Olten - Sierre (24 août 2008)
Tournoi Flyzoom d'Épinal, troisième journée.
La victoire en chantant
Servie en hors d'œuvre de l'attendu Épinal - Strasbourg, la confrontation helvétique de l'après-midi revêt elle aussi une importance cruciale. Elle permettra à deux candidats aux places d'honneurs, et plus si affinités, de se jauger sur terrain neutre pour une répétition grandeur nature à quelques encablures d'une première journée qui les mettra prochainement aux prises.
Il faut donc s'attendre à un vrai match de championnat et tous deux, s'observant du coin de l'œil, se neutralisent d'entrée. Poussant le zèle jusqu'aux situations spéciales, qui pourraient toutefois faire la différence vu l'assiduité de chacun à verrouiller sa ligne bleue.
Sierre a néanmoins quelques difficultés à y parvenir, contenant difficilement l'activité constante d‘une doublette étrangère faisant feu de tout bois. La vitesse d'exécution de Sami Kaartinen et de Pierre-Luc Sleigher fut un problème insoluble pour tous les participants du tournoi, Sierre compris. L'ex-Grenoblois est donc tout près de briser la glace sur une montée latérale de Sleigher (06'52") avant de jouer sur sa tonicité pour se défaire du marquage et servir Antti Ruotsalainen dans un fauteuil. Le fils de l'ex-défenseur de NHL Reijo Ruotsalainen, aligné car bénéficiant d'une licence suisse lui permettant de ne pas empiéter sur le contingent étranger (son père ayant exercé durant quelques années à Berne), prouve qu'il n'a pas des mains de buteur en levant exagérément son palet (07'14").
Sami Kaartinen prendra toutefois une part active dans l'ouverture du score, amorçant une manœuvre relayée par Sleigher côté droit vers Ramholt. Fondant vers la cage, le nouveau "ministre de la défense" de l'EHC Olten avait suivi le mouvement (1-0 à 10'52"). Voilà qui suffit à faire entrer le doute dans le casque flamboyant d'un Martin Zerzuben aussitôt trompé par l'opportunisme de Tassilo Schwarz (2-0 à 11'31").
Si la rapidité et la complémentarité d'Olten a fait la différence, elle force également Sierre à sortir de sa coquille. Pour mieux se faire cueillir en contre. Et si Kaartinen se montre un poil trop court sur un service aux petits oignons de Sleigher (14'01"), Schwarz, en embuscade, jaillit pour tripler la mise (3-0 à 14'15").
Muets devant cet étalage de compétences, sans ripostes à la maîtrise technique des Power Mouse, les Valaisans ne touchent pas terre et ne peuvent que subir, se laissant constamment déborder par l'infernal duo Kaartinen-Sleigher. Cette mainmise totale a de quoi impressionner vu le calibre affiché par Sierre et un degré de préparation équivalent sur la durée. Seulement, les automatismes ne sont plus à faire du côté d'un Olten très stable car misant sur une cohésion notamment due à un bataillon quasiment inchangé à l'intersaison.
Chaque duel tombant dans l'escarcelle alémanique, tout devient difficile pour un ensemble sang et or privé de solutions. Et poussé, par dessus la marché, à une indiscipline s'ajoutant à tous ces ingrédients pour une inflation rapide. Décidément intenable, le centre Tassilo Schwarz ne se fait pas prier et s'enfonce dans le gruyère (du moins ce qui fait office de boîte) pour servir Remo Hirt au second poteau (4-0 à 19'20"). Net et sans bavures, à l'image de ce premier tiers-temps !
Mais où est passée la défense pourrait s'exclamer le chevelu Bruno Aegerter, coach du HCS de son état ? En partie émiettée dans le sillage d'un Pierre-Luc Sleigher étrennant l'acte médian d'un poignet sur le poteau, pardi (20'25"). Mais il serait toutefois regrettable de croire Olten uniquement dépendant offensivement de son maître à jouer québécois, qui fut en son temps l'un des tous meilleurs de Ligue Magnus avec Briançon. Aussi Diego Schwarzenbach, valeur montante du club, valorise-t-il un tour de cage de Ralf Portmann pour humilier un peu plus de tristes valaisans (5-0 à 22'11").
La fête pouvait alors commencer pour des ultras d'Olten plutôt joviaux et descendus jusqu'au bord du glaçon pour communier à leur façon avec leurs favoris. Chantant et arrosant copieusement (si cela n'avait pas été fait au préalable !). Eh oui, le spectacle était aussi dans des gradins certes clairsemés, mais animés comme jamais par les deux petites troupes venues de Suisse soutenir leurs couleurs.
Parallèlement, la frustration gagne logiquement le rangs d'un Sierre improductif. Même en supériorité numérique, domaine habituellement prisé par un Derek Cormier jusqu'ici en manque de réussite. Le stratège canadien, jusqu'alors marqué à la culotte, profite alors d'un léger relâchement soleurois pour trouver son fidèle Lee Jinman. Idéalement démarqué par une longue transversale, Jinman trouve la faille d'un tir excentré filant entre les bottes de Leimbacher (5-1 à 27'07"). Retrouvant tout son aplomb, Cormier se signale encore d'une passe décisive, car ouvrant le champ nécessaire à Pascal Lamprecht, l'un des plus pénalisés de LNB l'an passé, d'ajuster Urban Leimbacher d'un maître-tir de la bleue (5-2 à 30'06").
La baisse de régime des pensionnaires du Kleinholz favorise donc les initiatives de Valaisans pleinement retrouvés sur les ailes de leur duo de choc. Et comme chacune de leur présence est (re)devenue synonyme de danger immédiat, une mise au jeu glanée "à l'étranger" par Cormier (et de surcroît en désavantage numérique) annonce la couleur. Parti gratter la rondelle dans le coin, Lee Jinman se transformera sur ce coup en passeur pour l'orfèvre acadien, éliminant le gardien puis levant son puck avec une certaine maîtrise (5-3 à 34'34").
Si tout est relancé, Sierre tire encore de l'arrière pour grappiller un retard encore conséquent. Aussi deviennent-ils plus audacieux, les coéquipiers d'un Kevin Lötscher prenant des responsabilités à la hauteur d'un potentiel lui permettant désormais de troubler la sérénité d'une arrière-garde devenue moins rigoureuse.
Pour recoller au score, encore faut-il gérer la supériorité manifeste d'un Sleigher décidément brillant dans tous les domaines durant son week-end spinalien. Solide en conservation du disque, le Canadien garde un temps d'avance et s'annonce comme un client parmi les futurs top-scoreurs de l'antichambre. Une division longtemps en crise qui reste le terrain de chasse du plus fameux d'entre eux, un certain Derek Cormier. Celui-ci, isolé par une transversale de Jinman, se signale encore en touchant du bois (54'09") alors que Ruotsalainen, décidément pas réaliste pour deux sous, rate encore le coche à bout portant (54'28"). Même constat pour David Maurer, pourtant servi par Derek Cormier et incapable de viser une cage vide (59e)...
Dans cette fin de partie appartenant aux gardiens, qui se répondent par parades interposées, ces quelques occasions manquées mettront en relief vingt dernières minutes totalement dépassionnées. Enfin pas pour tout le monde, les ultras des deux camps finissant par se réunir, fraternisant puis célébrant, ensemble, la victoire finale d'Olten. Dans un concert de chants et de fumigènes. Entre compatriotes. "Alle Sieger" comme ils disaient...
Cela restera anecdotique, comme le gain du tournoi d'ailleurs, mais l'EHC Olten aura pris une petite longueur d'avance sur un concurrent direct aux places d'honneurs dans une LNB devenue plus resserrée que jamais.
Compte-rendu signé Jérémie Dubief
Olten - Sierre 5-3 (4-0, 1-3, 0-0)
Dimanche 24 août à 14h30 à la patinoire de Poissompré.Évolution du score :
1-0 à 10'52" : Ramholt assisté de Sleigher et Kaartinen
2-0 à 11'31" : Schwarz
3-0 à 14'15" : Schwarz
4-0 à 19'20" : Hirt assisté de Schwarz
5-0 à 22'11" : Schwarzenbach assisté de Portmann
5-1 à 27'07" : Jinman assisté de Cormier
5-2 à 30'06" : Lamprecht assisté de Cormier (sup.num.)
5-3 à 34'34" : Cormier assisté de Jinman (inf.num.)
Olten
Gardien : Urban Leimbacher.
Défenseurs : Roman Diethelm - Arne Ramholt ; Remo Meister - Marc Werlen ; Simon Schnyder, Serge Stapfer, Patrick Bloch.
Attaquants : Sami Kaartinen - Pierre-Luc Sleigher - Antti Ruotsalainen ; Cyrill Aeschlimann - Tassilo Schwarz - Florian Dähler ; Diego Schwarzenbach - Pascal Annen - Remo Hirt ; Rolf Portmann, Patrick Pargätzi.
Remplaçant : Thomas Kropf (G). Absent : Martin Wüthrich.
Sierre
Gardien : Martin Zerzuben.
Défenseurs : Pascal Lamprecht - Killian Imsand ; Michel Kamber - n°9 ; Ronny Keller - Michael Jenni.
Attaquants : David Maurer - Derek Cormier (C) - Lee Jinman ; Peter Hürlimann - Oleg Siritsa - Cédric Métrailler ; Philippe Wüst, Kevin Lötscher, Guillaume Pannatier, Théo Sammali, Mathieu Kohli.
Remplaçant : Daniel Rüfenacht (G).