Grenoble - Amiens (3 janvier 2009)

 

Ligue Magnus - Dix-huitième journée.

Quatre jours après leur succès en coupe de la Ligue face à Briançon, les Brûleurs de Loups retrouvent le chemin de Pôle Sud face aux Gothiques d'Amiens. Une affiche difficile pour reprendre la routine de la Ligue Magnus après un enchaînement de matchs titanesque depuis la pause internationale. C'est donc surtout l'état de fraîcheur des deux équipes qui interroge pour ce grand classique du championnat. Avant de fêter la coupe de la ligue avec ses supporters, les Brûleurs de Loups au complet devront écarter une équipe amiénoise privée de deux cadres majeurs en défense, Glaude et Kowalczyk. Buysse, convaincant pour son retour face à Neuilly, est aligné cette fois d'entrée par Antoine Richer même s'il est encore convalescent.

Le début de rencontre est relativement prudent de la part des deux équipes. D'un côté, Grenoble doit remettre la machine en marche et de l'autre, Amiens semble soucieux de ne pas exposer outre mesure sa défense affaiblie. Krayzel, très en verve ce soir, se procure la première occasion intéressante du match mais Romain Bault le fait trébucher vers les buts. Premier power-play pour Grenoble, le début d'une longue série pas forcément couronnée de succès. Car le jeu de puissance peine à se mettre en place et Henri-Corentin Buysse fait ce qu'il faut pour fermer la porte. Changement de tendance quelques minutes plus tard avec Krayzel puis Amar qui se retrouvent en prison, offrant aux Gothiques une supériorité de près de quatre minutes consécutives. Les hommes d'Antoine Richer peinent malgré tout à se mettre en bonne position de tir, bien gênés par le killing play grenoblois. Le pressing dauphinois est d'autant plus efficace que Rouleau parvient à s'échapper avec le palet sur un mauvais changement de ligne amiénois pour un 2 contre 0, il sert Sivic mais ce dernier s'emmêle crosse et patins et ne parvient pas à contrôler une rondelle dont Buysse se saisit aisément. Première chaude alerte pour la défense amiénoise, suivie bientôt d'une autre lorsque Krayzel assomme Buysse sur un puissant tir consécutif à un engagement. Mais le portier picard a la tête dure et Amiens repart du bon patin avec notamment un "coast-to-coast" de Roussel bien près d'aboutir sans la vigilance de Ferhi.

Les minutes passent sans qu'aucune des deux équipes ne parvienne à vraiment prendre l'ascendant dans une rencontre passablement fermée qui n'est pas sans rappeler le match aller. Rassurés par la bonne tenue de leur gardien, les Gothiques s'enhardissent et plantent quelques banderilles dans la zone grenobloise. Sur l'une d'elles, Ferhi est tout heureux de bloquer acrobatiquement la rondelle sur un tir de Pazak. La suivante sera la bonne pour Amiens, qui ouvre le score sur un centre derrière la cage de Miroslav Pazak pour Anthony Mortas idéalement placé devant les buts alors que le palet avait été initialement perdu par Teddy Trabichet (0-1, 17'01"). On pense que ce but va débloquer la rencontre et Grenoble est d'ailleurs tout près d'égaliser dans les minutes suivantes par Masa mais le but est logiquement refusé pour cage déplacée. La tension monte d'un cran, Masa et Petit sont envoyés simultanément en prison et Nilsson se heurte à Buysse dans la dernière minute. Marcos se fait pénaliser à sept secondes de la fin du tiers tandis que Krayzel et Bachet se frictionnent après le coup de sirène, le décor est planté pour la suite du match.

Grenoble débute à quatre contre trois et installe rapidement son jeu de puissance. Pazak se fait sanctionner à son tour après seulement une minute de jeu mais Buysse se montre intraitable. Grenoble laisse passer sa chance et les Picards sont tout heureux de revenir à cinq contre cinq, sans dommage. Ils se retrouvent même en supériorité numérique après une grosse charge sanctionnée de Wallin. Mais ils n'en profitent pas et leurs vieux démons ressurgissent lorsque les deux Canadiens Emond et Amado sont sanctionnés à trente secondes d'intervalle. Nouvelle double supériorité numérique pour Grenoble et grosse pression sur les cages de Buysse : Bergström et Krayzel trouvent tour à tour les montants de la cage amiénoise. Les Brûleurs de Loups semblent poursuivis par la poisse mais sur un décalage de Broz, Krayzel parvient enfin à concrétiser d'un puissant tir qui nettoie la lucarne de Bussye alors qu'Emond venait de rentrer sur la glace (1-1, 28'07").

Grenoble semble prêt à passer la vitesse supérieure d'autant que Marcos se retrouve à son tour en prison quelques instants plus tard. Nouvelle occasion d'enfoncer le clou pour les locaux mais Fleury est frustré à deux reprises par Buysse, dont une à bout portant suite à un centre parfait de Rouleau. Sivic n'est pas plus en réussite malgré une très bonne opportunité à laquelle Buysse fait encore échec. La fin de tiers est difficile pour Amiens qui reçoit une avalanche de pénalités. Alors que Paquet venait de revenir sur la glace, Matt Amado effectue un cinglage plutôt appuyé, Rouleau n'apprécie pas et le lui fait savoir : M. Colleoni sanctionne sévèrement l'Amiénois avec une pénalité majeure assortie d'une méconduite de match. Une sanction minimisée par la pénalité mineure de Rouleau et celle un peu plus tard de Hammar. Amiens s'en sort bien au terme de la deuxième période avec seulement un but encaissé pour onze minutes passées en infériorité numérique.

Tout va se décider dans la dernière période avec une nouvelle fois le jeu des pénalités qui va jouer un grand rôle. D'ordinaire plutôt discret, M. Colleoni se met à siffler à tout va, des fautes grossières mais aussi certaines bien provoquées voire exagérées. Amar et Marcos en font l'amère expérience, se faisant sanctionner sur des pénalités quasi imaginaires. En l'espace de huit minutes, six pénalités sont sifflées, le jeu à cinq contre cinq est quasi inexistant et la qualité du jeu s'en ressent fortement. Grenoble essaie de faire la différence par ses individualités et c'est ainsi qu'Alexandre Rouleau est tout près de faire la différence sur un rush déterminé qui le voit buter au dernier moment sur Buysse après avoir effacé l'arrière-garde picarde. Mais c'est logiquement sur une supériorité numérique que la différence se fait : Grenoble profite d'une faute de Bachet pour évoluer à nouveau en double supériorité numérique. Forsander sert Broz idéalement placé devant la cage lequel marque à bout portant d'un tir rageur (2-1, 48'22").

Les Brûleurs de Loups semblent avoir fait le plus dur mais Amiens n'a pas renoncé. Comme M. Colleoni continue de distribuer des pénalités, ils peuvent espérer égaliser en power-play. Ferhi est soumis à une forte pression mais il tient le choc, notamment sur une reprise à bout portant de Loïc Sadoun, repoussée miraculeusement sur sa ligne de but. Amiens continue de courir après l'égalisation et les cinq dernières minutes sont tendues. Avec deux nouvelles pénalités de Sadoun et Marcos, cette dernière pour avoir dégagé directement le palet dans les tribunes, Grenoble se donne de l'air et se contente de maintenir les Amiénois dans leur zone. La fin de match, sans Viktor Wallin qui n'a pas terminé la rencontre, est dès lors plus facile même si une pénalité de Forsander dans la dernière minute permet à Richer de demander un temps mort et de sortir Buysse pour créer un surnombre. Malgré quelques situations chaudes autour de la cage de Ferhi, la défense grenobloise tient bon et Pôle Sud peut pousser un ouf de soulagement.

Victoire tirée par les cheveux des Brûleurs de Loups qui ont semblé avoir bien du mal à digérer leur succès en coupe de la ligue et le réveillon qui a suivi. Ils peuvent remercier leurs visiteurs pour leur indiscipline et M. Colleoni pour sa générosité car les deux buts grenoblois ont été marqués en supériorité numérique.

Amiens a donné beaucoup de fil à retordre à Grenoble, comme lors du match aller remporté sur le même score. Le système défensif amiénois a été très efficace et les absences de Kowalczyk et Glaude n'ont pas autant pesé que prévu, en partie grâce à un Buysse impressionnant dans la cage amiénoise. La première ligne amiénoise a mieux tournée offensivement que la ligne canadienne, handicapée par la sortie prématurée de Matt Amado, très nerveux ce soir. Les Gothiques devront retenir les leçons de ce match en étant plus disciplinés (à commencer par Julian Marcos, quatre pénalités ce soir) mais ils ont montré qu'ils pouvaient avoir leur place dans le Top 4 en fin de saison.

Du côté de Grenoble, la rencontre a été plus compliquée que prévu même si l'essentiel est acquis avec les deux points de la victoire. Les Brûleurs de Loups n'avaient ni la spontanéité ni l'intensité qu'ils ont proposées mardi à Méribel et leur jeu, en supériorité numérique notamment, a été très laborieux. Heureusement pour eux, Eddy Ferhi était dans un grand soir, repoussant quelques actions très dangereuses devant sa cage. Parmi les joueurs les plus en vue, on retiendra l'infatigable Alexandre Rouleau, intenable ce soir que ce soit par ses remontées de palet ou son impact physique en défense. Ludek Krayzel est également à créditer d'un bon match en faisant apprécier son puissant tir qui a fait des ravages à Méribel mais aussi une certaine combativité dans les moments chauds. Certes on pourra dire que Buysse n'est pas étranger aux échecs répétés des attaquants grenoblois, mais le relâchement, compréhensible après Méribel et l'enchaînement des matchs, ne devra cependant pas se prolonger car le déplacement à Rouen mardi revêt une importance capitale avec comme enjeu la deuxième place au classement.

Désignés meilleurs joueurs du match : Eddy Ferhi (Grenoble) et Henri-Corentin Buysse (Amiens).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "Amiens est l'équipe qui presse le plus dans ce championnat. Ils ne sont vraiment pas loin de la quatrième place. On a à coeur de monter à Rouen pour réussir quelque chose."

 

Grenoble - Amiens 2-1 (0-1, 1-0, 1-0)

Samedi 3 janvier à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Bruno Colleoni assisté de Anne-Sophie Boniface et Cyril Carlin.

Pénalités : Grenoble 22' (8', 6', 8'), Amiens 55' (8', 10'+5'+20', 12').

Évolution du score :

0-1 à 17'01" : Mortas assisté de Pazak et L.Sadoun

1-1 à 28'07" : Krayzel assisté de Broz et Bergström (sup. num.)

2-1 à 48'22" : Broz assisté de Forsander et Krayzel (double sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Baptiste Amar (C) ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Teddy Trabichet - Calle Bergström.

Attaquants : Jan Hammar - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Johan Forsander - Christophe Tartari (A) - Anders Nilsson ; Julien Baylacq - Raphaël Papa - Nicolas Arrossamena.

Remplaçants : Lucas Normandon (G), Jason Crossman. Absents : Martin Jansson (genou, saison terminée), Mathieu Frecon (blessé).

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse [sorti à 59'14"].

Défenseurs : Maxim Belov - Vincent Bachet (C) ; Grégory Béron - Thomas Roussel (A) ; Julian Marcos (A) - Romain Bault.

Attaquants : Loïc Sadoun - Anthony Mortas - Miroslav Pazak ; Matt Amado - Pierre-Luc Emond - Martin Paquet ; Simon Petit - Kévin Hamon - Yannick Offret.

Remplaçants : Adrien Fénart (G), Jonathan Boehrer. Absents : Jean-Philippe Glaude (clavicule), Pavel Kowalczyk (pubalgie), Brian Henderson (pubalgie).

 

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