Bordeaux - Cergy (11 avril 2009)

 

Quart de finale du Championnat de France de division 1, match retour.

Après leur match nul 2-2 à Cergy, les Boxers abordent ce match retour avec l'étiquette de favoris. Statut renforcé par le retour de Dave Grenier, la fin de la blessure à la cheville de Christophe Burnet et les indéniables avantages d'évoluer à domicile (grande glace, public venu nombreux, etc...). Seulement, on a eu plusieurs fois l'occasion de le constater, les Bordelais ne sont jamais plus prenables que lorsqu'ils sont en position de force (réception de Nice puis de Valence). Les Jokers arrivent eux aussi avec quatre lignes, motivés et sans rien à perdre, ce qui, dans cette situation, constitue une grande force. Les deux jeunes coachs du soir (Boucamus pour Cergy, Tartari pour Bordeaux) ont peaufinés leurs plans pendant la semaine, ce qui devrait permettre d'assister à un joli spectacle, et il vaut mieux car le club girondin accueille un invité de marque en la personne du président de la Fédération, Luc Tardif.

Pourtant, dès l'entame de match, on sent les Boxers sur la défensive, voire tendus. Du coup, la première occasion est pour Cergy avec un jeu à deux entre Viennot et Outin. Bordeaux tente bien de réagir par l'intermédiaire de Nicolas Mariage, mais Michaud stoppe la rondelle entre ses jambières. Quelques secondes plus tard, les locaux bénéficient d'une supériorité numérique durant laquelle ils tournent autour de la cage adverse sans parvenir à se créer d'actions réellement dangereuses. Pire même, c'est Cergy qui s'en sort le mieux avec un nouveau débordement d'Édouard Outin qui centre pour Roland Fontaine qui manque sa reprise de peu. La première frayeur écartée, ce sont les Bordelais qui se mettent à la faute sur un faire trébucher de Gautier Lafrancesca. Les Jokers s'installent dans la zone, font circuler le palet mais à trop hésiter à prendre un shoot, ils se font contrer par Raphaël Larrieu dont le lancer va échouer dans le haut de la jambière de Michaud.

Comme les deux équipes ne parviennent pas encore à faire la différence dans le jeu, elles tentent de se démarquer physiquement : Viennot oublie le coup de sifflet de l'arbitre et charge à retardement Lecompère (dans l'espoir de lui refaire péter les plombs comme à l'aller ?), puis ce dernier laisse au sol le jeune Maxime Levot pendant que Cyril Boubé reçoit un violent coup de coude dans le visage. Heureusement, ces petits gestes cesseront vite et le jeu reprendra ses droits. Alors que les Jokers dominent territorialement, Bordeaux part en contre avec Courally qui donne derrière le but à Patard. Ce dernier remet dans l'axe à Lambert qui se retourne et envoie le palet au fond des filets d'un Michaud qui n'a pas vu le tir venir (1-0, 08'05"). Si l'avantage au score est bien payé pour les Boxers, ils auraient eu l'opportunité de marquer avant s'ils avaient profité des erreurs de Michaud. Peu habitué aux rebonds capricieux des bandes bordelaises, celui-ci s'est souvent retrouvé perdu mais les Boxers n'en ont pas profité, Courally manquant même le cadre devant une cage totalement désertée !

Cergy ne baisse pas les bras et la tactique mise en place par Boucamus ne change pas d'un iota. Les quatre lignes tournent (contre trois aux Bordelais) et il laisse constamment un homme dans la zone neutre, prêt à contre-attaquer, ce qui gêne beaucoup le positionnement traditionnel des locaux dans la zone adverse. Exemple flagrant lorsque Viennot part seul vers la cage et sert en retrait Fontaine dont le lancer est capté par la mitaine de Burnet.

Les Boxers manquent toujours d'engagement physique, laissant les Jokers développer leur jeu sans entrave. La seule victime du premier tiers est finalement Gautier Lafrancesca, touché à l'oreille par un dégagement de Cyril Boubé. En même temps, lorsque les Bordelais durcissent le jeu, ils se font pénaliser, à l'instar de Cyril Lambert, auteur d'une charge incorrecte offrant une nouvelle opportunité d'égaliser aux visiteurs. Et pour la troisième fois en autant de situations, l'équipe en infériorité est la plus dangereuse. Mais Michaud veille au grain. Et lorsque ça n'est pas le cas, il est sauvé par les erreurs bordelaises. Comme lorsqu'il s'aventure une nouvelle fois derrière son but et relance directement sur Patard, dans la neutre. La cage est vide, l'attaquant bordelais ne tergiverse pas longtemps et envoie un petit palet lobé en direction de la cage. Malheureusement pour lui, Courally était parti au pressing sur Michaud et est donc signalé hors-jeu. Puis, en l'espace d'une minute, Sejna puis Majercak rejoigne le banc des pénalités, offrant une inédite situation de quatre contre quatre. Et à ce petit jeu, ce sont les Jokers qui sont les plus dangereux : Viennot par deux fois, Kara puis Gauthier verront leurs actions stoppées par un Burnet qui maintient son équipe à flot.

Mais à force de jouer avec le feu, les Boxers vont se brûler ! Sur une nouvelle vague de lancers, Burnet doit à nouveau s'employer. Lorsqu'il pose la mitaine sur le palet, on croit respirer, mais Gauthier persiste à mettre des coups de crosse dans le gant du portier local. Ce qui fut un temps considéré comme un "slashing" se transforme finalement en passe décisive puisque le Québécois parvient à déloger le palet de son emprise pour que Lapierre n'ait plus qu'à glisser la rondelle au fond, à la plus grande surprise des joueurs bordelais ! Bien sûr, ceux-ci vont s'empresser de contester la décision de monsieur Bocquet, habilement mal placé, qui n'a rien vu et accorde le but (1-1, 17'23").

Les Boxers reprennent finalement vite reprendre les choses en main puisque Kara s'en va visiter la prison bordelaise sur un cinglage. Michaud se remet à la faute en dégageant le palet directement sur Mariage qui sert instantanément Courally qui manque la cage déserte, une nouvelle fois. Les locaux poussent mais manquent de réussite lorsque, sur une percée de Grenier, Savage envoie le palet sur la base du poteau du gardien de Cergy. Le premier tiers se termine sur une égalité parfaite mais on sent les locaux inquiets, avec comme l'impression qu'ils jouent avec le frein à main.

D'ailleurs, dès l'entame du deuxième vingt, Outin s'offre un deux-contre-un. Mais plutôt que de servir Viennot, seul au second poteau, il préfère tenter sa chance en envoyant le palet directement dans le gant de Burnet. Les Bordelais mettent un peu de temps à réagir mais dans la troisième minute de jeu, Mariage et Cadren vont exercer un bon pressing sur la défense blanche, permettant à Lafrancesca, en soutien, de titiller le cadre sur un de ses fameux lancers puissants. Peu après, Fromentin se met à la faute et les Boxers en profitent. Pour cela, on va assister à la seconde phase de l'abandon complet des règles concernant les gardiens. Jan Majercak adresse un missile en direction de la cage, Michaud laisse un rebond sur lequel se jette Grenier et Larrieu. Et là, c'est la confusion totale : Michaud se couche, tout le monde est dans la zone bleue, ça pousse le palet d'un côté de l'autre, et on ne sait par quel miracle le puck finit sa course derrière la ligne de but (2-1, 23'58"). Là aussi, bien entendu, les Jokers vont protester mais rien n'y fait, M. Bocquet valide le but, que certains estiment être un but de compensation à la vue de l'action litigieuse qui avait amené l'égalisation.

Les Jokers font souffler le vent de la révolte mais Burnet réalise un arrêt de très grande classe lorsque Mickaël Denis, seul, reçoit une passe issue d'un bon travail derrière la cage de Tristan Lemaire. Les Boxers adoptent la méthode la plus efficace en ces circonstances : plier pour ne pas rompre. Du coup, la première ligne effectue un très gros pressing haut sur les Jokers, les empêchant de développer rapidement leur jeu habituel. Les locaux finissent même par récupérer la rondelle mais Wiart rate complètement sa relance en envoyant le palet sur Gauthier, seul à la bleue. Celui-ci s'avance et contourne Burnet (2-2, 28'25"). Les Boxers ont la tête dans le sac et deviennent de plus en plus spectateurs du jeu proposé par les Jokers. Sur une mise en jeu gagnée par Gauthier en zone offensive, Outin teste une nouvelle fois la solidité des réflexes du portier bordelais. Trente secondes plus tard, c'est le même duo qui va faire parler la poudre : Konopka envoie au fond à destination d'Outin qui remet plein axe pour un slap surpuissant de Gauthier qui finit sa course sous la transversale de Burnet (2-3, 29'32"). Les Jokers passent pour la première fois devant et leurs adversaires semblent de plus en plus tétanisés par l'enjeu...

La meilleure preuve est que les rares volontés de révolte démontrées par l'équipe bordelaise sont l'œuvre de Cadren, Mariage, Pérez ou Boubé, soit quatre jeunes éléments alors que les cadres habituels de l'équipe peinent un peu. Mais ils vont finalement parvenir à se secouer sur une superbe action individuelle de Dave Grenier. Il passe entre deux joueurs adverses, repique en direction de Michaud, tire du revers et reprend son propre rebond à bout portant (3-3, 38'20"). Les Bordelais semblent enfin sur la bonne voie puisque Wiart déborde sur la gauche, tire, offrant un rebond qui permet à Lafrancesca de tirer de la bleue. Mais cette jolie séquence est vite mise à mal puisque Majercak est sévèrement envoyé sur le banc des pénalités.

Les hommes de Boucamus entament dont la dernière période en avantage numérique mais les Boxers tuent les vingt secondes à souffrir. Sur sa sortie de prison, Majercak récupère le palet, se fait faucher, parvient à se relever et tire sur Michaud qui repousse dans la palette de Larrieu qui manque le cadre. Le jeu tend à s'équilibrer mais sur une mise en jeu, Outin sert derrière lui Kara dont le lancer oblige Burnet à concéder un rebond dont profite Gauthier (3-4, 42'30"). La défense bordelaise est apparue totalement amorphe sur cette action, Gauthier n'étant nullement gêné pour reprendre victorieusement la rondelle... Les cinq Boxers présents sur la glace à ce moment ont des têtes dépitées, plusieurs ont les mains sur les genoux, d'autres secouent la tête de dépit... Bizarrement, c'est à ce moment là qu'on a senti les Bordelais au fond du gouffre, à se demander s'ils avaient une quelconque solution pour enrayer la déroute qu'ils sont en train de vivre...

Les Boxers vont tout tenter en cette fin de match, mais rien ne passera. La faute à trop d'imprécisions, la faute à cette peur qui semble tirailler les estomacs bordelais. On arrive presque à lire dans leurs yeux cette détresse, celle d'une situation qu'ils n'avaient jamais envisagée. Pourtant, ils tentent, mais le plus souvent, c'est maladroit... Lecompère innove en adressant une passe de la tête à Mariage mais cela ne sourit pas non plus. Du coup, ils tentent de s'en remettre aux fondamentaux mais là aussi, ils se mélangent les pinceaux. Au lieu de mettre en place un jeu fait de passes, ils se perdent dans des courses sans fin, des passes longues qui n'aboutissent jamais ou des tirs qui finissent invariablement dans les jambes des défenseurs présents devant eux. Grenier et Larrieu s'essayent bien mais rien n'y fait, les Jokers sont en train de réaliser ce qu'eux-mêmes n'espéraient que secrètement. La sortie de Burnet n'y change rien, le puck circule mal, les Boxers, à six, se marchent sur les patins et Viennot est à deux doigts d'envoyer le palet valdinguer dans la cage vide...

Le buzzer sonne la fin du match, la fin des espoirs bordelais et le début de la fête des Jokers... Boucamus a bien réussi son coup et cela se lit sur son visage. Les plus mordants ont remporté la partie, continuant coûte que coûte à appliquer leur tactique si bien huilée pendant que leurs adversaires se perdaient à développer un jeu contre-nature. La joie, les cris, les sauts confirment la joie des vainqueurs. A contrario, les visages bordelais sont blancs, les regards perdus dans le vide, les yeux hagards... Certains sont à la limite des pleurs. Les Jokers sont bien loin de ces considérations, leur rêve va au moins se poursuivre une semaine avec une demi-finale face à Caen.

Les Boxers sont éliminés, devant leur public, chose encore plus dure à encaisser... Le public est autorisé à venir sur la glace adresser un dernier mot aux joueurs. Ceux-ci n'ont le plus souvent qu'un mot à la bouche : "désolé"... Un d'eux dira même : "on voulait aller à Caen avec vous, mais s'est déroulé un scénario qu'on n'avait pas prévu... on était peut-être trop confiants".

Compte-rendu signé Alex Mondin

 

Bordeaux - Cergy 3-4 (1-1, 2-2, 0-1)

Samedi 11 avril 2009 à 18h15 à Mériadeck. 2850 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Thibaud Juret et Pascal Telliez.

Pénalités : Bordeaux 10' (6', 2', 2') ; Cergy 16' (6', 2', 8').

Évolution du score :

1-0 à 08'05" : Lambert assisté de Courally et Patard

1-1 à 17'23" : Lapierre assisté de Gauthier

2-1 à 23'58" : Grenier (sup. num.)

2-2 à 28'25" : Gauthier

2-3 à 29'32" : Gauthier assisté d'Outin et Konopka

3-3 à 38'20" : Grenier

3-4 à 42'36" : Gauthier assisté de Kara

 

Bordeaux

Gardien : Christophe Burnet [sorti à 58'56"].

Défenseurs : Dave Grenier - Jan Majercak ; Mickaël Wiart - Christophe Pérez ; Yann Lecompère (C) - Cyril Boubé.

Attaquants : Jean-François Savage - Xabi Lassalle - Raphaël Larrieu (A) ; Cyril Lambert - Nicolas Courally - Jérôme Patard (A) ; Nicolas Mariage - Gautier Lafrancesca - Vincent Cadren.

Remplaçants : Julien Leclerc (G), Alexandre Boirie, Thomas Giraudau, Sébastien Cadren, Jill Cauly, Romain Horrut.

Cergy

Gardien : Sylvain Michaud.

Défenseurs : Vladimir Konopka - Mickaël Kara ; Cédric Boinot - Milan Sejna ; Erwan Personne - Nicolas Thorillon.

Attaquants : Édouard Outin - Sébastien Gauthier - Olivier Viennot (C) ; Roland Fontaine - Frédéric Hostein (A) - Dave Lapierre (A) ; Thibaut Fromentin - Vincent Lecomte - Antoine Dubois ; Tristan Lemaire - Mickaël Denis - Maxime Levot.

Remplaçant : Arthur Rabany (G). Absents : Cédric Crevier, Ludovic Lachat.

 

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