Suède - États-Unis (29 avril 2009)

 

Championnats du monde, premier tour, groupe C.

Spectaculaire yo-yo

Les Suédois sont déjà sous pression après leur défaite face aux Lettons. Une défaite ce soir les contraindrait à rejouer dès demain un match quasi-décisif pour les quarts de finale contre les organisateurs suisses.

Même si Henrik Lundqvist s'est fait éliminer hier soir des play-offs NHL, il n'arrivera pas en vengeur masqué, une méthode qui avait foiré l'an dernier. Le staff prére aligner comme prévu Jonas Gustavsson, le héros du titre de Färjestad, qui ne méritait pas de se faire rembarrer, lui qui a tenu à venir malgré deux semaines sans hockey passées au chevet de sa mère malade. Il faut dire de toute façon qu'un des trois gardiens (Liv) s'est blessé durant la séance de tirs au but contre les Lettons. Le capitaine Kenny Jönsson est présent malgré des problèmes musculaires à l'aine, et la Suède se rassure donc en alignant six défenseurs avec l'incorporation annoncée de Strålman. Seulement six, car pour Enström, le Mondial est fini : il a une fracture au visage après la charge dans le dos de Karsums contre la Lettonie.

La Tre Kronor est motivée ce soir, et Nicklas Grossman le fait savoir par une somptueuse mise en échec défensive sur Colin Wilson à cinq mètres de son but. L'intensité de jeu est bonne, pas les derniers gestes : ni Marcus Nilson ni Dustin Brown n'arrivent à réceptionner des passes fortes au second poteau avec des cages ouvertes. Sur une très belle contre-attaque à trois, Mattias Weinhandl décale parfaitement Tony Mårtensson qui ne vise que le poteau du but béant.

Le bon début suédois est gâché par une boulette de Nicklas Grossman, qui semblait encore parti pour se faire tresser des lauriers, mais qui perd un palet en zone offensive. Jason Blake se saisit de l'offrande et envoie Patrick O'Sullivan s'échapper en solitaire et marquer en pleine lucarne (0-1).

Même si le travail d'Omark provoque une faute de Backes, Magnus Johansson et Dick Tärnström s'emmêlent à la bleue et Dustin Brown se faufile entre eux, renversant la supériorité numérique... mais pas tout de suite ! On assiste en effet à un étonnant numéro de "passe à dix" sans gardien, pendant lequel les Américains font tourner le palet en se jouant de leurs adversaires sous les sifflets de la patinoire à majorité scandinave. Leur but est atteint : le temps est passé et les deux minutes d'avantage numérique seront presque complètes. Jason Blake peut insiste trois fois de près, et même une quatrième fois dans la continuité de l'action alors que le gardien a perdu sa crosse. La pénalité est tuée mais Drew Stafford s'arrache aux griffes de tous les Suédois et vient prendre un rebond dans l'enclave. Le réflexe de Gustavsson compense les errements de sa défense beaucoup trop passive dans ces dernières minutes. La sirène fait du bien à une Tre Kronor de plus en plus inquiétante...

Le retour au jeu ne dément pas cette impression avec une nouvelle action chaude devant la cage suédoise. Colin Wilson n'arrive pas à reprendre alors que le gardien est dos au but et que la défense tarde à dégager, en vraie panique pendant quelques secondes. La pénalité de Ryan Suter tend une belle perche à une Suède au bord de la noyade : en supériorité numérique, Magnus Johansson feinte le lancer et délivre une passe idéale au poteau opposé pour Mattias Weinhandl (1-1). Dans une position similaire, à droite à la ligne bleue, Anton Strålman choisit pour sa part de se recentrer un peu et de vraiment prendre un lancer, mais l'effet est le même : but au poteau gauche, cette fois sur le rebond par Marcus Nilson (2-1).

La réaction américaine est vive, avec un tir de David Backes sur le poteau, puis un travail de Stafford qui envoie Mårtensson en prison pour cinglage. Rickard Wallin n'a plus de crosse pendant l'infériorité et la situation paraît critique, mais Jonas Gustavsson réalise un réflexe exceptionnel de la mitaine sur une reprise de Jason Blake au second poteau. Wallin récupère sa crosse pour l'engagement mais l'utilise mal et se fait pénaliser. Pendant la poignée de secondes à 5 contre 3, John-Michel Liles voit que personne ne monte sur lui et se déplace jusqu'à prendre un lancer masqué en haut de l'enclave (2-2).

Linus Omark dribble Keith Ballard dans l'enclave avec sa technique de rêve, mais ne dribble pas le gardien et le défenseur récupère le palet. Le jeu américain plus direct est actuellement plus efficace. Une déviation aérienne de David Backes - qui aurait sans doute été refusée pour crosse haute - échoue sur la transversale, mais Dick Tärnström a pris une pénalité sur cette action. Johan Andersson, qui a perdu sa crosse, se saisit du palet dans son gant et le jette hors de la zone. La Suède est un pays de handball mais les arbitres ne connaissent que le hockey. Voilà les États-Unis à 5 contre 3 pour la seconde fois. Mêmes causes, mêmes effets : Jack Johnson feinte le tir et sert Ryan Shannon qui dévie dans l'angle (2-3).

Un seul homme sauve la Tre Kronor du naufrage : Jonas Gustavsson. En début de troisième période, il fait encore un incroyable arrêt de la plaque sur une reprise de John-Michael Liles, seul face au but. Shannon réussit à attirer et à faire se coucher le gardien, mais rate ensuite son lob. Okposo choisit le tir en 2 contre 1 mais la crosse de Gustavsson dévie. Sur l'engagement, Drew Stafford passe de derrière la cage à Ryan Shannon, sous le regard d'un Grossman inutile (2-4). Un but logique tant les actions américaines se sont enchaînées. La Suède est incapable de réagir et se fait assassiner en contre : Oshie part à gauche, Okposo va à la cage et Jack Johnson se fait servir en appui offensif (2-5).

Bengt-Åke Gustafsson demande son temps mort et son équipe rappelle qu'elle a elle aussi un défenseur offensif de talent : Magnus Johansson s'avance pour envoyer au fond un palet contré, sous le bras du gardien (3-5). La Tre Kronor a toujours chaud mais elle revient pourtant à un but : Kristian Huselius lance un contre en infériorité et Niklas Persson arrive en soutien en troisième homme pour reprendre le palet contré, droit vers la lucarne (4-5). Le public scandinave se met à chanter et à encourager son équipe. Et l'incroyable se produit : tir du poignet dans un angle impossible de Mattias Weinhandl, raté par la mitaine de Robert Esche qui se troue (5-5).

La remontée fantastique se poursuit en prolongation : lancer de la bleue de Magnus Johansson, et Kristian Huselius - invisible presque tout le match comme avant-hier - marque le but vainqueur au rebond, du revers (6-5). Une conclusion qui a tout d'un hold-up.

Le spectaculaire Jonas Gustavsson a en effet reçu 44 tirs ce soir, et les craintes sur la défense de la Suède, avec un Kenny Jönsson visiblement diminué, sont loin d'être levées : le seul défenseur à créditer d'un bon match est l'offensif Magnus Johansson, splendide. Le jeune Nicklas Grossman a craqué mentalement, comme tétanisé après son erreur du premier but. Dick Tärnström a eu trop de déchet et a été pénalisé trois fois. Åkerman a peiné en un contre un. On ajoute à cela les spécialistes de l'infériorité Wallin et Andersson qui font des fautes et provoquent des 3 contre 5, et les ailiers de NHL Patrik Berglund et Loui Eriksson totalement portés disparus... Cela fait beaucoup de travail pour "BÅG" et ses adjoints.

Mais alors, comment les Américains ont-ils fait pour perdre ce match ? Je ne sais vraiment pas... Ron Wilson non plus, sans doute, dont le grand sourire a mystérieusement disparu dans le troisième tiers. Les États-Unis avaient le physique, la vitesse, l'efficacité... mais leur inexpérience explique sans doute qu'ils aient été inacapables de prévoir ou de gérer le retour suédois. Moral à regonfler avant leur match de vendredi soir contre la France. Dans leur malheur, en effet, ils sont quand même premiers de la poule grâce au point de la défaite en prolongation. La Suède sauve la deuxième place.

Désignés joueurs du match : Jonas Gustavsson pour la Suède et Ryan Shannon pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Suède - États-Unis 6-5 après prolongation (0-1, 2-2, 3-2, 1-0)

Mercredi 29 avril 2009 à 20h15 à Berne. 9876 spectateurs.

Arbitrage de Peter Orszag (SVK) et Jyri Petteri Rönn (FIN) assistés d'Ivan Diedioulia (BLR) et Felix Winnekens (ALL).

Pénalités : Suède 14' (4', 8', 2', 0'), États-Unis 6' (4', 2', 0', 0').

Tirs : Suède 28 (7, 10, 8, 3), États-Unis 44 (13, 20, 11, 0).

Évolution du score :

0-1 à 4'11" : O'Sullivan assisté de Blake

1-1 à 25'07" : Weinhandl assisté de Johansson et Tärnström

2-1 à 26'42" : Nilson assisté de Strålman et Andersson

2-2 à 29'58" : Liles assisté de Johnson et O'Sullivan (double sup. num.)

2-3 à 37'26" : Shannon assisté de Johnson et Liles (double sup. num.)

2-4 à 44'06" : Shannon assisté de Stafford et Liles (double sup. num.)

2-5 à 48'20" : Johnson assisté d'Oshie et Backes

3-5 à 48'46" : Johansson assisté de Weinhandl et Mårtensson

4-5 à 52'45" : Persson assisté de Jönsson et Huselius (inf. num.)

5-5 à 52'45" : Weinhandl assisté de Mårtensson

6-5 à 61'59" : Huselius assisté de Persson et Johansson

 

Suède

Gardien : Jonas Gustavsson.

Défenseurs : Magnus Johansson (A) - Nicklas Grossman ; Dick Tärnström - Johan Åkerman ; Kenny Jönsson (C) - Anton Strålman.

Attaquants : Loui Eriksson - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Kristian Huselius - Rickard Wallin (A) - Patrik Berglund ; Martin Thörnberg - Johan Harju - Linus Omark ; Niklas Persson - Johan Andersson - Marcus Nilson.

Remplaçant : Johan Holmqvist (G). Absents : Joel Lundqvist (cuisse), Tobias Enström (fracture au visage), Stefan Liv (G, étirement à la cuisse).

États-Unis

Gardien : Robert Esche.

Défenseurs : Ryan Suter - Ron Hainsey (A) ; John Michael Liles - Jack Johnson ; Keith Ballard - Matt Niskanen ; Zach Bogosian - Peter Harrold.

Attaquants : Jason Blake (A) - Patrick O'Sullivan - Dustin Brown (C) ; Kyle Okposo - David Backes - T.J. Oshie ; Nick Foligno - Ryan Shannon - Drew Stafford ; Colin Stuart - Colin Wilson - Lee Stempniak.

Remplaçant : Al Montoya (G).

 

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