Épinal - Chamonix (27 janvier 2009)

 

Ligue Magnus - Vingt-troisième journée.

Un plan sans accrocs

Pour avoir vu de quel bois se chauffaient ces Dauphins-là en novembre dernier (1-8), les Chamois ont de bonnes raisons de venir à Poissompré sur la pointe des patins. Mais si Alan Jacob n'est pas près d'oublier cette "faillite collective", sa troupe a depuis réussi à s'épargner un destin de barragiste.

Les Chamois sont même dans une forme a priori ascendante puisqu'ils viennent de pousser Rouen dans ses derniers retranchements (3-4). Leurs hôtes d'un soir, dans le sillage d'un Väre "Eeroïque", sont quant à eux passés tout près de l'exploit à Grenoble (2-3). C'est qu'ils avaient eux-aussi un bon coup à jouer grâce à leur portier finlandais, qui fit barrage à l'artillerie locale. Car les Dauphins, même dominés en début de match, avaient un bon coup à jouer.

Quand Épinal régale...

Conformément aux souhaits de Shawn Allard, les Dauphins mettent d'entrée la pression sur leurs adversaires, avec une intensité les cloisonnant dans leur zone défensive. Pourtant, les Chamois ont retrouvé leur configuration optimale avec le retour de blessure de Chad Euverman, l'international néerlandais d'origine canadienne. Mais voilà, Heinonen est rapidement livré à lui-même par une défense aux abois et peut s'estimer heureux de la tergiversation de Sundqvist, qui tarde à l'ajuster (02'56"). Les craintes d'Alan Jacob semblent se vérifier, d'autant que ses hommes ne tardent pas à tomber dans une indiscipline bien malvenue. Aussi sont-ils assiégés par un jeu de puissance qui fait tourner le disque jusqu'à un Jan Plch décochant un tir précis par dessus l'épaule du gardien, qui tentait de couvrir son angle gauche (1-0 à 04'24").

Si Shawn Allard mettait l'accent sur l'importance d'une entame réussie, le voilà servi. Celle-ci est à sens unique pour ses "boys", souverains et limitant bien les espaces en pressant sans relâche le porteur du palet. Les Haut-Savoyards n'ont donc rien à se mettre sous la dent et rechutent sur une charge incorrecte reprochée à Patrick Mbaraga (04'47"). Là-dessus, Plch dépoussière un classique du genre en trouvant Salmivirta, démarqué dans l'enclave (2-0 à 05'06").

Entre Väre et Petrik, Allard peut également compter sur deux gardiens d'envergure. S'il se refuse à installer une hiérarchie, ni même un roulement comme ce fut le cas durant l'automne, le Canadien préfère vivre "au jour le jour". Ce soir, Allard a donc opté pour Väre puisque le Finlandais a le vent en poupe depuis quelques semaines déjà, date où sa défense s'est mise à apprécier son "jeu à risques". À mieux anticiper ces rebonds faisant partie intégrante de sa panoplie. Au contraire d'un Petrik plus conventionnel, Eero Väre a donc fini par imposer sa griffe, son style. Grenoble l'avait appris à ses dépens samedi. Chamonix, pour sa part, ne tardera pas à s'en rendre compte sur ses (très) rares contre-attaques.

Le repli progressif des Spinaliens n'empêche pas les gâchettes d'allumer la mèche. Déjà que Plch et compagnie lui en avait mis plein la vue à l'aller, Heinonen en voit donc de toutes les couleurs. Décisif en break devant Simko (11'15"), le Finlandais remet ça devant Salmivirta sur un centre de Petrak prenant Kaljuste à contre-pied (13'40"). Sami Heinonen, "découvert" par Jacob lorsqu'il officiait en Eredivisie hollandaise, ne peut que constater les dégâts. Les siens n'y sont pas et prennent même une leçon de box-play car les partenaires de Richard Aimonetto restent de médiocres bâtisseurs. Et de piètres finisseurs à l'image d'un Jaroslav Cesky malchanceux ou d'un Anders Torgersson au tir certes puissant, mais trop imprécis. Tout l'inverse des locaux, à qui tout réussit grâce à un jeu bien léché comme sur cette ouverture de Simko vers un Sundqvist libre de tout marquage (3-0 à 19'44").

Les Chamois filent un mauvais coton et démarrent l'acte médian en désavantage numérique après une crosse haute de Cesky (20'00"). Déjà buteur à Grenoble, Benoît Quessandier a semble-t-il eu son déclic offensif, lui qui était en mal de réussite depuis son arrivée en Lorraine. C'est désormais du passé pour l'international, qui récidive à bout portant en profitant d'un caviar de... Caicco (4-0 à 21'14") !

Un contre fulgurant conclu par Emil Tobiasson-Harris douchera toutefois l'enthousiasme ambiant. L'Américano-Suédois se jettant devant Väre pour dévier le centre-tir de Cesky (4-1 à 21'49"). Vu l'ampleur de l'avance, Épinal voit alors son intensité décroitre au profit de timides manoeuvres adverses. Sur l'une d'elles, l'accélération d'Erwan Pain fait la différence mais Fabien Leroy le reprend in extremis (25'12"). Illicitement, en décideront les autorités, accordant un avantage numérique que Chamonix va gaspiller. Tout se résume en une seule action, ce décalage quasi-parfait de Torgersson vers un Cesky mal sur ses appuis et ratant sa reprise alors que la cage était vide.

Disposant d'un temps de jeu accru, la troisième ligne locale se contente elle d'assurer la transition sans apporter de réel danger offensif. Difficile qu'il en soit autrement avec les Ilic et autres Caicco, qu'Allard n'hésite pas à utiliser en situations spéciales. Si Tarik Chipaux est bien seul à surnager, Guillaume Papelier, lui, s'enflamme et s'emmêle dans sa remontée. Le massif Kaupo Kaljuste, qui traînait en zone neutre, flaire le bon coup et lance Kristian Kovac dans un duel singulier, remporté du revers par le Slovaque (4-2 à 32'01").

Eero Väre n'est pas à blâmer sur ce coup, d'autant qu'il s'est montré intraitable devant la vivacité des Geffroy et autres Kevorkian, bien seuls à dynamiser une attaque bientôt privée de Jaroslav Cesky. L'ailier, qui n'a de tchèque que le nom (puisqu'il n'a connu que le style nord-américain depuis ses années juniors), est renvoyé aux vestiaires après le cinquième but maison (5-2 à 35'50"). Un tir gagnant de Chassard dans le trafic entaché d'un surnombre et d'une pénalité différée mal gérée par le trio arbitral, voilà ce qui explique l'agacement du meilleur compteur chamoniard. Dommage pour Sami Heinonen, qui avait jusque là retardé l'échéance en voyant plus de caoutchouc qu'un renard écrasé sur une route départementale. Pour autant, ces cinq minutes de pénalité majeure ne seront pas exploitées par un powerplay devenu ronronnant.

... "Cham" déguste !

Les soirées portes ouvertes permettent à chacun d'avoir une bonne part du gâteau. Quessandier se ressert d'ailleurs une seconde fois, d'un maître-shoot en pleine lucarne (6-2 à 48'33"). Guillaume Papelier s'ajoutant au pointage en profitant d’un rebond piégeux contre le plexi (7-2 à 48'46"). Le chant du cygne pour Heinonen, aussitôt relevé par un Tom Charton ne tardant pas à céder devant l'obstination de Tarik Chipaux, qui se bat comme un beau diable pour scorer en deux temps (8-2 à 49'16").

Décidément, Chamonix réussit fort bien aux Dauphins. Une fois encore, les hommes d'Alan Jacob ont vécu le même calvaire qu'à l'aller avec une ICE poursuivant jusqu'au bout son effort en déployant un jeu rapide et altruiste. Battus dans tous les duels et incapables de franchir une solide couverture défensive, les Alpins ont bu le calice jusqu'à la lie. Si Jan Plch, lancé par Alexander Sundqvist, voit son revers décrypté par Tom Charton (49'46"), Guillaume Chassard, lui, monte à l'abordage (9-2 à 53'23"). D'un tir sec des poignets, Ilpo Salmivirta aurait même pu franchir la dizaine mais le poteau stoppe l'hémorragie (55'01').

Neuf buts, c'est plus qu'il n'en fallait pour mater pareille adversité. L'ICE pouvant se délecter d'un succès net et sans bavures qui, conjugué à la défaite de Strasbourg (5-7 devant Angers), sécurise un peu plus l'avantage de la glace pour la première ronde des playoffs. Voilà la montée en puissance des Dauphins confirmée par toute une prestation d'Eero Väre, impeccable au point de s'être montré avare de rebonds !

Si d'aventure Spinaliens et Chamoniards venaient à se retrouver dans quelques semaines, on ne donnerait pas cher de la peau des Chamois. Mais d'ici-là, tous deux goûteront à une trêve internationale bienvenue. Un repos bien mérité pour les Dauphins. Tous ? Eh bien non puisque Benoît Quessandier sera sur le pied de guerre en Norvège pour que le rêve de Vancouver devienne réalité. 

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Chamonix 9-2 (3-0, 2-2, 4-0)

Mardi 27 janvier 2009 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 954 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Nicolas Crégut et Éric Bouguin.

Pénalités : Épinal 12' (4', 2', 4') ; Chamonix 39' (6', 2'+5'+20', 6').

Tirs : Épinal 46 (16, 16, 14) ; Chamonix 22 (7, 8, 7).

Évolution du score :

1-0 à 04'26" : Plch assisté de Petrak et Chassard (sup.num.)

2-0 à 05'07" : Salmivirta assisté de Plch et Chassard (sup.num.)

3-0 à 19'44" : Sundqvist assisté de Simko et Plch

4-0 à 21'14" : Quessandier assisté de Caicco et Simko (sup.num.)

4-1 à 21'49" : Tobiasson-Harris assisté de Cesky et Geffroy

4-2 à 32'01" : Kovac assisté de Kaljuste

5-2 à 35'50" : Chassard assisté de Petrak et Plch

6-2 à 48'33" : Quessandier assisté de Slovak et Sundqvist (sup.num.)

7-2 à 48'46" : Papelier assisté de Chipaux et Simon

8-2 à 49'18" : Chipaux assisté de Papelier et Simon

9-2 à 53'23" : Chassard assisté de Salmivirta et Leroy

 

Épinal

Gardien : Eero Väre.

Défenseurs : Benoît Quessandier - Stéphane Gervais (A) ; Peter Slovak - Fabien Leroy ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Alexander Sundqvist - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Ryan Caicco ; Anthony Pernot.

Remplaçants : Stanislav Petrik (G), John Paulson. Absent : Erwan Agostini (blessé).

Chamonix

Gardien : Sami Heinonen puis Tom Charton à 48'46".

Défenseurs : Patrick Mbaraga - Fabien Veydarier ; Damien Torfou - Anders Torgersson ; Chad Euverman - Kaupo Kaljuste ; Maxime Claret-Tournier.

Attaquants : Erwan Pain - Richard Aimonetto (C) - Aram Kevorkian ; Jaroslav Cesky - Emil Tobiasson-Harris - Thibault Geffroy ; Kristian Kovac - Alexandre Audibert - Vincent Kara.

Absents : Dorian Duchosal, Valérian Croz, Marc Slupski.

 

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