HV 71 - Färjestad (1er avril 2009)

 

Finale de l'Elitserien, match 1.

Qui peut battre Färjestad ? Le FBK n'a plus perdu depuis deux mois et semble sur une voie royale. Son seul défaut est d'avoir peut-être eu la partie un peu trop facile dans ces play-offs. Son adversaire, le HV71 de Jönköping, a remonté des situations délicates (mené 3 manches à 1 par Timrå puis 2 manches à 1 par Frölunda avant deux manches de suite à l'extérieur) et a résisté à tout, même à l'enchaînement des blessures : lorsque le vétéran Per Gustafsson et le meilleur marqueur Johan Davidsson sont rentrés dans l'effectif, c'est le défenseur international David Petrasek qui s'est blessé à son tour.

Il n'y a pas de finale sans duel des gardiens. Celui de Färjestad, Jonas Gustavsson, est monstrueux dans ces play-offs avec 5 blanchissages et est donc surnommé "Monstret". L'équipe nationale lui tend les bras, et son vis-à-vis, le plus expérimenté Stefan Liv, devra donc prouver qu'il est meilleur s'il veut porter le maillot aux trois couronnes. Liv se souvient qu'en 2004, il avait blanchi quatre fois Färjestad en finale et établi la performance la plus mémorable de sa carrière.

Si Färjestad a quatre bonnes lignes offensives, HV71 a normalement le meilleur premier trio, emmené par Johan Davidsson, meilleur marqueur du Mondial 2007 et encore élu meilleur joueur du championnat il y a deux semaines. Oui mais voilà, Davidsson a quitté la glace lors de l'échauffement et reste sur le banc, "préservé" pour la suite. C'est la même blessure, toujours tenue secrète dans sa nature exacte, qui l'avait privé des deux tiers de la demi-finale. Comme au tour précédent, donc, l'intérim est assuré par Kamil Piros, le centre tchèque qui a quitté fin janvier le navire naufragé de Cologne (ou le navire qui prenait l'eau de Cologne, si vous préférez les calembours...).

On ne voit pas la différence. À la troisième minute, alors que Färjestad a déjà tiré cinq fois à la cage, le "substitut" Piros délivre une passe à travers la zone neutre vers Martin Thörnberg. L'ailier international se retrouve seul en entrée de zone face au défenseur Johan Motin qui marque un temps d'hésitation dans son patinage arrière et ne lui fait plus face. Thörnberg y voit une opportunité à saisir et envoie un missile au ras du poteau opposé (1-0, 02'46").

Début idéal pour HV71, dont le petit génie entre alors en scène. Mattias Tedenby, en deux zigs et un zag, palet collé à la crosse, provoque des clameurs dans la foule. La rondelle croise joliment de palette en palette jusqu'à un dangereux tir rapproché du défenseur finlandais Pasi Puistola. Qu'il est beau à voir jouer, ce Tedenby : il a l'élégance d'un Nylander avec le palet, mais ne se contente pas de tournicoter en périphérie et semble vraiment attiré vers la zone de vérité. On entend presque le public ronronner de plaisir...

Un autre genre de gémissement survient lorsque Färjestad part à 2 contre 1. Mikael Johansson se prépare très en amont à recevoir la passe de son homonyme Marcus. Il plie le genou gauche, arme une volée que l'on devine puissante et... rate totalement son tir en écrasant mollement le palet devant lui.

Comme tout réussit au HV71, il concrétise même son premier powerplay, alors que son taux d'efficacité avait chuté de moitié dans ce domaine depuis le début des play-offs (de 24%, le meilleur du pays en saison régulière, à 12%). Il s'agit en fait d'un but vraiment chanceux : le palet envoyé à la cage par Björn Melin, du haut du cercle gauche, est dévié par le manche de la crosse du malheureux défenseur Thomas Rhodin, passant du statut d'anodin à celui d'imparable (2-0, 13'42").

Le duel des gardiens commence d'une drôle de façon. Les statistiques exceptionnelles de Gustavsson ont fondu comme neige au soleil. En face, l'imprévisible Stefan Liv se lance dans une contorsion bizarre avec deux parades successives du bouclier qui semblent causées par son curieux placement initial. Le HV71 concède sa première pénalité dans l'affaire, et Liv en profite pour donner une nouvelle démonstration d'anti-conformisme : il détourne un tir axial de l'épaule droite, puis, couché sur le dos, il a un incroyable réflexe du gant pour repousser le rebond qui paraissait tout fait. Les supporters de Färjestad ont la mâchoire qui tombe et n'arrivent pas à croire à cette pieuvre désarticulée qui paraît se mouvoir selon des règles connues de lui seul et absentes de tout manuel.

Pendant la deuxième période, le vétéran défensif Thomas Rhodin, passé en son temps par Fribourg-Gottéron, n'oublie pas qu'il a une déviation à se faire pardonner. Il cherche la rédemption en faisant la loi dans son slot, ce qui n'est pas toujours bien dosé. Le traitement infligé après le coup de sifflet à un joueur adverse qui n'avait rien demandé ni menacé le gardien lui vaut une logique pénalité. Rhodin arrive tout de même à rattraper le but malencontreusement concédé, tout silplement en sauvant un autre but sur sa ligne, dressant fièrement sa poitrine devant le palet.

Pour autant, les lancers et les relances de Rhodin ne suffisent pas à exploiter deux supériorités numériques, et Färjestad ne trouve pas la solution. HV71 arrive toujours à se sortir proprement de sa zone, et le rythme du match qui a décru favorise la conservation de ses deux buts d'avance. En plus, le FBK a lui aussi perdu son capitaine : Rickard Wallin est parti directement au vestiaire peu après une mise au jeu, blessé "au bas du corps". Le défenseur Motin a aussi quitté le match. Si son infirmerie se remplit également, ce n'est pas une bonne nouvelle pour Färjestad... sauf peut-être pour un certain Sacha Treille qui n'est même plus dans la liste des joueurs sur le site officiel de son club à force de servir d'éternel réserviste durant la série victorieuse qui n'a pas causé le besoin d'une alternative.

On va vraiment voir ce que le Färjestads BK a dans le ventre. Ce n'est pas la première fois qu'il est en difficulté, puisqu'il avait été mené de deux buts à son dernier match. Mais quand on mène 3 victoires à 0 dans une série, la situation n'est pas vraiment comparable à la première manche d'une finale.

Vingt minutes pour remonter : autant commencer tout de suite. Le tir en entrée de zone de Peter Nordström est légèrement dévié par Stefan Liv qui a cependant perdu de vue le palet. Jörgen Jönsson, lui, le voit parfaitement rebondir droit dans la bande et revenir par le même chemin, juste à côté de la cage. "JJ", toujours prêt à ajouter un titre de plus à son palmarès exceptionnel nanti entre autres de deux médailles d'or olympiques, place la rondelle entre les bottes de Liv qui se rend compte trop tard de ce qui lui arrive (2-1, 42'21"). Jönsson évolue toujours à un très haut niveau dans ces play-offs qui s'achèveront par sa retraite.

Quand on veut revenir au score, la moindre des choses est d'éviter les pénalités stupides, ce qui ne fait pas Jesper Mattsson qui charge Johan Lindström tête la première contre la bande. HV71 n'est pas pressé de s'installer et fait tourner l'horloge une minute en zone neutre. Voilà qui paraît vraiment "petit-joueur" à un quart d'heure de la fin. En fait, c'est une tactique qui fonctionne très bien, car elle endort Färjestad mieux qu'un somnifère. À peine a-t-on changé de lignes que les bleus accélèrent subitement et entrent brusquement en zone. Björn Melin file le long de la bande gauche et remet du revers, à Teemu Laine oublié devant la cage (3-1, 47'23").

Un but qui en appelle un autre, toujours sur une passe en retrait, de l'international danois Kim Staal pour Simon Önerud entre les cercles. Une belle récompense pour le jeune Önerud, prévu comme treizième attaquant et propulsé dans l'alignement par la blessure de son capitaine (4-1, 49'15"). Gustavsson proteste contre l'arbitre car il a peiné à rejoindre sa cage restée ouverte en sortant à droite de son but. Ce n'est pas faux, mais ce sont surtout ses propres défenseurs qui l'ont gêné. La remontée de Färjestad est tuée dans l'œuf.

HV 71 inflige à Färjestad sa première défaite en play-offs et lance de la meilleure des façons sa finale. Il n'y a plus qu'à attendre que les deux capitaines, qui sont tous deux les centres de la première ligne, se rétablissent de leurs blessures non divulguées... En attendant, on peut toujours apprécier les derniers feux de grands anciens comme Jörgen Jönsson et les lueurs déjà éclatantes d'un phénomène comme Tedenby.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

HV 71 Jönköping - Färjestad 4-1 (2-0, 0-0, 2-1)

Mardi 24 mars 2009 à 19h30 à la Kinnarps Arena. 7038 spectateurs.

Arbitrage de Sören Persson assistés de Fredrik Ulriksson et Peter Lyth.

Pénalités : HV71 8' (2', 4', 2'), Färjestad 6' (2', 2', 2').

Tirs : HV71 25 (7, 13, 5), Färjestad 35 (13, 9, 13).

Évolution du score :

1-0 à 02'46" : Thörnberg assisté d'Angell et Vuotilainen

2-0 à 13'42" : Melin assisté de Luoma et Beech (sup. num.)

2-1 à 42'21" : Jönsson assisté de Nordström et Rhodin

3-1 à 47'23" : Laine assisté de Melin et Beech (sup. num.)

4-1 à 49'15" : Önerud assisté de Staal

 

HV 71 Jönköping

Gardien : Stefan Liv.

Défenseurs : Pasi Puistola - Johan Björk ; Mikko Luoma - Nicholas Angell ; Daniel Grillfors - Nichlas Torp ; Per Gustafsson.

Attaquants : Martin Thörnberg - Kamil Piros - Jukka Voutilainen ; Teemu Laine - Kristopher Beech - David Ullström ; Mattias Tedenby - Andreas Falk - Björn Melin ; Kim Staal - Simon Önerud - Johan Lindström.

Remplaçants : Andreas Andreasson (G), Johan Davidsson (C). Absents : David Petrasek (main), David Fredriksson (main), Johan Halvardsson (genou), Jan Hrdina (dos).

Färjestads BK

Gardien : Jonas Gustavsson.

Défenseurs : Martin Sevc - Thomas Rhodin ; Dominik Granak - Jonas Holøs ; Ari Vallin - Johan Motin ; Jens Skåhlberg.

Attaquants : Marcus Paulsson - Rickard Wallin - Lee Goren ; Mikael Johansson - Jesper Mattsson - Marcus Johansson ; Emil Kåberg - Anders Bastiansen - Eero Somervuori ; Peter Nordström - Jörgen Jönsson - Per Åslund ; Marius Holtet.

Remplaçant : Andreas Hadelöv (G). Absents : Arto Laatikainen (commotion cérébrale), Dick Axelsson (doigt cassé), Sacha Treille (surnuméraire, n'a pas joué depuis son retour de prêt).

 

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