Strasbourg - Olten (22 août 2008)

 

Tournoi Flyzoom d'Épinal, première journée.

Désormais installé dans le paysage local, le tournoi international spinalien, parrainé cette année par la compagnie low-cost "Flyzoom Airlines", a fait peau neuve. Échaudé par la mésaventure de l'an passé, où les réservistes de Salzbourg avaient déserté en plein tournoi, l'état-major aura opté pour une formule rendue plus compétitive par l'ajout de deux valeurs sûres de la LNB suisse.

Avant d'amorcer leur double confrontation devant Bietigheim, un crack de la 2e Bundesliga allemande, les Strasbourgeois font escale dans les Vosges pour trois jours. Le temps d'affiner les automatismes d'un contingent fortement remanié, comme toujours, à l'intersaison. Et si une page s'est tournée avec les départs conjugués de trois "dinosaures" (les Tommy Flinck, Daniel Sevcik et Peter Himler qui auront à leur façon marqué l'histoire du club), le club alsacien a rebâti ses fondations sur d'autres matériaux. Du solide, a priori, à l'arrière et du percutant aux avant-postes avec des Canadiens que l'on espère à la fois plus efficaces... mais aussi plus fidèles que par le passé !

Si l'Étoile noire aspire secrètement à bousculer la hiérarchie hexagonale, Olten, pour sa part, clame ouvertement sa soif de victoires dans une LNB plus resserrée que jamais. Forts d'un contingent équilibré, qui retarda la marche victorieuse de Bienne lors des derniers playoffs, les Soleurois cultivent un optimisme né l'an passé d'un replacement dans le haut du tableau. Réputés pour leur défensive, les Suisses le sont tout autant pour leur attaque, performante en pré-saison et qui ne repose pas seulement sur les épaules d'un duo pas si étranger que ça aux yeux des suiveurs français. Si le Finlandais Sami Kaartinen fut un bon pigiste à Grenoble lors des séries 2004, le Canadien Pierre-Luc Sleigher aura lui davantage marqué les esprits lors de sa seule campagne briançonnaise. Son sens du but en fit ainsi le meilleur cette année-là... juste devant un certain Jan Plch !

D'entrée Sleigher, suivi comme son ombre par Kaartinen, pose ses jalons sur le match. Ne laissant aucun répit à des Alsaciens tourmentés par l'engagement de Suisses entérinant ainsi leur puissance physique. Poussés par une ligne de parade dominatrice, où Sleigher fait la pluie et le beau temps, les Soleurois mettent rapidement Hiadlovsky sous pression. Ce n'est, il est vrai, pas bien difficile vu la mainmise totale des vert et blanc sur une Étoile noire qu'ils tiennent à leur merci en ces premiers instants.

Réagissant par à-coups, par la vivacité de David Cayer, privé ce soir de son compère Benoît Martin, de l'autre Québécois Yannick Riendeau ou du Finlandais Juha Silvander, frère spirituel d'un Mika Suoraniemi, Strasbourg pêche avant tout par sa fébrilité à l'arrière. Creusant un terrain fertile pour les rapides avants helvètes, sans cesse portés vers l'avant mais incapables, pour l'heure, de déjouer Hiadlovsky. Réputé pour sa sûreté dans un contexte caennais difficile, le Slovaque Michal Cesnek peine ainsi, à l'image de ses coéquipiers, à faire sa loi dans sa zone et se fait même intercepter par un Martin Wüthrich tâtant la mitaine de l'ex-portier dijonnais (04'57").

Résistant tant bien que mal aux assauts argoviens, Strasbourg, privé ce soir de son play-maker Juho Lehtisalo (en délicatesse avec ses adducteurs), n'a qu'une poignée de contres à se mettre sous la dent. Une façon comme une autre de trouver ses marques pour parvenir à soutenir le regard d'un EHC Olten bien conscient des limites de l'arrière-garde adverse. Dans ces conditions, chaque accélération de Pierre-Luc Sleigher est une occasion franche et l'ex-Briançonnais, et plus particulièrement en supériorité numérique, donne le "la" à ses nouveaux partenaires. Décalant ainsi Arne Ramholt à la bleue, un vétéran de la LNA, pour un slap longeant le montant droit de Vladimir Hiadlovsky (0-1 à 11'03"), le Canadien tient là son premier point de la partie. Et assurément pas le dernier !

Sans se borner à l'impact de Sleigher, Olten possède également d'autres cordes à son arc. Notamment le duo Wüthrich-Schwarz, parfait relais de la paire étrangère sur certaines séquences. L'abattage de ces cols-bleus est lui aussi essentiel, et Pascal Annen, servi dans le slot par Remo Hirt, n'a qu'à finir le travail pour passer de l'ombre à la lumière (0-2 à 12'08").

L'Étoile noire semble payer là une certaine insuffisance physique, notamment due à une reprise relativement tardive. Toutefois Urban Leimbacher, le cerbère alémanique, la remet un temps dans la course en bouclant mal son angle droit sur un lancer excentré de Pierre-Antoine Devin (1-2 à 12'57").

Olten, en ces premiers instants, dispose néanmoins d'une arme fatale nommée Sleigher. Maîtrisant pleinement son sujet, le neveu de l'ex-NHLer Louis Sleigher lance ainsi une bombe à retardement. Un jeu en triangle relayé à l'arrière de la cage par Sami Kaartinen et re-basculé dans le slot vers un Antti Ruotsalainen portant le coup fatal (1-3 à 16'01"). Prise de vitesse, la doublette slovaque Resetka - Dirnbach, pourtant expérimentée, n'y aura vu que du feu...

Daniel Bourdages, l'emblématique homme de banc strasbourgeois, a bien compris l'importance stratégique de l'ancien Diable rouge dans le système suisse. Aussi ses troupes prennent-elles garde de couper les lignes de passes pour mieux l'isoler. Notamment en supériorité numérique. Ce nouvel élan redonne du tonus à des Bas-Rhinois tenant en Cayer et Riendeau deux flèches potentielles sur le front de l'attaque. Le premier nommé réussira toutefois "l'exploit" de rater une cage vide sur un service en or de l'ex-Chamoniard (24e) !

La tendance s'inverse ainsi, plus sensible au fil des minutes. Puisqu'Olten devient ronronnant, la vitesse de Riendeau fait toute la différence devant un Leimbacher surpris par le tir en coin du Canadien, qu'il laisse filer entre ses bottes (2-3 à 26'41"). Et la maxime "jamais deux sans trois" se vérifie ce soir, car Leimbacher, l'ex-doublure de Daniel Manzato à Bâle, alloue sans tarder son troisième mauvais but de la soirée. Yannick Maillot, lancé dans le dos de la défense, parvient à s'extirper de ses poursuivants pour loger la rondelle sous la barre (3-3 à 27'56").

Tout est à refaire pour des outsiders de LNB indisciplinés et devenus incapables d'enrayer la conquête alsacienne. Plus rapides et surtout plus toniques, les Français assiègent proprement un Urban Leimbacher bienheureux que Romain Bonnefond, l'ex-espoir grenoblois, n'ait vu son but annulé pour une présence dans sa zone (35'53"). Olten, trop attentiste, resta longtemps sans ripostes à l'audace d'une Étoile noire qui aura mis vingt bonne minutes à trouver ses marques.

Leimbacher, d'un lancer de bottes salvateur devant Riendeau (41'23") se rachète dès la reprise, augurant une réaction d'orgueil tardive des siens. Hiadlovsky tient le score devant Aeschlimann (48'58") et voit même son montant gauche le supplanter sur un slap sournois. Sleigher, encore lui, croit bien signer le filet décisif en bonifiant, du gant, un rebond de Ramholt (54'23").

Malgré sa préparation raccourcie, l'Etoile noire affiche, ce soir, d'intéressantes dispositions collectives et individuelles. Ce fut utile, on l'a vu, pour contrarier une formation helvétique visiblement suffisante. Mais pas pour arracher la décision finale, Remo Hirt jaillissant sur un énième rebond pour tirer ses coéquipiers de l'embarras (3-4 à 56'49").

Ce presque verdict nul confirme le nivellement des valeurs entre la LNB et la Ligue Magnus et semble démontrer que Strasbourg ne manquera ni de caractère ni de vivacité cette année.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Strasbourg - Olten 3-4 (1-3, 2-0, 0-1)

Vendredi 22 août à 20h45 à 17h30 à la patinoire de Poissompré (Épinal).

Évolution du score :

0-1 à 11'03" : Ramholt assisté de Sleigher (sup.num.)

0-2 à 12'08" : Annen assisté de Hirt

1-2 à 12'57" : Devin

1-3 à 16'01" : Ruotsalainen assisté de Kaartinen et Sleigher

2-3 à 26'41" : Riendeau

3-3 à 27'56" : Maillot

3-4 à 56'49" : Hirt

 

Strasbourg

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Pavol Resetka - Milan Dirnbach ; Michal Cesnek - Esa Hämaläinen ; Julien Burgert - Hugues Cruchandeau.

Attaquants : Juha Silvander - Yannick Riendeau - David Cayer ; Yannick Maillot - Elie Marcos - Maxime Catelin ; Romain Bonnefond - Pierre-Antoine Devin - Timothée Frank.

Remplaçant : Gilles Beck (G). Absents : Juho Lehtisalo (adducteurs), Benoît Martin (blessé).

Olten

Gardien : Urban Leimbacher.

Défenseurs : Patrick Bloch - Arne Ramholt : Oskar Lattner - Remo Meister ; Simon Schnyder ; Roman Diethelm, Romano Pargätzi ; Serge Stapfer.

Attaquants : Sami Kaartinen - Pierre-Luc Sleigher - Antti Ruotsalainen ; Martin Wüthrich - Tassilo Schwarz - Cyrill Aeschlimann ; Remo Hirt - Pascal Annen - Diego Schwarzenbach ; Rolf Portmann ; Florian Dähler.

Remplaçant : Thomas Kropf (G).

 

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