Épinal - Saint-Gervais/Megève (14 octobre 2008)

 

Ligue Magnus - septième journée.

Pas de vertiges après l'ivresse !

Les blessures d'Ilpo Salmivirta et Michal Petrak, deux des piliers du système de jeu lorrain, ont quelque peu changé la donne ces derniers jours. Mais comme c'est dans l'adversité que se forge le caractère, les Dauphins ont matérialisé, en quelques jours, ce que pressentait Shawn Allard. Au point de réussir une incroyable opération commando à Rouen (7-4). Et s'il faut bien convenir que "l'accident" de Villard-de-Lans semble cacher un mal profond chez les Dragons, ce gain de prestige à l'île-Lacroix sonne bel et bien comme le plus grand exploit du hockey spinalien en élite.

C'est donc peu dire que les événements récents auront proprement ressoudé le groupe. Favorisant même l'émergence de jeunes jusque-là cantonnés aux tâches obscures (pour ne pas dire au banc). Préparant, aussi, le retour de valeurs parfois oubliées. La solidarité, la volonté mais aussi l'efficacité, comme celle retrouvée par un Jan Plch plus dominant que jamais. Ou d'un Jan Simko enfin décidé à prendre ses responsabilités... pour un maximum d'efficacité ! Il y a donc de quoi se changer les idées et oublier que la qualification du centre suédois Alexander Sundqvist n'est pas encore d'actualité.

Mais encore faut-il gravir un Mont-Blanc certes amoindri, mais perpétuant son immuable objectif d'intégration des jeunes. Avec les risques que cela comporte, et à plus forte raison lorsque le contingent alpin se réduit à peau de chagrin. L'Entente Saint-Gervais / Megève est donc très loin d'être sereine, se rappelant aussi que Poissompré lui est devenu franchement inhospitalier depuis deux ans. En effet, malgré leur vaillance coutumière, les Haut-Savoyards ont à chaque fois failli être blanchis, mais n'auront pas pour autant évité... les Avalanches de buts (8-1 en décembre 2006 et 6-1 fin 2007). Rien ne dit qu'ils seront plus épargnés, souffrant de départs non compensés à l'intersaison, d'une cascade de blessures et de la perte très relative de l'obscur Marek Babic, mercenaire slovaque "made in Canada" débarqué il y a peu pour performances insuffisantes.

Un peu de hors-piste...

Battus à Neuilly et vainqueur chez le champion en titre, tel est le paradoxe de ces Dauphins-là. Capables du meilleur comme du pire ! À commencer par bégayer leur supposé point fort, un powerplay pourtant revenu dans sa configuration optimale avec les retours de Petrak et Salmivirta. Mais si le Finlandais semble en grande forme, le Tchèque, lui, peine à retrouver ses sensations et rate à peu près tout ce qu'il entreprend. L'engagement et une bonne couverture à la bleue font le reste pour des Avalanches tuant une première pénalité (03'21"). D'ailleurs celles-ci, avec un patinage constant doublé d'un jeu en première intention, font mieux que se défendre en tuant dans la foulée une deuxième infamie (06'54"), en appliquant toujours les mêmes préceptes. Pourtant tenus à bout de bras par la tonicité de leur duo Plch-Simko, les Spinaliens ont très peu d'espaces pour développer leur jeu et souffrent d'un forechecking accentuant leurs pertes en zone neutre.

Déjà pas des foudres de guerre en supériorité numérique (pas plus que leurs voisins du 74 d‘ailleurs !), les Haut-Savoyards n'ont guère d'alternatives pour faire souffler un Christian Pouget replacé aux avant-postes aux côtés de l'insaisissable Clément Masson. La faute à des blessures tenaces (Sébastien Subit est déjà out pour la saison alors que Mikko Kainulainen souffre de l'épaule) n'arrangeant pas les chiffres d'une attaque anémique en ce début d'automne. Tout cela se traduit donc par une incapacité à trouver la cible, même en double avantage numérique, d'autant que Stanislav Petrik poursuit sur sa lancée en frustrant un Sylvain Nicoud monté au rebond (09'51").

Rouennais pur beurre, Benoît Quessandier fut contraint d'écourter son retour au bercail en contractant samedi soir une entorse au genou. Un coup dur, assurément, pour une arrière-garde toujours menée par un Stéphane Gervais percutant (même si un poke-check décisif de Radek Lukes sauve la patrie, 12'13") et retrouvant un certain John Paulson. Le massif blueliner du Minnesota, récemment mis à pied et qui a refusé d'être "recasé" à Lyon, est donc à nouveau aligné. Faute de mieux, même si cette rotation est nécessaire pour pallier numériquement l'absence de Quessandier. L'Américain, visiblement crispé en début de partie (puisque son avenir reste encore très incertain), se ressaisira pourtant d'une entame laborieuse en devenant un peu plus consistant dans ses interventions.

Dans le même genre l'Italo-Canadien Ryan Caicco eut son "heure de gloire" comme pigiste sur la ligne de parade. Mais après ses deux expulsions de la semaine passée (la troisième en un mois), le voilà contraint d'à nouveau sortir son couvre-chef fétiche (un bonnet camouflage en l'occurrence) pour ainsi purger sa suspension. À se demander si ce col-bleu très brouillon passera l'hiver dans la Cité des Images !

Jan Plch est très loin de ce genre de préoccupations puisqu'une seule brèche lui suffit pour créer le danger. Bien parti pour ouvrir la marque, le Slovaque, rondelle collée au bâton, longe le slot et enrhume la défense pour mieux déporter l‘homme masqué. Et du coup glisser son revers dans la cage... sauf qu'entre-temps, Markku Paukkunen l'avait sortie de ses gonds (15'03"). La pénalité logiquement appelée contre l'ancien du Lukko Rauma conduit à un énième powerplay stéréotypé devant une boîte plus compacte jamais devant Radek Lukes.

Épinal redescend donc de son piédestal normand face à ce contradicteur opiniâtre et plutôt bien en place. Mais affichant ses limites sur les courses de Simko et Plch, armes fatales bien souvent initiées par un rampe de lancement nommée Gervais. Nouvelle démonstration sur une longue ouverture du Canadien vers un Plch gêné dans sa finition par un Paukkunen accrocheur (19'33"). L'Entente serait-elle en train de faire le coup des Dauphins à Rouen ?

C'est oublier que les Alpins tournent en sur-régime, déjà qu'ils ne possèdent pas les ressources physiques de leurs hôtes. Mais pour l'heure prime encore la fraîcheur d'un Mont-Blanc emmené par un Clément Masson très actif dans les deux sens. Tout l'inverse d'un Michal Petrak pas dans le rythme (retour de blessure oblige) et laissant le duo Simko-Plch secouer le cocotier. Et pendant que Stanislav Petrik fait bonne garde en restant solide sur un contre rondement mené par Mathias Arnaud et Étienne Croz (24'44"), les deux Slovaques obtiennent une nouvelle chance en supériorité numérique. Un jeu de puissance certes poussif, mais débloqué par un Jan Simko relayant une passe de Michal Petrak au second poteau (1-0 à 24'51").

... avant l'avalanche !

Le plus dur semble fait, mais encore faut-il tenir. Cela semble passer par la maîtrise d'un Christian Pouget increvable comme clé de voûte du collectif et du jeu de puissance alpin. Aussi le doyen de la Ligue Magnus goûte-t-il à la médecine de Salmivirta contre la bande avant que ce dernier ne passe la seconde couche d'une déviation décisive (2-0 à 30'23").

Les rôles s'inversent alors, les boys d'Allard s'étant pourvus d'un avantage suffisamment consistant pour se retrancher en zone neutre. Sans pour autant filtrer toutes les tentatives adverses, qu'un Petrik toujours aussi imperturbable repousse sans coup férir. Sortant au besoin sa plus belle mitaine devant un Romain Orset mis sur orbite par Étienne Croz (32'27"). Radek Lukes n'a pas cette chance et doit sortir une troisième rondelle de ses filets, expédiée par une déviation de Jan Plch (3-0 à 34'24").

L'espace de cinq minutes, les troupes d'Ari Salo ont donc compromis leurs chances. D'autant que leur supériorité numérique reste stérile malgré l'activité de Christian Pouget et Clément Masson. Ces deux-là, s'ils se sentent parfois isolés sur le front de l'offensive, se trouvent logiquement impliqués dans la conception du "goal pour l'honneur". Le Suédois Tobias Granath, membre de la "diaspora chamoniarde", ajustant Petrik d'un tir du poignet excentré (3-1 à 42'22").

S'il a beau se démener comme un beau diable, Jan Simko, redevenu cette flèche redoutée des défenses, n'est pas totalement récompensé de ses efforts. Car le Slovaque réalise "tout un match" comme dirait dans la Belle-Province, sautant dans chaque intervalle pour conduire le palet aux quatre coins de la zone offensive. Aussi se rachète-t-il d'une cage vide ratée (46e) en suivant un breakaway contré pour contourner la cage et ensuite nettoyer la lucarne (4-1 à 47'57"). Une réussite qui tombe à pic pour des Spinaliens devenant sujets à quelques baisses de tension, mais tirant une fière chandelle à des leaders créant une émulation nouvelle pour toute l'équipe. À l'instar d'un Tarik Chipaux espiègle et tournant à plein régime en bénéficiant d'une confiance proportionnelle à son nouveau temps de jeu.

Les Avalanches, vaillantes mais limitées, voyaient leur stérilité offensive perdurer jusqu'au bout devant un Stanislav Petrik rassurant et étonnement expressif après coup, laissant totalement éclater une joie retrouvée. Un signe que le moral est au beau fixe, même sans Benoît Quessandier, le monsieur propre d'une défense parfois un peu tendre lorsque la paire Slovak-Gervais quitte les lieux. Épinal a donc poursuivi son ascension en lançant la seconde quinzaine d'octobre de la meilleure des façons. Cette nouvelle dynamique peut être perpétuée en enchaînant dès samedi devant Morzine-Avoriaz. Pour ce qui devrait être le premiers cours de français d'Alexander Sundqvist...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Saint-Gervais/Megève 4-1 (0-0, 3-0, 1-1)

Mardi 14 octobre 2008 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1150 spectateurs.

Arbitrage de Bruno Colléoni assisté de David Courgeon et Laurent Rouèche.

Pénalités : Épinal 12' (6', 2', 4') ; Mont-Blanc 16' (8', 2', 6').

Tirs : Épinal 29 (10, 7, 12) ; Mont-Blanc 31 (10, 10, 11).

Évolution du score :

1-0 à 27'51" : Simko assisté de Petrak et Chassard (sup. num.)

2-0 à 30'23" : Salmivirta assisté de Chassard

3-0 à 34'24" : Plch assisté de Gervais

3-1 à 42'22" : Granath assisté de Masson et Pouget (sup. num.)

4-1 à 47'57" : Simko assisté de Plch

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; John Paulson - Fabien Leroy ; Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Tarik Chipaux - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Erwan Agostini - Lionel Simon.

Remplaçants : Eero Väre (G), Nathan Ganz, Anthony Pernot, Charles Joly. Absents : Benoît Quessandier (entorse du genou), Ryan Caicco (suspendu), Shawn Allard (comme entraîneur), Alexander Sundqvist (pas qualifié).

Saint-Gervais/Megève

Gardien : Radek Lukes.

Défenseurs : Markku Paukkunen - Antoine Vigier ; Francis Ballet - Numa Besson ; Arthur Cocar.

Attaquants : Christian Pouget (C) - Clément Masson - Tobias Granath ; Romain Orset - Étienne Croz (A) - Mathias Arnaud ; Thomas Czubernat, Robin Gaborit, Sylvain Nicoud (A), Julien Payraud.

Remplaçant : Guillaume Richard (G). Absents : Christopher Lepers (pied cassé), Thierry Nicoud (deux broches dans le doigt), Sébastien Subit (dos, saison terminée), Mikko Kainulainen (épaule), Marek Babic (viré), Patxi Biscard.

 

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