Amiens - Tours (18 octobre 2008)

 

Ligue Magnus, huitième journée.

À la "lutte" derrière les quatre cadors jusqu'à la dernière journée de la dernière saison régulière, Gothiques et Diables Noirs semblent à nouveau convoiter la cinquième place. En effet, les récents Amiens-Grenoble et Tours-Briançon tendent à prouver que les deux formations ne peuvent pour l'instant viser plus haut.

Les Diables Noirs, en léger retard sur leur tableau de marche, doivent désormais faire sans Dominic Noël, touché à l'épaule. C'est donc privés de leur capitaine qu'il leur faut courber l'échine sur un raid aussi surprenant que soudain de Pavel Kowalczyk, parti seul transpercer l'arrière-garde adverse. Rapidement en infériorité suite à une charge d'Olivier Proulx (01'37"), Adam Russo repousse le tir de volée de Miroslav Pazak et fait face à deux reprises à Matt Amado. Au retour à cinq, ses équipiers, présents pour la première fois en zone offensive, sont contrés par Grégory Béron, à son tour déjoué de la jambière depuis l'aile gauche.

Proulx tente bien de se racheter d'une sortie rapide sur la droite, c'est bien son portier qui est le plus à l'ouvrage, intervenant de la jambière face à Loïc Sadoun. La deuxième faute tourangelle conforte un peu plus les Gothiques dans leur domination, le temps pour Kowalczyk de digérer une relance difficile face à Steven Kaye pour s'en aller tester par deux fois son slap. Ces lancers puissants ne perturbent pas plus que ça Russo, également efficace du bâton devant Simon Petit à l'affût d'un rebond, et de la mitaine sur un tir à mi-hauteur d'Amado. C'est sur un jeu a priori anodin derrière sa cage, suivi d'un lancer de Pazak, que le portier italo-canadien vacille. La sanction du jeu physique de ses équipiers, privés pour dix minutes de Michaël Tessier, complique encore la situation.

En théorie seulement, car les hommes de Robert Millette font preuve d'une certaine cohésion au moment de tuer les pénalités, autour de l'actif Olivier Proulx, au forcing et à la passe pour Nicholas Romano, parti seul défier Buysse, en vain. La reprise de Proulx ne peut pas non plus battre le portier local. Aux difficultés des Gothiques Paquet et Amado à accélérer le jeu en supériorité, les visiteurs opposent une certaine détermination, illustrée par un lancer d'Adrian Saul, de la droite, sur la barre.

Le premier acte s'achève sur un échange d'amabilités entre Patrick Gannon et Jean-Philippe Glaude devant la cage amiénoise, pendant que Andy Corran prend Brian Henderson par le collier. Dans l'affaire, les deux premiers écopent chacun d'une pénalité de méconduite, la troisième dans ce tiers, et les palabres s'éternisent entre le corps arbitral et les deux coaches.

Enfin en supériorité, Tours éprouve lui aussi des difficultés à s'installer, attendant près d'une minute pour envoyer en zone adverse une rondelle sitôt ressortie par Kowalczyk, mais au retour à cinq, Michael Novosad fait passer le frisson dans le Coliseum en expédiant lui aussi la rondelle sur la barre d'un Buysse battu. Mais c'est bel et bien Adam Russo qui est le plus employé, parant à une erreur de Drzik, mis sous pressionn par Béron, et repoussant le tir en lucarne de Mortas. La succession de lancers suite à un surnombre des siens (25'54") ne l'effraie pas plus : il sort encore vainqueur de deux duels avec l'artificier Kowalczyk, dont une fois de superbe manière à l'aide de la mitaine. Il faut dire aussi que Matt Amado, en manquant sa reprise sur une passe de Simon Petit posté derrière la cage, lui facilite la tâche. L'indécision plane sur les deux formations, car les Tourangeaux restent dangereux en infériorité sur une échappée de Steven Kaye vers la cage bien gardée par Buysse. Corollaires du retour de Tessier, les difficultés grandissantes des Picards dans leurs transmissions les exposent aux sorties rapides de leurs adversaires. Une interception de Saul oblige ainsi Thomas Roussel à plonger aux devants de Nicholas Romano.

Même la percutante troisième ligne locale s'extirpe difficilement de l'étau posé par la paire Clarke-Ennaffati, quand ce n'est pas le bon placement de Radek Stepan qui coupe les longues passes vers Amado. Un rare deux contre un, mené par ce dernier et conclu par Petit, à côté du cadre, et la riposte de Romano, à ras glace, témoignent d'un certain rééquilibrage des forces en présence. Le tableau d'affichage tarde ainsi à s'animer comme ce fut le cas en amical, et le suspense reste entier. Chacune des deux formations se répond coup sur coup : Pazak allume Russo, puis Proulx trouve le casque de Buysse. L'ex-Tourangeau manque ensuite l'occasion de battre ses (presque) anciens équipiers de la droite, après une sortie risquée du dernier rempart.

Amiens paraît plus en difficulté dans le dernier geste, les lancers d'Anthony Mortas, excentré, et la tentative de Paquet, avortée par le placement de Wathier, témoignant d'une certaine impuissance. La sanction ne tarde pas à tomber ; suite à un nouveau jeu de Michael Novosad pour contrecarrer une attaque adverse, elle prend la forme d'une accélération côté gauche d'Olivier Filion, bien déviée du bout de la crosse par Steven Kaye (0-1 à 48'13").

Mais, comme souvent depuis le début de saison, Amiens réagit plutôt bien à cette ouverture du score : d'un énième slap, Pavel Kowalczyk fait vaciller Adam Russo, et la défense avec car Drzik est puni. Le jeu de puissance picard trouve enfin la faille : une relance rapide de Jean-Philippe Glaude vers Amado, sur la gauche, prend de vitesse la défense tourangelle et Simon Petit, placé au centre, passe la rondelle à Martin Paquet, arrivé en vitesse pour éviter Russo et glisser le palet dans la cage ouverte (1-1 à 49'21"). Dans la foulée, Miroslav Pazak met le feu dans la zone tourangelle, suite à une mauvaise relance de Michael Novosad, et en position de passeur pour Mortas, à son tour malchanceux devant le but. La sérénité défensive des blanc et orange semble loin lorsque Jozef Drzik, en reculant, essaie de repousser tant bien que mal la rondelle hors de la zone défensive. Ce sont désormais les Gothiques qui monopolisent le palet.

Wathier puni pour faire-trébucher, Adam Russo est de nouveau contraint à la parade, sur un gros lancer de Roussel, et à l'exploit, sur une nouvelle reprise de Simon Petit, qui a pourtant auparavant pris le temps de contrôler le tir de Jean-Philippe Glaude.

Amiens peut s'en mordre les doigts car son élan est coupé net par une faute de Julian Marcos. L'occasion est belle pour les Diables Noirs de reprendre l'avantage. La paire Tessier-Filion, naturellement désignée pour la besogne, ne peut forcer la décision face au trafic. Ce n'est que partie remise pour Amiens, vaincu à égalité numérique sur un débordement de Steven Kaye sur la droite, face à Kowalczyk. Les duettistes canadiens, parfaitement placés devant la cage, ne laissent pas passer l'occasion (1-2 à 58'21"). Au moment où le Coliseum, debout, accentuait les encouragements...

Contrairement à l'ouverture du score, les Gothiques ne peuvent réagir, et si Miroslav Pazak (désigné à l'issue de la rencontre joueur amiénois du mois de septembre et récipiendaire d'un casque distinctif pour l'occasion) s'illustre encore, c'est en repoussant le tir d'Olivier Filion à même la ligne, en position de gardien de fortune.

Après plusieurs avertissements sérieux sur des actions rapidement menées, les Diables Noirs ont fini par trouver la faille dans la défense picarde. Les deux points ramenés en Touraine compensent quelque peu l'amertume de la défaite subie à Dijon. Quant aux protégés d'Antoine Richer, ils subissent une troisième défaite à domicile, face à un adversaire direct qu'ils ont dominé, mais sur lequel ils se sont la plupart du temps cassé les dents, bien aidé en cela par la quarantaine d'arrêts du dernier rempart.

Désignés meilleurs joueurs du match : Anthony Mortas pour Amiens et Adam Russo pour Tours.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Réactions d'après-match

Julian Marcos (défenseur d'Amiens) : "Cet échec doit nous permettre de nous ressouder et d'être plus forts. Les deux équipes ont bien travaillé, mais on a donné un ou deux buts. Il manque le déclic, la conviction, la spontanéité et l'absence de doutes. Défensivement l'équipe a bien bossé, ils n'ont pas eu tant d'occasions que cela. Cela fait mal, à la maison, c'est un regret pour les spectateurs car l'équipe se doit de gagner à domicile. Après avoir perdu en outsiders face à Grenoble, ce match piège nous fait mal. Un important travail mental est à faire."

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "On a buté sur leur gardien et il a manqué la rigueur défensive pour éviter les deux buts. Notre match est malgré tout solide. Ils nous ont bien attendus mais nous n'avons concédé que peu de deux contre un. Tours a bien travaillé, mais le regret c'est qu'on les relance. Le public et l'équipe ont poussé sans trouver la solution. On n'a pas subi la pression, sauf par intermittences, et sur les buts on se relâche devant Henri-Corentin. Des présences un peu longues en début de tiers nous ont peut-être coûté cher. Un recadrage est à faire, la discipline est importante sur ce genre de match. On a travaillé physiquement, mais offensivement les joueurs se sont trop collés au gardien, ou trop collés sur un côté."

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Cette victoire est une libération car on joue du bon hockey depuis le début de la saison. Contre Briançon nous avons laissé filer quatre échappées. Ce soir, Russo a encore fait un gros match et le système défensif fut bon. On savait qu'il fallait être vigilant du fait de leurs talents offensifs. Je connais leurs joueurs, je sais que sur une grande glace Amiens est à l'aise. On a travaillé cela en pensant gagner 1-0, et en jouant bien défensivement notre travail porte ses fruits. Amiens joue aussi un bon match, mais le plan a été respecté et la défensive a été très importante ce soir."

 

Amiens - Tours 1-2 (0-0, 0-0, 1-2)

Samedi 18 octobre 2008 à 20h00 au Coliseum. 2200 spectateurs.

Arbitrage de Bruno Colleoni assisté d'Aurélien Smeeckaert et Yann Furet.

Pénalités : Amiens 22' (6'+10', 4', 2'), Tours 38' (10'+2x10', 4', 4').

Évolution du score :

0-1 à 48'13" : Kaye assisté de Filion et Novosad

1-1 à 49'21" : Paquet assisté de Petit et Amado (sup. num.)

1-2 à 58'21" : Filion assisté de Tessier et Kaye

 

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse [sorti à 59'20"].

Défenseurs : Vincent Bachet (C) - Pavel Kowalczyk ; Thomas Roussel (A) - Jean-Philippe Glaude ; Julian Marcos (A) - Romain Bault.

Attaquants : Loïc Sadoun - Anthony Mortas - Miroslav Pazak ; Matt Amado - Yannick Offret [Henderson de 37'10" à 40'00" et de 54'30" à 60'00] - Martin Paquet ; Grégory Béron - Brian Henderson - Simon Petit.

Remplaçants : Adrien Fénart (G), Maxim Belov, Kevin Hamon. Absent : Pierre-Luc Émond (adducteurs).

Tours

Gardien : Adam Russo.

Défenseurs : Jozef Drzik - Michael Novosad ; Radek Stepan (A) - Mathieu Wathier ; Omar Ennaffati - Michael Clarke.

Attaquants : Steven Kaye (C) - Olivier Filion - Michaël Tessier ; Adrian Saul - Olivier Proulx - Nicholas Romano ; Andy Corran - Patrick Gannon - Nolan Boike.

Remplaçants : Pierre Pochon (G), Alexis Ouellette, Vincent Ouellette. Absent : Dominic Noël (épaule).

 

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