Épinal - Villard-de-Lans (26 décembre 2008)

 

Ligue Magnus - Seizième journée.

Treize secondes qui changent tout

Cette année, le "match de Noël" prend des allures de chasse à l'ours. Non pas que les Alpins soient des proies faciles, d'autant que leurs hôtes d'un soir viennent de livrer une rude bataille face à Angers (1-2). Une défaite crève-cœur qui a dû laisser des traces...

S'ils prenaient régulièrement l'ascendant sur les Dauphins, les Ours n'ont aujourd'hui plus du tout la même réussite. Ils ont perdu les trois dernières confrontations, ce qui laisse Shawn Allard invaincu face aux Isérois depuis sa prise de fonction. Il faut dire que les Ours s'accrochent dans le ventre mou avec un certain Stéphane Barin qui se décida, voilà quelques semaines, à reprendre les crosses. Même s'il lui a fallu restreindre "l'identité villardienne" en privilégiant une filière grenobloise ayant désormais pignon sur rue. Ce qui ne change pas en revanche, c'est la politique étrangère toujours très mesurée et destinée à responsabiliser les tricolores autour d'un petit noyau d'importés.

Fabien Leroy, épinglé par la commission de discipline, purge ce soir son quatrième match de suspension. Un autre jeune défenseur tricolore, Martin Millerioux, est logé à la même enseigne côté villardien après avoir lui aussi écopé de cinq matchs. Le parallèle ne s'arrête pas là entre les deux équipes, qui ont toutes deux été blanchies à Amiens... et auront par deux fois tombé le Dragon ! C'était juste avant la trêve, du côté d'André-Ravix (3-2 a.p.). Depuis, les Dauphins ont perdu Ilpo Salmivirta (blessé au doigt) et leurs dernières illusions en Coupe de France.

Les Ours ont les crocs...

Rapidement bien en place et toujours en mouvement, les Isérois s'attellent à couvrir ces espaces dont raffolent habituellement les locaux. Gênés par ce déploiement, les "boys" d'Allard peinent donc à s'exprimer et doivent attendre cinq bonnes minutes pour durablement s'installer en zone offensive.

Avec Romain Farruggia, le successeur de Pascal Favarin, les Ours ne tiennent pas seulement un gardien d'avenir. Ils tiennent déjà un solide argument devant un filet qu'il couvre de son mieux pour barrer tout accès à Plch et consorts. Une constante durant ce premier acte où Farruggia frustre toutes les tentatives locales. Avare de rebonds, le gardien formé à Grenoble peut en outre compter sur un marquage efficace et sur les mauvais choix d'une attaque en manque de repères. Un cinglage de Tristan Lemoine (06'31") ne fera pourtant qu'accentuer le malaise d'un jeu de puissance loin, très loin de son rendement optimal. Aussi le fantôme de Salmivirta plane-t-il sur une offrande de Petrak gaspillée par Simko à bout portant (8e). Privé de sa cheville ouvrière, le powerplay se réduit à peau de chagrin, d'autant que Stéphane Gervais, bien muselé, peine à se démarquer pour trouver l'amplitude nécessaire à son lancer frappé.

D'ordinaire peu efficient, le powerplay alpin manque pour sa part de créativité. Ce qui est symptomatique d'une attaque se concentrant surtout sur les replis et les pressings pour renforcer une défensive très consciencieuse. Jouant avec son intensité coutumière, Nicolas Antonoff va pourtant faire les frais de son engagement physique en séchant Peter Slovak contre la bande (12'38"). L'ex-Grenoblois, reconverti cette année à un poste défensif, n'a pas fait dans la dentelle sur ce coup et écope d'une méconduite. Groggy, Slovak mettra quelques minutes à récupérer avant de tenir sa place avec la réussite que l'on sait...

Dans les moments difficiles, Villard a toujours pu compter sur un Farruggia taille-patron. Jan Plch, en panne d'efficacité depuis quelques temps, teste tout l'éventail de ce portier doté d'excellents fondamentaux.

Du côté spinalien, l'inquiétante disette offensive se poursuit. Avec une attaque stéréotypée où tout semble reposer sur les épaules de Plch et Simko, les Dauphins ne tardent pas à se retrouver démunis. S'exposant du coup aux contres-attaques. Sous l'impulsion d'un Alexandre Lefebvre au four et au moulin, les Ours récupèrent les dividendes d'une stricte application des consignes. Les visiteurs prennent donc un léger ascendant sans pour autant trouver la mire, malgré plusieurs tentatives des Leblond, Carry et autres Papa. Mais surtout d'un Lefebvre visiblement plus épanoui sur le plateau du Vercors qu'à Dijon l'an passé.

Les Spinaliens, dangereux par intermittence, ont de quoi être frustrés d'autant que Farruggia ne baisse toujours pas sa garde en sortant les arrêts qu'il faut. Une impression trompeuse, surtout qu'avec ce diable de Plch, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours... Vous connaissez la suite, le Slovaque désarçonnant ses vis-à-vis d'une accélération décisive, conclue au terme d'un une-deux gagnant avec Michal Petrak (1-0 à 37'09").

... mais Épinal aura le dernier mot !

Libérés par cette ouverture du score, les Dauphins restent toutefois à la merci d'Isérois décidés à ne pas se laisser abattre. Contraints de se découvrir, les hommes de Stéphane Barin jouent donc les coups à fond et parviendront à leurs fins. Tomi Sykkö, bien discret jusqu'alors, prenant les choses en main en portant comme à son habitude le disque aux avant-postes. Et s'il en perd le contrôle aux abords de la zone de vérité, le palet reviendra au Finlandais, oublié dans le slot (1-1 à 43'40"). Plus solide défensivement, plus rigoureux aussi, Villard tient là une égalisation méritée vu l'énergie déployée. Cette vivacité, qui a initialement favorisé leur domination en zone neutre, leur permettant également d'empocher de nombreux duels.

C'est là qu'interviennent les fameuses individualités spinaliennes, capables, on le sait, de renverser le cours d'un match à tout instant. Si Guillaume Chassard rate la cible sur un centre tendu d'Alexander Sundqvist (48e), Peter Slovak, sur un palet déposé par Jan Simko, débloque la situation en expédiant un plomb sous la barre de Farruggia (2-1 à 54'25"). Jan Plch remet ça dans la foulée en lançant dans l'intervalle un Jan Simko s'en venant loger le puck dans le haut du filet (3-1 à 54'38"). En l'espace de treize petites secondes, de trois fois rien, le match a basculé.

Galvanisés, les Spinaliens tentent alors d'enfoncer le clou alors que les Villardiens, eux, se lancent en rangs désordonnés vers la cage de Petrik. Pour n'avoir pas su capitaliser l'ensemble de leurs efforts, les Ours ont donc raté le coche. Et s'ils jettent toutes les forces dans un ultime forcing, ils ne pourront inverser la décision. Le rebond gagnant de Tristan Lemoine sur un slap préalable de Barnabas Birkeland intervenant trop tardivement (3-2 à 59'36").

S'ils auront mis du temps à mettre le nez à la fenêtre, les Isérois ont finalement su imposer leur rythme pour contrarier des Spinaliens sans génie. Il faut dire que les rouages semblent actuellement grippés à l'avant, entre une ligne de parade manquant parfois de lucidité et un deuxième trio où surnage Guillaume Chassard. Si le cas du powerplay reste toujours aussi problématique, l'assise défensive a pousa part retrouvé un peu d'aplomb grâce à la sécurité qu'apporte Stanislav Petrik. L'essentiel, pour lui et sa troupe, restera cependant d'avoir renoué avec la victoire au terme d'un match qu'il ne fallait pas perdre.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Villard-de-Lans 3-2 (0-0, 1-0, 2-2)

Vendredi 26 décembre 2008 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1101 spectateurs.

Arbitrage de Bruno Colléoni assisté de Benjamin Gremion et Éric Bouguin.

Pénalités : Épinal 16' (10', 2', 4') ; Villard 37' (6'+25', 4', 2').

Tirs : Épinal 26 (11, 8, 7) ; Villard 32 (9, 10, 13).

Évolution du score :

1-0 à 37'13" : Plch assisté de Petrak

1-1 à 43'40" : Sykkö assisté de Lemoine et Lefebvre

2-1 à 54'25" : Slovak assisté de Simko et Plch

3-1 à 54'38" : Simko assisté de Plch

3-2 à 59'36" : Lemoine assisté de Birkeland

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; Benoît Quessandier - Lionel Simon ; Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ryan Caicco - Alexander Sundqvist - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini.

Remplaçants : Eero Väre (G), Anthony Pernot. Absents : Ilpo Salmivirta (doigt cassé), Fabien Leroy (suspendu), John Paulson (entorse du genou).

Villard-de-Lans

Gardien : Romain Farruggia.

Défenseurs : Stéphane Guillot-Diat - Barnabas Birkeland ; Nicolas Favarin (A) - Nicolas Antonoff ; Stéphane Barin - Daniel Sedlak.

Attaquants : Tomi Sykkö - Alexandre Lefebvre - Tristan Lemoine ; Quentin Pépy - Mathieu Leblond - Cyril Papa ; Cédric Guillot-Diat (A) - Romain Carry (C) - Yann Diaferia [ou Thibault Sage-Vallier à partir de 43'].

Remplaçants : Pascal Favarin (G), Luc Tanésie, Fabien Seebach, César Lefranc. Absent : Martin Millerioux (suspendu).

 

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