Épinal - Rouen (3 janvier 2009)

 

Ligue Magnus - Dix-huitième journée.

Les pendules à l'heure

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Une formule que l'on croyait toute acquise à la cause de Jan Plch ou Stanislav Petrik, mais qui s'adapte aujourd'hui au cas d'Ilpo Salmivirta. Sa blessure contractée juste avant la trêve n'a pas seulement rompu l'équilibre des lignes offensives. Elle aura proprement désorienté un collectif jusque-là bien huilé. Bien sûr, la lourde suspension de Fabien Leroy et la blessure au genou de John Paulson n'auront rien arrangé en réduisant drastiquement les rotations défensives. Voilà de quoi amplifier l'usure d'un contingent déjà émoussé par un automne très copieux et se montrant, depuis trois semaines, constant... dans l'inconstance.

La berezina de Strasbourg mardi dernier (0-6) s'est donc inscrite dans la continuité des dernières prestations avec, notamment, une attaque déconfite. C'est donc dans ce contexte très incertain que s'est préparée la venue d'un ogre rouennais avide de revanche. Et vu les circonstances, l'optimisme généré par les précédents exploits des Vosgiens n'est plus de mise.

Si les Dragons ont fait le métier au Mont-Blanc (4-1), ils n'en restent pas moins vigilants après ses récents accrocs. Et s'ils ont su trouver l'orgueil suffisant pour se tirer de l'ornière au match retour des quarts de finale de la Coupe de la Ligue, les Normands savent désormais que leur talent pur ne suffit pas toujours à confirmer une hiérarchie qu'Épinal a déjà brisé deux fois cette saison...

Rouen trop fort, trop vite

Lors de leur débâcle du 11 novembre dernier (3-5), les Rouennais avaient la tête ailleurs. Présentement, ils restent mobilisés sur trois tableaux. Le championnat, évidemment, mais aussi la Coupe de France et le final four d'une Coupe Continentale prochainement organisé à l'Ile-Lacroix. Une belle échéance qu'il leur faudra préparer, sans pour autant négliger les affaires courantes.

Histoire de ne pas rouiller Eero Väre, qui n'avait plus joué depuis fin novembre, Shawn Allard s'est décidé à lancer son back-up dans la mêlée. Et s'il se montre rapidement "eeroïque" sur un cafouillage, le Finlandais ne fait que retarder l'échéance. Malgré une certaine envie de bien faire, les locaux doivent vite se rendre à l'évidence. Ce Rouen-là n'est pas venu pour rigoler et le démontre en s'octroyant de bonnes occasions lors de sa première... infériorité numérique ! Des contres presque gagnants, comme celui lancé par Petri Virolainen vers un Eric Doucet repris par le repli de Guillaume Chassard. Peine perdue puisque le petit Canadien s'arrache sur une mise au jeu pour servir Marc-André Thinel, à l'affût au second poteau (0-1 à 05'13").

Plus consistants, les Rouennais peuvent donc s'appuyer sur l'opportunisme de leurs attaquants, mais aussi sur la fébrilité de Spinaliens pas créatifs pour deux sous. Surtout lorsque Ryan Caicco se voit affublé de responsabilités qu'il ne peut décemment pas assumer. De son côté, la complicité liant Julien Desrosiers à Eric Doucet ne se démentit pas après ce une-deux initié et conclu par le Franco-Canadien (0-2 à 10'10"). Il faut bien reconnaître que les cracks normands n'ont aucun mal à s'exprimer dans une défense poreuse et livrant souvent Väre à lui-même. Avec des gaillards de le trempe de Virolainen, rampe de lancement idéale par ses longues relances très précises, les attaquants en mettent plein la vue aux locaux. Vu la densité du compartiment offensif, l'absence de Carl Mallette est donc toute relative mais ses mains de finisseur se font sentir lorsque Jérémie Romand la joue petit bras sur un caviar de Mikko Peltola (13'19").

Shawn Allard, qui craignait (à juste titre) l'emprise rouennaise en zone neutre, en a donc pour son argent. Ses "boys", dépassés par les événements, se montrant incapables de fructifier un double avantage numérique en butant sur un rideau défensif étanche à leurs assauts parfois désordonnés. Oui, Rouen a retrouvé une confortable marge de manœuvre qu'il consolide sans coup férir. En cela, son powerplay, le meilleur de l'Hexagone, poursuit sa leçon d'efficacité après une énième pénalité mineure de Michal Petrak (20'26"). Sur une ouverture de Romand, que Peltola redirige du second poteau sur un Strozynski coupant dans le slot (0-3 à 22'19").

Nullement rassasiés, les Dragons peuvent alors dérouler, forts d'une maîtrise collective et individuelle leur permettant de facilement s'amener aux avant-postes. C'est dire si l'ICE frise plus d'une fois la correctionnelle. À l'image de ce palet dégagé contre la bande et repris par un Marc-André Thinel lançant Julien Desrosiers pour un duel singulier avec Eero Väre. Le Finlandais aura toutefois le dernier mot devant l'international français, qui n'aura même pas essayé de le feinter (25'38").

Qu'à cela ne tienne, les hommes d'Alain Vogin récitent leurs gammes au quatre coins du glaçons, réduisant progressivement l'intensité de leur échec-avant pour s'appliquer à verrouiller leur ligne bleue. Pour mieux initier un jeu de contre-attaques. Et malgré l'activité d'une ligne de parade gagnée, au fil des minutes, par la lassitude de Jan Plch, les Dragons semblent toujours avoir un coup d'avance. C'est dire si les Dauphins souffrent, à l'image d'un Benoît Quessandier pas toujours à la noce face à ses anciens coéquipiers. Idem pour Erwan Agostini, très discret sur une troisième ligne à faible impact. Profitant d'un malentendu sur un changement de ligne, le Francilien formé à Rouen se voit lancé par Stéphane Gervais, mais ne pourra conclure devant Ramon Sopko (33'59").

Sur ce genre de relâchements, le portier slovaque couvre bien les arrières d'une défense globalement intraitable. C'est dire si les Vosgiens se jettent dans la gueule du loup en abusant de passes imprécises. D'autant que les replis ne sont jamais à la hauteur, ce qui n'échappe pas à ce vieux renard de Mikko Peltola, sans cesse sur la brèche. Le vétéran finlandais accompagnant la montée latérale de Julien Desrosiers pour nettoyer la lucarne au second poteau (0-4 à 38'00").

Si certains préfèrent se la jouer en finesse, d'autres, en revanche, sont plus enclins à distribuer marrons et châtaignes. Aussi Marc-André Thinel se lance-t-il dans une "mise aux poings" avec Alexander Sundqvist (40'00"). Et quand il y a du grabuge, Olivier Bouchard, l'adepte du défi physique, est toujours partant. Le solide ailier canadien, dans le collimateur d'un public chambreur, se montrera très virulent devant Fabien Leroy. En attendant une hypothétique revanche face à un Stéphane Gervais qui lui aura asséné une solide mise en échec en début de deuxième période...

Rouen n'a plus qu'à faire tourner l'horloge à l'entame du dernier vingt. Et si son hôte d'un soir n'est définitivement pas capable de hausser son niveau de jeu, le blanchissage de Ramon Sopko va s'envoler sur un débordement de Jan Simko prenant tout le monde de vitesse. Sauf Fabien Leroy, monté au second poteau (1-4 à 41'42"). Ce but existe toutefois sous d'autres coloris, avec classique genre, la paire Thinel-Doucet (1-5 à 42'53").

S'ils bénéficient de certaines libertés en fin de partie, les Lorrains restent à la merci de ce genre de "frappe chirurgicale". Et lorsque l'indiscipline s'en mêle, les gâchettes allument la mèche. L'incarcération d'Ilic (46'22") amène une longue séquence, que double Sundqvist après avoir perdu son bâton. Un siège mené à la baguette par Éric Doucet. Le stratège québécois, plaque tournante d'un jeu de puissance bien rodé, finira par trouver l'ouverture en décalant Desrosiers au second poteau (1-6 à 48'11").

Le banc vosgien peut donc s'ouvrir. Libérant un Anthony Pernot rongeant son frein malgré une envie surpassant le rendement de certains "titulaires". Sur un puck égaré en zone neutre, le jeune du cru sera même tout près de scorer sur sa première présence (51'52"). Doucet, pourtant isolé au second poteau, l'imite aussitôt (54'16"). À force de confondre vitesse et précipitation sur leur prise de lancers, les locaux ne trouvent jamais la cible à l'image d'un Gervais arrosant copieusement. Autant de tirs non-cadrés symptomatiques d'une récurrente inefficacité offensive, qu'il va falloir corriger chez des Avalanches du Mont-Blanc ouvertes à tous vents (encore douze buts encaissés à Angers). Entre temps, Jan Simko, d'un tir dévié dans le haut du filet, aura anecdotiquement réduit la marque (2-6 à 58'36"). Benoît Quessandier se chargeant de faire briller la mitaine de Ramon Sopko, une dernière fois (59'06").

Surclassés par un adversaire capables de faire la différence en coup de patin, les "boys" d'Allard n'ont jamais pu résister. En s'appuyant sur une défense très expérimentée, propre dans ses interventions et ses sorties de zone, les Dragons n'ont jamais manqué de solutions. Même les jeunes loups du troisième trio auront porté le danger, sans toutefois obtenir la réussite de leurs aînés. Enfin le dernier mot est fatalement revenu à ce diable d'Olivier Bouchard, qui ne règlera finalement jamais ses comptes et redonnera, par sa bonne humeur, le sourire à un public vite refroidi. Même sans Mallette, la valise fut donc au rendez-vous...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Rouen 2-6 (0-2, 0-2, 2-2)

Samedi 3 janvier 2009 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1100 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Yann Furet et Adrien Ernecq.

Pénalités : Épinal 10' (4', 4', 2') ; Rouen 10' (6', 2', 2').

Tirs : Épinal 15 (3, 5, 7) ; Rouen 38 (11, 14, 13).

Évolution du score :

0-1 à 05'13" : Thinel assisté de Doucet

0-2 à 10'10" : Desrosiers assisté de Doucet et Peltola (sup.num.)

0-3 à 22'19" : Strozynski assisté de Peltola et Romand (sup.num.)

0-4 à 38'02" : Peltola assisté de Desrosiers et Virolainen (sup.num.)

1-4 à 41'42" : Leroy assisté de Simko

1-5 à 42'53" : Thinel assisté de Carlsson et Bouchard

1-6 à 48'11" : Desrosiers assisté de Thinel et Doucet (sup.num.)

2-6 à 58'36" : Simko assisté de Petrak et Plch

 

Épinal

Gardien : Eero Väre.

Défenseurs : Fabien Leroy - Stéphane Gervais (A) ; Benoît Quessandier - Peter Slovak ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ryan Caicco - Alexander Sundqvist - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini ; Anthony Pernot [à partir de la 52e].

Remplaçant : Stanislav Petrik (G). Absents : Ilpo Salmivirta (doigt cassé), John Paulson (entorse du genou).

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Daniel Carlsson (A) - Jean-François David ; Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Jaako Niskavaara.

Attaquants : Olivier Bouchard - Éric Doucet (C) - Marc-André Thinel (A) ; Mikko Peltola - Julien Desrosiers - Jérémie Romand ; Lionel Tarantino - Sébastien Strozynski - Loïc Lampérier ; Peter Bourgaut.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Édouard Dufournet. Absent : Carl Mallette (déchirure abdominale).

 

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