Épinal - Grenoble (1er novembre 2008)

 

Ligue Magnus - huitième journée.

Grenoble sauvé des eaux

Les Dauphins cuvée 2008/09 sont-ils branchés sur courant alternatif ? On se le demande vu l'inconstance chronique de ceux-ci, tombés le week-end dernier dans le traquenard nocéen (1-4). Un couac resté en travers de la gorge d'un Shawn Allard constatant une nouvelle débâcle en Seine-Saint-Denis, chez des Bisons décidément inspirés lorsqu'ils ont à faire à ses "boys".

La parenthèse amiénoise en Coupe de la Ligue (4-1) termina ce mois d'octobre riche en paradoxes sur une bonne note, histoire d'assainir un contexte plus complexe qu'il n'y paraît. Les blessures passagères n'arrangent rien et celle écartant présentement Benoît Quessandier laisse la défense vulnérable, notamment sur les dernières sorties en championnat. Influant du coup sur la situation des gardiens, où Shawn Allard se refuse à instaurer une réelle hiérarchie. Sauf celle des victoires/défaites qui conditionne le titulaire pour le match suivant. D'où l'intronisation, ce soir, d'un Stanislav Petrik rentré vainqueur de Picardie.

Plus imprévisible que jamais, Épinal se complaît plutôt à endosser l'habit d'outsider. Cela tombe bien, c'est ce rôle-là qui lui sied pour la venue de Brûleurs de Loups loin de prendre ces Dauphins-là à la légère. C'est que Mats Lusth, conscient du piège potentiel que recèle Poissompré, sait à quoi s'attendre d'un contradicteur... imprévisible. Comme Dijon, qui lui avait donné du fil à retordre quelques semaines auparavant. Une ténacité équivalente semble donc nécessaire pour qu'Épinal réalise un coup d'éclat. Grenoble affichant une densité toute autre à celle de locaux disposant, pour leur part, d'un contingent plus restreint. Mais pas pour autant dénué de talent(s) puisque leur ligne de parade reste capable de court-circuiter n'importe quel système défensif.

Mais pour cela, encore faut-il hausser son niveau de jeu pour ne pas être dépassé par les événements. L'entame, délicate, est marquée des premiers déploiements offensifs adverses. L'intensité est pourtant au rendez-vous, les locaux misant notamment sur la vitesse d'exécution d'un Plch prenant une première fois Trabichet de vitesse (02'12"). Étonnamment fébrile face au jeu en mouvement proposé par ses hôtes, Grenoble patine derrière la rondelle. Sentant passer le vent du boulet lorsque Ludek Krayzel est lui aussi pris par la patrouille (04'02").

Les BDL se détachent...

L'orage passé, Grenoble retrouve ensuite son allant offensif pour mieux prendre le jeu à son compte. Une stratégie risquée car propice aux contre-attaques. Chose fatale la semaine passée dans le "combat des chefs" perdu à Pôle Sud devant Rouen (3-5). Les Dauphins, eux, s'en remettent à l'explosivité naturelle de Simko sans que celle-ci ne transperce un dernier rideau devenu plus hermétique. Aussi Ferhi n'a pas trop à s'employer, excepté sur cette étourderie d'Amar que manque d'exploiter Chassard à bout portant (09'06").

La domination territoriale des Brûleurs de Loups apporte son lot de séquences offensives. Ces dernières s'enchaînent dangereusement devant la cage. Tenue à bout de bras par Petrik, l'arrière-garde finit par céder en laissant libre le second poteau, pour un rebond bonifié par Damien Fleury (0-1 à 11'58"). Un but attribué à Jan Hammar, joker médical venu renforcer le contingent suédois et pallier le forfait définitif de Martin Jansson, la révélation du début de saison. Voilà la machine lancée et fin prête à passer la deuxième couche. Christophe Tartari, servi dans l'intervalle par Anders Nilsson, slalome entre les piquets pour placer un superbe revers sous la barre (0-2 à 13'00").

Du coup, la seule vraie contrariété du moment résulte dans cette indiscipline notoire frappant les BDL. Ceux-ci ont toutefois resserré les boulons en verrouillant mieux l’accès à Eddy Ferhi, apportant davantage de rigueur à leur jeu. Ces bonnes dispositions prennent pourtant du plomb dans l'aile lorsque Martin Masa perd stupidement la rondelle. S'il joue d'habitude les yeux fermés avec Ludek Broz, mal lui prend d'entreprendre pareille relance dans l'axe, à l'aveugle de surcroît, avec Jan Plch dans les parages. Ni une ni deux, le Slovaque s'empare du puck pour servir le caviar à Jan Simko, monté au second poteau (1-2 à 17'03"). Mais Grenoble de l'orgueil, et suffisamment de talents individuels pour exploiter les brèches. Celles-ci deviennent subitement nombreuses et Mitja Sivic remet les pendules à l'heure. Le Slovène, qui doit être surveillé comme le lait sur le feu, ne l'est pas suffisamment par une défense le laissant fixer Petrik du revers (1-3 à 17'37").

Nullement abattus, les Dauphins tentent d'emballer le match, et s'enflamment sur une temporisation de Plch. La même en couleur que la précédente, sauf que Simko, cette fois-ci, est petit bras (18'08"). Épinal a peut-être laissé passer sa chance, d'autant qu'une nouvelle largesse laisse Baptiste Amar contourner la cage pour servir, sans opposition apparente, un Martin Masa furetant dans le demi-cercle (1-4 à 19'29"). Un soupçon de malchance, couplé à une couverture défensive douteuse, a compromis les chances des locaux. Pour eux, cela sent déjà le sapin. L'ombre de Benoît Quessandier, toujours convalescent, planant inexorablement sur une arrière-garde dévastée.

... retombent dans leurs travers...

De son côté, Grenoble peut alors commencer son travail de gestion malgré d'audacieuses manoeuvres du deuxième trio vosgien. Le joker Alexander Sundqvist trouve peu à peu ses marques aux côtés de Guillaume Chassard et Ilpo Salmivirta en se montrant très volontaire dans les duels. Montrant ainsi la voie à tous ses partenaires, pourtant incapables de fructifier leurs supériorités numériques. En assignant du coup Salmivirta au second bloc, Shawn Allard prive les siens d'un solide point d'ancrage dans le slot, ce qui semble nuire au rendement de son unité spéciale. Aussi se contente-t-elle de deux essais de Chassard (28e). Trop peu, assurément, pour contrarier des BDL solides dans presque tous les registres. Mais un poil suffisants (ou distraits, au choix) en se brûlant les doigts après avoir allumé la mèche en supériorité numérique. Ce diable de Salmivirta n'en demandait pas tant et soustrait la rondelle en échec-avant pour servir un Petrak fixant la lucarne opposée (2-4 à 32'11").

L'effet pervers de ce but se fait toutefois sentir. L'ICE, subitement enhardie, oubliant son désavantage numérique en laissant Hammar pénétrer en zone offensive. Le Suédois, accompagné par Broz et Masa, trouve le relais du premier nommé pour la conclusion du dernier (2-5 à 33'14"). Du sur-mesure pour un duo tchèque réglé comme du papier à musique.

Ilpo Salmivirta, lui, est plus reconnu pour sa contribution sans faille à l'effort collectif. Toujours au four et au moulin, le Finlandais est ce soir archi-décisif. L'indiscipline chronique des visiteurs reste favorable en lui permettant de décocher un plomb filant par dessus l'épaule de Ferhi (3-5 à 37'09"). Le cerbère international, passé par l'AHL et par Anglet avant de s'installer dans l'Isère, n'est qu'au début de ses malheurs. Pourtant repliée en zone neutre pour faire barrage aux assauts spinaliens, la couverture grenobloise va faillir sur une montée à priori inoffensive de Guillaume Papelier. Le col-bleu du cru, franchement pas réputé pour ses qualités offensives, va pourtant dégainer plus vite que son ombre, laissant Ferhi pantois (4-5 à 43'29"). Ce coup de semonce en entrée de zone ramène ainsi l'ICE à portée de fusil. Grenoble n'avait rien vu venir...

Un air de déjà-vu flotte sur les casques de Grenoblois tombant lentement mais sûrement dans le même panneau qu'à Dijon. Soucieux d'échapper à un tel dénouement, ils instaurent donc une pression brève, mais intense devant un Stanislav Petrik devant jouer les pompiers de service. L'incendie circonscrit, les Spinaliens flairent alors le bon coup, mais passent à un poteau de perdre leurs dernières illusions. Jan Hammar a beau se faire la belle devant Stéphane Gervais, la réussite ne penche pas de son côté (50'02").

Déjà à deux doigts de perdre le fil du match, les visiteurs tendent le bâton pour se faire battre à force d'accumuler les pénalités. L'étonnante passivité du box-play laisse Eddy Ferhi à la merci de Lorrains disciplinés et totalement ressuscités. Dans leurs petits souliers, les BDL finissent ainsi par craquer, à l'usure. Si Stéphane Gervais écrase son lancer frappé, l'opportuniste d'Ilpo Salmivirta, retrouvant le premier bloc du powerplay, n'en perd pas une miette et s'arrache dans le slot pour une égalisation inespérée (5-5 à 55'11").

Faute d'avoir su gérer un confortable acquis, les tenants de la Coupe de France s'embarquent sur une pente savonneuse. Un vent de folie souffle ainsi sur Poissompré... et manque d'emporter les Dauphinois ! Parti à l'abordage, ce même Salmivirta est retenu illicitement à l'approche de la terre promise. De quoi engendrer un tir de pénalité (58'40"). Une sentence exécutée par le Finlandais, tentant vainement d'embarquer Eddy Ferhi sur sa gauche.

Payant-là une concentration très inégale, les Brûleurs de Loups viennent tout simplement de se faire piéger. Rééditant-là certaines erreurs d'un passé récent, Dijon notamment, malgré une meilleure entente de leur trio tchèque.

... mais sauvent la face !

Ces Spinaliens ont décidément des ressources insoupçonnées. Mais pas encore de réussite en mort-subite depuis le début de saison. Comme héros inattendu, John Paulson aurait pu faire l'affaire mais son rush côté gauche se voit déjoué par Alexandre Rouleau, sous le nez d'Ilpo Salmivirta. L'attribut de héros malheureux incombera finalement à l'ailier finlandais, bien malheureux de se voir reprocher un faire trébucher (63'10"). Sur le siège établi par le jeu de puissance, Petrik résiste sur les slaps d'Amar, mais craque sur un pivot de Wallin (5-6 à 64'18"). Démarqué dans l'enclave, le viking sort les siens de l'embarras, préservant du coup leur invincibilité "à l'étranger" malgré une prestation en demi-teinte rendant la partie indécise jusqu'au bout.

En poussant le favori dans ses derniers retranchements, l'ICE a démontré que son potentiel était bien réel. Et que son statut de coupeuse de tête n'était pas usurpé. Si la victoire ne fut pas au rendez-vous, les bénéfices de ce "presque exploit" sont énormes. Outre une confiance accrue, le point du bonus est venu créditer le compte spinalien. De bon augure avant de retrouver Strasbourg pour la "finale" du groupe B de la Coupe de la Ligue. Une échéance que les bleus devraient aborder avec Eero Väre. Enfin, si l'on se fie à la logique de Shawn Allard...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Grenoble 5-6 après prolongation (1-4, 2-1, 2-0, 0-1)

Samedi 1er novembre 2008 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1190 spectateurs. 

Arbitrage de Damien Velay assisté de Jérémy Rauline et Pierre Dehaen.

Pénalités : Épinal 8' (2', 4', 0', 2") ; Grenoble 22' (6', 6', 10', 0").

Tirs : Épinal 29 (10, 12, 7, 0) ; Grenoble 34 (14, 7, 6, 7).

Évolution du score :

0-1 à 11'58" : Hammar assisté d'Amar et Sivic

0-2 à 13'00" : Tartari assisté de Nilsson et Rouleau

1-2 à 17'03" : Simko assisté de Plch

1-3 à 17'37" : Sivic

1-4 à 19'29" : Masa assisté d'Amar et Broz (sup.num.)

2-4 à 32'11" : Petrak assisté de Salmivirta (inf.num.)

2-5 à 33'14" : Masa assisté d'Hammar et Broz

3-5 à 37'09" : Salmivirta assisté de Slovak et Sundqvist (sup.num.)

4-5 à 43'29" : Papelier

5-5 à 58'11" : Salmivirta assisté de Gervais et Chassard (sup.num.)

5-6 à 64'18" : Wallin assisté de Krayzel et Amar (sup.num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; John Paulson - Fabien Leroy ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Alexander Sundqvist - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini.

Remplaçants : Eero Väre (G), Ryan Caicco, Anthony Pernot. Absents : Benoît Quessandier (entorse du genou), Shawn Allard (coach)

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Alexandre Rouleau - Calle Bergström ; Baptiste Amar (C) - Teddy Trabichet.

Attaquants : Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Jan Hammar - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Anders Nilsson - Christophe Tartari (A) - Nicolas Arrossamena.

Remplaçants : Lucas Normandon (G), Maxime Moisand, Raphaël Papa. Absents : Martin Jansson (genou, saison terminée), Julien Baylacq (épaule). 

 

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