Slavia Prague - Vítkovice (5 mars 2009)

 

Extraliga tchèque, quarts de finale, match 2.

Duel de sélectionneurs

Un sondage effectué sur le site du Slavia à quelques jours de la fin de la saison régulière demandait aux supporters quel adversaire il préférait en quart de finale. Les réponses penchaient nettement en faveur de Vitkovice, qui a longtemps été l'adversaire préféré des rouge et blanc et qui ne semblait plus aussi fringant qu'à la fin de l'année dernière. Les souhaits du Slavia sont exaucés, mais il a déchanté hier. Les champions en titre ont en effet perdu la première manche 1-5 chez eux, avec deux buts (dont un dévié contre son camp par Drtina) pour un joueur qui avait passé ses années juniors au Slavia, Marek Kvapil.

Cette série est un duel annoncé entre deux jeunes gardiens qui avaient commencé la saison en tant que doublures et qui se sont imposés comme titulaires : Dominik Furch pour le Slavia et Jakub Stepanek pour Vitkovice. Mais tandis que le premier était directement qualifié pour les quarts de finale, le second a pu accumuler de la confiance pendant le tour préliminaire : avec deux buts encaissés en quatre matches, où s'arrêtera l'étonnant Stepanek ?

L'autre duel que toute la presse tchèque met en avant, c'est celui entre les deux entraîneurs : l'ex-sélectionneur national Alois Hadamczik à Vitkovice, l'actuel sélectionneur Vladimir Ruzicka au Slavia. La cote de popularité de Ruzicka est certainement plus haute, parce qu'il est plus jeune, plus proche des joueurs, et parce que son nom est associé à la victoire, surtout depuis les Jeux olympiques de Nagano où il fut un capitaine en or. Le moins charismatique Hadamczik devait savourer une sorte de revanche sur les critiques hier, même s'il ne l'avouera pas.

La vengeance se mange chaud

Le Slavia est cependant vexé par sa mésaventure d'hier, et sa vengeance se mange chaud. Ses lignes ont été modifiées, et le duo magique Bednar-Cervenka a encore changé de partenaire, Sklenar ayant été remplacé par Jiri Dolezal. Après une minute de jeu, c'est justement Dolezal, absolument seul dans le slot au rebond d'un palet envoyé à la cage par Drtina, peut tranquillement glisser le palet du revers au ras du poteau. Les drapeaux rouge et blanc s'agitent déjà, et les supporters de la O2 Arena exultent de nouveau quand Josef Beranek dévie dans le slot un palet délivré de la bleue par Petr Kadlec (2-0, 02'21").

Vitkovice est KO d'entrée et met du temps à s'en remettre. Un seul joueur se distingue, Juraj Stefanka. On le voit d'abord travailler à tuer les - nombreuses - pénalités de son équipe. Mais il est aussi à l'origine des deux seules occasions des blancs. En fin de premier tiers, il arrive à déborder son adversaire dans le cercle droit et remet devant la cage pour Krenzelok, qui bute à bout portant sur le gardien et est vite molesté par la crosse d'un joueur revenu défendre. En deuxième période, c'est encore Stefanka qui frappe à la porte par un tour de cage. Cela reste maigre pour espérer revenir dans le match.

Mais voilà que les Moraves se retrouvent plus d'une minute en double supériorité numérique : ils se mettent en place et tentent un grand classique, une passe transversale devant la cage pour Simicek. Le bon déplacement latéral de Furch lui permet une parade de la jambière.

Un nouveau départ ?

Le tournant vient en fait d'une des pauses publicitaires, deux par tiers-temps, qui donnent l'occasion aux patineuses locales de remplacer les joueurs sur la glace pour quelques pirouettes. Il s'agit de la seconde pause du deuxième tiers, et Vitkovice semble mieux digérer cette rupture de rythme en se ruant à l'attaque dès l'engagement, comme si c'était un nouveau début de match. Sur un tir excentré de Stefanka, Lukas Klimek est seul au rebond devant la cage. C'est la parfaite réplique au premier but du Slavia, avec une équipe active et un adversaire passif qui a oublié le marquage dans son slot (2-1, 32'09"). Est-ce un nouveau match qui commence ?

Pour que cela soit le cas, il faudrait que les Moraves deviennent plus disciplinées. Or, pour la troisième fois de la soirée, ils enchaînent deux pénalités qui se suivent... sauf que cette fois, elles ne font pas que se suivre, elles se chevauchent. À cinq contre trois, le one-timer à mi-hauteur de Karol Sloboda devient imparable (3-1, 36'13").

La troisième période est longtemps est une leçon de gestion du chronomètre de la part du Slavia : on verrouille la ligne bleue, on place des contres directs et on éloigne le danger. Le champion en titre atteint même des sommets de gain de temps lorsque trois joueurs rouges arrivent à coincer le palet pendant quarante secondes (!) le long de la bande.

On atteint les cinq dernières minutes et le Slavia semble tiré d'affaire... quand son capitaine Josef Beranek est envoyé en prison, suivi par Marek Tomica. Cela fait très exactement une minute à 5 contre 3 pour Vitkovice, une bénédiction pour Hadamczik qui demande son temps mort. Le centre Simicek est renvoyé du cercle d'engagement mais l'ailier Ujcik gagne la mise au jeu. Le palet circule mais le seul tir est repoussé dans le coin et le Slavia finit par se dégager. Les blancs relancent rapidement une attaque rapide tant que l'adversaire est à trois, mais le gardien local Dominik Furch arrête un tir de la gauche sur sa ligne avec son patin ! Il reste une minute à cinq contre quatre, mais l'organisateur de jeu désigné Juraj Stefanka n'est pas inspiré.

La hargne du Slavia pour gratter le palet ne devrait pas dispenser d'observer les règles les plus élémentaires de la tactique. Le troisième but ressemble à une leçon tactique pour poussins... Cinq joueurs du Slavia bataillent contre la bande, tous du même côté, à droite ! Lorsque Petr Hubacek ressort le palet, Petr Kubos se retrouve absolument seul dans l'axe et feinter joliment Furch en allongeant son bras pour conclure (3-2, 59'29"). Une erreur défensive sans conséquence : il est trop tard pour changer le cours du match.

C'est dans les trois premières minutes que Vitkovice a perdu son match, et ce n'est donc pas dans la dernière minute qu'il le gagnera. Suite des débats lundi à Ostrava, avec un jour de décalage par rapport aux dates théoriques des play-offs en raison de la Coupe Davis de tennis.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Jiri Kalous (entraîneur-adjoint du Slavia Prague) : "Je pense que cette victoire est très importante pour les joueurs, surtout psychologiquement. Notre performance est encourageante et l'objectif est atteint. Nous avons très bien démarré, mais nous n'avons pas vécu tout notre match là-dessus. Nous avons dû jouer tout le temps et surtout à la fin pour les empêcher de revenir."

Kamil Konecny (entraîneur-adjoint de Vitkovice) : "Le match a commencé comme celui d'hier, à la différence importante que le Slavia a concrétisé ses occasions. Nous avons pris deux buts rapides et nous devions revenir de loin. Ensuite nous avons rivalisé, mais la différence entre nous était surtout évidente à cinq contre trois. Nous avons eu deux de ses situations, le Slavia n'en a eu qu'une mais l'a utilisée."

 

Slavia Prague - Vítkovice 3-2 (2-0, 1-1, 0-1)

Jeudi 5 mars 2009 à 18h15 à la O2 Arena de Prague. 6879 spectateurs.

Arbitrage de Milan Hodek et Tomas Turcan assistés de Miroslav Lhotsky et Jiri Svoboda.

Pénalités : Slavia 12' (0', 6', 6'), Vítkovice 26' (6', 8', 2'+10').

Évolution du score :

1-0 à 01'09" : Dolezal assisté de Drtina et Bednar

2-0 à 02'21" : Beranek assisté de Kadlec

2-1 à 32'09" : Klimek assisté de Stefanka

3-1 à 36'13" : Sloboda assisté de Kadlec et Cervenka (double sup. num.)

3-2 à 59'29" : Kubos assisté de Hubacek

 

Slavia Prague

Gardien : Dominik Furch.

Défenseurs : Jiri Vasicek - Pet Kadlec ; Pavel Kolarik - Jiri Drtina ; Tomas Zizka - Karol Sloboda.

Attaquants : Jiri Dolezal - Roman Cervenka - Jaroslav Bednar (A) ; Marek Tomica - Josef Beranek (C) - David Hruska ; Michal Vondrka - Jakub Sklenar - Vladimir Ruzicka jr - Tomas Micka ; [poste tournant] - Petr Jelinek - Miloslav Cermak.

Remplaçants : Stanislav Neruda (G), Lukás Spelda, Michael Vyhlídal, Lukás Endál.

Vítkovice

Gardien : Jakub Stepánek.

Défenseurs : Michal Barinka - Petr Jurecka ; Petr Kubos - Richard Stehlik ; Ctirad Ovcacik - Angel Krstev ; Tomas Voracek [à 40'].

Attaquants : Lukas Krenzelok - Juraj Stefanka - Lukas Klimek ; Petr Hubacek - Jirí Burger (A) - Zdenek Ondrej ; Marek Kvapil - Roman Simicek (C) - Petr Strapac ; Vladimir Svacina - Radim Hruska - Viktor Ujcik ; Yorick Treille.

Remplaçant : Tomás Vosvrda (G). Absents : Václav Varada (ligaments du genou), Pavel Trnka (genou).

 

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