Metallurg Magnitogorsk - Kärpät Oulu (19 novembre 2008)

 

Ligue des Champions, groupe A.

Courageux Kärpät

Pour être le deuxième club qualifié en demi-finale et rejoindre ses compatriotes, il reste une petite formalité au Metallurg Magnitogorsk : battre aujourd'hui les Finlandais du Kärpät Oulu, qui sont déjà éliminés et se présentent sans leur gardien Tuomas Tarkki. Lors du dernier match de championnat samedi, celui-ci a quitté le jeu après vingt minutes. Petri Koivisto, qui fêtait ses 22 ans ce soir-là, l'a bien suppléé puisqu'il n'a encaissé qu'un but en quarante minutes, permettant à Kärpät de battre le leader JYP (3-2). La blessure à l'épaule de Tarkki n'est pas trop grave, mais il est ménagé dans ce match sans enjeu pour son équipe. Ce second test sera encore plus redoutable pour le jeune gardien de "l'hermine" championne de Finlande.

Ce quiu peut gêner Magnitogorsk, c'est un calendrier chargé, avec ce cinquième match en neuf jours. Le problème du moment concerne le buteur Jan Marek n'a pas mis un seul but en novembre avec son club (il en a marqué un avec la sélection tchèque). En soi, cela n'a rien de si dramatique en cinq rencontres, surtout qu'il a inscrit une assistance à chaque fois, mais comme il en avait mis 19 jusqu'en octobre, cela suffit pour parler de "buteur en panne".

Les Ouraliens mettent la pression dès la première minute, mais sont pris à revers par un 2 contre 1. Toni Koivisto qui glisse en servant Kristian Kuusela, mais Evgeni Varlamov se couche parfaitement devant celui-ci pour contrer le palet. Une intervention de grande classe du leader défensif russe.

Le Metallurg Magnitogorsk a ensuite le contrôle du palet mais est bloqué en zone neutre où il est souvent contraint de reculer. La partie reste cependant fluide puisqu'il n'y a plus le moindre arrêt de jeu. On dépasse les cinq minutes de jeu sans temps mort, une séquence qui ne s'achève que parce qu'un joueur est resté au sol : Simakov a été coincé contre la bande par Antti Ylönen qui a utilisé le coude dans son dos. Les arbitres arrêtent le jeu pour permettre au blessé de se relever, mais ils n'ont pas sifflé de faute. Ils le feront peu de temps après sur un net accrocher. La supériorité numérique permet une bonne accélération de Chistov, et un rebond en angle fermé de Nikolaï Zavarukhin, repoussé de la botte par Petri Koivisto dans le petit filet. Mais le Metallurg a toujours du mal à construire face à un Kärpät remarquable d'activité dans le jeu sans palet.

Au fil des minutes, le Metallurg se rend maître du jeu, y compris en zone offensive. Les Finlandais sont contraints à poursuivre le palet le long des bandes, passe après passe, et Ohtamaa est pénalisé pour retenir. Les blancs gagnent plusieurs mises au jeu importantes dans leur zone et finissent par se dégager. Après la fin de la pénalité, Ylönen est cependant à deux doigts de se faire prendre le palet en le portant à côté de sa cage. Dès que le Kärpät s'éloigne de ses bases de jeu, il risque de le payer cher.

Le 0-0 après vingt minutes est mérité pour les Finlandais : ils se sont bien organisés, ont patiné fort, se sont livrés dans les duels, et ont joué de façon très directe quand les occasions se présentaient, comme sur ce dernier tir en entrée de zone de Tatu Backman que Proskuryakov capte de la mitaine au-dessus de sa tête. Mais combien de temps tiendront-ils à ne voir le palet que de loin, volant de crosse russe en crosse russe ?

Le seul domaine où Magnitka a été dominé au premier tiers, ce sont les engagements. À la reprise, c'est pourtant une mise au jeu gagnée par Nikolaï Zavarukhin (face à Veikko Karppinen) qui permet d'ouvrir le score : le palet parvient à Vladislav Bulin placé à droite à la bleue, et son tir flottant arrive directement dans la lucarne gauche, Koivisto étant masqué (1-0, 21'27").

Dans la minute qui suit, le tir de Justin Forrest dans le plastron de Proskuryakov fait carrément tomber le jeune gardien russe sur le dos, alors que le palet est resté devant lui. Du coup, Zavarukhin est contraint à la faute pour éviter le pire. Les Finlandais tardent à prendre un bon lancer, mais quand c'est le cas, Biryukov fait trébucher Kuusela sur le rebond. Kärpät se retrouve à 5 contre 3 pour vingt secondes et continue en supériorité numérique. Le capitaine russe Varlamov réalise alors sa seconde intervention décisive en allant contrer le palet dans la crosse d'un adversaire qui avait la cage partiellement ouverte sur un rebond. Les efforts finlandais restent vains. Biryukov se peut même se procurer un tir en angle à sa sortie de prison, et on a le sentiment que ce long avantage numérique était un tournant du match.

Après ce court répit, le gardien finlandais Petri Koivisto est en effet mis à rude épreuve. Un tir de Jan Marek s'élève sur ses jambières mais retombe sur le dessus des filets. Les vagues bleues se succèdent, mais le gardien ne se laisse pas submerger par les nombreux lancers adverses. Kärpät réagit brièvement à la 37e minute : Kristian Kuusela reçoit une passe de Toni Koivisto à la bleue et feinte le défenseur pour un tir du revers dans le slot. Le Metallurg met une pression énorme pendant une pénalité différée contre le capitaine Ilkka Mikkola (qui y ajouitera une méconduite), et Tatu Backman est poussé à son tour à la faute. Les Finlandais vont devoir jouer à 3 contre 5, et ils ne tiennent que 19 secondes : slap en haut de l'enclave d'Evgeni Biryukov, entre les bottes du gardien (2-0, 39'18").

Les jeux semblent faits, et Kärpät ne semble plus pouvoir espérer grand-chose. Entre l'aller et le retour, cela fait 100 minutes que les deux équipes sont face-à-face, et les Finlandais n'ont toujours pas marqué le moindre but à Ilya Proskuryakov ! Pourtant, dès le début de la troisième période, Oskari Korpikari réduit le score en supériorité numérique à la faveur d'une obstruction de Marek (2-1, 41'26"). Gusmanov écope à son tour d'une pénalité en zone offensive, mais cette fois les jambières de Proskuryakov repoussent tous les tirs rasants. Dans les esprits finlandais, l'égalisation est devenue possible. Démonstration avec le tour de cage tenté par Tomi Pekkala, qui joue aujourd'hui son premier match en senior le jour de ses 20 ans et ne manque pas de culot pour cette intronisation face à un monstre européen !

Le Metallurg Magnitogorsk semble reprendre le contrôle de la partie, mais les visiteurs reviennent à l'offensive dans les cinq dernières minutes, et toujours avec le même duo : Toni Koivisto de la bleue sert Kristian Kuusela pour une déviation au second poteau, sa troisième occasion franche. Le palet touche le montant puis longe la ligne de but sur laquelle Proskuryakov se retourne en catastrophe. L'arbitre fait appel à la vidéo, et le palet ne semble pas avoir entièrement franchi la ligne : but refusé. Le banc de Magnitogorsk a quand même eu très peur pendant un instant...

À tout donner à l'offensive, les Finlandais se découvrent, et à l'avant-dernière minute, sur un palet contré dans sa zone, le Metallurg part à 2 contre 1 : tir de Marek et rebond de Rolinek (3-1).

Même s'il termine la compétition avec quatre défaites, le Kärpät n'aura pas à rougir de tout. Il a abordé cette CHL avec sa plus mauvaise équipe depuis cinq ans, et n'était pas vraiment en mesure de rivaliser avec une équipe russe techniquement supérieure. Mais dans ses deux confrontations face au Metallurg, il se sera bravement défendu et aura accompli tous les efforts nécessaires. Peu d'équipes européennes peuvent se targuer d'être passées à quelques millimètres du match nul dans l'Oural.

Le renard a fini par attraper l'hermine... La mascotte locale peut ainsi rejoindre les stars de l'équipe pour fêter la victoire avec les supporters : Magnitka est en demi-finale. Mais dans le duel russo-russe qui s'annonce, il a tout de même fait moins impression que le Salavat jusqu'à présent. D'ici à ce que choc attendu ait lieu, il faudrait bien sûr que Jan Marek retrouve le chemin des filets : toujours pas de but malgré 7 tirs ce soir.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Metallurg Magnitogorsk (RUS) - Kärpät Oulu (FIN) 3-1 (0-0, 2-0, 1-1)

Mercredi 19 novembre 2008 à 19h30 à l'Arena-Metallurg. 7593 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber et Daniel Stricker (SUI) assistés de Tobias Wehrli et Daniel Wirth (SUI).

Pénalités : Magnitogorsk 10' (0', 6', 4'), Oulu 22' (4', 6'+10', 2').

Tirs : Magnitogorsk 39 (11, 20, 8), Oulu 28 (7, 9, 12).

Évolution du score :

1-0 à 21'27" : Bulin assisté de Gusmanov et Zavarukhin

2-0 à 39'18" : Biryukov assisté de Marek et Kaigorodov (double sup. num.)

2-1 à 41'26" : Korpikari assisté de Kuusela et T. Koivisto (sup. num.)

3-1 à 58'20" : Rolinek assisté de Marek

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Ilya Proskuryakov.

Défenseurs : Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov (C) ; Karel Pilar - Evgeni Biryukov ; Aleksandr Seluyanov - Vladislav Bulin (A) ; Rinat Ibrahimov.

Attaquants : Tomas Rolinek - Jan Marek - Jaroslav Kudrna ; Denis Platonov - Aleksei Kaigorodov - Igor Mirnov ; Stanislav Chistov - Nikolai Zavarukhin - Aleksei Simakov ; Evgeni Fedorov - Ravil Gusmanov (A) - Denis Khlystov ; Konstantin Pushkarev.

Remplaçant : Andrei Mezin (G). Absents : Anton Glovatsky, Mikhaïl Churlyaev (blessés), Vladimir Malenkikh.

Kärpät Oulu

Gardien : Petri Koivisto.

Défenseurs : Oskari Korpikari (A) - Justin Forrest ; Atte Ohtamaa - Ilkka Mikkola (C) ; Antti Ylönen - Juho Jokinen.

Attaquants : Kristian Kuusela - Jari Viuhkola (A) - Toni Koivisto ; Toni Dahlmann - Tommi Paakkolanvaara - Jonas Andersson ; Vesa Viitakoski - Veikko Karppinen - Juho Keränen ; Mikko Alikoski - Tatu Backman - Tomi Pekkala.

Remplaçant : Tuomas Tarkki (G), Toni Kiren. Absents : Martti Järventie (tendon d'Achille), Teemu Normio (genou), Antti Aarnio (inflammation), Ossi-Petteri Grönholm (inflammation à la main), Daniel Corso (au repos), Juhamatti Aaltonen (au repos).

 

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