Épinal - Neuilly-sur-Marne (30 septembre 2008)

 

Coupe de la ligue, groupe B, troisième journée.

De fatales absences

Même diminués, les Dauphins se sont relancés à Villard-de-Lans (4-1). Ne faisant pas cas des légitimes états d'âme de son joker Marek Grill et dont la carrière spinalienne se résumera à un joli doublé devant Amiens. Celle de John Paulson, quant à elle, n'est qu'un second couac dans le recrutement chaotique de Shawn Allard. Le robuste Américain, relativement lent et très peu pertinent offensivement, a rejoint son compatriote Chris Myhro dans le grand chapitre des erreurs de casting. Pour autant, et dans l'attente de prochains renforts, l'ICE aspire à trouver un peu de régularité en recevant Neuilly-sur-Marne. Un promu sur lequel Briançon passa ses nerfs samedi dernier (0-12).

Si Épinal a découvert les vertus de la concurrence avec la renaissance d'Eero Väre, artisan du succès villardien, l'ICE devra aussi apprendre à faire sans Michal Petrak, sorti les pieds devant de la tanière des Ours. Un coup déjà très dur pour une attaque amoindrie, on l'a vu, par la perte de Marek Grill et la faiblesse de ses rotations. Avec le limité Ryan Caicco comme seule pièce de dépannage, la marge de manœuvre se réduit dramatiquement. D'autant plus que Guillaume Chassard, retenu par ses obligations professionnelles, se joint également à ces forfaits. Un alignement de "fond de tiroir" qui relativise la prétendue supériorité des Dauphins sur les Bisons.

Conscient de ses limites et de son apport négligeable sur le jeu, Shawn Allard a ainsi choisi de privilégier le coaching en intronisant le jeune du cru Anthony Pernot aux-côtés d'Erwan Agostini et Tarik Chipaux. Lionel Simon pige pour sa part sur une deuxième ligne inédite avec un Guillaume Papelier remis de blessure et le polyvalent Ilpo Salmivirta. Dans ces conditions, Caicco se sent ainsi poussé des ailes. Au point de signer les premières banderilles (00'51") avant que le naturel ne revienne au galop. Perdant tous ses moyens dès qu'on le presse.

Gruyère time à Poissompré

Si la suspension du centre-étoile Martin Gascon, décisif l'an passé, pour consommation de cannabis, aura forcément troublé la préparation, la volte-face du feu-follet Francis Charrette, présenté comme un petit gabarit aux mains prometteuses, aura nécessité une dernière retouche. Avec Rane Carnegie, venu des ligues mineures US, Neuilly tient là l'ultime membre de sa ligne de parade avec le buteur Trevor Jon Caig et Tyler Harrison. Théoriquement du moins, puisque Harrison s'ajoute aux forfaits du capitaine Benjamin Galmiche et de Benoît Paillet. De quoi réactiver un certain Miroslav Kecka, retranché depuis quelques saisons en division 3.

De quoi aussi pousser Carnegie à prendre les choses en main, exploitant un certain laxisme défensif pour trouver quelques bons espaces. Eero Väre, livré à lui-même, ne sait donc plus à quel saint se vouer, et c'est sans surprise qu'une infiltration conjuguée de Tarlé et Carnegie transperce la défense pour trouver un T.J. Caig isolé au second poteau (0-1 à 03'46"). Ce dernier peut ainsi reprendre un cycle interrompu samedi par les Diables rouges.

Si l'arrière-garde vosgienne, complètement à côté de ses patins, exaspère déjà la maigre assistance de Poissompré, l'attaque, elle, s'en remet surtout au piquant d'un Jan Plch ayant retrouvé à Villard toutes ses sensations de buteur. Sans oublier la ténacité des jeunes, récompensée sur une séquence décisive de Quessandier et compagnie. Frustré dans sa remontée par Svaty, l'ex-Dragon voit ensuite Agostini trop temporiser avant qu'Immonen n'écarte sur sa ligne un petit revers de Chipaux. Erwan Agostini, qui se bat comme un beau diable, finit le travail en allumant la lucarne d'un slap pourtant excentré (1-1 à 05'13"). De quoi rafraîchir la mémoire d'un Roman Svaty envoyé dans la mêlée comme à l'époque de la division 1. Du temps où il jouait au pompier de service à Cergy-Pontoise.

Puisque tout ramène fatalement à la division 1, son ombre flotte sur Poissompré, avec une intensité coutumière des joutes de l'antichambre. Pour autant, ce contexte est favorable à l'émergence des jeunes du cru. Et entre l'audace de Tarik Chipaux et le culot d'un Anthony Pernot gracié par un Shawn Allard enfin conscient de ses limites, tout le monde est servi. Leurs aînés devraient en prendre de la graine, notamment à l'arrière où ils peuvent s'estimer heureux du manque d'imagination du jeu d'impuissance nocéen !

Du côté francilien, ce n'est guère plus joyeux en effet, et la défense "Boileau" sur un jaillissement de Simko, mais Caicco reste désespérément petit bras (10'58"). Tout le contraire de Salmivirta, lequel fusille Svaty sur une passe tendue de Lionel Simon au premier poteau (2-1 à 11'53"). Et s'il se rachète sur un poke-check salvateur devant Pernot (12'24"), le gardien vétéran des Bisons n'a pas paru à son avantage sur les deux buts. Du moins pour l'instant...

Car Svaty va très vite devenir "chaud bouillant" à force d'essuyer des salves. Le Slovaque donne même une très bonne réplique à un frappé court de Plch (12e) avant de cueillir d'une mitaine ferme un "spécial" de Gervais à la ligne bleue (13'25"). Et il vaut mieux vu les aisances du powerplay local, guère contrarié par un box-play inconsistant malgré le métier qu'apporte Santeri Immonen. La défense locale n'est pas dans un meilleur état, en témoigne les courants d'air soufflant dans le cou d'un Väre aux rebonds systématiques tout au long de la soirée. Plus sûr, Svaty ne laisse pour sa part que peu de secondes chances, comme sur cet arrêt à bout portant devant Plch (17'19"). Mieux que ça, il garde proprement les siens dans le partie. Et vu les grossières approximations régnant chez l'adversaire, il y a un bon coup à jouer...

Les données restent inchangées à la reprise avec une attaque nocéenne rendue opportuniste par de constantes errances défensives. Entre relances téléphonées (Leroy), sorties de zone axiales (Ilic) et autres placements suspects, le secteur arrière des Dauphins laisse donc à désirer. D'autant plus que la sortie sur blessure de Salmivirta en fin de premier tiers ampute encore l'ICE d'un cadre, forçant Shawn Allard à lancer le jeune Nathan Ganz sur la troisième ligne. Ryan Caicco, lui, poursuit son interprétation du gentil fantôme. Déjà qu'il n'est pas une lumière, l'Italo-Canadien s'enfonce à commettre des fautes stupides.

Comme celle annulant un avantage numérique téléguidé par les missiles de Stéphane Gervais. Et c'est forcément regrettable vu les largesses d'une défensive séquano-dyonisienne également très permissive. Intenable, Jan Plch vole ainsi le disque à T.J. Caig sur un tour de passe-passe (27e) avant que Fabien Leroy ne remonte la glace pour se payer un tour de cage (28e).

Un schéma de tableau noir permet toutefois à Neuilly d'égaliser en supériorité numérique. Et par là-même de souligner l'impact de Carnegie, suffisamment bien placé au second poteau pour bonifier une transversale que Caig, lui-même décalé à la bleue par Immonen, dépose littéralement dans sa palette (2-2 à 10'38").

À Neuilly-sur-Marne, toutes les recrues estivales ne se valent pas, et Bjorn Willemse n'est pas vraiment sur la même longueur d'onde. Fébrile et plutôt approximatif dans son jeu, le Hollandais est ce soir un pâle international, ce qui est toutefois à relativiser parlant des Pays-Bas. Mais se faire de la sorte intercepter par Ryan Caicco, de surcroît en position de dernier défenseur, tient tout bonnement de l'exploit ! Ce même Caicco, dans la foulée, y va d'une astucieuse (!) remise dans le dos que Simko vendangera par sa légendaire maladresse devant le filet (32'34").

Si Roman Svaty retarde comme il peut l'échéance, son compatriote Peter Slovak goûte quant à lui à la médecine de T.J. Caig contre la bande (39e). Pas de quoi cependant remettre en cause la participation du solide défenseur à un troisième acte où tout reste à faire. Et surtout le meilleur !

Jusque-là sans grand relief, cette rencontre disputée sur un rythme déplaisant et parsemée d'un déchet chronique est à peine relevée par le talent de Jan Plch. Le maître à jouer slave, en mode "ironman" sur les jeux de puissance, est donc forcément impliqué dans le premier goal de Ryan Caicco cette saison. Une performance qui doit beaucoup au coup d'œil de Plch, qui lance le chevelu dans le dos de la défense pour le voir éliminer Svaty du revers (3-2 à 45'56"). Quand on vous dit qu'avec Plch à vos côtés, tout est plus facile !

Ce maigre avantage n'empêche pas les boys d'Allard de se faire bousculer lorsque les "grands" soufflent sur le banc. Au point de laisser l'essentiel des initiatives à des Franciliens plus engagés dans les duels et en zone neutre. Avec la courtoisie, il faut dire, d'une couverture défensive pas toujours à la hauteur et signant d'innombrables relances bâclées. Ne pouvant pas compter sur une meilleure assistance des siens, Roman Svaty est lui surtout mis à contribution en supériorité numérique. Là où l'ICE, renforcée par Plch, est la plus dangereuse. À l'image d'un 3 contre 1 où tous les acteurs de la première ligne se relayeront jusqu'à ce que Caicco ne touche du bois (57'48").

Si le banc nocéen tarde à sortir Roman Svaty (59'29"), c'est pour mieux instaurer une pression décisive dans le slot d'Eero Väre. Le revenant Miroslav Kecka, s'il rate une montagne au second poteau, verra ainsi son vieux complice Milan Vastusko gagner in extremis sa partie de flipper (3-3 à 59'57"). De ses quelques filets plantés ici-même à une époque pas si lointaine, celui-là est assurément le plus important du fidèle buteur slovaque !

Une recrue décisive

Côté spinalien, on voyait plutôt ce match comme un tournant dans la course à la qualification. Et en cela, gagner était l'idéal pour assurer ses arrières. Mais encore faut-il flinguer le premier en mort-subite, et à ce petit jeu, ce sont les hommes de Jérôme Pourtanel qui vont dégainer. Pourtant Jan Plch, lancé par Stéphane Gervais, était bien parti. Mais une fois n'est pas coutume, il ne cadrera pas son revers habituel (65'39"), laissant cet honneur à un Rane Carnegie filant côté droit, puis feintant la passe pour mieux fixer la lucarne opposée (3-4 à 65'50"). C'est ce qui s'appelle des débuts réussis pour le petit-neveu d'Ossie Carnegie, joueur vedette au Racing à la fin des années quarante.

De ce match parodié, car tronqué par les absences respectives, transpirera, côté spinalien, la nécessité de renforcer au plus vite un contingent très loin de sa configuration optimale. On espère donc des jours meilleurs pour l'accueil du rival strasbourgeois, même si d'ici-là, on pourrait en savoir plus sur les dossiers en cours. Traitant notamment des arrivées conjointes d'un centre "aux 400 matchs en SM-liiga" et d'un arrière lui aussi finlandais, un Simon Backman formé au TPS Turku mais récemment coupé par Esbjerg (élite danoise). Sous réserve, évidemment, de certains impératifs économiques et administratifs.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Neuilly-sur-Marne 3-4 après prolongation (2-1, 0-1, 1-1, 0-1)

Mardi 30 septembre 2008 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 207 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Damien Courgeon et Adrien Ernecq.

Pénalités : Épinal 8' (2', 4', 2', 0') ; Neuilly-sur-Marne 8' (2', 2', 4', 0').

Tirs : Épinal 35 (13, 9, 9, 4) ; Neuilly-sur-Marne 28 (9, 6, 7, 3).

Évolution du score :

0-1 à 03'46" : Caig assisté de Carnegie et Tarlé

1-1 à 05'13" : Agostini assisté de Gervais

2-1 à 11'53" : Salmivirta assisté de Simon et Slovak

2-2 à 30'38" : Carnegie assisté de Caig et Immonen (sup.num.)

3-2 à 45'56" : Caicco assisté de Plch et Leroy

3-3 à 59'57" : Vastusko assisté de Boileau et Immonen

3-4 à 63'50" : Carnegie

 

Épinal

Gardien : Eero Väre.

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; Benoît Quessandier - Fabien Leroy ; Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Ryan Caicco - Jan Plch (C) ; Guillaume Papelier - Ilpo Salmivirta [puis Tarik Chipaux] Lionel Simon ; Tarik Chipaux [puis Nathan Ganz] - Erwan Agostini - Anthony Pernot.

Remplaçant : Stanislav Petrik (G), Charles Joly. Absents : Guillaume Chassard (obligations professionnelles), Michal Petrak (genou), Shawn Allard (comme entraîneur), John Paulson (viré) , Marek Grill (parti).

Neuilly-sur-Marne

Gardien : Roman Svaty [sorti de sa cage de 59'29" à 59'57"].

Défenseurs : Santeri Immonen - Bjorn Willemse ; Jérôme Wagner (C) - Josh Boileau ; Guillaume Leclancher.

Attaquants : Milan Vastusko (A) - Miroslav Kecka - Yvan Fontana ; Grégory Tarlé - Trevor Jon Caig - Rane Carnegie ; Pierre-Charles Hordelalay ; Jérôme Veret (A) ; Ludovic Duranceau ; Clément Rey.

Remplaçant : Julien Figved (G). Absents : Tyler Harrison (entorse du genou), Benoît Paillet, Benjamin Galmiche, Tony Delage, Alexis Birolini.

 

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