Grenoble - Chamonix (13 septembre 2008)

 

Ligue Magnus - premère journée.

Les deux affrontements de la saison dernière avaient été fertiles en buts et surtout à l'opposé l'un de l'autre : victoire de Grenoble 10-0 puis de Chamonix 9-4. Depuis, Chamonix a sauvé sa tête in extremis en Ligue Magnus sous la houlette d'Alan Jacob et a renforcé son effectif avec notamment la venue du gardien finlandais Sami Heinonen, des défenseurs canadiens Patrick Mbaraga et Todd Paul ainsi que de l'attaquant tchèque Jaroslav Cesky. Tout ce petit monde est présent ce soir à Pôle Sud, le seul absent de marque étant l'attaquant letton Olegs Koreskovs, pas encore qualifié. Grenoble joue au complet et voudra enchaîner après la victoire acquise mardi en coupe de la ligue face à Gap (6-4). Chamonix espère pour sa part se ressaisir suite à la défaite encaissée face à Morzine (1-4).

Les Brûleurs de Loups débutent la rencontre pied au plancher. Dès l'engagement, ils portent le jeu en zone offensive : un tir de Martin Jansson est dévié au passage par Mitja Sivic et Grenoble ouvre le score après seulement seize secondes de jeu (1-0, 00'16"). Une entrée en matière fracassante, bientôt suivie par une avalanche de tirs sur la cage de Sami Heinonen, au four et au moulin. La défense haut-savoyarde souffre, plie mais tient le choc malgré les nombreux assauts de l'attaque iséroise. En revanche, les Chamois sont logiquement poussés à la faute : Todd Paul puis Erwan Pain rejoignent la prison, offrant ainsi à Grenoble une double supériorité numérique. Malgré une très bonne circulation du palet, Heinonen fait front et bloque toutes les tentatives iséroises. Ludek Krayzel rate même de peu le deuxième but sur un tir qui heurte la barre transversale.

Forsander sort après avoir pris une crosse dans la figure après un contact le long des bandes, mais il revient quelques minutes plus tard pour jouer une supériorité numérique. Les Chamois laissent passer l'orage et la multitude de pénalités sifflées de part et d'autre dans la seconde moitié du tiers a pour effet de ralentir le jeu et de hacher les débats. Dès lors, la pression grenobloise s'atténue et les attaquants chamoniards peuvent enfin pointer le bout de leur patin aux abords de la zone de Ferhi. Le capitaine Richard Aimonetto et le remuant Jaroslav Cesky se montrent les plus dangereux et les esprits finissent par s'échauffer lorsque Geffroy se heurte à Broz et Krayzel pour s'être approché un peu trop près d'Eddy Ferhi. Grenoble regagne donc les vestiaires avec seulement un but d'avance, un bien maigre avantage au vu de la domination exercée.

Les hommes de Mats Lusth remettent donc le coeur à l'ouvrage en début de deuxième tiers. Comme lors de la première période, les locaux offrent un début de tiers tonitruant et fondent sur la cage de Heinonen. Les Grenoblois, virevoltants dans la zone d'attaque, finissent logiquement par trouver l'ouverture sur une belle combinaison entre les trois Tchèques, conclue à bout portant par Martin Masa (2-0, 21'26"). Le coup d'envoi à peine donné, la troisième ligne grenobloise remet le couvert : sur un bon décalage de Tartari, Damien Fleury s'offre un petit numéro devant Heinonen, patientant suffisamment pour s'ouvrir la cage grande ouverte (3-0, 21'54"). Les trois lignes grenobloises ont su trouver le fond des filets : les Brûleurs de Loups semblent alors intouchables et les Chamois promis à une déroute annoncée.

Mais les Grenoblois en font sans doute un peu trop, continuant à jouer le jeu de l'attaque à outrance, négligeant la défense et s'ouvrant aux contres adverses. Une première alerte vient d'Erwan Pain, puis Emil Tobiasson-Harris récupère le palet pour lancer une contre-attaque. L'intervention musclée de Rouleau sur sa personne est trop tardive car Kevorkian a récupéré la rondelle et décoche un tir sous la barre qui laisse Ferhi sans réaction (3-1, 27'34"). Ce but marque un coup d'arrêt en pleine période d'euphorie grenobloise. Simple accident de parcours ? Pas sûr puisque, sur une supériorité numérique causée par un dégagement hors des limites de Mbaraga, Eddy Ferhi est trop facile dans sa relance à la crosse et donne directement le palet à Erwan Pain qui joue bien le coup avec Alexandre Audibert pour sanctionner le gardien grenoblois (3-2, 31'57"). Chamonix revient à un but et peut se remettre à croire à un scénario totalement inimaginable dix minutes plus tôt.

Les Brûleurs de Loups n'en mènent pas large et s'en remettent à Mitja Sivic pour les tirer de ce mauvais pas : le centre slovène accélère en passant la ligne bleue, efface les deux défenseurs et ajuste Heinonen d'un tir ras de glace en angle opposé : du grand art (4-2, 35'01"). Grenoble détaché cette fois pour de bon ? Eh bien non puisque Martin Masa, victime d'un accrocher non sifflé, se fait justice sous les yeux de l'arbitre et se retrouve en prison à trente secondes de la fin du tiers. Une aubaine pour Chamonix qui installe son power-play : Richard Aimonetto profite d'un marquage un peu lâche de la défense grenobloise pour servir Patrick Mbaraga au second poteau qui marque à bout portant (4-3, 39'47"). Chamonix rentre ainsi au vestiaire en ayant réussi la performance de marquer trois buts dans ce tiers sur... quatre tirs cadrés !

Vexés, les Grenoblois repartent de plus belle lors de la dernière période. Comme lors des deux premières périodes, ils réalisent une entame de tiers en boulet de canon. Après une chaude alerte sur le coup d'envoi neutralisée par Ferhi, Baptiste Amar montre l'exemple en s'offrant un déboulé rageur côté gauche avant de feinter Heinonen pour remettre les siens à distance (5-3, 40'27"). À nouveau euphoriques, les Brûleurs de Loups décident d'en finir : sur un puissant slap d'Anders Nilsson, Martin Jansson se trouve présent au rebond (6-3, 42'36").

Cette fois l'avance grenobloise semble confortable mais les Isérois retombent dans leurs travers défensifs : ils offrent un boulevard à Jaroslav Cesky qui fait le tour de la cage de Ferhi, contré in extremis par une crosse grenobloise sur sa ligne. Mais le palet est mal dégagé et Aimonetto l'expédie au fond des filets au milieu d'une forêt de jambes (6-4, 44'04"). Les Chamois, tenaces, ne s'avouent pas vaincus et se montrent de nouveau entreprenants. Un peu trop même lorsque Geffroy expédie littéralement Jansson sur Heinonen d'une charge dans le dos sanctionnée par dix minutes.

Mitja Sivic, remonté comme une pendule, a l'occasion de porter l'avance grenobloise à trois unités mais manque de réalisme à la conclusion d'un tour de cage parfaitement exécuté. Ludek Broz s'offre même un face-à-face avec Heinonen mais le portier finlandais s'en sort magistralement en n'effectuant pas le premier geste. Le score ne bouge plus et Chamonix peut encore espérer en restant à deux longueurs à trois minutes de la fin. Alors que son équipe évolue en supériorité, Alan Jacob demande un temps mort pour sortir Heinonen et évoluer à six contre quatre. Les Chamois tentent donc le tout pour le tout, d'autant plus que Martin Masa écope d'une pénalité dans la dernière minute de jeu. Mais la défense grenobloise s'accroche jusqu'au bout et un tir de Rouleau frôle la cage vide sans rentrer, mettant ainsi fin à la rencontre.

Grenoble s'impose donc dans la douleur avec seulement deux buts d'avance au terme d'une rencontre pourtant très largement dominée et parfois survolée. Mais les Brûleurs de Loups, auteurs de débuts de tiers tonitruants, n'ont pas su garder le même niveau d'implication vingt minutes durant. La facilité étalée par moments laisse entrevoir de belles promesses sur le plan offensif. Mais l'excès d'enthousiasme et la volonté de faire le spectacle ont parfois coûté très cher : la défense a été négligée et trop de contres ont été offerts aux Chamoniards. Eddy Ferhi n'a pas non plus livré une performance digne de son statut, offrant sur un plateau le second but et n'étant pas irréprochable sur le premier. Le système défensif est donc à revoir du côté de Mats Lusth qui sait en revanche qu'il peut compter sur une attaque flamboyante, menée par un Mitja Sivic qui s'annonce comme le leader offensif tant espéré : auteur de deux buts dont un époustouflant, il a confirmé les promesses entrevues face à Gap, en imposant sa technique et sa vitesse pour faire la différence dans les défenses adverses. Bien soutenu par Martin Jansson, très efficace depuis son arrivée, il surfe sur la vague de ses play-offs briançonnais.

Les Chamois ont pour leur part toutes les raisons de se satisfaire de leur rencontre. Malmenés, parfois baladés, ils n'ont jamais bu la tasse et ont su revenir au score dans le deuxième tiers alors que la rencontre semblait leur échapper. Accrocheurs et passés maîtres dans l'art du contre sous l'impulsion d'un Jaroslav Cesky très l'aise avec une vitesse et une technique au dessus du lot, les Chamois ont fait preuve de réalisme en attaque en convertissant leurs maigres occasions de but. Du plus, ils n'ont jamais cherché à fermer le jeu, proposant une opposition intéressante et plaisante à voir jouer. Voilà qui est prometteur, tout comme la prestation de Sami Heinonen, très solide dans ses cages malgré les six buts encaissés et qui a su garder la tête froide dans les situations les plus chaudes. Après cette rencontre, Alan Jacob a beaucoup de motifs d'espoirs pour la suite même s'il devra resserrer sa défense, un peu trop dépassée par moments.

Désignés meilleurs joueurs du match : Mitja Sivic (Grenoble) et Richard Aimonetto (Chamonix).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "On s'est compliqué la tâche tout seul dans un match qui n'aurait pas dû nous poser de problèmes. Ce sont trois erreurs individuelles qui remettent Chamonix dans la rencontre. On avait essayé de les recadrer à la fin du premier tiers et résultat, ils font trois boulettes... On a manqué de sang froid et il faudra se reconcentrer mardi à Villard. Quant à Sivic, c'est vrai qu'il a été très fort."

 

Grenoble - Chamonix 6-4 (1-0, 3-3, 2-1)

Samedi 13 septembre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3200 spectateurs

Arbitrage de Damien Velay assisté de Alexis Grabit et Anne-Sophie Boniface.

Pénalités : Grenoble 14' (6', 2', 6'), Chamonix 34' (10', 2'+10', 2'+10').

Tirs cadrés : Grenoble 44 (14, 11, 19), Chamonix 16 (7, 4, 5).

Évolution du score :

1-0 à 00'16" : Sivic assisté de Jansson et Rouleau

2-0 à 21'26" : Masa assisté de Broz et Krayzel

3-0 à 21'54" : Fleury assisté de Tartari et Forsander

3-1 à 27'34" : Kevorkian assisté de Tobiasson-Harris

3-2 à 31'57" : Audibert assisté de Pain (inf. num.)

4-2 à 35'01" : Sivic assisté de Jansson et Rouleau

4-3 à 39'47" : Mbaraga assisté de Aimonetto et Kevorkian (sup. num.)

5-3 à 40'27" : Amar assisté de Krayzel et Broz

6-3 à 42'36" : Jansson assisté de Nilsson et Sivic

6-4 à 44'04" : Aimonetto assisté de Cesky et Kevorkian

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Calle Bergström ; Baptiste Amar (C) - Teddy Trabichet ; Viktor Wallin - Antonin Manavian.

Attaquants : Martin Jansson - Mitja Sivic - Anders Nilsson ; Martin Masa - Ludek Broz (A) - Ludek Krayzel ; Johan Forsander (A) - Christophe Tartari - Damien Fleury.

Remplaçants : Lucas Normandon (G), Maxime Moisand, Jason Crossman, Julien Baylacq, Raphaël Papa, Mathieu Frécon.

Chamonix

Gardien : Sami Heinonen (sorti de 57'50" à 58'34", de 58'52" à 59'20" et de 59'34" à 60'00").

Défenseurs : Maxime Claret-Tournier - Todd Paul ; Anders Torgersson - Damien Torfou ; Patrick Mbaraga - Fabien Veydarier.

Attaquants : Jaroslav Cesky - Richard Aimonetto (C) - Vincent Kara [puis Pain à 20', puis Kevorkian à 40'] ; Aram Kevorkian (A) [puis Pain à 40'] - Thibault Geffroy - Emil Tobiasson-Harris (A) ; Dorian Duchosal - Erwan Pain [puis Kara à 20'] - Alexandre Audibert.

Remplaçants : Tom Charton (G), Valerian Croz, Marc Slupski. Absent : Olegs Koreskovs (non qualifié).

 

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