Épinal - Tours (22 novembre 2008)

 

Ligue Magnus - douzième journée.

Une soirée en enfer

Même un tirage piégeux en Coupe de France n'aura pas altéré la dynamique gagnante d'Épinal. À Gap, où on lorgne toujours sur la Magnus, les Dauphins sont passés à l'orange (6-3). Les Tourangeaux, venus en concurrents directs au classement, ont quant à eux déroulé face à Garges (8-4).

À l'heure où certains (comme Dijon notamment) cherchent un second souffle, Dauphins et Diables Noirs présentent eux une solide condition physique. Travaillée d'arrache-pied par une préparation estivale très complète, surtout à Tours où toute une ossature "canuck" fut réunie par Robert Millette (même si certains sont "déguisés" par des passeports communautaires). De quoi donner à l'ASGT un petit air de ligues mineures en plus d'être l'antithèse de Morzine...

Pour autant, vivre sous influence canadienne n'est pas toujours un gage de stabilité. Avec le désistement du buteur Olivier Filion, mal intégré à la vie française, Bob Millette a dû revivre les désertions passées de Jonathan Gauthier et Guillaume Rodrigue. Avec l'épaule récalcitrante du centre québécois Dominic Noël, Millette a donc subi de plein fouet la crise du personnel. Dans un contexte où l'ASGT, modelée à son image, ne convainc pas toujours mais reste pourtant calée "dans la roue" des favoris.

À sens unique

Avec Dominic Périard, le "HC Millette" se présente fort d'une brigade défense complète et l'impact du joker canadien s'est rapidement fait sentir contre Rouen samedi dernier (3-4 a.p.). Adam Russo, la clé de voûte de l'actuelle deuxième meilleure défense du championnat, semble théoriquement bien gardé...

Pourtant, Tours va perdre ce match en moins de dix minutes. Plus de temps qu'il n'en faut à ce diable de Jan Simko pour faire parler sa vitesse et confirmer les craintes qu'exprimait Bob Millette à son sujet. Un premier cinglage de l'ex-Spinalien Jozef Drzik (00'58") augure une averse de pénalités qui sera fatale à ses coéquipiers. Un contre orchestré par Nicholas Romano aurait toutefois pu changer la donne si le revers d'Olivier Proulx n'avait pas tutoyé le montant d'Eero Väre (02'09"). Au lieu de cela, Simko remet ça en poussant Saul à la faute (03'03"). Proulx (04'15") puis Novosad (04'29") s'ajoutent bientôt aux bancs d'infamie pour accentuer la menace pesant sur Russo depuis déjà de longues minutes. En effet, l’international transalpin ne fait que retarder une échéance inéluctable vu l'accumulation des pénalités. Ilpo Salmivirta, infernal mardi à Gap, répercute ainsi dans le slot un rebond de Stéphane Gervais (1-0 à 04'45").

L'enchaînement des pensums fait ensuite son effet et l'ICE, toujours pourvue d'un double avantage numérique, enfonce le clou. Jan Plch, servi depuis le coin par le quaterback Michal Petrak, nettoye la lucarne d'Adam Russo depuis le rond d'engagement (2-0 à 06'00"). Le "Team Millette" file un mauvais coton et Simko continue d'en mettre plein la vue à une défensive aux abois. Aussi Ennaffati se voit-il pris par la patrouille (07'05") avant que Gervais, d'un maître-slap dont il a le secret, ne se joue de la mitaine de l'Italo-Montréalais (3-0 à 07'51").

Pour l'ASGT, connue pour ses aptitudes défensives et pas vraiment conçue pour les "matchs d'attaque", le handicap est certain. Charge incombera à Salmivirta de le rendre irrémédiable sur une montée de l'inévitable Plch. Le technicien slovaque, voyant le Finlandais monter sur sa droite, abuse le repli de Périard d'un écran permettant au Finlandais de signer un poteau rentrant du plus bel effet (4-0 à 09'41"). Le sourire de Russo n'est alors qu'un lointain souvenir...

Noir c'est noir...

La messe est dite. Certains, comme Bob Millette, y verront un "arbitrage-maison" dont ils n'ont pas fini de reparler. Accablant des Tourangeaux punis d'entrée par un jeu de puissance gavé de munitions. D'autres y trouveront une confirmation du formidable potentiel d'une ligne de parade locale endiablée par ce diable de Simko. Millette avait raison de craindre la rapidité d'exécution de son ancien poulain, sublimée en plus de cela par l'efficacité diabolique du jeu de puissance.

Remaniement de l'alignement oblige, les automatismes tourangeaux ont semblé grippés. Ce déficit de créativité, observé dans tous les secteurs du jeu (et surtout en supériorité numérique), arrangea bien les affaires de Dauphins souverains. Aussi Michael Tessier ne pesa dans un aucun débat que ce soit, alors qu'Olivier Proulx compléta son travail de sape de récurrents slashings. Il fut d'ailleurs étonnant de voir les "Canados" Michael Clarke et Omar Ennaffati (international hongrois à ses heures) aux avant-postes. D'autant que Patrick Gannon, petit format au précieux sésame irlandais, est tout juste rentré de blessure.

C'est donc Steven Kaye qui aura pris le plus d'initiatives et il ne fut guère étonnant de le voir dans tous les bons coups. Comme cette transversale déjouant Quessandier pour lancer Proulx vers un Väre qu'il ne pourra éliminer du revers (19'05"). L'ancien de Schwenningen sera d'ailleurs malheureux de concéder une nouvelle pénalité sitôt le retour au jeu (20'22"), laissant Guillaume Chassard profiter du décalage de Stéphane Gervais pour allumer la lucarne opposée (5-0 à 21'20").

... Tours n'a plus d'espoirs

Ne sachant dès lors plus à quel saint de vouer, les Diables noirs-orangés retrouvent un peu de répondant en durcissant le ton. Camouflant leur improductivité en accentuant le défi physique. Tout le contraire de Spinaliens organisés et menant bien leur barque en déployant un collectif huilé. La première passe de Benoît Quessandier, de retour d'une longue convalescence, est un plus indéniable pour la fluidité du jeu. Privés de solutions, les Tourangeaux vont toutefois exploiter une pénalité différée pour "sauver l'honneur". Kaye lance un Périard s'amenant devant Väre pour le confondre en duel singulier (5-1 à 31'59").

Un feu de paille pour des Tourangeaux payant ensuite leur engagement physique en cachots sonnants et trébuchants. Quessandier goûte notamment à la médecine de Clarke contre la bande (33e) avant que le Canado-Écossais ne fasse du petit bois sur Salmivirta (36'17"). La palme revient à Dominic Périard, qui faisait dernièrement référence en LNAH mais dont l'adaptation au style français reste à affiner. Le rugueux Mathieu Wathier participe également à cette nervosité croissante, mais qui n'amènera aucun "bourre-pif" digne de ce nom hormis un petit brassage à l'approche du second entracte.

S'il sentait le roussi en début de partie, Russo fait maintenant des miracles en réalisant de belles parades à bout portant devant Plch et consorts en fin de deuxième période. Il sort même sa plus belle mitaine sur un slap tendu de Stéphane Gervais (58'36"). C'est qu'il n'y eut rien d'autre à se mettre sous la dent hormis un enchevêtrement de pénalités rythmant cette fin de match sans relief. Pas de quoi remettre en cause le sort d'une partie pliée depuis belle lurette !

Les Diables Noirs auront vécu l'enfer dans la Cité des Images. Avec la déplaisante sensation de n'avoir jamais pu livrer bataille après ce satané premier quart d‘heure. Rouen, de son côté, est prévenu. Ces Dauphins-là en ont sous le patin et encore démontré que leur stabilité au classement général n'est pas le fruit du hasard. Deux buts d'avance ne seront peut-être pas suffisants à l'Ile-Lacroix mais, qu'on se le dise, les "boys d'Allard" ont plus d'un Tours dans leur sac...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match (d'après la Nouvelle République) :

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "On a huit heures de bus dans les jambes, on arrive sur la glace et l'arbitre nous met à trois contre cinq lors des sept premières minutes. C'est frustrant, honteux... Autant fusiller le match et le spectacle. [Épinal] est une très bonne équipe, avec une belle première ligne. Ça patine vite mais ça n'aime pas le contact physique... On joue sur ce registre et on est assaisonnés aux petits oignons... Moi j'aurais aimé qu'on joue à armes égales pour voir. Quand on est mené 4-0, moralement, c'est dur. Il fallait faire attention à ne pas prendre une valise. Au troisième tiers, physiquement, on était fatigués... Mais sur le reste de la partie, hormis les sept premières minutes, on est à 1-1."

 

Épinal - Tours 5-1 (4-0, 1-1, 0-0)

Samedi 22 novembre 2008 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1103 spectateurs.

Arbitrage de Savice Fabre assisté d'Éric Bougin et Yann Furet.

Pénalités : Épinal 18' (4', 6', 8') ; Tours 38' (10', 8', 10'+10').

Tirs : Épinal 33 (13, 15, 5) ; Tours 17 (6, 7, 4).

Évolution du score :

1-0 à 04'54" : Salmivirta assisté de Petrak (double sup.num.)

2-0 à 06'00" : Plch assisté de Petrak (double sup.num.)

3-0 à 07'52" : Petrak assisté de Chassard et Gervais (sup.num.)

4-0 à 09'41" : Salmivirta assisté de Plch

5-0 à 21'20" : Chassard assisté de Gervais et Petrak (sup.num.)

5-1 à 31'59" : Périard assisté de Kaye et Tessier

 

Épinal

Gardien : Eero Väre.

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; Benoît Quessandier - Fabien Leroy ; John Paulson - Lionel Simon.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Alexander Sundqvist - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini ; Anthony Pernot.

Remplaçant : Stanislav Petrik (G).

Tours

Gardien : Adam Russo.

Défenseurs : Jozef Drzik (A) - Michael Novosad ; Dominic Périard - Mathieu Wathier ; Radek Stepan (C).

Attaquants : Steven Kaye (A) - Adrian Saul - Michael Tessier ; Nicholas Romano - Olivier Proulx - Michael Clarke ; Andy Corran - Nolan Boike - Omar Ennaffati.

Remplaçants : Pierre Pochon (G), Patrick Gannon, Alexis Ouellette, Vincent Ouellette. Absent : Dominic Noël (épaule, saison terminée).

 

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