Tours - Rouen (15 novembre 2008)
Ligue Magnus, onzième journée.
C'est la grosse ambiance à la patinoire de Tours pour la réception de l'un des favoris au titre : Rouen. Les supporters normands sont venus en nombre et se font déjà entendre. Groupe de rock local (Halchimy), mascotte, pom-pom girls... Le show en dehors de la glace est bien présent. Reste à voir si le show sera présent sur la glace, pour une équipe de Tours vraiment à la peine à domicile.
Ramon Sopko et Julien Desrosiers, anciens pensionnaires de la rue de l'Elysée, sont les premiers à entrer sur la glace côté rouennais, avant l'entrée des Diables Noirs sous l'ovation du public : une ambiance assez exceptionnelle pour ce match qui voit les débuts de Dominic Périard pour Tours et le retour d'Olivier Bouchard pour Rouen.
Il y a du rythme assez rapidement. Rouen tente de conserver la rondelle, Tours évoluant plutôt en contre-attaque. Après un premier tir de la bleue sauvé par Adam Russo, Ramon Sopko répond face à un lancer en pivot de Nicholas Romano. Les Dragons parviennent à entrer en zone en possession du palet et expédient quelques tirs sur le portier adverse, notamment par Carl Mallette. Après 3'56, Tours concède deux minutes pour un accrochage inutile de Mike Clarke en zone neutre. Une pénalité fatale : un centre devant le but de Julien Desrosiers cherche Marc-André Thinel, mais est dégagé sur Mallette qui ajuste Russo sans problème (0-1 à 04'56").
Une minute plus tard, une transversale trop prévisible est interceptée par Jaako Niskavaara, qui centre devant le but. L'attaquant rouennais percute Russo, qui reste au sol : aucune pénalité n'est sifflée, l'arbitre estimant qu'un défenseur l'a poussé. Rouen fait parler sa vitesse et sa technique, dominant une défense constamment à la limite de la rupture. Il faut attendre la 7e minute pour voir les Diables Noirs pointer le nez en attaque, fort timidement. C'est assez bref et les Dragons continuent à se montrer agressifs et plus rapides vers les palets libres. Même les mises au jeu sont normandes : Russo sort un arrêt du gant spectaculaire à 9'53". Tours, acculé sur son but, s'en remet à de rares contre-attaques : Michaël Tessier, sur un bon mouvement, manque ainsi le cadre en pivot. Mais la maîtrise rouennaise reste assez impressionnante ; vitesse, conservation du palet, placement, soutien... tout y est.
À 11'26", une bonne attaque tourangelle à 3 contre 3 pousse Malette à la faute. Le jeu de puissance manque le coche d'entrée, lorsque le tir de Jozef Drzik rebondit derrière le but et provoque une chance au poteau opposé. Sopko s'interpose ensuite sur un tir de Steven Kaye du cercle consécutif à une longue relance de Russo, puis une tentative de Tessier, servi de derrière le but, avant de sauver devant Kaye, bien décalé par Andy Corran. Malheureusement, après la meilleure phase de supériorité tourangelle depuis bien longtemps, Desrosiers enrhume toute la défense et son centre fort devant la cage est dévié par Clarke du patin dans son propre but (0-2 à 13'07"). Un coup dur pour Tours, qui semblait revenir dans le match... Malgré tout, les Diables ont repris des couleurs : Tessier échoue encore devant Sopko après un jeu de passe précis côté droit. Les hommes de Millette sont enfin entrés dans le match et commencent à combiner, réussissant de bons enchainements collectifs alors que Rouen adopte une stratégie plus défensive.
A 17'15", Olivier Bouchard accroche Dominic Périard loin du palet : deux minutes. Cette fois-ci, le jeu de puissance paie. Tessier sort de la bande, mais il ne parvient pas à décrocher son tir. Il remet à Drzik à la bleue, qui ne se pose aucune question pour expédier la rondelle en pleine lucarne (1-2 à 17'52"). Rouen commence à faire des erreurs de relance et subit de plus en plus le jeu. Ramon Sopko doit ainsi sauver un 3 contre 2, se jetant sur un palet qui traine. Les accélérations rouennaises restent dangereuses : Périard en fait les frais en perdant son duel contre Thinel, prenant une pénalité juste avant la sirène. 2-1 pour Rouen à la pause, après un premier tiers où chaque équipe aura dominé 10 minutes.
Les Dragons entament donc en avantage numérique. Olivier Proulx manque sa chance en contre, ne résistant pas au retour du défenseur. Et sur un marquage bien trop élastique, Éric Doucet s'avance et se retrouve tout seul devant Russo, avant de l'ajuster entre les jambières (1-3 à 21'21"). Tours peine à franchir le rideau défensif, mais se voit offrir une supériorité à 24'05" lorsque Jean-François David charge trop violemment un attaquant. Le jeu de puissance tourne bien, se créant quelques situations avant de bénéficier d'un double avantage de 29 secondes pour une faute de Niskavaara. Le public pousse, David rentre et les Diables insistent. Proulx lance un missile en entrée de zone, dévié par Sopko derrière son but où un Tourangeau tente le tour de cage, sans réussite.
À 30'48" Loïc Lampérier prend une pénalité pour crosse haute ; comme il y a saignement, c'est 2'+2' et une bonne occasion pour Tours. Les Dragons, vigilants, parviennent à se dégager plutôt facilement et tuent la première partie de la pénalité. Le placement des Rouennais est parfait, privant Tours de toute occasion. La suite est plus menaçante pour Sopko. La grosse pression tourangelle, grâce à un bon travail dans les coins, ne paie pas. À 35'52", Desrosiers quitte la glace en boitillant, victime d'une charge solide de Périard. Rouen n'attaque plus vraiment, et, sur l'une des rares actions offensives, Jean-François David est puni pour cinglage. Un avantage annulé pour un excès d'enthousiasme de Kaye, qui saute un peu trop pour une charge sur un défenseur. À 4 contre 4, les espaces profitent à Tessier, d'un tir masqué, puis à Petri Virolainen et Jarkko Glad de la bleue pour deux arrêts de Russo. Le gardien sauve ensuite un 2 contre 1 mené par Mikko Peltola et Daniel Carlsson, qui envoie Proulx sur le banc pour obstruction (38'53"). Les Dragons font tourner la rondelle et la défense, malmenant les arrières adverses.
Rouen revient sur la glace en avantage numérique mais concède un tir de Tessier d'entrée. Le jeu de puissance reste donc muet, malgré une ultime tentative près du but de Russo. Tours se fait pressant, porté par un Tessier très actif. Finalement, le bon travail en zone offensive est récompensé. À force de gagner des duels le long de la bande, les Diables Noirs parviennent à conserver le palet. Périard expédie alors un tir flottant à travers une forêt de joueurs depuis la bleue, et le palet finit au fond des filets (2-3 à 43'16"). Tours est en feu et continue son travail de sape, dans une ambiance survoltée : le public est lui aussi en feu, enthouasismé par le travail de ses joueurs. Nolan Boike enchaîne ainsi, manquant une chance près du but. Rouen peine à garder le palet, tout en restant capable d'exploits techniques. Malheureusement pour les Diables, Mathieu Wathier se blesse à la main, puis Adrian Saul prend deux minutes pour faire trébucher, coupant complètement l'élan de ses coéquipiers.
On se rend coup pour coup : duels intenses, gestes défensifs désespérés, arrêts de gardiens... Du grand spectacle ! Et pour couronner tout cela, Carl Mallette en vient aux mains sur Steven Kaye et les esprits s'échauffent entre Jean-François David et Omar Ennaffati près du banc tourangeau. Bob Millette et Alain Vogin se cherchent aussi... Le match dérape complètement, pendant que Mallette invective les punis tourangeaux. Le capitaine de Rouen prend 2'+2'+10', alors qu'en face Kaye prend 2' suite à l'échauffourée. Pas cher payé pour le capitaine rouennais, à l'attitude détestable pour le coup et qui aurait mérité plus... Avantage numérique pour Tours (47'35"). Maladroits, les Diables frôlent la correctionnelle lorsque Russo sort de manière hasardeuse. Thinel rate une chance en or, sauvée par un défenseur sur sa ligne, avant de prendre deux minutes lors de son retour défensif. Temps mort pour Tours pour préparer ce 5 contre 3... qui ne donne rien, grâce à une mitaine de Ramon Sopko. La pénalité est proche de se terminer, mais Rouen reste à 4 puisque Sopko expédie la rondelle en dehors de la glace. La pression tourangelle continue... sans se concrétiser au tableau d'affichage. Le jeu se cantonne dans le camp rouennais, qui subit et s'appuie sur Sopko, très solide.
Les Normands jouent en contre : une passe longue vers Thinel est remise vers Bouchard, lancé, qui se présente seul devant Russo. Le gardien italo-canadien sauve son camp mais Drzik prend deux minutes (53'48"), suivi de Proulx lors d'une défense à retardement sur Bouchard oublié dans l'enclave (54'16"). Rouen va jouer à 5 contre 3 pendant 1'33" et Alain Vogin utilise à son tour son temps mort. Rouen tourne le palet, balade la défense et c'est le but sur une passe transversale... But refusé ! La cage a bougé... Tours défend comme un lion et tue les deux prisons. Mieux, les Diables se portent tout de suite à l'attaque. Le travail le long de la bande, puis derrière la cage, est énorme : Adrian Saul, en roublard, sort de derrière le but et parvient à glisser la rondelle en hauteur au premier poteau (3-3 à 56'44"). Une égalisation qui punit des Dragons inefficaces sur leur jeu de puissance, et qui récompense l'équipe locale, tenace ce soir et bien plus en jambes que contre Angers la semaine dernière. Le public surchauffé pousse, à deux minutes de la fin, debout pour son équipe. Agressifs au duel, les Diables Noirs tiennent le point du nul : prolongation !
La plus grosse ambiance de la saison a donc été récompensée par le meilleur match de Tours à domicile. Rouen, parfois fébrile mais terriblement efficace, a-t-il laissé passer sa chance ? Pas forcément, puisqu'une longue passe surprend Tours lors d'un changement de ligne. Bouchard ne cadre pas mais envoie Saul en prison : 4 contre 3 pour les Dragons. La défense de Tours se jette au contre, Rouen tourne la rondelle. Mallette revient sur la glace, le danger se rapproche mais Russo garde sa chance, voyant plusieurs palets frôler ses montants. La pénalité est tuée, alors que les esprits continuent de chauffer : Thinel discute auprès des arbitres, Millette s'énerve, calmé par Kaye... puis Niskavaara est sanctionné pour une crosse haute et Tours se voit à son tour offrir une chance de conclure. Le travail de Tessier paie quasiment immédiatement, mais Novosad manque l'offrande, avant de buter sur Sopko. Tours se montre trop hésitant ; Tessier refuse le shoot malgré de bonnes positions, et Novosad manque de précision malgré les situations favorables. Rouen s'en sort... et gagne, exploitant un contre. Carl Mallette déborde côté droit en 3 contre 2 et son centre dévié par Périard termine entre les jambières de Russo (3-4 à 65'42").
Rouen a eu chaud, très chaud ; une défense ballotée physiquement a eu du mal à contenir l'attaque des Diables. Les Dragons s'en sont remis à leur brio offensif, et un peu de chance puisque deux buts sont des centres déviés par des défenseurs. L'équipe qui a le plus tiré au but s'impose, mais que ce fut difficile... Tours signe son meilleur match, mais ne prend qu'un point, trop timide en supériorité.
La rentrée au vestiaire est plutôt tendue : Alain Vogin et Robert Millette en viennent quasiment aux mains, conséquence du climat détestable entre les deux équipes.
Compte-rendu signé Nicolas Leborgne
Commentaires d'après-match
Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Rouen ne m'impressionne pas, ils se déconcentrent facilement... et ça va jouer en Coupe Continentale ?! On est capable de les bouger physiquement, ils ont 2-3 buts chanceux. Je suis fier de mes gars, face à une équipe de 'all-stars' qui n'a pas montré grand chose. On a joué avec nos qualités, un bon jeu défensif. C'est un gros match de tous les joueurs, on prend un point contre cette équipe. Ils ont deux fois et demi notre budget, mais on est où là ? On a fait quelque chose de gros, on a montré qu'on était capables de choses dans la ligue. Périard va nous aider, il est entré en douceur ce soir. On a été plus lucides qu'eux, ils ont paniqué. On les a travaillés au corps et c'est bon pour la confiance. [À propos des incidents après le match] On ne vient pas me chercher dans mon vestiaire ! Crier, sans aucun respect de l'arbitre, venir lui mettre la pression à 5... Sa coupe [coupe de la Ligue, où Rouen a battu Tours 9-3] il peut se la mettre où je pense ! On peut être fier de ce point, avec 5 joueurs de moins..."
Dominic Périard (défenseur de Tours) : "J'avais une semaine d'entraînement ici. Difficile de débuter contre Rouen, il a fallu m'adapter, retrouver mes jambes. Ils jouent un jeu ouvert, très rapide, et je n'avais pas joué depuis 6 mois. En première période, j'étais en retard, mais c'était mieux en 2e et 3e. Sur le but, le gardien ne voyait rien car on avait mis deux-trois gars devant. En prolongation, ils arrivent à 3 contre 2, j'ai voulu faire un geste défensif mais pas de chance. Là, je suis à 107-108 kg, j'ai 3-4 kg à perdre. J'ai essayé ce soir de ne pas trop m'impliquer, de faire des bonnes transitions. Je connais la plupart des joueurs de Rouen personnellement, ils jouent ensemble depuis longtemps et sont bien rodés. Je joue depuis 2 ans en Europe [Innsbruck et Pontebba] et je savais que Rouen avait un gros niveau. D'ici un mois, j'espère être dans la meilleure forme possible."
Adam Russo (gardien de Tours) : "Il y a eu une quarantaine de lancers, c'est fatigant. Dom' [Périard] s'est bien intégré, c'est un grand ajout qui fait du bien. Il finit ses mises en échec, notamment Desrosiers s'en souvient... On en avait besoin. On explose bien en 3e, il fallait être intense pendant 60 minutes. J'étais un peu 'shaky' quand Peltola m'est rentré dedans, pendant 15 minutes... Le 5 contre 3, c'était très dur ! Le powerplay, il faut qu'on le travaille, un match se gagne sur les unités spéciales. Eux ils sont dangereux, c'est quasi un but sûr à chaque powerplay. Je me sentais bien avec la rondelle, même si j'ai failli me faire prendre en 3e, mais j'ai pu faire des longues passes. Quand Dom' sera en 'shape', ça va nous stabiliser. On n'a pas de profondeur avec les blessures, on jouait à 2 lignes alors qu'en début d'année on tournait à 4."
Tours - Rouen 3-4 après prolongation (1-2, 0-1, 0-2, 0-1)
Samedi 15 novembre 2008 à 20h00 à la patinoire municipale "Elyseum". 2000 spectateurs.
Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Benjamin Gremion et Pierre Dehaen.
Pénalités : Tours 18' (4', 4', 8', 2'), Rouen 34' (4', 10', 8'+10', 2').
Tirs cadrés : Tours 30 (11, 7, 10, 2), Rouen 35 (10, 12, 11, 2).
Évolution du score :
0-1 à 04'56" : Mallette assisté de Thinel et Desrosiers (sup. num.)
0-2 à 13'07" : Desrosiers (inf. num.)
1-2 à 17'52" : Drzik assisté de Tessier et Périard (sup. num.)
1-3 à 21'21" : Doucet assisté de Thinel et Mallette (sup. num.)
2-3 à 43'16" : Périard assisté de Tessier et Kaye
3-3 à 56'44" : Saul
3-4 à 65'42" : Mallette assisté de Carlsson et Thinel
Tours
Gardien : Adam Russo.
Défenseurs : Dominic Périard - Michael Clarke ; Jozef Drzik - Michael Novosad ; Mathieu Wathier - Radek Stepan ; Omar Ennaffati.
Attaquants : Steven Kaye - Olivier Proulx - Michaël Tessier ; Andy Corran - Adrian Saul - Nicholas Romano ; Nolan Boike - Alexis Ouellette - Vincent Ouellette.
Remplaçant : Pierre Pochon (G). Absents : Patrick Gannon (luxation de l'épaule), Dominic Noël (épaule, saison terminée).
Rouen
Gardien : Ramon Sopko.
Défenseurs : Petri Virolainen - Jean-François David ; Daniel Carlsson (A) - Jarkko Glad ; Jaako Niskavaara.
Attaquants : Julien Desrosiers - Carl Mallette - Loïc Lampérier ; Olivier Bouchard - Éric Doucet (C) - Marc-André Thinel (A) ; Lionel Tarantino - Sébastien Strozynski - Édouard Dufournet ; Mikko Peltola.
Remplaçants : Ronan Quemener (G), Thomas Baubriau. Absents : Jérémie Romand (entorse du genou), Cédric Custosse (avec la réserve en D2).