Chicago Blackhawks - Detroit Red Wings (1er janvier 2009)

 

Match de saison régulière de NHL.

C'est déjà devenu un classique pour le Nouvel An, un match de NHL en plein air. C'est la première fois qu'il y a lieu sur un terrain de base-ball et non dans un stade de football. Il n'y a donc "que" quarante mille spectateurs, et dans cette forme carrée, les tribunes les plus éloignées voient encore moins le jeu que d'habitude. Ceci dit, tous les spectateurs se voient offrir des jumelles, afin de participer à un concours visant à deviner quel joueur ne porte pas de logo Reebok au-dessus de son nom (réponse : Dustin Byfuglien).

C'est aussi la première fois que ce "Winter Classic" oppose deux des "Original Six", les six équipes dites originelles de la NHL, qui ne sont pas les fondatrices mais celles qui ont formé la ligue des années 40 aux années 60. Les stars de l'époque se nommaient Ted Lindsay pour Detroit et Bobby Hull pour Chicago, qui donnent le coup d'envoi symbolique à la fin d'une cérémonie incluant la parade de patrouille aérienne.

C'est une vieille rivalité qui est en train de renaître entre ces deux équipes. D'un côté, Detroit, le champion en titre, avec ses vétérans, dont Chris Chelios de retour de blessure à 46 ans pour deux petites minutes de temps de jeu (symboliques sauf pour l'ailier Kopecky qui a perdu sa chance de jouer ce match-évènement). De l'autre, Chicago, l'équipe qui monte, avec ses jeunes. Les Blackhawks n'ont que quatre joueurs de plus de trente ans, dont leurs deux gardiens Nikolaï Khabibulin et Cristobal Huet. Le duo le plus cher de la ligue, aussi, avec un Khabibulin déclaré transférable en septembre mais qui n'a reçu aucune offre, ni de NHL ni de KHL. Depuis, le Russe est pourtant redevenu titulaire, avant que le gardien français ne parvienne à renverser partiellement la tendance pendant sa blessure en imposant une alternance parfaite depuis plusieurs semaines.

Avant-hier, Khabibulin a ainsi joué dans la précédente confrontation, remportée 4-0 par Detroit sur Chicago. Les Red Wings chez eux ont montré qui étaient les maîtres, alors que leurs adversaires, qui restaient sur une belle série de victoires, avaient l'occasion de les rejoindre au classement. Mais tout le monde attend surtout cette revanche de prestige. C'est donc autour de Cristobal Huet d'être aligné pour une expérience les plus marquantes de sa carrière.

Les deux équipes se présentent dans des tenues rétro, mais ce n'est rien à côté des chapeaux et des pulls des entraîneurs de Detroit. Leur homologue local Joël Quenneville fait pâle figure en comparaison : il triche en portant une cravate sous son blouson de sport.

Chicago part fort, à la faveur d'une pénalité de Datsyuk à la première minute. Brent Seabrook met en échec Dan Cleary et le propulse sur le banc de Chicago. Vu que Detroit est déjà en infériorité, un blanc monte sur la glace avant que son coéquipier ait pu s'extirper du banc adverse : c'est le surnombre. Les Blackhawks jouent un temps à 5 contre 3 et continuent à 5 contre 4. Detroit tente un contre mais Chicago remonte le palet. Martin Havlat prend un lancer et Kris Versteeg devance Niklas Kronwall au rebond (1-0, 03'24").

C'est ensuite au tour des Red Wings de jouer en supériorité numérique. Tomas Holmström prend sa place habituelle dans le slot et donne un coup de crosse à Huet qui a capté directement un palet. Il se retrouve aussitôt enseveli sous une avalanche de joueurs venus protéger leur gardien. Celui-ci doit encore s'interposer par la suite face à de nombreux rebonds à bout portant. La deuxième supériorité, pour une dureté de Byfuglien, est la bonne. Huet se déplace bien pour boucher l'angle à Franzen après un jeu en triangle des Suédois de Detroit, mais il ne peut rien sur l'action suivante, une passe de derrière la cage de Henrik Zetterberg pour Mikael Samuelsson (1-1, 09'50").

Brett Lebda dégage le palet au-dessus du plexi et c'est au tour de Chicago de développer son jeu de puissance. Une récupération de Campbell dans la bande permet à Versteeg derrière le but de servir du revers Havlat dans le slot qui reprend instantanément (2-1, 12'37"). Vingt-quatre secondes plus tard, Andreas Lilja prend une charge par derrière non sifflée à cinquante centimètres de la bande et veut se faire justice. Il part en prison. Le palet passe derrière le gardien visiteur Ty Conklin et s'arrête juste avant d'être dégagé en catastrophe. La meilleure occasion est cependant pour Detroit qui part à 2 contre 1 pendant son infériorité, avec Kronwall qui arrive en troisième homme. Huet est normalement impuissant mais il semble dévier du bout de la crosse le lancer du défenseur suédois qui échoue sur la barre transversale.

Chicago prend même deux buts d'avance dans cette première période. Ben Eager traverse d'un côté et de l'autre de la cage, et le défenseur Lilja le laisse soudain faire demi-tour vers le premier poteau, ce qui lui permet de marquer pendant que Conklin est l'opposé (3-1, 19'18").

Le retour sur la glace de Detroit est tonitruant. Le défenseur Brett Seabrook est à terre après avoir été frappé par le premier tir de Hossa, et il ne peut donc empêcher Jiri Hudler de prendre le rebond (3-2, 21'14"). Les Red Wings dominent, Cristobal Huet a du travail, et sa tête heurte même le poteau quand il prend une grosse charge en pleine poire de Hossa. La pénalité qui suit est aussitôt annulée par une crosse haute de Toews.

Peu après la mi-match, Brian Campbell se fait sanctionner pour avoir fait trébucher. Datsyuk parvient à ressortir de derrière la cage avec le palet, mais Huet s'interpose. C'est finalement le défenseur Duncan Keith qui se fait piéger en ne prenant pas son homme. Il essaie alors de dégager le palet traînant, en vain : c'est Jiri Hudler, tout seul grâce à cette erreur de marquage, qui envoie au fond dans ce duel de crosses à sa troisième tentative, une seconde après la fin de la pénalité (3-3, 32'43"). Chicago réplique par un départ sur la gauche de Patrick Kane, mais son tir est détourné du gant par Conklin.

En fin de tiers, Pavel Datsyuk arrive à percer plein axe entre les défenseurs Barker et Campbell.. Le centre russe feinte à droite et glisse le palet du revers entre les jambières de Huet en grand écart (4-3, 37'17"). La défense locale est à l'agonie face aux accélérations des blancs et la sirène est une délivrance.

Si le deuxième tiers-temps a été implacable pour les défenseurs de Chicago, le pire est à venir pour leur gardien. Wisniewski retient d'un geste revanchard Draper qui vient de le mettre en échec, et pendant qu'il est en prison, Cristobal Huet encaisse un mauvais but : le revers anodin de Rafalski passe dans le petit trou entre ses jambières (5-3, 43'07"). Dix-sept secondes plus tard, masqué, le gardien français prend un tir du haut de l'enclave de Lebda qui se loge dans sa lucarne. Les arbitres refusent le but dans un premier temps, mais les ralentis prouvent que le palet est rentré dans le coin du but (6-3, 43'24"). Le juge vidéo mettra du temps à rendre l'inévitable décision, un délai mis à profit par... Nikolaï Khabibulin pour s'échauffer et troquer son joli bonnet aux couleurs du club (noir, blanc, rouge) pour son masque. Il fera une bonne rentrée. Pendant ce temps, Cristobal Huet se couvre d'une écharpe et d'un bonnet pour ne pas prendre froid alors qu'il est en sueur. Il avait sûrement rêvé d'une autre soirée...

Le gardien héros du jour se nomme donc Ty Conklin. Après une première période difficile, et même s'il encaisse un tir sur engagement de Duncan Keith en fin de match, l'Américain finit tout de même avec 33 arrêts. Il enchaîne une septième victoire consécutive et a éclipsé l'ex-titulaire Osgood. Surtout, il a l'incroyable honneur d'avoir participé aux trois matches en plein air avec Edmonton (défaite contre Montréal en novembre 2003), Pittsburgh (victoire l'an passé sur Buffalo) et Detroit aujourd'hui, ce qui le rend envié.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Joël Quenneville (entraîneur de Chicago) : "Nous avons fait ce que nous voulions en première période. Nous avions beaucoup d'excitation par rapport au cadre et au jeu que nous pratiquions. Le deuxième but était dur. On aurait dit que nous avions le palet en zone neutre, et soudain, il est dans notre filet et ça fait 3-2. Ils ont repris vie après ça. Le jeu s'est plus déroulé dans notre zone."

Mike Babcock (entraîneur de Detroit) : "Nous voulions gagner ce match parce que dans dix ans, quand on nous demandera qui a gagné le Winter Classic, on pourra répondre que c'est nous. Peu importe si vous vous appelez Chelios et que vous avez 46 ans ou que vous vous appelez Draper et que vous en avez 37, il y a un frisson à être là-dehors sur la glace. C'était fantastique de faire partie de l'évènement. Je suppose que certains sièges étaient un peu loin de l'action, mais en être est déjà spécial. Kirk Maltby a dit aux joueurs ce qu'il fallait faire et a fait en sorte que l'on revienne à notre plan de jeu. Nous avons une bonne équipe comme vous le savez, un groupe expérimenté qui ne se laisse pas facilement ébranler."

Brett Lebda (défenseur de Detroit) : "J'ai grandi comme fan des Blackhawks donc, profondément, j'aime voir le hockey à Chicago de retour sur la carte. Pour Detroit aussi, c'est une rivalité qu'on attendait de retrouver, et c'est le cas maintenant avec les récents succès de Chicago. Rien que la vue, c'était cool. D'habitude, on est assis de l'autre côté dans les tribunes. Jouer un match de hockey au Wrigley Field était une belle expérience. J'aurais souhaité savoir tout de suite que le but était rentré, cela aurait changé ma célébration. À part ça, on ne peut pas faire le difficile, je suis content qu'on ait eu les deux points. C'était amusant pour nous tous. J'étais un peu inquiet à propos des conditions de vent toute la semaine, parce que j'ai déjà été à Wrigley quand ça souffle. Le vent peut fouetter assez fort ici, mais ça allait aujourd'hui."

 

Chicago Blackhawks - Detroit Red Wings 3-6 (3-1, 0-3, 0-2)

Jeudi 1er janvier 2009 à 13h00 au Wrigley Field de Chicago. 40818 spectateurs.

Arbitrage de Bill McCreary et Tim Peel assisté d'Andy McElman et Dan Schachte.

Pénalités : Chicago 10' (4', 4', 2'), Detroit 12' (8', 2', 2').

Tirs : Chicago 37 (14, 13, 10), Detroit 43 (13, 13, 4+13).

Évolution du score :

1-0 à 03'24" : Versteeg assisté de Havlat (sup. num.)

1-1 à 09'50" : Samuelsson assisté de Zetterberg (sup. num.)

2-1 à 12'37" : Havlat assisté de Versteeg et Campbell (sup. num.)

3-1 à 19'18" : Eager assisté de Havlat

3-2 à 21'14" : Hudler assisté de Hossa et Zetterberg

3-3 à 32'43" : Hudler assisté de Rafalski et Lidström

4-3 à 37'17" : Datsyuk assisté de Franzén et Rafalski

5-3 à 43'07" : Rafalski assisté de Hudler et Holmström (sup. num.)

6-3 à 43'24" : Lebda assisté de Zetterberg et Hossa

6-4 à 59'50" : Keith assisté de Sharp et Toews (sup. num.)

 

Chicago Blackhawks

Gardien : Cristobal Huet puis Nikolaï Khabibulin à 43'24".

Défenseurs : Duncan Keith - Brent Seabrook ; Cam Barker - Brian Campbell ; Matt Walker - James Wisniewski.

Attaquants : Troy Brouwer - Patrick Sharp - Patrick Kane ; Dustin Byfuglien - Jonathan Toews - Kris Versteeg ; Andrew Ladd - Dave Bolland - Martin Havlat ; Ben Eager - Colin Fraser - Craig Adams.

Absents : Adam Burish, Aaron Johnson (en réserve), Brent Sopel (blessé).

Detroit Red Wings

Gardien : Ty Conklin.

Défenseurs : Nicklas Lidström - Brian Rafalski ; Niklas Kronwall - Brad Stuart ; Andreas Lilja - Brett Lebda ; Chris Chelios.

Attaquants : Tomas Holmström - Pavel Datsyuk - Johan Franzén ; Jiri Hudler - Henrik Zetterberg - Marian Hossa ; Daniel Cleary - Valtteri Filppula - Mikael Samuelsson ; Kris Draper - Kirk Maltby.

Remplaçant : Chris Osgood (G). Absents : Tomas Kopecky, Derek Meech (en réserve), Darren McCarty (adducteurs).

 

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