Épinal - Amnéville (6 septembre 2008)

 

Match amical.

Clap de fin pour Myhro ?

Rentrée de Suisse alémanique les cages pleines (sept buts encaissés en plus des quinze goals alloués au dernier tournoi "Zoom Airlines"), l'ICE est aussi revenue la tête pleine de doutes. De quoi pousser Shawn Allard, dont la crédibilité est sans cesse mise à mal depuis le feuilleton Centomo, à renier une partie de son casting estival. Insuffisamment satisfait par l'implication de certains. Ouvertement nominés, Ryan Caicco et Chris Myhro risquaient en effet d'être coupés au montage du second long-métrage d'Allard. Ce match de ce soir était donc l'occasion d'abattre leurs dernières cartes.

Sortis blanchis d'une préparation rendue poussive par une fusillade perdue à Zuchwil (1re ligue suisse, n'en déplaise à un Shawn Allard croyant dur comme fer à une promotion farfelue du Regio en LNB !) et un net revers à Olten (1-4), Épinal compte bien profiter de la venue d'un de ses adversaires traditionnels en pré-saison, Amnéville, pour retrouver le moral. Et peaufiner ses automatismes avant d'accueillir Amiens, dès mardi, pour le compte de la Coupe de la Ligue.

Ce derby lorrain n'est certes qu'une partie amicale, mais certains enjeux (concernant Caicco et Myhro donc) dépassent largement le calibre supposé d'un solide contradicteur de division 1. Les Mosellans ont déjà pris leurs repères en battant par deux fois les Rémois de François Dusseau mais leur manque de rotations est carrément rédhibitoire devant une équipe de l'élite. Strasbourg l'a encore démontré (7-1), effaçant du coup son premier revers (1-3) face aux redoutables Steelers de Bietigheim (les mêmes qui ont battu dans la foulée Francfort en Coupe d'Allemagne).

Strasbourg, justement, fut le révélateur d'une dimension physique logiquement perfectible. Mais aussi - et surtout - d'une rigueur défensive parfois douteuse entre autres symbolisée par l'instabilité d'un Stanislav Petrik déjà résigné. Frustré, et peut-être même blasé, n'attendant plus que la venue (apparemment) toute proche d'un concurrent finlandais. Son sursis, octroyé par la volte-face de Centomo, pourrait donc s'achever devant des Galaxiens toujours "slaves comme des images". Même si certains cadres slovaques, comme l'ex-routinier de division 1 Peter Zambori, les défenseurs Lukas Cvejn (Avignon) et Rastislav Kozik, ont quitté cet été la cité thermale. À l'instar du rugueux William Mouly, rentré à Clermont, son club formateur.

Excès de vitesse

Si Stéphane Gervais a raté plus d'une fois la cible ce soir, Jan Plch, lui eut plus d'un tour dans son sac pour étourdir ses vis-à-vis. La palme revenant, un Jan Simko très en jambes pour son retour sur la ligne de parade. Sa pointe de vitesse fut ce soir décisive et lui permit d'en mettre plein la vue aux Mosellans. Assisté d'un Michal Petrak certes nerveux, mais très complémentaire, il déborde une première fois la défense pour buter sur Cédric Dietrich. Petrak, qui avait suivi, ouvre ainsi le score (1-0, 04'55").

Devant plus faible adversité, Ryan Caicco, assigné au deuxième trio offensif, n'a pour sa part guère convaincu. Et s'il compléta un travail de Salmivirta pour relayer au second poteau vers Chassard (2-0, 09'03"), l'Italo-Ontarien aura une fois encore affiché de criantes limites. Quoi de bien étonnant vu le profil très ombrageux d'un joueur, la carrière jusqu'alors anonyme dans des ligues provinciales canadiennes ?

Précédemment cantonné aux bases besognes du troisième bloc, Caicco a donc prouvé qu'il n'avait pas l'envergure d'assumer un quelconque leadership offensif. Une accélération fulgurante de Simko, déposant ses adversaires et offrant un but tout cuit au Canadien en faisant foi (39e).

Chris Myhro, lui, n'a pas davantage rehaussé une cote en chute libre. Retranché sur la troisième ligne, le petit centre du Connecticut, longuement blessé l'an passé, a peut-être condamné ses espoirs. Faute d'avoir pu trouver sa place dans l'alignement. Faute aussi de n'avoir su s'acclimater. Voire de ne s'être suffisamment investi selon Allard ?

Lorsque les compétences du premier trio s'allient, le surnombre se crée facilement et le grabuge est garanti pour les hommes de Jonathan Paredes. Cette supériorité intrinsèque suffit donc, tuer la monotonie d'une partie où les locaux seront ponctuellement tombés dans la facilité. Il faut dire qu'avec la technique de Plch, tout est plus simple. Simko, isolé dans le slot par une percée de son compatriote, alourdit ainsi la marque (3-0, 10'19").

Les Galaxiens, combatifs mais numériquement limités, s'en tirent un peu mieux face aux autres blocs malgré la ténacité des Chipaux et autres Agostini. Ce qui n'empêche pas Dietrich d'être tout de même mis à rude épreuve. Et comme Stéphane Gervais n'a pas le monopole des tirs longue distance, Fabien Leroy, la révélation de la pré-saison, lui en remontre sur un plomb filant tout droit sous la barre (4-0, 16'20").

L'absence de Benoît Quessandier est donc anecdotique dans une partie au ton résolument amical. Toutefois sa perte hante parfois les replis, au risque de faire plonger un Stanislav Petrik au moral déjà chancelant. Il fallait s'y attendre, le score est lourd et favorise volontiers l'inattention. Figé (comme son repli d'ailleurs) sur sa ligne, Petrik laisse filer un break d'Arnaud Disnard en désavantage numérique (4-1, 24'06"). Avant qu'un compatriote, Michal Goga, ne s'y reprenne à deux fois pour le déjouer côté crosse, exploitant un relâchement défensif coupable (5-2, 31'45").

Mais dans ce monde de brutes, la finesse de Plch fait toute la différence. Trop rapide pour la défense adverse, le numéro quatorze déshabille son monde pour mieux servir son fidèle Petrak, lequel n'a plus qu'à pousser le puck dans la cage (5-1, 30'46"). C'est dire s'il est grand temps qu'Ilpo Salmivirta reprenne le flambeau de l'offensive. Le Finlandais, au bénéfice d'un remodelage des alignements, retrouve des ailes sur le premier trio. Et que ce soit en supériorité numérique (6-2, 33'08") ou lancé dans l'axe (7-2, 44'12"), son association avec Plch, couplée au sang-froid qu'on lui connaît, est fatale à l'infortuné Dietrich. L'ex-Grenoblois n'a pourtant pas fini de voir sa cage se remplir de caoutchouc, les ressources de ses coéquipiers fondant inexorablement comme neige au soleil...

Si Caicco et Myhro, on l'a vu, ne cassent décidément pas trois pattes à un canard, Paulson, lui, s'efforce d'affiner son impact offensif. Les circonstances du jour sont il est vrai assez favorables pour l'ex-universitaire du Minnesota et celui-ci, en exploitant une transversale de Simko, s'en ira noircir la feuille de pointage (8-2, 44'42"). À défaut de pleinement convaincre son nouvel entourage, le colosse US poursuit donc sa lente adaptation au hockey européen. Ilpo Salmivirta, lui, se régale et démontre qu'il sait aussi bien jouer du poignet que les autres gros bras de l'alignement (9-2, 45'21"). Il faudra encore compter sur la polyvalence de l'ailier formé au Tappara Tampere. Jan Plch, c'est bien connu, n'a rien à lui envier et possède une telle marge que chaque incursion rime avec occasion. Un shoot légèrement dévié par Simko (10-2, 56'23"), suivi d'un de ses revers fétiches, amené par une longue ouverture de Slovak (12-2, 58'29"), le confirment. Guillaume Chassard, entre temps, finissait d'achever l'échauffement de la doublure amnévilloise (11-2, 56'49").

Pour le reste, on n'est pas plus avancé, Épinal ayant surpassé les Thermaux sur presque tous les plans, accentuant une nette différence de niveau. D'ici mardi, et la réception d'Amiens, les choses peuvent encore changer. Ou du moins passer à l'heure finlandaise.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Amnéville 12-2 (4-0, 2-2, 6-0)

Samedi 6 septembre 2008 à 15h00 à la patinoire de Poissompré.

Évolution du score :

1-0 à 04'55" : Petrak assisté de Simko

2-0 à 09'03" : Chassard assisté de Caicco et Salmivirta

3-0 à 10'19" : Simko assisté de Plch

4-0 à 16'20" : Leroy

4-1 à 24'06" : Disnard (inf.num.)

5-1 à 30'46" : Petrak assisté de Plch

5-2 à 31'45" : Goga

6-2 à 33'08" : Salmivirta assisté de Plch (sup.num.)

7-2 à 44'12" : Salmivirta assisté de Plch

8-2 à 44'42" : Paulson assisté de Simko

9-2 à 45'21" : Salmivirta

10-2 à 56'23" : Simko assisté de Plch

11-2 à 56'49" : Chassard

12-2 à 58'29" : Plch assisté de Slovak

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais ; John Paulson - Fabien Leroy ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko [puis Salmivirta] - Michal Petrak - Jan Plch ; Ilpo Salmivirta [puis Simko] - Ryan Caicco - Guillaume Chassard ; Tarik Chipaux [ou Erwan Agostini] - Chris Myhro - Guillaume Papelier.

Absent : Benoît Quessandier (adducteurs).

 

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