Eisbären Berlin - Kärpät Oulu (8 octobre 2008)

 

Ligue des Champions, groupe A.

Conjonction idéale

La conjonction est idéale pour l'IIHF : elle lance sa nouvelle compétition-phare européenne en même temps que les Eisbären de Berlin, champions d'Allemagne, se dotent d'une enceinte moderne qui peut servir de vitrine. C'est la troisième fois que la O2 Arena sert pour le hockey depuis son ouverture le mois dernier. Elle a affiché complet pour le match de championnat contre Augsbourg (11-0 sur la glace pour que la fête soit totale), puis a connu une affluence presque décevante de 11 800 spectateurs contre les Tampa Bay Lightning (1-4 avec un dernier but en cage vide).

Le Kärpät Oulu, qui n'a jamais caché que ses ambitions dépassaient les frontières finlandaises, peut ainsi se réjouir d'avoir attiré plus de monde qu'une équipe de NHL, puisqu'ils sont treize mille dans les tribunes ce soir. Mais après avoir établi une dynastie sur le hockey finlandais, Kärpät est moins fringant en ce moment. L'équipe a été affaiblie à l'intersaison par des départs pas toujours compensés, et en plus, 14 hockeyeurs au total - dont les deux gardiens - ont été victimes d'une épidémie de gastro-entérite ce week-end. Le match de championnat contre HIFK a ainsi dû être annulé. Tous les joueurs sont à peu près rétabli pour ce match, même s'ils ont perdu quelques kilos dans et sans doute un peu de forces.

Les Allemands veulent en profiter et imposent tout de suite un pressing très haut. Subissant le forecheck d'Alexandr Weiss, un défenseur est contraint à un dégagement-catastrophe, intercepté du gant par Tyson Mulock, qui a alors le chemin ouvert vers le but. Il marque sous le bras droit de Tuomas Tarkki. Les Finlandais se remettent très vite de ce départ manqué, en profitant d'une pénalité contre Andy Roach pour retenir. Le capitaine Ilkka Mikkola, symbole de la gagne avec ses huit titres de champion, exécute un beau tir du poignet à mi-distance qui bat Rob Zepp côté mitaine.

Le scénario se reproduit en deuxième période : les Berlinois mettent la pression dans les bandes et marquent d'entrée. Stefan Ustorf envoie le palet vers la cage, Tarkki ne contrôle pas le palet et André Rankel surgit pour l'envoyer au fond. La différence, c'est que Kärpät n'arrive pas à égaliser cette fois-ci. Les Eisbären contrôlent bien la partie, même s'ils perdent en fin de tiers leur défenseur Brandon Smith, blessé à l'épaule par un cross-check contre la bande.

Troisième sortie des vestiaires... et troisième but encaissé par les Finlandais. Nathan Robinson derrière la cage sert Steve Walker dans le slot, celui-ci est immédiatement pris en charge et envoyé à la renverse par la défense, mais Denis Pederson a suivi et n'a plus qu'à propulser le palet au fond. Berlin mène 3-1 et peut tuer le match pendant 1'13" de double supériorité numérique, sans y parvenir. Ce qui peut maintenir l'espoir finlandais, c'est que le gardien Rob Zepp, naturalisé allemand cet été, n'avait pas laissé un grand souvenir en SM-liiga. Ses relances à la crosse connaissent pas mal de déchet et il est sûrement "prenable"... Et effectivement, bien qu'il ait montré de bons réflexes sur sa ligne, il est beaucoup moins vif quand il s'agit de gérer un palet sorti derrière sa cage. Il tarde à écarter le danger, et il voit Kristian Kuusela - discret jusque là - arriver sur lui et lui piquer la rondelle. La passe est immédiate pour Toni Koivisto qui se présente face à la cage (3-2). Berlin continue cependant son forechecking et garde ainsi le danger éloigné jusqu'à la sirène.

Cette victoire inaugurale de Berlin, devant un public enthousiaste, est un lancement idéal pour la compétition. Malheureusement, il manque un élément pour que la promotion de la CHL soit efficace : l'exposition télévisuelle. L'IIHF peine à placer son produit dans les principaux marchés qu'elle vise. Un contrat de diffusion a été conclu in extremis avec la branche allemande d'Eurosport, mais uniquement pour une diffusion incomplète et en différé avec un jour de décalage. Dommage, car Berlin a réussi une belle performance. Il en faudra une beaucoup plus grande encore face au troisième adversaire de ce groupe : une terreur nommée Magnitogorsk.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Don Jackson (entraîneur des Eisbären) : "C'était une super publicité pour cette nouvelle compétition. On peut avoir bon espoir que la Champions Hockey League soit adoptée dans la durée par les gens et qu'ils apprécient de venir aux matches. Nous avons prouvé notre valeur dans le jeu et aussi dans le combat face à une équipe de pointe européenne. Tout n'a pas été parfait. Je n'arrive pas à me rappeler quand nous avons joué à 5 contre 3 sans marquer en DEL. Cela n'avait pas dû nous arriver souvent."

Matti Alatalo (entraîneur de Kärpät) : "Cette histoire [la gastro] n'a plus joué aucun rôle aujourd'hui. Les gars avaient déjà pu s'entraîner ces deux derniers jours. Grâce à un scouting intensif, nous savions à quel adversaire nous aurions affaire avec les Eisbären. Ce que nous a tout de même assez surpris, c'est leur courageux forechecking durant presque toute la durée du match. Cela nous a posé de gros problèmes, amplifiés par les trois buts donnés en cadeaux. Ils ont de bons joueurs. Le niveau général des étrangers est meilleur en Allemagne ou en Suisse [NDLR : Alatalo a coaché les GCK Lions à Zurich pendant trois ans et parle couramment allemand] qu'en Finlande ou en Suède. Le public et la patinoire étaient excellents. Il ne pouvait avoir meilleur départ pour la Champions Hockey League. Cela n'avait rien à voir avec un match de saison régulière de championnat. On sentait vraiment que c'était du pur sport."

 

Eisbären Berlin (ALL) - Kärpät Oulu (FIN) 3-2 (1-1, 1-0, 1-1)

Mercredi 8 octobre 2008 à 19h30 à la O2 Arena. 13000 spectateurs.

Arbitrage de Christer Lärking et Patrick Sjöberg (SUE) assistés de Tomas Kallin et Daniel Winge (SUE).

Pénalités : Berlin 12' (2', 8', 2'), Oulu 14' (4', 4', 6').

Tirs : Berlin 25 (11, 8, 6), Oulu 19 (6, 5, 8).

Évolution du score :

1-0 à 01'35" : Mulock assisté de A. Weiß

1-1 à 04'33" : Mikkola assisté d'Andersson et Karppinen (sup. num.)

2-1 à 20'52" : Rankel assisté d'Ustorf et Beaufait

3-1 à 40'43" : Pederson assisté de Walker et Robinson

3-2 à 47'45" : Koivisto assisté de Kuusela

 

Eisbären Berlin

Gardien : Rob Zepp (G).

Défenseurs : Frank Hördler - Deron Quint ; Jens Baxmann - Andy Roach ; Sven Felski - Brandon Smith.

Attaquants : Steve Walker - Denis Pederson - Nathan Robinson ; Stefan Ustorf - Mark Beaufait - André Rankel ; Constantin Braun - Tyson Mulock - Alexander Weiss ; Matt McIlvane, Daniel Weiss.

Remplaçant : Youri Ziffzer (G). Absents : Florian Busch (poignet), Richie Regehr (fracture de l'auriculaire droit).

Kärpät Oulu

Gardien : Tuomas Tarkki.

Défenseurs : Oskari Korpikari - Justin Forrest ; Atte Ohtamaa - Ilkka Mikkola ; Antti Ylönen - Ossi-Petteri Grönholm ; Juho Jokinen.

Attaquants : Kristian Kuusela - Jari Viuhkola - Toni Koivisto ; Jonas Andersson - Tommi Paakkolanvaara - Juhamatti Aaltonen ; Vesa Viitakoski - Teemu Normio - Juho Keränen ; Mikko Alikoski - Veikko Karppinen - Antti Aarnio ; Tatu Backman.

Remplaçant : Petri Koivisto (G). Absents : Daniel Corso (blessé), Martti Järventie (tendon d'Achille).

 

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