Russie - France (26 avril 2009)

 

Championnats du monde, premier tour, groupe B.

Un match pour attaquants

La Russie a perdu le défenseur Anton Volchenkov, blessé à la jambe et entré à la maison pour se soigner. Comme elle attend toujours ses Capitals de Washington, elle n'a que dix-sept joueurs, mais c'est déjà bien suffisant pour inquiéter les Français. Ceux-ci font en revanche jouer tout leur banc, Stéphane Da Costa et Kevin Igier faisant donc leurs débuts ce soir. Comme prévu, les deux équipes ont changé de gardien pour ce match dont tout le monde connaît d'avance le vainqueur : Eremenko et Ferhi prennent place dans les cages.

Eddy Ferhi s'attend à souffrir pour son premier match dans un championnat du monde élite, et ses cauchemars se réalisent quand il est battu sur le premier tir. La malchance, c'est que Benoît Quessandier a perdu sa crosse en zone neutre et se retrouve donc démuni devant Aleksandr Radulov lancé. L'attaquant peut jouer avec le palet comme il veut face au défenseur sans crainte d'être contré, avant de se décaler et d'envoyer un tir du poignet côté plaque (1-0).

La France a immédiatement une belle occasion d'égaliser, une très bonne remise de Yorick Treille en zone neutre qui envoie Laurent Meunier en breakaway, mais celui-ci n'arrive pas à feinter Eremenko. Les Bleus se font toujours peur quand François Rozenthal perd un palet devant sa cage.

Damien Raux, malmené dans les bandes ce soir, fait trébucher son adversaire alors qu'il est allongé à terre et prend la première pénalité du match. La Russie fait circuler le palet et Konstantin Gorovikov, qui a aussi la solution Morozov au poteau opposé, sert Danis Zaripov au milieu de la boîte. La déroute ne fait que commencer : Radulov reprend une passe de derrière la cage de Zinoviev, entre les bottes du gardien, alors que Ferhi et Mille regardaient du mauvais côté. C'est toute l'équipe de France qui prend l'eau La première ligne défensive Bachet-Amar est totalement hors de position, déroutée par la vitesse russe. Perezhogin a vu le palet traînant entre les bottes de Ferhi et l'envoie au fond. 4-0 en huit minutes, et Dave Henderson doit déjà demander son temps mort. Il n'y aura pas de changement de gardien, ce serait risqué si tôt dans le match. On voit Ferhi bavarder avec Lhenry pendant cette pause et on imagine la conversation ("tu veux ma place ?" "là, je peux pas, j'ai piscine"...)

Un temps mort utile qui réveille les tricolores. Ils se permettent même de marquer un but magnifique, digne du hockey russe : Pierre-Édouard Bellemare entre en zone dans l'axe et décale Stéphane Da Costa tout à droite qui finit le jeu en triangle avec Kevin Hecquefeuille en troisième homme pour un tir qui fuse entre les jambières d'Eremenko. C'est le premier but des Bleus dans ce Mondial, et le benjamin de l'équipe Da Costa est déjà impliqué dessus.

Ce nouvel élan tricolore est interrompu par la deuxième pénalité du match, aussi vite concrétisée que la première : Aleksei Tereshchenko perce dans l'axe, prend le meilleur sur Amar et parvient à récupérer son propre rebond, qui lui revient dans la palette (5-1). Cette pénalité était contre Quessandier, qui a accroché Radulov, mais le défenseur spinalien ne va pas en prison : il doit rentrer aux vestiaires car il a l'arcade sourcilière coupée. Et lorsqu'il en reviendra avec un maillot neuf, celui-ci porte le numéro 55. On a trouvé le successeur de Jean-François Bonnard !

Entre deux bonnes positions de tir non conclues par Saprykin, la France a encore une dernière occasion dans ce premier tiers-temps : Luc Tardif patine dans la neutre et décale Sacha Treille qui entre en zone sur l'aile gauche et va faire le tour de la cage, mais ne lève pas son palet assez haut.

Le problème reste identique en deuxième période : chaque pénalité coûte un but. Celle de Manavian permet à Aleksei Tereshchenko de dévier subtilement le centre d'Aleksei Morozov (6-1). Quand Tardif fait trébucher Saprykin, on craint donc le pire. Mais les Russes n'arrivent même pas à s'installer. Enfin une infériorité numérique réussie...

Sur un 3 contre 2 russe, Aleksandr Perezhogin est décalé dans le cercle droit et a tout le temps d'ajuster Eddy Ferhi, mais le gardien grenoblois, qui a bien digéré le début de match difficile, repousse le tir. Cela contribue à ce que la France tienne un score nul sur le deuxième tiers-temps : Luc Tardif, lancé par une longue passe croisée de Bachet, marque en effet avec un peu de chance, puisque son tir est dévié par la jambe du défenseur Atyushov entre les jambes de son gardien (6-2).

Le septième but sera inscrit par Ilya Kovalchuk entre les bottes de Ferhi, sur un décalage de Perezhogin (7-2). L'effort de Yorick Treille provoque un coup de crosse de Tverdovsky, seulement la deuxième pénalité russe du match, mais elle n'est pas exploitée malgré un tour de cage de Laurent Gras. Au moins le score est-il préservé par un Ferhi pas toujours secouru par ses défenseurs qui n'écartent pas les rebonds. À vingt secondes de la fin, Radulov est sanctionné pour une obstruction sur Zwikel, mais la France ne réduira pas le score malgré un palet qui frôle la ligne.

En dépit du score, on aura vu beaucoup de bonnes choses de la part de l'offensive tricolore : le jeu collectif de la ligne Bellemare-Hecquefeuille-Fleury, le jeu physique abouti de Luc Tardif et Sacha Treille et la très bonne intégration du prometteur Stéphane Da Costa. Cette attaque tricolore a cependant un défaut compte tenu des absences : elle a trop peu de vrais centres, ce qui se sent aux engagements où seul Zwikel fait figure de spécialiste.

Contre l'Allemagne, il faudra que les Français fassent preuve du même dynamisme offensif que ce soir et de la même présence défensive qu'avant-hier. Bien sûr, on se doute bien que ce ne sont pas les mêmes qualités qui se dévoilent suivant l'adversaire : il est plus difficile d'être brillant offensivement contre la Suisse de Krueger ou d'être brillant défensivement face à des attaquants aussi talentueux que les Russes. Mais contre l'Allemagne, les deux répertoires seront nécessaires.

Désignés joueurs du match : Ilya Kovalchuk pour la Russie et Kevin Hecquefeuille pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Il fallait juste assommer les Français, ensuite j'ai pu suivre le match entre les Rangers et Washington grâce à des SMS envoyés par un amateur de hockey. On atteindra la fin de cette série [Washington a égalisé à trois partout] pour annoncer les renforts. Zaripov s'est senti mal, je n'en dirai pas plus. À un moment, Radulov s'est assis sur le banc et a dit qu'il lui semblait qu'on avait enlevé la moitié de l'équipe. Un partenaire lui a répondu : nous sommes peu, mais nous sommes forts."

Dave Henderson (entraîneur de la France) : "Le début de match a été très difficile avec quatre buts en huit minutes. Nous devions prendre un temps mort. Ce n'est qu'à la pause que l'équipe a retrouvé ses esprits et pu faire un match à son niveau normal. Pour une équipe comme nous, ce résultat face aux champions du monde en titre est très bon. J'espère que ce match nous a bien préparés au match contre les Allemands."

 

Russie - France 7-2 (5-1, 1-1, 1-0)

Dimanche 26 avril 2009 à 20h15 à Berne. 10505 spectateurs.

Arbitrage d'Ole Stian Hansen (NOR) et Peter Orszag (SVK) assistés de Peter Sabelström (SUE) et Anton Semionov (EST).

Pénalités : Russie 6' (0', 2', 4'), France 10' (4', 4', 2').

Tirs : Russie 42 (18, 12, 12), France 25 (6, 7, 12).

Évolution du score :

1-0 à 01'23" : Radulov assisté de Gorovikov

2-0 à 07'06" : Zaripov assisté de Gorovikov et Kalinin (sup. num.)

3-0 à 07'20" : Radulov assisté de Zinoviev

4-0 à 08'01" : Perezhogin assisté de Kuryanov et Kovalchuk

4-1 à 10'25" : Hecquefeuille assisté de Da Costa et Bellemare

5-1 à 15'00" : Tereshchenko assisté d'Atyushov (sup. num.)

6-1 à 27'23" : Tereshchenko assisté de Morozov et Atyushov (sup. num.)

6-2 à 39'31" : Tardif assisté de Bachet et Amar

7-2 à 49'20" : Kovalchuk assisté de Perezhogin

 

Russie

Gardien : Aleksandr Eremenko.

Défenseurs : Vitali Proshkin - Ilya Nikulin ; Vitali Vishnevsky - Oleg Tverdovsky (A) ; Dmitri Kalinin - Vitali Atyushov ; Denis Grebeshkov.

Attaquants : Danis Zaripov [sorti à 20'] - Aleksei Tereshchenko - Aleksei Morozov (C) ; Ilya Kovalchuk (A) - Sergei Zinoviev - Aleksandr Perezhogin ; Oleg Saprykin - Konstantin Gorovikov - Aleksandr Radulov ; Anton Kuryanov.

Remplaçant : Ilya Bryzgalov (G). Absents : Anton Volchenkov (jambe), Aleksandr Frolov (malade).

France

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Vincent Bachet (A) ; Mathieu Mille - Antonin Manavian ; Thomas Roussel - Benoît Quessandier ; Kévin Igier.

Attaquants : Damien Raux - Laurent Meunier (C) - Yorick Treille ; François Rozenthal - Laurent Gras - Anthoine Lussier ; Pierre-Édouard Bellemare - Kévin Hecquefeuille - Damien Fleury ; Sacha Treille - Jonathan Zwikel - Luc Tardif jr ; Stéphane Da Costa.

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G). En réserve : Henri-Corentin Buysse (G), Cyril Papa, Gary Levêque.

 

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