Avangard Omsk - Ak Bars Kazan (14 mars 2009)
Quart de finale de la KHL, match 4.
Bien sûr, si l'on considère son potentiel et sa masse salariale qui était la plus élevée de KHL, l'Avangard Omsk n'avait rien à faire en 16e position au classement. Mais après tout ce qui s'est passé dans cette saison de crise permanente, les performances en play-offs du dernier qualifié, qui n'avait même plus son destin entre ses mains, ont de quoi surprendre. Le grand favori et tenant du titre Ufa est déjà tombé, et le précédent champion, l'Ak Bars Kazan, n'en mène pas large.
Avant cette série, on disait que le principal avantage de Kazan se situait dans les cages, grâce à l'expérience du gardien finlandais Fredrik Norrena. Mais le vice-champion olympique a eu l'annulaire droit cassé par un palet lors du dernier entraînement avant le premier match, et c'est son homologue d'Omsk, Aleksandr Fomichev, qui a réussi un blanchissage le soir même (0-2). Un exploit de plus pour l'Avangard... Le lendemain, Omsk a égalisé à quatre secondes de la fin par Dmitri Vlasenkov, et ce n'est qu'aux tirs au but que l'inévitable Aleksei Morozov, qui a réussi ses deux tentatives, a remis la série à parité.
Il restait encore la possibilité pour l'Avangard Omsk de conclure en gagnant deux fois à domicile. Hier, malgré le retour de Norrena, il a fait un premier pas en s'imposant 4-2 sur un but décisif controversé de Jaromir Jagr. En cas de victoire aujourd'hui, il aura donc sorti les "deux gros" à la file et provoqué un incroyable séisme dans les play-offs russes.
Omsk part donc à l'attaque et lance les premières banderilles... jusqu'à ce qu'une pénalité de Pestunov ne coupe cet élan. Survient alors, un but incroyable, un... lob (il n'y a pas d'autre mot) réussi par Oleg Petrov. Le palet de l'ancien joueur des Canadiens de Montréal et de LNA suisse part très haut dans les airs. Le gardien Aleksandr Fomichev tourne la tête et s'attend à voir atterrir le palet en fond de zone. S'il avait plutôt levé la tête, il l'aurait vu passer par-dessus son épaule droite ! Le gardien de l'Avangard n'a rien vu et constate simplement que les joueurs de Kazan sont en train de lever les bras...
Sur l'action suivante, Fomichev se fait surprendre par un lancer masqué de Nikita Alekseev à la ligne bleue. Après ces deux buts de suite, on se dit qu'il va se faire sortir, comme c'est dans les habitudes russes. Pas encore... Il faut attendre la contre-attaque suivante : passe-abandon de Jukka Hentunen pour Evgeni Medvedev qui lance à la bleue, et rebond immédiat pris par Dmitri Kazionov. On joue depuis 7'39" et le score est déjà de 0-3... Cette fois, l'Avangard change de gardien. C'est Evgeni Tsaregorodtsev qui rentre en jeu. Ce numéro 3 dans la hiérarchie des portiers était devenu le héros du tour précédent en blanchissant Ufa au deuxième match, mais il s'était ensuite blessé à l'entraînement et on n'avait pas pris le risque de le refaire jouer. Il n'est revenu qu'au deuxième match de ce quart de finale, perdu 3-2 aux tirs au but.
Comment Omsk peut-il réagir à un tel départ-catastrophe ? Son capitaine Aleksandr Svitov - relégué en quatrième ligne depuis hier - a son idée, bien à lui. Il se bat avec Emelin, déshabillant carrément son adversaire qui finit au sol. Pendant que Panin se venge dans un autre combat avec Timkin, ses coéquipiers entourent Emelin qui est évacué sur une civière et laisse une flaque visqueuse de sang sur la glace. Svitov, suspendu 7 matches en fin de saison régulière pour un "coup de sang" similaire, est de nouveau exclu...
L'Avangard est donc en infériorité, et la situation empire quand accroche contre la bande et est pénalisé à son tour. À cinq contre trois, le lancer axial de la bleue d'Evgeni Medvedev fait passer le score à 0-4. Pervyshin lève la crosse sur Jagr et c'est au tour de Kazan de jouer à trois pendant une minute. L'Avangard est installé mais n'arrive pas à trouver la faille. Kazan finit par se dégager... et par concéder une nouvelle pénalité de Medvedev.
Mais dès qu'Ak Bars revient enfin à cinq, c'est le cinquième but ! Danis Zaripov arrive à conserver hargneusement le palet au milieu de tous les défenseurs adverses et à le pousser tant bien que mal vers le second poteau où son compère Aleksei Morozov arrive démarqué. Le duo magique - qui n'est plus trio depuis le départ en fracas de Zinoviev en cours de saison - a encore frappé ! Ce n'est pas fini. Sur l'action suivante, le palet échappe à l'attaquant Dmitri Obukhov derrière la cage. Pourtant, le défenseur Nikita Nikitin dégage mal... directement vers Nikita Alekseïev qui fusille le gardien.
Ce qu'il y a d'impressionnant à Omsk, c'est que même à 0-6 après vingt minutes de jeu, les supporters crient encore "Avangard". Il faut le souligner car partout en Europe, l'équipe locale aurait quitté la glace sous les sifflets. Pas en Sibérie...
Un autre match peut-il commencer en deuxième période ? Pas vraiment. Pestunov est d'abord pénalisé pour une crosse haute. Tony Mårtensson entre en zone dans l'axe, freine et décale Zaripov côté gauche, dont le tir en angle passe entre les jambes du pauvre Tsaregorodtsev (0-7). Le gardien n'est pas seul en cause, tant les défenseurs noirs paraissent à la rue à chaque présence de la première ligne blanche, qui s'amuse avec le palet. Ils arrivent si peu à sortir de leur zone que Kuryanov finit par retenir la crosse de sur Zaripov dans le slot. Une supériorité numérique elle aussi exploitée : passe de Niko Kapanen pour Jukka Hentunen entre les cercles (0-8). S'y ajoutent des gestes d'indiscipline pure, comme ce cinglage de Ryabykin sur le bras de Stepanov. Quatrième pénalité du tiers-temps (un surnombre est resté sans conséquence), troisième but. Alekseev est plaqué contre la bande derrière la cage, mais Klimenko arrive au soutien et remet en retrait à Obukhov qui place son palet (0-9). La tribune des supporters visiteurs ne se sent plus de joie.
Omsk essaie encore, à l'instar d'Anton Kuryanov qui réussit une feinte magnifique derrière son dos. Il parvient jusqu'à la cage, échoue sur le gardien mais a provoqué la faute de Mukhachev. Et... miracle ! Un but local ! C'est un tir à mi-hauteur d'Anton Malyshev, un but un peu faible pour Norrena côté plaque. Le plus étonnant, c'est que dans les tribunes, on se congratule, on fête l'évènement, on se serre dans les bras ! Hourra, l'Avangard a marqué un but...
La troisième période est étonnamment classique. Les supporters crient Avangard et agitent leurs drapeaux, l'équipe locale se lance à l'attaque. Seul le tableau d'affichage rappelle que le contexte n'est plus tout à fait normal. Le compteur des visiteurs passe même à deux chiffres avec un tir du poignet d'Evgeni Medvedev depuis la ligne bleue après un engagement gagné par Mårtensson.
Ce dixième but semble, pour le coup, achever le moral des Sibériens qui patinent moins. La première ligne de Kazan, impitoyable, profite d'une dernière pénalité de Ryabykin, avec une petite passe de derrière la cage de Morozov pour Mårtensson (1-11). Ak Bars aura quand même rarement autant partagé le temps de jeu entre ses lignes, le quatrième trio ayant marqué trois buts.
Lorsque retentit la sirène, les dix mille spectateurs applaudissent et ceux qui portent un maillot de l'Avangard le montrent avec fierté. Les quelques siffleurs sont vite recouverts. Nul n'égale les Sibériens... "Où a-t-on vu un tel dévouement ?", s'émerveillait Jaromir Jagr hier au sujet de ces supporters. Que doit-il dire aujourd'hui ?
Le record de la plus belle gifle en play-offs n'est cependant pas battu. Il appartient toujours à... l'Avangard Omsk, battu 11-0 par le Dynamo en 2005. Cette année-là, le Dynamo avait été champion. De quoi donner des idées à Morozov et ses amis ? Il faudra d'abord gagner le cinquième match, car avec l'Avangard cette saison, mieux vaut se méfier...
Compte-rendu signé Marc Branchu / photos khl.ru
Avangard Omsk - Ak Bars Kazan 1-11 (0-6, 1-3, 0-2)
Samedi 14 mars 2009 à l'Arena Omsk. 10200 spectateurs.
Arbitrage de MM. Biryukov et Semionov (Moscou) et assisté de MM. Chemyakin (Magnitogorsk) et Zibinin (Cheyabinsk).
Pénalités : Omsk 67' (8'+10'+10'+25', 10', 4'), Kazan 40' (12'+10+10', 2', 6').
Tirs : Omsk 18, Kazan 36 (6 sur Fomichev et 30 sur Tsaregorodtsev).
Évolution du score :
0-1 à 05'46" : Petrov assisté de Nikulin (sup. num.)
0-2 à 06'10" : Alekseev assisté de Klimenko et Panin
0-3 à 07'39" : Kapanen assisté de Medvedev et Hentunen
0-4 à 12'36" : Medvedev assisté de Mukhachev (sup. num.)
0-5 à 18'34" : Morozov assisté de Zaripov
0-6 à 19'04" : Alekseev assisté d'Obukhov et Klimenko
0-7 à 25'11" : Zaripov assisté de Mårtensson et Nikulin (sup. num.)
0-8 à 30'49" : Hentunen assisté de Kapanen et Kazionov (sup. num.)
0-9 à 31'51" : Obukhov assisté de Klimenko et Alekseev (sup. num.)
1-9 à 35'47" : Malyshev assisté de Jagr (sup. num.)
1-10 à 52'25" : Medvedev assisté de Mårtensson
1-11 à 58'20" : Mårtensson assisté de Morozov et Zaripov (sup. num.)
Avangard Omsk
Gardien : Aleksandr Fomichev puis Evgeni Tsaregorodtsev à 07'39".
Défenseurs : Filipp Metlyuk - Nikita Nikitin ; Dmitri Ryabykin (A) - Aleksei Bondarev ; Vyacheslav Belov - Denis Ezhov ; Anton Belov.
Attaquants : Aleksandr Popov - Anton Kuryanov (A) - Dmitri Vlasenkov ; Igor Volkov - Anton Malyshev - Jaromir Jagr (TCH) ; Vladimir Pervyshin - Dmitri Pestunov - Viktor Aleksandrov ; Aleksandr Svitov [exclu à 08'00"], Jakub Klepis (TCH), Evgeni Timkin.
Ak Bars Kazan
Gardien : Fredrik Norrena (FIN).
Défenseurs : Andrei Pervyshin - Ilya Nikulin ; Evgeni Medvedev - Andrei Mukhachev ; Grigori Panin - Aleksei Emelin [blessé à 08'00"].
Attaquants : Danis Zaripov (A) - Tony Mårtensson (SUE) - Aleksei Morozov (C) ; Jukka Hentunen (FIN) - Niko Kapanen (FIN) - Dmitri Kazionov ; Aleksandr Stepanov - Aleksei Badyukov - Oleg Petrov ; Dmitri Obukhov - Nikita Alekseev - Gleb Klimenko.
Remplaçant : Stanislav Galimov (G).