Épinal - Chamonix (27 février 2009)

 

Premier tour des play-offs de Ligue Magnus, match 2.

L'ICE se fait la belle

Au vu du match aller perdu à Chamonix (2-5), Épinal a payé son inexpérience des matchs couperets. Là où "Cham" a développé son "instinct de survie" en barrages l'an passé, les Dauphins, eux, goûtaient à des congés anticipés.

S'ils n'y ont plus gagné depuis trois ans, les Spinaliens attendaient pourtant les playoffs avec l'impatience propre aux équipes performantes en saison régulière. Quitte à oublier l'essentiel. Qu'en séries, tout repartait de zéro. Comme mardi, où la confrontation face aux Chamois fut diamétralement opposée aux deux précédentes (8-1 et 9-2). C'est-là tout le piège de ces matchs "au couteau", où le mental, l'engagement et la discipline sont prépondérants.

Pour rebondir, Shawn Allard n'a pas lésiné sur les retouches. En réactivant Stanislav Petrik, qu'il estime "souvent bon quand il joue à la maison", il tentait un premier coup de poker. Le second consistait à retoucher son alignement, assignant notamment Petrak et Salmivirta aux côtés de Plch. Comme en supériorité numérique. Ces modifications ont toutefois chamboulé les automatismes, sans apporter de réelles garanties.

Pourtant, cela n'empêche pas les Vosgiens de prendre le match par le bon bout en instaurant un maximum de rythme grâce à une intensité retrouvée. Les Chamois, pas nés de la dernière pluie, s'y attendaient et s'organisent en conséquence. Mais toutes ces précautions n'empêchent pas les locaux de faire parler la poudre. Notamment en supériorité numérique, où Stéphane Gervais allume la mèche avant qu'Anders Torgersson ne sauve sur sa ligne un rebond de Michal Petrak (3e). Le ton est donné.

Heinonen sauve les meubles

Si Petrik est occasionnellement sollicité, Heinonen, lui, subit un mitraillage en règle. C'était attendu et le Finlandais, déjà décisif mardi, récidive. Poussée dans ses derniers retranchements la défense s'en remet aux prouesses de son gardien et à la maladresse de ses hôtes. D'habitude si adroit, Ilpo Salmivirta rate ainsi la cible à bout portant (7e) avant que Stéphane Gervais ne soit petit bras devant une cage vide (8'51"). Immanquable pour le Canadien, d'autant que Petrak et Plch s'étaient préalablement échangé la rondelle jusqu'à ce que Heinonen ne repousse de la jambière sur Gervais. Devenu "chaud bouillant", Sami Heinonen justifie alors les louanges de son coach, Allan Jacob, qui le considère comme le meilleur gardien du circuit.

Ce qui est sûr en revanche, c'est que le Finlandais est sûr dans ses placements, rassurant dans ses interventions et qu'il tient son équipe à bout de bras. Les Dauphins s'y cassent les dents et "Cham" s'enhardit progressivement grâce au bon travail de son échec-avant. Erwan Pain est pourtant pris par la patrouille (13'30") et donne de nouvelles munitions au powerplay local. Là encore, Heinonen fait des miracles mais finit par céder, à l'usure, devant ce renard de Plch (1-0 à 14'01").

Le plus dur est fait, se dit-on, sauf que l'ICE n'arrive pas à enfiler ce satané deuxième but. Quoi d'étonnant vu l'individualisme de Jan Simko, qui aura raté tous ses breakaways ce soir. Le soliste slovaque est le partait opposé d'Alexander Sundqvist qui, lui, n'ose pas prendre ses responsabilités !

À la merci des redoutables contres chamoniards, Petrik fait bonne garde. Même devant Patrick Mbaraga, arrivé on ne sait comment aux avant-postes et qui, pris dans son élan, s'en vient buter sur le Slovaque (16'04"). Un but d'avance à la pause, ce n'est pas cher payé pour les "boys" d'Allard, qui n'ont pas encore désamorcé le piège.

Dans le sillage de Richard Aimonetto, Aram Kevorkian et Vincent Kara furent décisifs au match aller. Bis repetita ce soir pour ce trio aussi complémentaire qu'entreprenant. C'est loin d'être le cas en supériorité numérique, où les jaunes et bleus ne franchissent pas toujours le premier rideau. Agressifs dans leurs pressings, les locaux se procurent donc les meilleures occasions et prennent "Cham" à son propre jeu. Un bel effort de Jan Plch, dans tous les bons coups malgré sa cible dans le dos, lui permet de contrer une relance adverse et de monter au filet pour assister Michal Petrak (2-0 à 25'06").

Ces Chamois-là sont du genre coriace et n'entendent pas rendre les armes sans combattre. Aussi Aram Kevorkian, décalé au second poteau par Vincent Kara, punit-il un repli défaillant avec sang-froid (2-1 à 26'01").

Cette riposte ne refroidit pas, dans un premier temps, les ardeurs locales. Repartis à l'abordage, mais aussitôt sanctionnés, les Dauphins confirment leurs bonnes dispositions en désavantage numérique. Verrouillant leur zone en anticipant suffisamment pour s'offrir quelques contres. Dommage toutefois que Jan Simko soit aussi improductif (29'22"). Dommage aussi que ce dernier, pressé en zone neutre, ne perde le palet devant Aimonetto, qui lance aussitôt Kara dans le dos de la défense. La lucarne de Petrik frémit (2-2 à 31'06") mais Chassard, d'un slap à ras de glace, déjoue Heinonen côté mitaine alors que la visibilité semblait bien dégagée (3-2 à 32'20").

Cette année, malgré Chipaux, le rendement du troisième trio reste très limité. Preuve s'il en est sur cette séquence où Petrik ne doit son salut qu'aux maladresses d'Alexandre Audibert (34'45"). Agostini, Caicco et Ilic transforment même une occasion favorable et un contre profitable à Jaroslav Cesky. Le Tchèque, opportuniste, s'échappe et trouve le relais d'Emil Tobiasson-Harris. Livré à lui-même, Petrik réussit un poke-check sur l'Américano-Suédois mais Cesky avait bien suivi (3-3 à 37'25"). Ces quelques négligences auront relancé les Chamois et promettent une fin de match plus qu'indécise...

À l'aube du dernier acte, les joueurs de la Cité des Images sont dos au mur. Ce tiers-temps pourrait être le dernier de leur saison s'ils ne parviennent pas à se détacher. Car la confiance est en face, où l'on règne sans partage sur la zone neutre en s'offrant de cinglantes contre-attaques, sans pour autant enfoncer le clou.

Rebondissements à gogo

On le sait, les "boys" d'Allard sont parfois coupables d'étonnantes chutes de tension (comme mardi). Mais ils sont aussi capables de sacrés coups de chaud. Depuis le temps, on avait oublié à quel point ces Dauphins-là étaient imprévisibles.

S'ils sont redoutables dans la peau d'outsiders, ils ne le sont pas toujours face aux stratégies défensives employées par des adversaires au potentiel moindre et ne disposant pas d'individualités aussi prononcées. Des gaillards comme Ilpo Salmivirta par exemple, qui décoche un tir sec à mi-distance filant entre les bottes de son compatriote (4-3 à 44'07"). L'autre "Monsieur Plus" de ces lieux, Jan Plch, dégaine plus vite que son ombre sur un face-off glané par Michal Petrak (5-4 à 49'27"). Il fallait bien ça pour annuler ce centre gagnant de Torgersson quelques instants auparavant, imparablement coupé dans le slot par Tobiasson-Harris (4-4 à 49'10").

Dès lors, la nervosité devient proportionnelle à l'enjeu et un vrai combat de boxe commence. Et pas seulement parce que Benoît Quessandier a tombé les gants (49'36"). Chacun va se rendre coup pour coup, donnant lieu à un final haut en couleur. Sami Heinonen s'égare dans le coin et perd ses moyens devant Jan Plch, qui bascule aussitôt vers Jan Simko. Le temps que le Slovaque ne comprenne ce qui lui arrive, Heinonen se jette pour brouiller les cartes (55e). Il y a de quoi s'en mordre les doigts, d'autant qu'Aram Kevorkian assomme Petrik d'un lancer lointain filant par-dessus son épaule (5-5 à 55'14").

Une boulette qui aurait pu coûter cher si le patin de Salmivirta n'avait pas poussé le rebond de Gervais dans la cage vide (6-5 à 58'02"). Il ne restait pourtant qu'une seconde à tuer dans cette pénalité. "Cham" est dans les cordes... et finira K-O sur une reprise instantanée de Simko, préalablement servi par Leroy (7-5 à 58'29").

Sami Heinonen jette alors l'éponge en quittant sa cage, qu'ira rejoindre le dégagement lointain de Michal Petrak (8-5 à 59'24"). La messe est dite. Rendez-vous demain même heure, même endroit, mêmes pommes...

Les Dauphins, à quitte ou double devant leur public, ont fait face à l'élimination avec détermination. Avec pas mal de la réussite sur la fin, d'autant qu'ils n'ont souvent manqué de lucidité en se mettant très tardivement à l'abri. Pourtant, Chamonix a démontré d'énormes ressources morales, physiques et s'est battu jusqu'au bout, rendant le scénario indécis jusqu'au bout. Vingt-quatre heures ne seront sûrement pas suffisantes pour récupérer, mais la donne sera la même des deux côtés. Verdict samedi soir !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Chamonix 8-5 (1-0, 2-3, 5-2)

Vendredi 27 février 2009 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1002 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté d'Éric Bouguin et Benjamin Gremion.

Pénalités : Épinal 26' (0', 4', 12'+10') ; Chamonix 32' (6', 2', 14'+10').

Tirs : Épinal 40 (16, 13, 11) ; Chamonix 31 (10, 13, 8).

Évolution du score :

1-0 à 14'01" : Plch assisté de Chassard et Salmivirta (sup. num.)

2-0 à 25'06" : Petrak assisté de Plch

2-1 à 26'01" : Kevorkian assisté de Kara et Aimonetto

2-2 à 31'07" : Kara assisté d'Aimonetto

3-2 à 32'20" : Chassard assisté de Gervais et Petrak (sup. num.)

3-3 à 37'26" : Cesky assisté de Tobiasson-Harris

4-3 à 44'07" : Salmivirta

4-4 à 49'10" : Tobiasson-Harris assisté de Torgersson et Geffroy (double sup. num.)

5-4 à 49'27" : Plch assisté de Petrak (inf. num.)

5-5 à 55'14" : Kevorkian assisté de Veydarier (sup. num.)

6-5 à 58'02" : Petrak assisté de Gervais (sup. num.)

7-5 à 58'29" : Simko assisté de Leroy et Chassard

8-5 à 59'24" : Petrak assisté de Slovak (cage vide)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Lionel Simon - Stéphane Gervais (A) ; Benoît Quessandier - Peter Slovak ; Fabien Leroy - Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Alexander Sundqvist - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini [ou Ryan Caicco].

Remplaçants : Eero Väre (G), Anthony Pernot, Nathan Ganz. Absent : John Paulson (genou, saison terminée).

Chamonix

Gardien : Sami Heinonen [sorti de 58'29" à 59'24"].

Défenseurs : Patrick Mbaraga (A) - Fabien Veydarier ; Damien Torfou - Anders Torgersson ; Chad Euverman - Kaupo Kaljuste ; Maxime Claret-Tournier.

Attaquants : Vincent Kara - Richard Aimonetto (C) - Aram Kevorkian (A) ; Jaroslav Cesky - Emil Tobiasson-Harris - Thibault Geffroy ; Valérian Croz - Alexandre Audibert - Erwan Pain.

Remplaçants: Tom Charton (G), Dorian Duchosal, Marc Slupski. Absents : Kristian Kovac (parti début février à Budapest).

 

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