Gardien : Martin Zerzuben.

Défenseurs : Michel Kamber - Killian Imsand ; Philippe Faust, Ronny Keller, Pascal Lamprecht, Jürg Dalle-Jardin, Michael Jenni.

Attaquants : Philippe Wüst - Derek Cormier (C) - Lee Jinman ; Peter Hürlimann - Oleg Siritsa - Kevin Lötscher ; Cédric Métrailler - David Maurer - Omar Tognini ; Xavier Reber, Guillaume Pannatier.

Remplaçant : Daniel Rüfenacht (G).

 

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