Grenoble - Rouen (6 septembre 2008)
Trophée des champions.
Premier match officiel de la saison, le trophée des champions s'installe petit à petit dans le calendrier. Même si le label de "match de gala" lui colle encore à la peau, les deux équipes en lice n'ont pas pour habitude de galvauder un trophée lorsqu'il se présente. Surtout Grenoble qui l'a perdu l'an dernier en prolongation face à Angers et qui cette fois ne veut pas le laisser passer, d'autant que le vainqueur de ce soir pourra se targuer d'avoir accroché les quatre principaux trophées français à son palmarès.
Les deux équipes abordent la rencontre avec un état de forme inégal : Grenoble, au complet, sort victorieux d'un tournoi au Danemark tandis que Rouen s'est confronté à une très forte opposition en Slovaquie et panse aujourd'hui ses plaies : si Thinel, Romand et Dufournet sont de retour, des éléments majeurs comme David, Desrosiers et Mallette manquent toujours à l'appel. À noter que les deux équipes sont privées de leurs internationaux juniors, retenus avec l'équipe de France 20 ans pour une série de matchs face à la Hongrie. Le coup d'envoi de la rencontre est donné symboliquement par Jean-François Bonnard qui vient de quitter les Brûleurs de Loups après quatorze saisons au club et qui du même coup a pris sa retraite internationale. Le club grenoblois lui rend un hommage appuyé ce soir, tout en retirant son célèbre n°55 qui flottera désormais sous le plafond de Pôle Sud.
Rouen aborde la rencontre sans complexe à l'image de Marc-André Thinel, mis au repos face à Angers, qui enrhume Calle Bergström sur une jolie feinte. Le début de rencontre est difficile pour les locaux, coupables d'indisciplines à répétition sanctionnées par le corps arbitral. Les hommes de Mats Lusth se sortent sans dommage d'une pénalité de Trabichet mais doivent faire face par la suite à une double infériorité numérique due à des prisons successives de Manavian et Rouleau à quinze secondes d'intervalle. Les absences de Desrosiers et Mallette se font sentir sur le power-play rouennais qui montre trop d'hésitation. Le duo Thinel-Doucet a beau se démener, la défense grenobloise tient bon et donne des garanties sur sa solidité. Ferhi se rassure devant Doucet et les Dragons laissent passer une occasion en or d'ouvrir le score.
Mis en confiance par cette résistance héroïque, les Brûleurs de Loups s'enhardissent enfin et pointent le bout de leur nez en attaque. Sur un engagement anodin en zone offensive gagné par Damien Fleury, Johan Forsander expédie un missile dans la lucarne de Sopko (1-0, 09'11"). Enfin libérés, les Grenoblois se ruent à l'attaque et Fleury manque de peu le coche alors qu'Amar provoque la pénalité de Niskavaara, la première des Rouennais. Mais Krayzel manque de chance, son tir longeant la ligne de but sans rentrer. Masa manque une cage grande ouverte tandis que Doucet se fait sanctionner. Les Brûleurs de Loups enchaînent à leur tour les supériorités mais se font surprendre sur un contre de Thinel conclu par Romand d'un tir au-dessus de l'épaule de Ferhi (1-1, 14'14"). Les débats s'équilibrent en fin de tiers et s'achèvent après une pénalité de Virolainen que Thinel a eu le tort de contester, ce qui lui vaudra dix minutes de méconduite.
Les Dauphinois commencent le deuxième tiers en supériorité numérique sans pouvoir faire la différence malgré une tentative d'Alexandre Rouleau. Le rythme de la rencontre baisse alors que chaque équipe évolue tour à tour en supériorité numérique avec une régularité de métronome. À la mi-tiers, chaque équipe a eu en sa possession deux occasions sans en profiter, souvent par manque de précision. Les approximations dans le jeu sont nombreuses et les gardiens en profitent pour faire le spectacle, même si leur tâche est souvent facilitée par l'imprécision des attaquants qui ont toutes les peines du monde à cadrer leurs tirs. Sopko est le plus sollicité des deux portiers et sort une belle mitaine face à Martin Masa. En face, le danger vient principalement de Thinel et Doucet, le premier nommé parvenant même à tirer sur la barre de Ferhi. Une dernière supériorité numérique est mal exploitée par Grenoble alors que Thinel a par deux fois l'occasion de donner l'avantage à son équipe en échappée mais Ferhi s'impose à chaque fois. Malgré une domination d'ensemble dans ce tiers, les Brûleurs de Loups auraient pu payer très cher leur manque d'efficacité dans les ultimes secondes.
La dernière période débute sur un rythme un peu plus enlevé, chaque équipe tentant de forcer la décision pour éviter la prolongation. Les Tchèques de Grenoble sont les premiers en action mais Sopko sort le grand jeu, offrant un palet de contre à Thinel qui perd à nouveau son face-à-face avec Ferhi. La rencontre semble pouvoir basculer à tout moment d'un côté comme de l'autre avec des Grenoblois plus prudents et moins offensifs que lors des deux premiers tiers et des Rouennais toujours à l'affût d'un bon contre. Ferhi est solide dans sa cage, il s'impose face à Strozynski, préservant les chances de son équipe.
La différence semble pouvoir se faire sur les supériorités numériques et à ce petit jeu, Rouen craque en premier en concédant la première pénalité du tiers par Strozynski. Il sera bientôt suivi par Niskavaara en prison, offrant ainsi une double supériorité numérique aux Isérois. Ces derniers ne laissent pas passer l'occasion : un puissant tir de la bleue de Bergström est habilement dévié par Masa, trompant ainsi Ramon Sopko (2-1, 49'56"). Le spectre de la prolongation s'éloigne, encore faut-il tenir dix minutes pour les locaux. Mais les Rouennais semblent manquer de jus pour forcer l'égalisation. Les Grenoblois les maintiennent relativement facilement en zone neutre et se procurent même quelques belles occasions à l'image d'un tir de Fleury sur la barre. Sans plus de conviction, Vogin sort son gardien en fin de match pour créer le surnombre mais Broz met rapidement fin au suspense en marquant dans la cage vide après une première tentative de Masa (3-1, 58'58").
Grenoble remporte donc son premier trophée des champions au terme d'une rencontre indécise mais qui ne restera pas dans les annales des Grenoble-Rouen dont c'était pourtant la 100e édition. Pour avoir mené le jeu et plus tenté, les Grenoblois ont mérité leur victoire qu'ils auraient pu rendre plus facile avec un peu plus de réalisme. Mais les deux équipes étaient clairement en rodage et les absences rouennaises ont nettement limité le potentiel offensif des Dragons qui ne se sont vraiment montrés dangereux que par l'entremise de Marc-André Thinel lequel a beaucoup tenté, sans réussite, ce soir. Du côté grenoblois, les lignes offensives ont été moins efficaces qu'au Danemark mais la satisfaction vient incontestablement de la défense qui, comme on pouvait s'y attendre, s'avère particulièrement solide. N'oublions pas les deux gardiens, Sopko et Ferhi, qui ont été sans conteste les stars de la soirée, rivalisant dans la qualité des arrêts. Place désormais à la coupe de la Ligue mardi qui permettra aux deux équipes de parfaire leur préparation en attendant la première journée de la Ligue Magnus samedi prochain.
Compte-rendu signé Christophe Laparra
Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :
Baptiste Amar (capitaine de Grenoble) : "Il n'y a pas lieu d'être euphorique plus que de raison. Cela reste plutôt un match de gala, avec une valeur relative. On n'a pas fait un mauvais match, mais moins bon que les derniers. Ça lance la saison. On a gagné mais pas avec une manière extraordinaire. C'est une satisfaction pour la victoire, le trophée et la confiance. Il y avait pas mal d'émotion, tout le monde avait envie de bien faire. Certains étaient peut-être un peu moins bien physiquement, mais je ne doute pas que d'ici peu tout le monde sera au top. Il y a encore pas mal de choses à améliorer mais un groupe se construit petit à petit, surtout quand il y a eu pas mal de changements. Il faut essayer de garder les pieds sur terre et d'avancer pas à pas."
Christophe Tartari (attaquant de Grenoble) : "On n'a pas fait un match extraordinaire, il était un peu bizarre. Mais au bout, il y a un titre, l'essentiel est là et on est très content. On était un peu fatigués. On a été solides défensivement, on s'est créé beaucoup d'occasions. Le résultat est positif. Et on rentre un peu dans l'histoire en étant les premiers à avoir gagné les quatre titres, c'est sympa."
Grenoble - Rouen 3-1 (1-1, 0-0, 2-0)
Samedi 6 septembre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 2800 spectateurs.
Arbitrage de Roland Stalder assisté de Paul Rebillard et Laurent Schmid.
Pénalités : Grenoble 14' (6', 8', 0'), Rouen 30' (6'+10', 10', 4').
Tirs : Grenoble 39 (13, 16, 10), Rouen 21 (7, 6, 8).
Évolution du score :
1-0 à 09'11" : Forsander assisté de Fleury
1-1 à 14'14" : Romand assisté de Thinel (inf. num.)
2-1 à 49'56" : Masa assisté de Bergström et Krayzel (double sup. num.)
3-1 à 58'58" : Broz assisté de Masa (cage vide)
Grenoble
Gardien : Eddy Ferhi.
Défenseurs : Baptiste Amar (C) - Teddy Trabichet ; Alexandre Rouleau - Calle Bergström ; Viktor Wallin - Antonin Manavian.
Attaquants : Martin Masa - Ludek Broz (A) - Ludek Krayzel ; Martin Jansson - Mitja Sivic - Anders Nilsson ; Johan Forsander (A) - Christophe Tartari - Damien Fleury.
Remplaçants : Lucas Normandon (G), Jason Crossman, Mathieu Frécon, Kévyn Richard. Absents : Maxime Moisand, Julien Baylacq, Nicolas Arrossamena, Raphaël Papa (France U20).
Rouen
Gardien : Ramon Sopko (sorti de 58'41" à 58'58").
Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Daniel Carlsson (A) - Jaako Niskavaara.
Attaquants : Jérémie Romand - Marc-André Thinel (A) - Mikko Peltola ; Sébastien Strozynski - Éric Doucet (C) - Édouard Dufournet ; Peter Bourgaut - Adrien Dufournet - Lionel Tarantino ; Alexandre Mulle - Quentin Berthon.
Remplaçants : Ronan Quemener (G), Thomas Castelli, Paul Seraudie. Absents : Jean-François David (déchirure), Julien Desrosiers (côtes), Carl Mallette (pied), Cédric Custosse, Loïc Lampérier (France U20).
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