Épinal - Amiens (9 septembre 2008)

 

Match comptant pour la Coupe de la ligue, groupe B.

Un homme à la mer

Au bout d'une pré-saison poussive, Épinal se lance ainsi dans le grand bain. Avec ses doutes, notamment symbolisés par l'impression mitigée laissée par ses recrues nord-américaines. Tellement que le destin du petit américain Chris Myhro, pas en tenue ce soir, semble joué. Au point que de nouveaux mercenaires sont encore travaillés à l'heure de ces lignes.

La Coupe de la Ligue, fraîchement restructurée en poules géographiques, est d'un intérêt sportif tout relatif pour les clubs dits modestes. Densifiant un calendrier hexagonal bien rabougri comparé à certains de ses voisins, elle débute ainsi ce soir. Sonnant comme une ultime répétition générale avant d'amorcer le championnat par le virage dijonnais. Un tournant, déjà, jamais facile à négocier par les temps qui courent...

Mais, d'ici samedi, les choses peuvent donc encore changer. Et elles passeront à coup sûr à l'heure finlandaise pour un Stanislav Petrik voyant débarquer en Eero Väre (24 ans) son premier vrai concurrent après cinq années passée dans la Cité des Images. En sursis depuis la volte-face de Sébastien Centomo, le Slovaque "profite" ce soir de la qualification tardive de ce jeune gardien venant de vivre sa première saison pleine en Mestis. Plus précisément au Sport Vaasa, aux côtés d'un certain Nicolas Besch...

Pour le moment donc, la charge incombe (une dernière fois ?) à un Petrik blasé de se coltiner ce qu'il voit désormais comme une corvée. Et il doit rapidement se mettre en branle face aux bonnes dispositions amiénoises. L'assise défensive aidant, avec Vincent Bachet en ministre de la défense, le déploiement offensif est ainsi facilité par de bonnes relations entre les lignes. Et notamment celle de Miroslav Pazak, apparaissant comme la plus complémentaire de toutes. Mais aussi la plus dangereuse. Lancé plein axe par une longue relance de Pavel Kowalczyk (qui venait d'intercepter Jan Plch), le Slovaque sert ainsi Loïc Sadoun échouant sur un Stanislav Petrik solide (0'48"). Du moins pour l'instant...

Cette relative sérénité s'estompe toutefois au fil des minutes, matérialisée par un couverture défensive pas si hermétique que cela sur jeu placé. Un courant d'air d'Anthony Mortas au premier poteau laisse ainsi filer Plch mais Buysse, déjà, veille au grain (03'18"). À l'image d'un Fabien Leroy tranchant, audacieux et pour le moins vindicatif, les Spinaliens semblent gagner en cohésion. Plus présents en zone neutre aussi en plus de développer leurs qualités individuelles. Celles de Plch lui permettent de flairer tous les bons coups et une récupération en désavantage numérique suffit à lancer la contre-attaque. Leroy, qui avait suivi, monte au filet et démontre d'un tir sec qu'il a ce soir la rage chevillée au corps face à ses ex-coéquipiers (08'12"). Sur le coup, il n'a rien presque à envier à la vitesse intrinsèque de Jan Simko, qui, lancé par Michal Petrak, vient lui aussi tambouriner à la porte (10'20").

Tragique Petrik

Incapables de concrétiser leurs avantages numériques malgré une maîtrise certaine, les locaux restent à la merci d'erreurs défensives récurrentes. Et si Pazak, sur un palet rendu à Kowalczyk, se heurte à Petrik (12'28"), Grégory Béron, oublié sur le flanc droit, voit son tir excentré trouver la mire. Avec la complicité fortuite d'un Stanislav Petrik signant là sa première boulette de la soirée (0-1 à 14'53"). Et sûrement pas la dernière !

Les rebonds et autres sorties au bâton d'Henri-Corentin Buysse, elles, ne sont pas préjudiciables au meilleur espoir de relève tricolore à son poste. Pourtant, il y a de quoi faire en ce début de partie. Mais l'inquiétante inefficacité de Stéphane Gervais, doublée d'un Ryan Caicco définitivement trop brouillon au centre du deuxième bloc, altèrent un peu plus la continuité d'un jeu de puissance pourtant dicté par Jan Plch.

Cette inhabituelle disette de Gervais, qui ne trouve plus la cible, prive l'ICE d'une de ses meilleurs atouts. Un mauvais coup de Romain Bault, qui laisse traîner son genou pour accrocher celui de Guillaume Papelier, amoindrit pour sa part des rotations déjà limitées (22'05"). De quoi renvoyer le jeune Amiénois aux vestiaires et offrir cinq précieuses minutes au redoutable powerplay vosgien. Mais comme le déclic se fait encore attendre pour Stéphane Gervais, la stérilité offensive perdure, rendant Buysse chaud bouillant devant ce matraquage et offrant moult contres bien souvent orchestrés par un certain Miroslav Pazak. Connu pour être l'un des plus fameux bourreaux d'Épinal depuis une petite décennie, le Slovaque n'a pourtant pas, ce soir, sa finition habituelle.

Sortis ragaillardis de cette longue pénitence, les Gothiques rechutent quelques secondes plus tard mais un accrocher de Jan Simko rétablit presque aussitôt l'équilibre numérique. Aux risques et périls des boys de Shawn Allard, floués par une mauvaise appréciation de Lionel Simon sur une passe en retrait laissant suffisamment de marge à Vincent Bachet, monté à la bleue, pour armer son lancer. Le slap de l'international, repoussé par Petrik, est ainsi bonifié par Simon Petit dans un slot déserté (0-2 à 29'21").

Comme dans du beurre

La détresse de Stanislav Petrik ne faisait que commencer. Le début de la fin aussi ; Kévin Hamon tirant à son tour les marrons du feu après un cafouillage dans le slot (0-3 à 31'59"). Remplaçant au pied levé Pierre-Luc Émond, joueur complet par excellence dans le circuit semi-pro québécois, le jeune Picard représente cette nouvelle "classe-biberon" fraîchement émoulue des bancs du Coliséum.

Les rouages sont maintenant cassés avec, pour grain de sable, un Petrik sombrant au gré des courants d'air. Une fatalité pour des Dauphins tombant dès lors dans l'approximation. La vigilance s'estompe, les espaces se créent. Plus dans le coup, ils se laissent aller à une passivité défensive logiquement punie. L'occasion faisant le larron, Matt Amado et Martin Paquet, les deux anciens Radio X, sont sur la même longueur d'onde et Paquet, de l'arrière de la cage, a toute latitude pour servir Amado dans l'enclave (0-4 à 34'10").

Les débats ont pris une toute autre tournure en l'espace de cinq minutes et les Gothiques, faciles, récitent leur gamme sans réelle opposition. Dans ces conditions, Brian Henderson, d'une déviation peut-être entachée d'une crosse haute (0-5 à 37'03") puis Martin Paquet, d'une reprise balayée à ras de glace (0-6 à 37'47"), font grimper les enchères. L'ex-Grenoblois, décalé sur ce coup par Matt Amado, pourra toutefois remercier la précision de passe d'un Pavel Kowalczyk relativement sûr dans son approche défensive. Mais, plus que tout, l'absence totale d'interposition vosgienne, aussi bien en neutre qu'en défensive.

C'est évidemment symptomatique d'un acte médian faussé par l'inconsistance de la défense d'un Stanislav Petrik déconfit. Ce dernier, plus dans le coup, justifiant ce soir la véracité des critiques qui lui sont adressées...

Épinal se retrouve dans une impasse. Ne disposant pas ce soir de solutions de rechange, Shawn Allard doit donc se résoudre à envoyer le très inexpérimenté Pierre-Sylvain Mestivier au casse pipe. Accentuée par des relations tendues avec Allard, la lassitude aura donc achevé de terrasser Petrik, gardien talentueux fonctionnant avant tout à l'affectif.

Le mal étant fait, la situation ne peut que peut s'améliorer et Jan Simko, enfin réaliste, justifie cet adage. Servi dans le dos de la défense par Michal Petrak, l'ex-Tourangeau ne tergiverse pas pour gifler la lucarne droite (1-6 à 40'47").

Trouvant là quelques maigres ressources, les Dauphins tentent donc de réagir. Tout en redoublant de vigilance devant un Mestivier essuyant ses premières rafales avant de logiquement s'incliner devant Amado. Un café crème suffit au Britanno-Colombien pour se débarrasser d'un Leroy en position de dernier défenseur pour scorer "stick side" (1-7 à 44'07").

Du bout du banc où il vient de prendre place, Stan Petrik voit ensuite Thomas Roussel dégainer de la bleue à l'ultime seconde d'une supériorité numérique (1-8 à 50'01"). Livré à lui-même, Pierre-Sylvain Mestivier, de retour dans les Vosges après avoir parfait sa formation à... Amiens (!), signe ensuite quelques parades avant que Henderson et Bachet ne touchent du bois lors d'une fin de match anecdotique.

Si Amiens, de toute façon plus fort (ou du moins plus réaliste), put compter soixante minutes durant sur la solidité d'Henri-Corentin Buysse, Épinal, en revanche, tomba dans un cercle vicieux. Affichant toute l'étendue de sa fébrilité à l'arrière, malgré la stabilité qu'offre Benoît Quessandier depuis son arrivée. En plus de faillire dans les moments-clés, ratant le coche en supériorité numérique. La responsabilité de Stanislav Petrik, clairement engagée sur cette partie, transforme désormais Eero Väre en messie potentiel. Avec ou sans le Finlandais, il faudra (déjà) rebondir.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Amiens 1-8 (0-1, 0-5, 1-2)

Mardi 9 septembre 2008 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 421 spectateurs.

Arbitraged'Alexandre Bourreau assisté de Jérémy Rauline et Geoffroy Barcelo.

Pénalités : Épinal 14' (4', 8', 2') ; Amiens 39' (6', 4'+5'+20', 4').

Tirs : Épinal 26 (12, 7, 7) ; Amiens 28 (8, 12, 8).

Évolution du score :

0-1 à 14'53" : Béron assisté de Kowalczyk

0-2 à 29'21" : Petit assisté de Bachet

0-3 à 31'59" : Hamon assisté de Bachet et Kowalczyk (sup. num.)

0-4 à 34'10" : Amado assisté de Paquet et Petit (sup. num.)

0-5 à 37'03" : Henderson

0-6 à 37'47" : Paquet assisté d'Amado et Mortas

1-6 à 40'47" : Simko assisté de Petrak

1-7 à 44'07" : Amado assisté de Roussel et Paquet

1-8 à 50'01" : Paquet assisté de Roussel et Petit (sup. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik puis Pierre-Sylvain Mestivier à 40'00".

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais ; Benoît Quessandier - Fabien Leroy ; John Paulson - Lionel Simon [en alternance avec Borislav Ilic à partir de 40'00"].

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Ryan Caicco - Guillaume Chassard (A) ; Tarik Chipaux - Erwan Agostini - Guillaume Papelier [puis Simko à 22'05"].

Absents : Shawn Allard (cheville), Anthony Pernot, Eero Väre, Mathieu Perrin (licences), Chris Myhro (en instance de départ).

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse.

Défenseurs : Vincent Bachet (C) - Pavel Kowalczyk ; Thomas Roussel - Jean-Philippe Glaude ; Julian Marcos (A) - Romain Bault.

Attaquants : Loïc Sadoun - Anthony Mortas (A) - Miroslav Pazak ; Kévin Hamon - Matt Amado - Martin Paquet ; Simon Petit - Brian Henderson - Grégory Béron.

Remplaçants : Adrien Fénart (G), Jonathan Boehrer, Maxime Belov. Absents : Pierre-Luc Émond (élongation).

 

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