Gap - Bordeaux (7 mars 2009)
Championnat de France de division 1, vingt-quatrième journée.
C'est une affiche du championnat qui se déroule ce soir et c'est pour cela qu'une quarantaine de supporters bordelais est venue prêter main forte aux 950 (sic) spectateurs de La Blâche. Une patinoire dans laquelle on pénètre en passant sous une bâche géante de Mickaël Gasnier, honneur assez rare pour un second gardien tout de même ! Côté effectif, les Rapaces devront faire sans Julien Maréchal et Alexandre Cornaire, ce qui permet au coach André Svitac de lancer dans le grand bain de la D1 le jeune Gianni Vigezzi, le trentième joueur aligné cette saison pour Gap ! Pour les Bordelais, Jan Majercák a fait le déplacement mais est incertain alors que Cyril Lambert est de retour de blessure.
Le match s'annonce passionnant puisque les Gapençais vont vouloir effacer leur écueil de la semaine passée (un match nul concédé à Courbevoie) et que les Bordelais veulent démontrer qu'ils sont capables de faire déjouer l'efficace armada locale. Seulement, dès l'entame, les Boxers s'essayent à une nouvelle tactique défensive, dite du "patiner à côté d'un joueur sans le gêner ni le charger et en laissant l'angle ouvert"... Et cette tactique s'avère rapidement payante puisqu'après vingt-deux secondes de jeu, Jiri Rambousek, bien lancé par Charette, s'infiltre tranquillement dans la défense visiteuse et prend tout son temps pour ajuster Christophe Burnet (1-0, 0'22"). Bizarrement, à ce moment-là, allez savoir pourquoi (sans doute un sixième sens développé) mais on sent que la soirée s'annonce longue pour les Boxers et prolifique pour les Rapaces...
Les choses ne s'arrangent pas lorsque, presque simultanément, Xabi Lassalle est envoyé en prison et Jan Majercák renonce à cause des douleurs qui l'empêchent de se livrer à fond. Pourtant les Boxers parviennent à tuer cette première pénalité. Mais cela ne dure qu'un temps... Très vite, les Rapaces réenclenchent la surmultipliée et Jean-Charles Charette profite d'un beau travail de Moussier et Rambousek (2-0, 07'15"). La défense bordelaise est aux abois, ça patine trop vite, les passes sont trop précises pour eux et on voit mal comment l'issue du match pourrait permettre aux Boxers de s'en sortir.
Néanmoins, ils tentent de réagir mais quand rien ne va... rien ne va ! Christophe Pérez effectue une jolie remontée de palet et sert Nicolas Courally qui envoie le palet dans les buts ! Mais non, but refusé car la cage a été bougée par le portier gapençais (chose qui arrivera de très nombreuses fois ce soir, et pour tous les gardiens). Cela prouve qu'il est possible de contrer Gap, cependant bien décidé à tuer le match. Comme sa défense semble en grande difficulté ce soir, Christophe Burnet décidé de les imiter en encaissant un but de Jelen sur un lancer, certes assez puissant, mais parti de la neutre (3-0, 11'01"). Temps-mort demandé par Bordeaux car il s'agit désormais de stopper l'hémorragie. Mais cela ne marche pas, et deux minutes plus tard, Julien Correia, seul dans le slot, trompe de nouveau Burnet (4-0, 12'59").
Les Rapaces maîtrisent totalement la partie désormais, ils font tourner autant le palet que la tête des adversaires... Hawkins et Jelen produisent leur effort derrière la cage bordelaise et le dernier nommé trouve Correia de nouveau seul dans l'axe. Mais la tentative du jeune espoir local finit dans la mitaine de Burnet pour ce qui sera son dernier arrêt de la soirée, puisque Julien Leclerc le remplace au même moment. Un changement qui semble booster les visiteurs puisque quelques instants plus tard Nicolas Mariage profite d'un caviar de Vincent Cadren pour réduire la marque (4-1, 18'35"). Les Boxers seraient-ils enfin réveillés ? On pourrait le croire lorsque Lafrancesca transperce la défense adverse et sert dans son dos Cyril Boubé dont le tir, en pivot, est détourné par la jambière bien tendue de Jakub Macek. À quinze secondes du terme de la période, Matus Luciak rejoint le banc des prisons pour une charge incorrecte et le banc bordelais se met à croire en un possible retour. Il y aura bien un but mais il sera une nouvelle fois gapençais. Mathieu André récupère le palet, prend tout le monde de vitesse et décale le "nouveau" Vidal (qui n'a jamais été aussi rapide sur un glaçon) qui n'a plus qu'à pousser le palet au fond des filets (5-1, 19'58").
Fin du premier tiers et fin des espoirs bordelais. L'ambiance est sereine dans les travées de la patinoire et chacun y va de sa petite réflexion... Les petits vieux de Brown-Ferrand se chambrent les uns les autres pour savoir lequel d'entre eux va chausser ses patins pour aller lui aussi marquer son but... Ça rigole à Gap, mais à Bordeaux, c'est la soupe à la grimace et il n'y a plus que l'honneur à sauver ce soir.
C'est ce que les Boxers parviennent enfin à faire en se montrant mordants sur le palet et durs sur l'homme. Il n'empêche que Jelen se retrouve en break mais Leclerc est l'auteur d'un très bon réflexe de la mitaine. Macek, de son côté, n'a que rarement l'occasion de se faire remarquer. Mais cela ne va pas se passer comme ça ! On pensait avoir vu une "bonne boulette" (c'est du jargon sportif !) avec l'erreur de Burnet sur le lancer de la neutre mais là, mesdames et messieurs, nous allons assister à "THE boulette" ! L'action débute devant les cages de Leclerc : Rambousek et un défenseur bordelais s'accrochent, et le Gapençais finit par tomber. L'arbitre tend les deux bras sur les côtés pour signaler qu'il n'a pas vu de faute et que le jeu doit continuer. Voyant cela, le sang de Macek ne fait qu'un tour et le portier local quitte sa zone pour rejoindre le banc... Pourquoi ? Comment ? Que se passe ? N'en demandez pas trop, il n'y a que lui qui pourrait répondre. Le voilà donc patinant vers son banc, mais il se casse la figure en cours de route. Il se relève, les Bordelais ont le palet, et l'arbitre, ayant deviné la bévue du portier, réitère son signe... Mais non, Macek a décidé de sortir, il poursuit sa course effrénée vers le banc, laissant Lafrancesca propulser le palet dans le but totalement désert... Le pauvre Macek est tout désappointé et s'en va contester auprès d'un arbitre qui ne comprend toujours pas quelle mouche a piqué le gardien, comme l'ensemble des personnes présentes ce soir (5-2, 23'24").
On pourrait croire que cette bévue va relancer les Boxers mais quand rien ne va... rien ne va ! Jiri Jelen parvient une nouvelle fois à s'infiltrer dans la défense, et en longeant le but, il embarque la crosse du dernier défenseur et même le gardien histoire de faire de la place. Il parvient à tirer en pivot et le puck prend la direction du but. Julien Correia, consciencieux jusqu'au bout, veut être certain que la rondelle ne sera pas repoussée par une rafale de vent saugrenue et finit le boulot en poussant le palet de quelques millimètres (6-2, 24'19"). Dès lors, les deux équipes se neutralisent et les rares incursions des Rapaces sont repoussées par un brillant Leclerc. C'est notamment le cas lorsqu'il parvient à capter un palet improbable consécutif à un jeu en triangle de la première ligne bleue. Les Boxers, eux, se concentrent pour ne pas en prendre plus, mais parviennent tout de même à se montrer dangereux en fin de période. Le trio Cadren-Courally-Mariage parvient à poser le jeu dans la zone adverse, crée des décalages mais ne trouve pas de bonne solution de tir. Il s'en remet finalement à Alexandre Boirie qui, de la bleue, oblige Macek à un arrêt du bout du bouclier. Le tiers se termine donc sur un score de parité, et des Bordelais qui ne semblent toujours pas trouver la solution malgré un net regain.
Le dernier tiers s'annonce plus animé, tout du moins au niveau des claques malheureusement... Tout juste pourra-t-on noter que M. Avavian vient allonger la (trop) longue liste des arbitres pour qui le slashing sur gardien est une règle définitivement rangée aux oubliettes. Sébastien Vidal, décidément trop rapide, oublie de s'arrêter au coup de sifflet et s'en va donner un bon coup de crosse sur la main du portier bordelais qui avait gelé le palet depuis belle lurette. Conséquence immédiate, Boirie s'en va expliquer à Vidal ce qu'il en pense... Et arrive monsieur l'arbitre, tout étonné de la tournure que prenne les choses... Pire encore, pendant l'altercation, un hurluberlu tente de mettre des coups à Boirie par-dessus le plexi ! Sage réaction, le trio arbitral demande l'évacuation de cette zone avant de reprendre les hostilités.
Le jeu s'apaise finalement et la marche en avant des Rapaces peut reprendre. Les Bordelais n'errent plus sur la glace comme dans le premier tiers mais ils sont tout bonnement dépassés par le jeu gapençais : plus rapide, plus précis, plus efficace et plus physique, c'est trop pour ne pas voir l'addition se corser. C'est tout d'abord Hopson de près (7-2, 41'50") puis Rambousek, pourtant en infériorité, qui alourdissent le score (8-2, 53'40"). Enfin, et c'est un symbole auxquels tiennent les Gapençais, c'est la ligne des jeunes qui clôt le score, le rapide ailier Mathieu André venant conclure un bel échange entre Jonathan Piras (cinquième point en six matchs pour lui, signe de la bonne santé des "petites lignes") et Maximilien Tromeur. Pourtant, les Boxers n'ont pas démérité sur cette dernière période, mais sans un grand Julien Leclerc, le score aurait pu être encore plus lourd. La dernière minute de jeu permettra au coach Svitac de faire entrer sa quatrième ligne et à Gianni Vigezzi (ancien champion excellence cadets avec le Val-de-Loire mais barré par les plans de Millette) d'ouvrir son compteur statistique par une pénalité à quarante secondes du terme.
Au final un match bien terne entre des Rapaces sur-dominateurs et des Boxers qui semblent avoir tout de même un problème psychologique tant ils ont laissé les Gapençais construire leur victoire sans les contrarier. Gap avait connu son "match sans" la semaine passée, il semble que ce fut le cas des Bordelais hier soir. André Svitac a connu une journée faste puisque plus tôt dans l'après-midi il avait coaché les cadets gapençais vainqueurs de l'ogre rouennais. La route vers la Magnus semble toute tracée pour les Rapaces mais ils devront tout de même se méfier de leur pire adversaire : eux-mêmes. Il est compréhensible de se congratuler, même d'être hyper heureux après avoir vaincu le troisième sur un score aussi large, mais il s'agirait de ne pas oublier qu'ils n'évoluent pas dans le même monde que Bordeaux et qu'il ne faut pas encore s'imaginer en Magnus...
Compte-rendu signé Alex Mondin
Gap - Bordeaux 9-2 (5-1, 1-1, 3-0)
Samedi 7 mars 2009 à 20h30 à la patinoire Brown-Ferrand. 988 spectateurs.
Arbitrage de Julien Avavian assisté d'Éric Brondex et Gildas Fontaine.
Pénalités : Gap 14' (2', 2', 10'), Bordeaux 30' (2', 16', 12').
Évolution du score :
1-0 à 00'22" : Rambousek assisté de Charette et Moussier
2-0 à 07'15" : Charette assisté de Moussier et Rambousek
3-0 à 11'01" : Jelen assisté de Correia et Hawkins
4-0 à 12'59" : Correia assisté de Jelen et Luciak
4-1 à 18'35" : Mariage assisté de Cadren et Courally
5-1 à 19'58" : Vidal assisté d'André (inf. num.)
5-2 à 23'24" : Lafrancesca
6-2 à 24'19" : Correia assisté de Jelen
7-2 à 41'50" : Hopson assisté de Zahumensky
8-2 à 53'40" : Rambousek assisté de Jelen (inf. num.)
9-2 à 55'01" : André assisté de Piras et Tromeur
Gap
Gardien : Jakub Macek.
Défenseurs : Roman Jasko - Trevor Hawkins ; Maximilien Tromeur - Matus Luciak ; Milan Tekel - Boris Zahumensky ; Gianni Vigezzi - Yohan Orsoni.
Attaquants : Romain Moussier - Jean-Charles Charette - Jiri Rambousek ; Julien Correia - Jiri Jelen - Keenan Hopson ; Mathieu André - Sébastien Vidal - Jonathan Piras ; Benjamin Masse - Clément Ramos - Kévin Zampa.
Remplaçant : Mickaël Gasnier (G). Absents : Julien Maréchal, Alexandre Cornaire (malade), Julien Zampa (arrêt).
Bordeaux
Gardien : Christophe Burnet puis Julien Leclerc à 16'11".
Défenseurs : Dave Grenier - Jan Majercak [puis Lecompère à 04'17"] ; Yann Lecompère (C) puis Alexandre Boirie à 04'17" - Cyril Boubé ; Mickaël Wiart - Christophe Pérez.
Attaquants : Jean-François Savage - Xabi Lassalle - Raphaël Larrieu (A) ; Jill Cauly - Gautier Lafrancesca - Jérôme Patard (A) ; Vincent Cadren - Nicolas Courally - Nicolas Mariage ; Cyril Lambert.
Absents : Romain Horrut, Thomas Giraudau et Sébastien Cadren (choix de l'entraîneur), Vincent Mary (pubalgie).