Bordeaux - La Roche-sur-Yon / Nantes espoirs (23 novembre 2008)

 

Championnat de France espoirs excellence, zone ouest.

Il est des dimanches où l'on se demande à quoi bon mettre le nez dehors... Froid glacial, petit crachin, manque de sommeil, tout ça pour aller à la patinoire ! Pour aller voir quoi déjà ? Ha oui, un match espoir contre La Roche-sur-Yon... Pfff... Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Bah, aucune idée, mais j'ai promis. Et puis bon, je les suivais en Élite alors je vais pas les laisser tomber une fois en Excellence ! Ça sera l'occasion de voir de nouveau à l'œuvre le duo Mariage/Cadren, de revoir enfin Cargou dans les buts et puis de prendre des nouvelles de ceux qui n'évoluent pas en D1 ordinairement... Arrivée à la patinoire sur les coups de 13h pour un match qui doit commencer à 12h45, c'est pas sérieux, mais comme d'habitude, y'a du retard, on ne va rien manquer. L'affluence n'est guère en baisse malgré le changement de niveau entre les deux saisons... En même temps, vu que le public est toujours composé des parents et des fidèles du club, aucune raison que ça change... J'ai même le temps d'aller récupérer les compositions des équipes, de prendre la température des gens présents (qui sentent pour la plupart que le match sera ennuyeux à mourir) et même d'échanger quelques mots avec Cyril Boubé, le solide défenseur de la première ligne bordelaise. Pour lui, c'est pas la forme du siècle : il rentre à peine du match disputé par la D1 à Amnéville la veille et avec 2000 km et 20 heures de bus dans le week-end, il lui tarde quand même un peu de retourner à la maison... Dernier petit détail, mais qui aura son importance : il fait une chaleur incroyable dans cette patinoire ! En effet, ces trois derniers jours, la patinoire a servi de salle de concert (à moins que ça ne soit l'inverse et que la salle de concert ne serve de patinoire aujourd'hui, on s'demande à force !) et dans ce cas là, on pousse un peu la température... En gros, finalement, il fait bien meilleur à l'intérieur près du glaçon que dehors...

Allez, 13h10, le match commence enfin ! Et effectivement, c'est pas glorieux comme début... Ça patine pas vite, les passes sont approximatives, les tirs frôlent le cadre à 3 ou 4 mètres près, ça va pas être gai tout ça ! Bon, à leur décharge, il faut noter qu'un tiers de l'effectif bordelais rentre d'Amnéville et que de l'autre côté, la moitié des joueurs évoluaient hier soir sur les patinoires de division 2 avec leur équipe de La Roche ou celle de Nantes, puisqu'il s'agit d'une entente. Tiens d'ailleurs, j'aime toujours autant les maillots nantais... Ce petit vert sombre, ça fait classe !

Mais pas le temps de m'attarder sur les tenues, les hostilités s'engagent enfin. Quelques petits accrochages de ci de là, de quoi réchauffer le sifflet de Mlle Picavet et de tester les powerplays respectifs. Celui de La Roche n'est vraiment pas au point, à chaque passe en retrait, le défenseur rate son contrôle, le palet franchit la ligne bleue et zou, tout le monde est hors-jeu. Côté bordelais, ça se passe un peu mieux. Ils vont pouvoir profiter d'une double supériorité numérique : Benjamin Huvelin, envoyé en prison pour une charge incorrecte, confond le compteur bordelais avec le sien et décide de remonter sur la glace bien trop tôt, entraînant un surnombre. Après quelques balbutiements, Vincent Cadren décale Nicolas Mariage qui remet aussitôt à Romain Horrut qui, seul au second poteau, envoie le palet au fond des filets (tiens, Romain seul au second poteau ?) (1-0, 06'23"). Voilà, un petit but d'avance pour les locaux, rien de tel pour lancer le match et faire sortir les visiteurs de leur zone. Malheureusement, cela ne va pas s'arranger pour les visiteurs du dimanche : en infériorité, Cadren parvient à récupérer le palet que deux défenseurs s'échangeaient avec toutes les politesses d'usage, pour le propulser dans les cages (2-0, 10'30"). À partir de là, les Boxers prennent le match en main et poursuivent leur route en avant avec deux buts en moins d'une minute : Baccot lance Lambert qui sert Romain Horrut qui, seul au second poteau, envoie le palet au fond des filets (tiens, Romain seul au second poteau ?) (3-0, 16'06") puis Mariage sert Cadren pour un but d'école (4-0, 16'56"). Finalement, à défaut d'avoir du jeu de haut niveau, on a des buts puisque Thomas Arrouy, à mi-distance, crucifie Cardiet juste avant la pause (5-0, 19'32").

La pause... oui, le terme est léger tant elle va s'éterniser.... Commencée à 13h45, elle ne se conclura qu'une heure plus tard ! En effet, vu la chaleur ambiante, Mlle Picavet fait son traditionnel petit tour de glace après le passage de la surfaceuse, et elle va remarquer que le long de la bande derrière le but extérieur, il y a une crevasse où un palet ou un patin pourrait largement se coincer... Impossible de reprendre le match dans ces conditions dit-elle ! Ha mais oui, mais non ! Stéphan Tartari, le coach, ne l'entend pas de cette oreille ! Un report du match obligerait le club de Bordeaux à payer le déplacement des Yonnais et les finances du club n'ont pas besoin de ça ! Qu'à cela ne tienne, il monte sur la glace, part à la recherche d'une pelle et entame le colmatage des brèches ! Aidé de ses joueurs, les travaux vont durer une bonne demi-heure avant que le duo d'arbitres considèrent la sécurité comme suffisante. Le match peut reprendre ! Ha mais oui, mais non ! Si les Bordelais sont prêts, les Nantais ont déserté le glaçon depuis longtemps... Ils sont tranquillement en train de casser la croûte en flânant dans les couloirs de la patinoire (note pour plus tard : penser à rajouter des affiches dans les couloirs, histoire de faire de la lecture pour les joueurs s'ennuyant).

Ça ne va donc jamais finir ? Tartari, de plus en plus pressé, va bousculer un peu les jeunes adversaires, car bon, il voudrait bien que ça se termine cette histoire ! Voilà, ça y'est, les Yonnais dans leurs maillots nantais sont enfin prêts, on va pouvoir y aller ! Ha mais oui, mais non ! Le coach Mickaël Lechêne refuse de reprendre le jeu car il juge l'état de la glace trop dangereux... Bon, c'en est trop pour Cyril Boubé qui a autre chose à faire et pousse une belle gueulante afin que le jeu reprenne... Les arbitres expliquant au banc des visiteurs que pour eux c'est ok et que donc le match doit reprendre, les Yonnais remontent enfin sur la glace ! Pas sûr que la polémique eût duré aussi longtemps si le score avait été inversé, mais lorsqu'un coach met en avant la sécurité des joueurs, on ne peut que s'incliner !

Le jeu reprend mais rien n'y fait pour les verts : ils sont désormais complètement dominés par les Boxers. Ils ne parviennent plus à sortir de leur zone et la seule fois où ils y parviennent (en supériorité numérique), Cyril Lambert leur chipe le palet et file tout droit au but. Au moment où il entame sa feinte de tir, il est accroché par derrière par le dernier défenseur ce qui entraîne automatique un tir de pénalité. Encouragé par les joueurs de D1 restés pour regarder le match, "Scorpeus" embarque le gardien sur la gauche avant de glisser le palet au-dessus de sa jambière droite (6-0, 23'52").

Et c'est là qu'intervient un nouvel évènement : les Boxers sont en supériorité mais perdent le palet. Les visiteurs se dégagent, Nicolas Cargou, le portier local, récupère le palet et le renvoie en zone neutre. Seulement, pendant ce temps, Hugo Beuchey était parti en contre... On entend alors son coach lui crier "Vas-y, charge-le", et, effectivement, l'attaquant vert va percuter le gardien bordelais, l'envoyant s'écraser contre la balustrade... Du grand n'importe quoi, qui plus est venant d'un coach qui quelques minutes auparavant mettait en avant la sécurité des ses joueurs... Comme quoi, il n'était question que de la sécurité des siens, bel esprit ! Lorsqu'en hockey, un joueur agresse un gardien, on n'attend pas longtemps avant de voir le reste de la troupe lui tomber dessus... Mais là, non, personne pour répliquer. Du coup, c'est Cargou qui va s'en charger et décoller une baffe à son adversaire ! Mlle l'arbitre ne tergiverse pas longtemps et explique au banc bordelais qu'un "coup de bouclier", c'est 25' direct... Ok, donc, en reprenant les faits, on a un joueur qui charge volontairement le gardien adverse sous les ordres de son coach et qui prend 2' de pénalité et on a un gardien qui ne fait que répliquer à l'agression et qui sera sûrement suspendu pour le prochain match... Les règles du hockey sont parfois très bien faites, non ? D'autant plus que pour corser le tout, Cargou était le seul gardien sur la feuille de match et qu'il va donc falloir le remplacer par un joueur de champ... De là à y voir une manœuvre délibérée de la part de l'adversaire, il y a un pas que je ne franchirai pas... enfin, un peu quand même...

Du coup, on est reparti pour dix minutes d'interruption afin d'équiper le nouveau gardien volontaire, Florent Poigt qui a une longue expérience à ce poste puisqu'il a joué un match comme goal... en moustiques ! Hé ben, on est mal parti ! Et Cyril Boubé continue de râler car tout ça retarde encore l'heure à laquelle il va pouvoir rentrer... Voilà, le portier de fortune est prêt, il est dans ses buts, on peut reprendre après que les arbitres ont averti le banc bordelais qu'ils ne veulent pas voir de vengeance sur le joueur incriminé. Les visiteurs vont pouvoir mettre à profit les cinq minutes de supériorité pour s'installer dans la zone bordelaise : leur première tentative est repoussée par Poigt mais sur le rebond, Jacquemin envoie le palet sur le poteau... mais non, but ! Il faut avouer que depuis les tribunes, tout le monde a vu le palet sur le poteau, mais pas les arbitres qui, bien mieux placés, qui valident le but. Florent Poigt est fort mécontent car il voit le premier blanchissage de sa carrière s'envoler ! Mais très vite, la machine bordelaise reprend sa marche en avant : les visiteurs multiplient les fautes et Vincent Cadren en profite pour signer un triplé (7-1, 31'38"). Quelques minutes plus tard, Ramonatxo gagne la mise en jeu en zone adverse, sert derrière lui Boubé qui décale Mariage qui d'un puissant slap perfore la défense adverse (8-1, 33'05"). Dans la foulée, Ramonatxo gagne la mise en jeu en zone adverse, sert derrière lui Mariage qui décale Boubé qui d'un puissant slap perfore la défense adverse (9-1, 33'29"). C'est ce qui s'appelle rendre la monnaie de sa pièce entre Cyril Boubé et Nicolas Mariage. Les verts tentent bien de réagir mais Poigt multiplie les arrêts : mitaine, bouclier, plongeon et même arrêt papillon, tout y passe ! Ils vont enfin parvenir à trouver la faille lors d'une nouvelle supériorité numérique où Anthony Schieste, servi par Magand, trompe le portier local (9-2, 35'20"). Le tiers se terminera comme le précèdent avec un but dans les dernières secondes : Cadren signera à cette occasion un quadruplé, bien servi par son inévitable compère, Nicolas Mariage...

Regrette pas de m'être levé finalement. Si le jeu n'est pas d'une qualité renversante, il y a des buts, de l'action et des anecdotes à n'en plus finir ! Allez, on va prier pour que le surfaçage se passe bien et qu'on puisse reprendre assez vite... Car il est vrai que le deuxième tiers, en plus d'avoir démarré avec une heure de retard, a duré 50 minutes ! Pas de quoi arranger les devoirs de Cyril Boubé ! La dernière période commence sans retard (du coup, c'est moi qui le suis, ayant pris l'habitude...) mais le match devient très fermé. Les Bordelais font tout pour empêcher leurs adversaires de shooter sur leur gardien tout neuf et les Yonnais patient désespérément dans tous les sens. Bien vite, la déception grandissante des verts se transforme en violence, mais la fatigue ne les aide pas. Damien Magand, peu avare en boîtes depuis le début du match, est de plus en plus en retard sur ses charges et finit par charger plus souvent le plexi que le joueur qu'il visait. Alors qu'ils ont déjà perdu un défenseur, Camille Drancourt, blessé à l'épaule sur une obstruction, il est de plus en plus fréquent de voir les joueurs verts traîner la patte pour revenir au banc. Exemple avec ce défenseur qui tente de faire une mise en échec sur Thomas Ramonatxo (en même temps, quelle idée d'aller se frotter à lui quand on fait trois têtes de moins !) et qui choqué, restera au sol de longues secondes...

Pendant ce temps, Bordeaux en profite pour prendre un peu plus le large, d'abord par la première ligne où ce coup-ci c'est Ramonatxo qui marque sur déviation (11-2, 51'31") puis par Lambert (12-2, 53'56"). Les visiteurs sont définitivement dépassés et ne savent plus comment bloquer les ultimes velléités locales. À moins de cinq minutes du terme, l'arbitre siffle un dégagement interdit, mais le capitaine yonnais Yannis Boimare continue sur sa lancée et charge Boubé avec la crosse dans le dos... C'en est trop pour Cyril Boubé dont les devoirs ont beaucoup trop attendu ! Arrachage de la grille de l'adversaire, exercice de punching-ball puis finition au sol, une bagarre dans les règles de l'art finalement... tout ça se termine, sur cette image surréaliste, d'un Boubé se relevant, le nez en sang, hurlant sa joie à la façon d'un Rocky criant son Adrienne ! Allez, c'est bon Cyril, le corps arbitral te libère, tu peux partir à la douche en avance ! Dans la foulée, Ramonatxo marque une deuxième fois en prenant un rebond initié par le duo Mariage-Cadren (13-2, 55'31"). En toute fin de match, Louis Moreau prend une ultime pénalité pour cinglage, une chance que les verts ne manqueront pas : Huvelin, plein axe, voit son tir dévié par la palette d'un défenseur qui trompe son propre gardien en pleine lucarne (13-3, 59'55"). Sirène finale, c'est presque finit car Cyril Lambert n'oublie pas de rendre une petite baffe à Beuchey pour sa charge sur Nicolas Cargou plus tôt dans le match...

Voilà, il est 16h05, le match se termine enfin ! Mais quel match ! Florent Poigt, héros d'un jour, sort sous la haie d'honneur de ses coéquipiers, ovationnés par un public conquis par les prestations de ce gardien de fortune. Le bilan de ce match ne peut qu'être divisé en deux. D'une part, le sportif avec un duo Mariage (7 points) - Cadren (8 points) toujours aussi dominateur chez les espoirs, bien accompagné par un Ramonatxo qui a enfin trouvé sa place sur cette ligne et qui signe 5 points, un Cyril Boubé qui a enfin décidé d'user de sa lourde frappe pour offrir buts et rebonds à son équipe, des jeunes disciplinés sur les consignes de jeu (on fera exception de la dernière phase de jeu où la première ligne restera sur la glace plus de deux minutes au grand dam de Stéphan Tartari "Pourquoi vous êtes sortis ? Non, non restez un peu plus tant que vous y êtes !") et qui se sont fait plaisir à jouer. On retiendra aussi le bon duo de gardiens puisque Cargou tenait sa cage inviolée jusqu'à son expulsion, où Poigt a multiplié les parades et les relances pour le plus grand bonheur du public... De l'autre côté, l'extra-sportif avec des problèmes de glace, des bagarres, des expulsions, des coups de gueules et des coups de pelle...

Comme quoi, si vous ne savez pas quoi faire un dimanche, n'hésitez plus, on ressort toujours d'un match espoir avec quelques souvenirs mémorables en tête !

Compte-rendu signé Alex Mondin ; photos de Nini Calimoutou

 

Bordeaux - La Roche-sur-Yon / Nantes 13-3 (5-0, 5-2, 3-1)

Dimanche 23 novembre 2008 à 13h00 à la patinoire de Bordeaux-Mériadeck. 100 spectateurs.

Arbitrage de Marie-Tjana Picavet et de Vincent Champion.

Pénalités : Bordeaux 55' (6', 8'+25', 6'+10'), La Roche-sur-Yon 40' (8', 14', 8'+10').

Évolution du score :

1-0 à 06'23" : Horrut assisté de Mariage et Cadren (double sup. num.)

2-0 à 10'30" : Cadren (inf. num.)

3-0 à 16'06" : Horrut assisté de Lambert et Baccot

4-0 à 16'56" : Cadren assisté de Mariage et Ramonatxo

5-0 à 19'32" : Arrouy assisté de Giraudau et Cadren

6-0 à 23'52" : Lambert (tir de pénalité)

6-1 à 28'34" : Jacquemin (sup. num.)

7-1 à 31'38" : Cadren assisté de Boubé et Ramonatxo (double sup. num.)

8-1 à 33'05" : Mariage assisté de Boubé et Ramonatxo (sup. num.)

9-1 à 33'29" : Boubé assisté de Mariage

9-2 à 35'20" : Schieste assisté de Magand (sup. num.)

10-2 à 39'41" : Cadren assisté de Mariage (sup. num.)

11-2 à 51'31" : Ramonatxo assisté de Mariage et Cadren

12-2 à 53'56" : Lambert assisté de Horrut (sup. num.)

13-2 à 55'31" : Ramonatxo assisté de Mariage et Cadren

13-3 à 59'55" : Huvelin (sup. num.)

 

Bordeaux

Gardien : Nicolas Cargou puis Florent Poigt à 25'15".

Défenseurs : Cyril Boubé - Adrien Baccot ; Thomas Giraudau (A) - Thomas Arrouy ; Grégoire Walter

Attaquants : Nicolas Mariage - Thomas Ramonatxo (A) - Vincent Cadren (C) ; Cyril Lambert - Romain Horrut - Romain Coste ; Florent Poigt puis Kévin Lopez à 25'15" - Louis Moreau - Léonard Shue.

La Roche-sur-Yon

Gardien : Mathieu Cardiet.

Défenseurs : Benoît Cavanie - Camille Drancort [puis Magand à 09'54"] ; Yohann Goret - Yannis Boimare (C)

Attaquants : Vincent Brie - Sébastien Nimer (A) - Anthony Schieste ; Damien Magand puis Hugo Beuchey à 09'54" - Vincent Jacquemin - Benjamin Huvelin (A) ; Mathias Lalanne - Martin Lemeitour - Mickaël Moreau.

 

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