Ligue Magnus, douzième journée.

Rouen dans la douleur laisse Angers sur sa faim

Partis comme des obus jusqu'à la mi-match, les Rouennais ont subi un gros coup de pompe en troisième période juste avant et après la sortie sur blessure (45'05) - "simulation" diagnostiquera l'arbitre M. Colleoni, deux mois d'arrêt prévoit le staff médical, n'est pas médecin qui veut - de leur co-capitaine, Carl Mallette, pour au final ne s'imposer que d'un tout petit but.

Quand les Dragons vont passer un 4-0 en moins de 18 minutes, entre la 12e et la 29e, aux Ducs, les débats semblent définitivement clos. Angers n'a jamais trouvé le réalisme nécessaire à leurs (très bonnes) offensives de leur meilleure période au premier vingt (M. Lacroix à 7'35, Albert à 9'49 et Vidman à 10'19). Et, totalement amorphes, dans la première moitié du deuxième tiers, les visiteurs subissent la diversité offensive des locaux (Mallette, Thinel deux fois et Desrosiers).

Carl Mallette a ouvert le score sur la première supériorité (qui se transformera en une double) "noire et jaune" (1-0 à 11'15). Marc-André Thinel a conclu un tir de pénalité pour doubler la marque en faveur des Dragons (2-0 à 18'15). L'ailier droit a inscrit son second but en récupérant la rondelle à la suite d'une feinte manquée de Kevin Igier le long de la bande derrière son but. L'arrière, dans sa précipitation, a ensuite dévié la rondelle dans sa propre cage sur le tir passe du québécois (3-0 à 27'03). Julien Desrosiers a facilement surpris Ville Koivula, jusque là irréprochable (voir ci-après), d'un envoi adressé de la droite. L'international français était parti de sa zone en jouant un une-deux avec Sébastien Strozynski dans la zone neutre pour déborder toute la défensive adverse à lui tout seul (4-0 à 28'51).

Mais les attaquants du président Chaix n'ont pas eu 100% de réussite. Ils ont aussi eu du blé à moudre devant le moulin de Ville Koivula qui aura sans doute disputé là son meilleur match sur l'île Lacroix. Le gardien finlandais d'Angers a réalisé trois très belles attitudes au premier tiers, devant Mallette (6'50), Strozynski (7'46) et Lampérier (9'49). Pour l'anecdote, sur cette dernière action de l'espoir du CHAR, le chronomètre n'a pas été remis en route après le dernier arrêt de jeu. Ce qui permettra peut-être le dernier but d'Angers....

Après le temps mort pris par Heikki Leime après le quatrième but normand (4-0 à 28'51), et l'entrée sur la glace de la "quatrième" ligne angevine (Sadoun et Bretault), les coéquipiers de Martin Lacroix attaquent pied au plancher leur tentative de remontée (Laprise à 29'25). Seulement, ils se sont heurtés à un Ramon Sopko exceptionnel pendant plus de dix minutes. Le gardien du RHE a sans doute sauvé dans ces instants-là le gain du match. L'ASGA a vu le portier slovaque les frustrer littéralement de trois buts quasi enfilés (Jonathan Bellemare à 29'59 & 39'27, Pavol Mihalik à 33'30). Sopko continuait de "Ramoner" plus sobrement entre ses trois exploits (devant Albert à 31'17 et Baluch à 39'17).

Ville Koivula a aussi fait le boulot en deuxième période face à Éric Doucet (30'36), mais surtout en influençant l'arbitre lorsque celui-ci invalidera un but d'Olivier Bouchard - dont le nom fut scandé au début du match à l'occasion de son retour au club après un intermède d'un trimestre en Suède - pour une crosse haute rouennaise qui aurait fait perdre la sienne au gardien des Ducs (34'56) ?

En se refaisant un peu en fin de deuxième période, puis en attaquant sans complexe la troisième, l'ASGA arrivera à recoller tout doucement au score, grâce à un Jonathan Bellemare intenable et très inspiré sur cette seconde moitié de match. Lauri Lahesalu, laissé libre dans l'enclave par un Olivier Bouchard inattentif, réussira a trouver les filets du RHE (4-1 à 44'06). Cette défloraison entre les jambières de Ramon Sopko, royal jusque là, aura la particularité de libérer psychologiquement les joueurs d'Angers. Ce but, conjugué à la sortie anticipée de Carl Mallette, a désorganisé par à-coups à la fois les rouages rouennais et leur unité. Et avant qu'Alain Vogin n'intervienne, sans doute rassuré par deux occasions de ses joueurs. Une de Mikko Peltola (49'34) et une terrible occasion de son capitaine Éric Doucet servi par un gros travail de Thinel (50'50) toute deux magnifiquement paradées par un Koivula maintenant son équipe dans le match.

Les Ducs réduisent de nouveau l'écart après une mauvaise inspiration de Jean-François David en zone offensive. À deux-contre-un, Jonathan Bellemare, trouve à sa gauche Éric Fortier, qui n'a pas eu le temps d'être pris en charge par l'unique défenseur replié (Jaako Niskavaara). L'ancien Dragon, assez discret jusque là, envoie subtilement dans le haut des filets normands (4-2 à 50'46). Moins de cinq minutes plus tard, c'est le poteau gauche qui sauve les champions de France sur un lancer de Matias Metsäranta (55'02). Gros coup de chaud pour Rouen. Tous les avertisseurs sont au rouge et c'est le moment que choisit Alain Vogin pour demander un temps mort et recentrer son équipe.

Malgré un effectif comportant assez de cadres expérimentés, le coach rouennais a sans doute estimé que ses tauliers avec les plus jeunes ne sauraient pas gérer cette fin de match. Il n'a sans doute pas eu tort, même si, Jonathan Bellemare ne trouve pas le cadre sur une très belle chance (57'46), juste avant la première sortie de Ville Koivula au profit d'un attaquant angevin supplémentaire (58'00).

Éric Fortier tente. Sopko très sûr stoppe le palet. Angers reste mené de deux buts (58'09).

Éric Doucet et Julien Desrosiers se présentent devant la cage vide des visiteurs. Le capitaine des Dragons, pas en veine ce soir, manque l'objectif. Les Ducs continuent d'y croire (58'55).

Jean-François David ne parvient pas à dégager le long de la bande. Bellemare bloque le puck. Fortier travaille pour Baluch. Le barbu trouve Laprise au second poteau qui marque. Angers revient à un but de Rouen (4-3 à 59'12).

Après la remise en jeu, Koivula ressort pour les quarante dernières secondes qui ne changeront pas la marque au tableau d'affichage.

Cette courte défaite peut rendre Heikki Leime amère, ses protégés auraient mérité mieux sans le gros trou d'air des neuf premières minutes du deuxième tiers qui seront est sans doute à l'origine d'une cruelle désillusion. Pour Rouen le contrat est rempli. Ce sont deux points de pris sur un concurrent direct qui font descendre (définitivement ?) Angers dans un monde d'ambitions plus chimériques que réelles. C'est sans doute suffisant au bonheur des Briançonnais, des Grenoblois et des Rouennais qui, pour ces derniers, attendent Amiens...

Compte-rendu signé Thierry Frechon

Rouen - Angers 4-3 (2-0, 2-0, 0-3)

Samedi 22 novembre 2008 à 20h00 au centre sportif Guy Boissière. 2747 spectateurs.

Arbitrage de Bruno Colleoni assisté de Matthieu Loos et Pierre Dehaen.

Pénalités : Rouen 22' (6', 4', 2'+10') ; Angers 22' (6'+10', 4', 2').

1-0 à 11'15" : Mallette assisté de Desrosiers et Thinel (sup. num.)

2-0 à 18'15" : Thinel (tir de pénalité)

3-0 à 27'03" : Thinel

4-0 à 28'51" : Desrosiers assisté de Strozynski et Glad

4-1 à 44'06" : Lahesalu assisté de Bellemare et Fortier

4-2 à 50'46" : Fortier assisté de Bellemare

4-3 à 59'12" : Laprise assisté de Baluch et Fortier

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Daniel Carlsson (A) - Jarkko Glad ; Petri Virolainen - Jean-François David ; Jaako Niskavaara.

Attaquants : Olivier Bouchard - Éric Doucet (C) - Marc-André Thinel (A) ; Julien Desrosiers [puis Lampérier à 45'05" puis Desrosiers à 53'26"] - Carl Mallette [puis Desrosiers à 45'05" puis Peltola à 53'26"] - Loïc Lampérier puis Édouard Dufournet à 45'05" [puis Strozynski à 55'05"] ; Lionel Tarantino - Mikko Peltola - Édouard Dufournet [puis Dufournet à 53'26"] - Sébastien Strozynski.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse. Absents : Jérémie Romand (genou), Thomas Baubriau et Peter Bourgaut (réserve de D2).

Angers

Gardien : Ville Koivula [sorti de 58'00" à 59'12" et de 59'17" à 60'00"].

Défenseurs : Per Braxenholm - Simon Lacroix ; Pavol Mihalik - Lauri Lahesalu ; Pierre-Antoine Simonneau - Kévin Igier.

Attaquants : Tomas Baluch (A) - Jonathan Bellemare - Éric Fortier ; Juho Jokinen - Matias Metsaranta - Hermanni Vidman ; Pierre-Luc Laprise - Martin Lacroix (A) - Julien Albert ; puis de 30'00" à 40'00" Yven Sadoun - [Bellemare] - Rodolphe Bretault.

Remplaçants : Frédérick Gilbert (G), Nicolas Deshaies. Absent : Jean-François Jodoin (adducteurs).

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