Amiens - Angers (6 mars 2009)

 

Quart de finale de Ligue Magnus, match 3.

Revenus sur les talons des Ducs en saison régulière, les Gothiques ont subi une correction à leur arrivée au Haras, certes atténuée le lendemain, pour revenir en Picardie avec le mince espoir d'éviter une élimination frôlée de peu au tour précédent face à Dijon. Une semaine après la dissociation de la ligne offensive 'canadienne', et quelques jours après le positionnement de Romain Bault sur le trio de Miroslav Pazak et Loïc Sadoun, Grégory Béron entame la rencontre aux côtés de ces deux derniers.

Ces modifications d'ordre tactique n'empêchent toutefois pas le bon départ des visiteurs, sur leur lancée. Infiltré, Jonathan Bellemare contraint d'abord Kowalczyk à un retour pour le contre, comme Tomas Baluch dans la foulée. La situation est un peu plus chaude sur la troisième percée, venue de Juho Jokinen, qui tente de loger le palet entre Buysse et son poteau droit.

Toutefois, la première riposte de Loïc Sadoun entraîne une charge du capitaine Jodoin, pourtant initialement bien présent face au numéro 21. Le jeu de puissance picard se met rapidement en ordre de marche, le palet arrivant au deuxième poteau sur Martin Paquet, à l'origine d'un sauvetage de Koivula. Le gardien, également bien secouru par Albert qui contre Kowalczyk, est solide face à la vitesse d'exécution d'Émond.

Au complet, Angers ne tarde pas à réagir, et confie à Bellemare le soin d'affoler la défense. En essayant de se soustraire du marquage de Kowalczyk, le numéro 45 est accroché, permettant d'inverser les forces en présence. Une minute plus tard, c'est même un double avantage numérique qui se présente aux Ducs, une fois passée l'alerte présentée par un contre de Matt Amado, suivi d'un lancer croisé stoppé de justesse par Ville Koivula, car le Canadien gagne à son tour la geôle. Aux essais infructueux de Mihalik et Simon Lacroix succède un tir en force, malgré quelques soucis initiaux dans les transmissions, de Jodoin, repris victorieusement par Tomas Baluch (0-1 à 09'14").

Les Gothiques sont à ce moment bousculés au propre comme au figuré, car Jean-Philippe Glaude est percuté par son compatriote Fortier, dans sa propre zone. Une faute évitable pour Angers. Son dernier rempart finlandais se replie bien sur la rondelle frappée en force par Kowalczyk et ne tombe pas, à l'inverse de sa défense, dans la feinte de lancer de Béron. Koivula ne fait que retarder l'échéance, car sitôt leur partenaire sorti de prison, les Angevins sont pris de court par un changement d'aile de Matt Amado vers la droite, où Romain Bault surgit et trouve le haut de la cage, malgré le retour de Per Braxenholm (1-1 à 11'57").

Ce but semble libérer les deux camps, ouvrant le bal à une succession de charges ayant notamment pour victimes, pêle-mêle, Baluch, Henderson ou Igier, percuté par Marcos, alors que Fortier et Glaude discutent du pays. Le jeu va également d'un camp à l'autre, l'arrêt déterminant de Buysse, de la jambière, sur un rebond échu à Metsäranta n'ayant d'égal que la vigilance de Ville Koivula derrière une défense à nouveau en difficulté sur un jeu à trois initié par le patient Henderson en zone neutre et un face-à-face avec Amado. Un plongeon salutaire de Braxenholm devant Pazak vient même secourir le cerbère, soulagé de retrouver une configuration à cinq contre quatre sur une rare attaque de ses partenaires.

Occasion mise à profit par les joueurs d'Heikki Leime : le coup d'essai d'Éric Fortier, en force depuis le rond-point d'engagement droit, est en effet suivi d'un coup de maître, orchestré du même endroit par Hermanni Vidman, vers la crosse de Tomas Baluch (1-2 à 18'54"). Un nouveau frisson gagne le Coliseum, inquiet de voir ses protégés concéder un dégagement interdit, mais Pierre-Luc Laprise commet à son tour une faute en zone offensive. La punition, imminente, vient du revers de Matt Amado, à ras glace (2-2 à 19'42").

L'ultime attaque de Miroslav Pazak, à la sirène, provoque même une nouvelle punition pour Jean-François Jodoin. Le Slovaque en profite au retour des vestiaires pour lancer en force vers Koivula, bien placé et toujours avare de rebonds. Les Gothiques disposent de plusieurs opportunités de prendre les devants, par l'entremise de leur troisième trio. Simon Petit, en duel avec Simon Lacroix, laisse le soin à Marcos de pilonner la cage avant de lancer à son tour dans la mitaine de Koivula, et Brian Henderson repique vers la cage puis cherche la lucarne pour démontrer lui aussi la force de caractère de la troisième ligne.

De son côté, Angers oppose de beaux mouvements, agrémentés de sorties rapides pour se mettre en position de tir. Ainsi, d'une passe transversale, Baluch offre un caviar à Vidman, qui rate le cadre, puis Igier s'illustre à son tour, résistant à Bault pour servir Albert, déjoué par Buysse. Quelques centimètres manquent même sur une passe de Bellemare, à la réception d'une relance idéale de Braxenholm, vers Laprise, légèrement en avance sur le palet.

Toutefois, ces contre-attaques ne font qu'entrecouper la domination des roses, et les Angevins se chargent plus souvent de besognes défensives. Avec difficultés par moments, lorsque Jodoin est repris par Matt Amado, parti défier un Koivula en outre auteur d'une sortie en catastrophe aux devants d'Offret. Sous pression face à Sadoun, Jonathan Bellemare gagne à son tour la prison ; le public a compris l'importance du moment, juste après la mi-match, et redouble d'encouragements.

Miroslav Pazak, habituellement décisif dans ces instants, prend en main le jeu de puissance gothique. Mais sans réussite, que ce soit en fixant la défense pour armer son lancer, en repiquant pour loger la rondelle au-dessus du but, ou en cherchant en vain la crosse d'Henderson, alors que Matias Metsäranta en est à cet instant dépourvu...

Aidés par un dégagement d'Hermanni Vidman, les Ducs laissent passer l'orage et réagissent par Kevin Igier, dont la reprise heurte la jambière du portier picard, et sur une tentative de reprise d'une rondelle précédemment frappée par Julien Albert, et écartée à la renverse par Henri-Corentin Buysse, auteur d'une double parade salutaire (33'12"). Malgré de nouvelles remontées de palet intéressantes de Jodoin et Lahesalu, et une belle accélération côté amiénois de Matt Amado, parti de sa cage, la suite de la rencontre est malheureusement entachée d'explications sans fin sur la glace, notamment entre Marcos et Jodoin, tous deux renvoyés au vestiaire, et entre les deux bancs.

Passé ce triste intermède, le jeu peut reprendre ses droits. Les locaux sont alors les plus dangereux, par Jean-Philippe Glaude, à l'origine d'une situation chaude devant la cage et d'un cinglage de Martin Lacroix. Avec un homme de plus, Vincent Bachet vient porter main-forte à Loïc Sadoun, dont il reprend l'offrande à bout portant, sur un Koivula impeccable. Le gardien finlandais est encore à la parade, de la botte, devant l'ancien Tourangeau (37'51"). Le danger semble se préciser, mais les Angevins possèdent ce soir en Tomas Baluch une botte secrète, efficace pour plomber l'ambiance d'un tir précis de la droite (2-3 à 38'00"). Angers, par moments secoué, entamera le dernier vingt sur cet avantage malgré une ultime alerte signée Sadoun, à la faveur d'un oubli de Simon Lacroix rattrapé par Koivula (39'03").

Vingt minutes pour retarder les vacances

Pour éviter de voir leur saison prendre fin de manière prématurée, les hommes d'Antoine Richer doivent comme la semaine précédente remporter l'ultime période. Tâche qui s'avère compliquée, à la vue du dispositif mis en place par Heikki Leime. Positionnés à l'abord de leur zone, les visiteurs enrayent les offensives venues de Pazak, en solitaire, ou Loïc Sadoun, stoppé par Simon Lacroix. Et comme Per Braxenholm n'est pas en reste, la situation paraît cadenassée.

D'autant que les actions individuelles et les erreurs de transmission obligent parfois les Gothiques à redescendre dans une zone à l'occasion prise d'assaut par Pavol Mihalik, qui redirige un dégagement de Béron vers la botte du dernier rempart, et Rodolphe Bretault, passé près du Graal dès son entrée en jeu.

Il faudrait un coup du sort pour relancer les Gothiques. Et cette rencontre peu avare en rebondissements va le leur offrir, à la faveur d'une obstruction de Simon Lacroix (50'15"). Le moment est crucial ; les locaux ne vont pas laisser passer leur chance. Julian Marcos, en survêtement dans les tribunes, et Miroslav Pazak, depuis la glace, l'ont bien compris et haranguent une foule un temps gagnée par le doute. Alerté par Sadoun, Amado rate le cadre de peu, mais revient à la charge dans la foulée pour loger le palet sous la barre (3-3 à 51'12").

La foule respire... pour mieux reprendre son souffle en voyant les Ducs sortir de leur réserve et prendre d'assaut la cage par Juho Jokinen. Toutefois, Jonathan Bellemare, dans le rôle de passeur pour Laprise ou dans celui de finisseur à ras glace, ne trouve pas la faille. Les visiteurs s'exposent à un contre de Pazak, servi de loin par Pavel Kowalczyk et stoppé illégalement par Lahesalu. Le jeu de puissance gothique ne laisse pas passer l'aubaine, suite à un tir de Pazak sauvé in extremis par Simon Lacroix, la rondelle transite vers la droite du but, où rôde Matt Amado, impitoyable (4-3 à 55'11").

Le Canadien avait promis de l'engagement, voila le public servi. Mais un dégagement hors limites de Glaude et un accrocher de Pazak rappellent vite aux Amiénois la précarité de leur sort. Posté sur la droite d'une cage ouverte par un lancer repoussé de Simon Lacroix, Éric Fortier ne trouve pourtant que le poteau (56'26"), Bellemare rencontrant pour sa part une solide mitaine sur son passage. Irrité, l'habile Québécois perd même ses nerfs face à Loïc Sadoun, au nez en sang après avoir reçu un violent coup de tête de son adversaire (59'06").

Pénalité de match contre Bellemare, une absence préjudiciable pour la suite de la série... Amiens a encore fait face à l'élimination, parfois sans donner l'impression de pouvoir sauver son sort, mais renverse une fois de plus une situation bien compromise. Comme face à Dijon, le jeu de puissance fut un atout décisif pour les joueurs d'Antoine Richer, qui n'auront pas souvent mené à la marque mais auront pris les devants au meilleur moment.

Désignés meilleur joueur amiénois du match : Matt Amado.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Commentaires d'après-match

Jean-François Jodoin (défenseur d'Angers) : "Il est certain que nous avions confiance à l'entame de la rencontre, mais le dernier match à aller chercher est toujours le plus difficile. Le match fut serré et s'est joué sur des détails, comme les unités spéciales. L'équipe la plus opportuniste a les meilleures chances, ce soir ce fut Amiens. On savait que notre troisième but n'avait pas plié le match et que le plus dur restait à faire. La stratégie pour le troisième tiers était de ne pas trop ouvrir le jeu, en restant bien en place comme nous l'avons été jusqu'aux pénalités."

 

Amiens - Angers 4-3 (2-2, 0-1, 2-0)

Vendredi 6 mars 2009 à 20h00 au Coliseum. 2772 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Nicolas Cregut et Pierre Dehaen.

Pénalités : Amiens 68' (6'+10', 6'+2x10'+20', 6'), Angers 89' (8', 10'+2x10'+20', 6'+5'+20').

Évolution du score :

0-1 à 09'14" : Baluch assisté de Jodoin et Lahesalu (double sup. num.)

1-1 à 11'57" : Bault assisté d'Amado et Émond

1-2 à 18'54" : Baluch assisté de Vidman et Metsäranta (sup. num.)

2-2 à 19'42" : Amado assisté de Bault et Émond (sup. num.)

2-3 à 38'00" : Baluch assisté de S. Lacroix (inf. num.)

3-3 à 51'12" : Amado assisté de Pazak et Kowalczyk (sup. num.)

4-3 à 55'11" : Amado assisté de Sadoun et Bachet (sup. num.)

 

Amiens

Gardien : Henri-Corentin Buysse.

Défenseurs : Julian Marcos (A) - Pavel Kowalczyk ; Thomas Roussel - Jean-Philippe Glaude ; Vincent Bachet (C).

Attaquants : Grégory Béron [Amado à 40'00"] - Loïc Sadoun - Miroslav Pazak ; Matt Amado [Béron à 40'00"] - Pierre-Luc Émond (A) - Martin Paquet ou Romain Bault ; Yannick Offret - Brian Henderson - Simon Petit.

Remplaçants : Sébastien Ylönen (G), Maxim Belov, Kévin Hamon, Jonathan Boehrer. Absent : Anthony Mortas (pied).

Angers

Gardien : Ville Koivula [sorti à 59'17"].

Défenseurs : Per Braxenholm - Simon Lacroix ; Lauri Lahesalu - Jean-François Jodoin (C) ; Kévin Igier - Pavol Mihalik ; Pierre-Antoine Simonneau à 40'00".

Attaquants : Pierre-Luc Laprise - Jonathan Bellemare - Éric Fortier ; Tomas Baluch - Matias Metsäranta - Hermanni Vidman ; Juho Jokinen (A) - Martin Lacroix (A) - Julien Albert ; Rodolphe Bretault et Yven Sadoun à 40'00".

Remplaçants : Frédérick Gilbert (G), Nicolas Deshaies.

 

Retour à la Ligue Magnus