Amiens - Saint-Gervais/Megève (14 février 2009)

 

Ligue Magnus - Vingt-quatrième journée.

Une histoire de revenants

Las de subir une succession de blessures à l'approche des matchs cruciaux, Amiens est soulagé d'enregistrer le retour au jeu de ses deux défenseurs étrangers Pavel Kowalczyk et Jean-Philippe Glaude. Même si l'infirmerie encore emplie prive toujours Antoine Richer d'un avenir aussi rose que la tunique des hommes de Picardie, ces retours permettent à Grégory Béron de reprendre place dans une attaque toujours amputée de Yannick Offret.

Autres revenants, les joueurs de l'Entente affichent une ambition différente de celles de la formation venue sonner le glas de la cuvée Gothique 2007-2008 et de la carrière de Denis Perez sur le banc.

Un air de déjà-vu pour commencer...

Car les absences déciment également les troupes d'Ari Salo. Numa Besson a rejoint ses attaquants Sébastien Subit et Sylvain Nicoud sur le flanc. Les espoirs de play-offs s'amenuisent chaque semaine, mais Francis Ballet, de la droite, trouve d'emblée la lucarne (0-1 à 00'52"), montrant la voie à suivre à Thierry Nicoud, qui rencontre peu d'obstacles sur ce même côté et tente un revers repoussé par Buysse. Quant à l'aile gauche, elle ressemble à un boulevard, emprunté par Mikko Kainulainen, pour le doublé, dans un angle difficile (0-2 à 02'27"). Histoire de réveiller les vieux démons des débuts de matchs ratés face à Neuilly et Angers, Thomas Roussel se fait secouer par Tobias Granath, parti défier Henri-Corentin Buysse, percuté par son adversaire.

Si le public réclame en vain une pénalité pour l'ancien Chamoniard, il obtient satisfaction quinze secondes plus tard, du fait d'une crosse haute du Suédois. Les Gothiques peuvent enfin entrer en zone offensive, après s'être cassé les dents individuellement par Henderson, Sadoun et Pazak, tous bloqués aux abords de la ligne bleue. Le buteur Ballet fait preuve de vigilance pour écarter un dangereux rebond, retardant l'échéance à une montée d'Amado conclue en force par Paquet sur Guillaume Richard. Sur le jeu de puissance suivant, Brian Henderson lance à son tour puissamment vers l'ancien Rouennais, également efficace pour fermer les angles sur une passe au second poteau de Martin Paquet. Des erreurs de transmission handicapent encore les locaux.

Au retour à cinq, le danger finlando-savoyard refait surface, et Matt Amado est rapidement invité en prison pour 2'+10' après une charge dans le dos. De la ligne bleue, Paukkunen et Ballet causent encore des soucis à Henri-Corentin Buysse, obligé de concéder des rebonds finalement non exploités, mais bien en place ensuite face à Mathias Arnaud, averti en profondeur par Kainulainen. Amiens s'en sort sans dégâts et peut retrouver le chemin de la cage adverse grâce à Miroslav Pazak, dont le service de derrière la cage est parfaitement exploité par Loïc Sadoun, qui contrôle et lance en lucarne opposée (1-2 à 16'45"). Guillaume Richard a beau se "racheter" de la jambière aux devants d'Henderson, il voit avec crainte le numéro 55 picard venir le défier en prenant de vitesse Francis Ballet pour égaliser à ras glace (2-2 à 19'38").

Sonnés, les joueurs de l'Avalanche tardent à regagner le glaçon pour la période intermédiaire. Situation sanctionnée par Monsieur Barbez, malgré les protestations de Nicoud et Pouget, mais qui ne permet pas aux Gothiques de prendre les devants. En effet, le seul lancer de Loïc Sadoun, à droite, est bloqué par Guillaume Richard. À l'autre extrémité de la glace, Christian Pouget se procure à son tour une chance de marquer face à Henri-Corentin Buysse. Auteur d'une mauvaise relance, le capitaine Thomas Roussel est même contraint à la faute. L'Entente est bien la plus entreprenante : revenu de l'arrière du but, Mathias Arnaud touche du métal et Buysse repousse en catastrophe le tir frappé de Francis Ballet avant de perdre la rondelle de vue. À son tour en bonne position, Patxi Biscard rate de peu le centre de Croz, parti sur la droite. Un manque de réussite qui empêche également Paukkunen de tromper le dernier rempart, du bout de la crosse.

Les visiteurs sont les plus agressifs, récupérant plusieurs palets en zone neutre, à l'image de l'international des moins de 18 ans Robin Gaborit, pour permettre à ses équipiers finlandais de rester dangereux. Toutefois, Henri-Corentin Buysse, à l'inverse de ses défenseurs, ne tombe pas dans la feinte de Mikko Kainulainen. Le score n'évolue pas au cours de cette domination haut-alpine, malgré une nouvelle alerte initiée par Paukkunen.

Peu en réussite, l'Avalanche s'expose à un regain de forme des Amiénois, branchés sur courant alternatif. Sur une rare percée de Martin Paquet, Richard ferme la porte à Pierre-Luc Émond, avant que Simon Petit ne voit son palet stoppé sur la ligne par le jeune cerbère (29'38"), par ailleurs décisif, du bout du gant, devant Pazak. Les efforts de ce dernier demeurent vains pour réveiller un public assez perplexe et plutôt calme. Même la sono échoue dans cette quête...

Sur la glace, les Gothiques paraissent englués dans cette situation bloquée, et la perte de leur capitaine pour deux minutes les expose à une fin de tiers animée de la part de visiteurs que l'on a alors du mal à imaginer en queue de peloton de la ligue. Un nouveau lancer de Ballet échoit à Étienne Croz, qui ne trouve que le corps du gardien, auteur de la parade initiale, et étendu de tout son long (38'21"). La volonté de Clément Masson, en appui sur Biscard, met encore à mal l'arrière-garde picarde.

Dans ce duel des deux dernières victimes des Diables Rouges de Briançon, l'Entente peut entrevoir le dernier tiers avec optimisme. Pour s'éviter d'éventuelles difficultés inutiles, les joueurs de Saint-Gervais/Megève sont cette fois présents bien avant le coup d'envoi de la période finale. Très vite, Tuomas Mikkonen trouve la même position que son compatriote, auteur du deuxième but, sur la gauche, mais Henri-Corentin Buysse a retenu la leçon. La suite ne sera pas aussi facile pour l'Avalanche.

... et la facilité "à la Pazak" pour terminer

À l'inverse de l'adversaire du soir, les Gothiques parviennent à tirer profit de leurs temps forts, à la faveur d'une faute de Tobias Granath. Le premier essai, signé Roussel de l'entrée de la zone, est certes écarté par la crosse de Richard, il appelle une recrudescence de l'activité offensive des Gothiques. De derrière le but, Loïc Sadoun attend le jaillissement de Brian Henderson, repoussé cette fois par la jambière, mais le danger demeure par un décalage préparé par les deux hommes pour ouvrir la cage à Miroslav Pazak (3-2 à 43'02"). Le retour de Granath n'est pas plus profitable pour les visiteurs, encore pris d'assaut par Martin Paquet, dont le lancer haut est dévié par le gardien, et Matt Amado, qui se fraie à son tour un chemin dans la défense, résiste à Pouget mais bute sur le dernier rempart. La différence vient finalement d'une montée de Pavel Kowalczyk, occasionnant un cafouillage mis à profit par Brian Henderson dans un filet désert (4-2 à 45'15").

L'Avalanche ne se remettra pas de ces deux buts coup sur coup. Une rare supériorité numérique est bien écartée par Henri-Corentin Buysse, dont la tâche est il est vrai facilitée par une chute de Christopher Lepers et une charge de Marcos sur Croz. Le gardien local est un peu plus inquiété à égalité numérique, sur un jeu à trois Croz-Biscard-Nicoud et une percée de Mikko Kainulainen qui efface Roussel.

Toutefois, il s'agit là de l'ultime action du Finlandais, en verve ce soir, car il est victime d'une charge d'Amado sur la fin de l'action. Touché au nez, il perd même un temps les esprits avant de regagner les vestiaires. Hors de lui face à l'absence de sanction, Christian Pouget est même contraint de le rejoindre. La fin de rencontre est hachée par les palabres, mais Miroslav Pazak profite de la confusion en bénéficiant d'une passe instantanée d'Amado (5-2 à 56'59").

La classe de l'ancien Dijonnais, présent sur les cinq buts, donne ainsi au score une ampleur difficilement décelable quelques minutes auparavant. L'Entente Saint-Gervais/Megève, qui a longtemps tenu la comparaison face à un adversaire une fois de plus en mode diesel, n'a pas profité de sa domination initiale, et n'a pu prendre le large à l'issue d'un bon deuxième tiers. La fin de saison se noircit.

Désignés meilleurs joueurs du match : Miroslav Pazak pour Amiens et Mathias Arnaud pour Saint-Gervais/Megève.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Réactions d'après-match

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "On sait que Mont-Blanc est plus en rythme car avoir joué mardi leur a donné des repères, des marques. C'est une équipe vive et pleine de tempérament, que l'arbitre a d'ailleurs malmenée. Ils ont ouvert le score sur des erreurs de notre part, car nos avons eu du mal à entrer dedans avant de reprendre le jeu en mains. Il a fallu douze minutes pour reprendre le rythme et le niveau de jeu. La reprise fut difficile, avec beaucoup de palets envoyés sur la balustrade lors de relances. Les revenants ne sont pas tous à 100%. Il faut retrouver notre cohésion pour mardi, avec le retour des blessés et les changements de blocs. L'ambiance était peut-être plus molle que d'habitude, le public a été cueilli à froid. Face à Villard, certaines choses seront à gommer, afin de retrouver la sérénité et la complicité tant offensive que défensive."

Clément Masson (attaquant de Saint-Gervais/Megève) : "Ce match important était à ne pas rater car il s'agissait d'une des dernières occasions de passer devant Dijon. Le premier tiers fut bon, mais nos erreurs ont coupé notre avance. L'arbitrage a compliqué notre tâche. Au début du deuxième tiers, personne ne nous avertit, nous n'avons aucun planning et sortons du vestiaire à la sonnerie, avant d'être sanctionnés pour retard de jeu ! Quant à la blessure de Mikko Kainulainen, même si les arbitres n'ont rien vu, il a quand même le nez en sang, puis est pris d'un malaise, il ne se fait pas mal tout seul. Les regrets demeurent : l'équipe n'est pas à sa place, après un début de saison marqué par les blessures et au cours duquel nous n'avons aligné que deux blocs. Avec un bon système nous sommes capables de tenir face à de grosses équipes."

 

Amiens - Saint-Gervais/Megève 5-2 (2-2, 0-0, 3-0)

Samedi 14 février 2009 à 20h00 au Coliseum. 3150 spectateurs.

Arbitrage de Nicolas Barbez assisté d'Éric Bouguin et Aurélien Smeeckaert.

Pénalités : Amiens 40' (4'+10', 8', 8'+10'), Saint-Gervais/Megève 53' (6', 4', 8'+5'+10'+20').

Évolution du score :

0-1 à 00'52" : Ballet assisté de Arnaud et Masson

0-2 à 02'27" : Kainulainen assisté de Gaborit

1-2 à 16'45" : Sadoun assisté de Pazak

2-2 à 19'38" : Pazak assisté de Kowalczyk

3-2 à 43'02" : Pazak assisté de Sadoun et Henderson (sup. num.)

4-2 à 45'15" : Henderson assisté de Kowalczyk et Pazak

5-2 à 56'59" : Pazak assisté de Amado et Roussel (double sup. num.)

 

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse.

Défenseurs : Julian Marcos (A) - Pavel Kowalczyk ; Thomas Roussel (C) - Jean-Philippe Glaude ; Romain Bault ; Maxim Belov.

Attaquants : Loïc Sadoun - Brian Henderson - Miroslav Pazak ; Matt Amado - Pierre-Luc Émond (A) - Martin Paquet ; Grégory Béron - Kévin Hamon - Simon Petit.

Remplaçants : Adrien Fénart (G), Jonathan Boehrer. Absents : Vincent Bachet (genou), Yannick Offret (épaule), Anthony Mortas (pied).

Saint-Gervais/Megève

Gardien : Guillaume Richard.

Défenseurs : Markku Paukkunen - Christopher Lepers ; Christian Pouget (A) - Francis Ballet ; Antoine Vigier.

Attaquants : Tuomas Mikkonen - Mikko Kainulainen - Robin Gaborit ; Tobias Granath - Clément Masson - Mathias Arnaud ; Thierry Nicoud (C) - Étienne Croz (A) - Patxi Biscard.

Remplaçants : Radek Lukes (G), Romain Orset. Absents : Sébastien Subit (opéré des cervicales, retour possible), Numa Besson (épaule), Sylvain Nicoud (genou).

 

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