Dijon - Grenoble (27 septembre 2008)

 

Ligue Magnus, troisième journée.

Ils ont frisé la correctionnelle

Déjà dos au mur avant de se déplacer mercredi soir à Neuilly-sur-Marne, les Ducs le sont davantage malgré ce point ramené de région parisienne. Car les Bisons, en glanant là la première victoire de leur histoire en élite, n'ont pas seulement lancé leur saison. Ils ont déjà compromis un début de saison chaotique des Bourguignons, à peine racheté par un solde encore positif en Coupe de la Ligue.

Car l'impression, forcément mitigée, est tout autre en championnat. Spinaliens et Morzinois étant préalablement venus y mettre leur grain de sel, les hommes de Daniel Maric souffrent de certains départs (Mrena, Milec) non compensés. Et à plus forte raison lorsque le calendrier les mets à l'épreuve du feu, dans une improbable mission commando. Déjouer l'armada grenobloise, certes usée par une farouche bataille avec l'outsider angevin sous les caméras télévisées, mais confortée par sa densité et un talent pur que sont loin d'avoir les Ducs.

Pourtant, s'il est une qualité traditionnellement chère aux Dijonnais, c'est bien cette force de caractère qui leur aura permis, depuis toujours, de déplacer des montagnes. On se souvient ainsi que Grenoble, tout favori qu'il soit, n'a jamais vraiment connu de parties faciles sur la petite glace de Trimolet...

À cœur vaillant...

Cela se vérifie à nouveau dès l'entame, les Ducs ayant visiblement haussé un niveau de jeu jusqu'alors insuffisant en championnat. Moyennant une belle intensité sur toutes les présences, les Bourguignons répondent enfin présent au discours de leur coach et s'appliquent à contrarier le déploiement d'une puissante attaque grenobloise. Pourtant riche en automatismes et en relanceurs de qualité.

Parmi ces chevilles ouvrières agissant dans les deux sens, le centre slovaque Erik Bochna prend une part importante dans ce travail de sape collectif par ses montées et ses forechecks. Prenant en outre ses responsabilités offensives, même si les Ducs n'ont pas toutes les aisances, ni même les individualités iséroises pour faire la différence. Et pour l'instant, celle-ci ne se traduit nulle part, que ce soit dans le jeu ou même au tableau d'affichage. Car Dijon, pour une fois, n'a pas concédé de but trop hâtif. Les bonnes dispositions locales se confirmant en désavantage numérique, où le box-play se barricade devant un Radovan Hurajt des bons soirs.

Vu l'équilibre des forces en présence, chaque erreur est fatale. Au même titre que la discipline d'ailleurs. Au sortir d'un powerplay infructueux, les Brûleurs de Loups s'appuient sur leur bloc le plus remuant du moment, celui de Damien Fleury en l'occurrence, pour créer une séquence durable en zone offensive. Et comme la défense, venue ferrailler dans son coin gauche, laisse libre tout son flanc droit et le puck ressort vers Alexandre Rouleau. Parfaitement décalé, le Canadien a tout son temps pour armer un slap que Fleury finira par dévier sous le nez d'Hurajt (0-1, 10'27"). Malgré tous leurs efforts, les Ducs concèdent là, encore une fois, le premier goal de la partie...

Même si la supériorité collective des hommes de Mats Lusth s'affirme doucement, les locaux ne s'en laissent pas compter, décidés à leur tenir la dragée haute. Mais pour tenir le rythme, il leur coûte de nombreuses pénalités, heureusement déjouées par un placement relativement sûr à la ligne bleue. Les Masa (9e), Krayzel et autres Fleury (15e) ont beau s'y frayer un chemin de temps à autre, Hurajt répond toujours présent lorsque le danger se fait pressant. Et celui-ci peut prendre bien des formes vu la richesse grenobloise en la matière. De l'explosif Mitja Sivic aux plombs de Baptiste Amar (16'14"), le cerbère slovaque se dresse avec une certaine fiabilité face aux joueurs-clés des BDL.

Aussi peu en verve, le jeu de puissance local accuse certaines difficultés de construction relatives à la solidité du système défensif isérois. Un compartiment de premier choix où Viktor Wallin ne transige pas dans ses duels, relançant la machine vers l'avant. Histoire de prendre de vitesse ces hôtes plus que coriaces. Un dégagement frappant la balustrade en zone neutre permet même à Martin Masa de prendre la clé des champs, trouvant le relais de Ludez Broz pour un Baptiste Amar voyant le cadre se dérober (20e).

En guise de compensation, Grenoble hérite toutefois d'un retenir reproché à Aymeric Gillet. De quoi voir la reprise avec confiance. Mais sans plus de réussite malgré un tir croisé de Sivic (20'46") et un autre, à bout portant, d'un Masa décalé par Broz (21'35"). Et comme Miroslav Kristin, de son côté, s'emploie lui aussi à cartonner la cible, le rythme reste plus soutenu que jamais. De là à confondre vitesse et précipitation, il n'y a qu'un pas. Que les Ducs franchissent bien trop souvent, à l'image d'une infiltration non cadrée de l'offensif Martin Balcik (25e).

Le propre des grandes équipes c'est de gagner même sans convaincre, dit-on. Car Grenoble, sans forcément décevoir, doit ce soir s'employer devant cette inattendue adversité. Le trio tchèque loin de son rayonnement habituel, c'est sur les blocs adjacents que se concentre le danger et le soulagement suivra le sillage de Mitja Sivic. La course côté gauche du Slovène, lancée par une remontée axiale de Jansson, est ainsi décisive pour centrer au second poteau. Là où Anders Nilsson exécute Radovan Hurajt d'une reprise croisée en pleine lucarne (0-2, 30'30").

Le coup est assommant, certes, mais pas encore fatal pour les hommes de Daniel Maric, déterminés à ne rien lâcher. Pour preuve de ce répondant, ce repli décisif de Martin Balcik pour soustraire un but tout cuit à Damien Fleury sur un centre de Christophe Tartari (34e). Hélas, cette lucidité ne se retrouve pas aux avant-postes où les lancers précipités sont trop peu dangereux pour Eddy Ferhi. La faute, notamment, à des fenêtres de tirs restreintes par une arrière-garde perdant toutefois Viktor Wallin pour dix minutes. Le Suédois était venu déblayer les abords du slot encombrés par la présence du grand échalas Marek Jancek suite à un lancer trop mou de Tomas Janak en supériorité numérique (38'01"). La méconduite de Miroslav Kristin suivra, assurément plus embarrassante pour des Côte d'Oriens déjà pas très riches en joueurs d'impact.

... rien d'impossible !

En passe de tenir leur match référence, les Ducs gardent toutefois un maigre espoir. Leur combativité empêche ainsi toute tentative de gestion pour des Brûleurs de Loups contraints à la plus grande des vigilances. L'acharnement des nouveaux coéquipiers du controversé Vladimir Sabol sera toutefois récompensé sur une ouverture de l'ex-Tourangeau prenant à revers le repli adverse. Ainsi lancé, le capitaine Stephen Dugas prend sa chance en entrée de zone, décrochant par la même la lucarne d'Eddy Fehri (2-1, 44'33"). Une joie de courte durée puisqu'une nouvelle erreur de marquage, délaissant le second poteau, profitera à ce diable de Masa, servi aux petits oignons par un centre éclair de Jansson (3-1, 44'55").

Malgré le coup de poignard asséné par le renard tchèque, les locaux ne se laissent abattre. Manquant toutefois d'un soupçon de créativité. Sûrement pas d'intimidation avec Marek Jancek, le "Zdeno Chara du smicard". Avec sa rudesse parfois excessive, le longiligne Tchèque s'enflamme subitement sur une présence pour le moins engagée, récoltant aussitôt une double peine confortant la tendance répressive de cette fin de partie.

Dijon a beau contrôler la rondelle, la lucidité offensive se voit remise en cause par l'indiscipline et, à un degré moindre, par une organisation dauphinoise solide. Mais pas infaillible pour autant. Et au petit jeu des cumuls de peines, les comptent tombent dans le positif pour les Ducs et leur offrent un ultime jeu de puissance, doublé par la sortie de Hurajt. L'occasion pour Aymeric Gillet de sortir du bois avec son lancer dévié balayant le ras du montant (3-2, 58'55"). De quoi promettre une dernière minute de folie, marquée par d'un siège désespéré et d'une association Kristin-Bochna réveillant les vieux automatismes. Et au prix d'un bel acharnement, Miroslav Kristin, dans un sacré cafouillage, y va de son but de raccroc pour offrir une prolongation inespérée (3-3 à 59'41"). Hip Hip Hurajt !

Quand Jansson le glas...

Voilà qui récompense justement les efforts jusqu'alors consentis par un contingent dijonnais aux vertus retrouvées. Tenant bien la cadence tout au long du match pour niveler les débats, jouant aussi de culot et d'orgueil. Néanmoins Grenoble possède un ultime atout dans ses manches. Un réalisme symbolisé par deux de ses recrues venues du froid, Anders Nilsson et Martin Jansson. Les deux cols-bleus de Mora, habitués aux basses besognes de l'Elitserien suédoise, changent de statut en Ligue Magnus et clôturent la séance du soir. Jansson bonifie un rebond axial concédé par Hurajt sur une montée latérale de Nilsson (3-4 à 36'47").

Il est des défaites qui valent des victoires et celle-ci s'inscrit dans cette logique. Pour y avoir cru jusqu'au bout et y avoir mis le cœur nécessaire, les Dijonnais auront gommé la supériorité intrinsèque des coéquipiers d'un Ludek Broz en demi-teinte ce soir. Même si l'excès d'indiscipline s'est encore remarqué. Et pour que ce "presque exploit" ne soit pas vain, il faudra confirmer. Dès mardi en Coupe de la Ligue devant Morzine-Avoriaz.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match (d'après le Bien Public) :

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "C'est l'envie qui est la clé du succès de ce genre de tactique. Il faut avoir pas mal de réussite. Ça passe ou ça casse. En l'occurrence, le palet est retombé du bon côté. Nous étions en infériorité à Neuilly alors que là, le palet rebondit sur la balustrade et leur Suédois nous crucifie. Ça n'a rien à voir. [...] Grenoble est une grosse armada. J'ai été impressionné par la puissance de leur shoot. À côté, nous avons des tirs de minimes ! Malgré tout, on a fait front. On a bien défendu en infériorité, et on s'est arraché la tête. De toute manière, il était certain que nous n'allions pas améliorer notre powerplay face à Grenoble. Nous étions déjà en difficulté face à Neuilly alors face à une telle machine... Ils pédalent sacrément ! C'est pareil pour les sorties de zone. Le seul truc que je regrette c'est que l'on continue à prendre des prisons stupides. Il faut désormais continuer à progresser face à des équipes plus à notre portée, où la psychologie ne sera pas la même."

 

Dijon - Grenoble 3-4 après prolongation (0-1, 0-1, 3-1, 0-1)

Samedi 27 septembre 2008 à 20h00 à la patinoire Trimolet. 758 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Benjamin Gremion et David Courgeon.

Pénalités : Dijon 62' (10', 6'+10', 6'+10'+20', 0'), Grenoble 30' (4', 8'+10', 8', 0').

Évolution du score :

0-1 à 10'27" : Fleury assisté de Jansson

0-2 à 30'31" : Nilsson assisté de Sivic et Jansson (sup. num.)

1-2 à 44'39" : S. Dugas assisté de Sabol

1-3 à 44'55" : Masa assisté de Jansson

2-3 à 58'55" : S. Dugas assisté de Kristin et Gillet (double sup. num.)

3-3 à 59'41" : Kristin assisté de S. Dugas

3-4 à 63'47" : Jansson assisté de Nilsson

 

Dijon

Gardien : Radovan Hurajt [sorti de sa cage de 58'05" à 58'55" et de 59'05" à 59'41"].

Défenseurs : Juraj Senko - Vladimir Sabol ; Aymeric Gillet (A) - Martin Balcik ; Boris Zahumensky - Marek Jancek.

Attaquants : Anthony Guttig - Stephen Dugas (C) - Miroslav Kristin (A) [puis David Dauphin de 39'41" à 51'41"] ; Ondrej Prokop - Luc Mazerolle - Tomas Janak ; Kévin Dugas - Erik Bochna - Thomas Decock.

Remplaçants : Julien Roullier (G), Antoine Cohen, Mathieu Séguy, Yassine Fahas.

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Calle Bergström ; Baptiste Amar (C) - Jason Crossman ; Viktor Wallin - Antonin Manavian.

Attaquants : Mitja Sivic - Martin Jansson - Anders Nilsson ; Martin Masa - Ludek Broz (A) - Ludek Krayzel ; Johan Forsander - Christophe Tartari (A) - Damien Fleury.

Remplaçants : Damien Raibon (G), Julien Baylacq. Absent : Teddy Trabichet (blessé).

 

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