Finlande - Bélarus (2 mai 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe F.

Comment perdre (ou gagner) un match en 5 secondes

Puisque les Slovaques ont pris un point contre la Finlande hier, avant de s'effondrer contre les Tchèques cet après-midi, le Bélarus n'a plus le choix : sauf à devoir compter sur l'aide de Norvégiens qui n'ont plus rien à gagner, il doit lui aussi prendre un point contre un de ces deux mêmes adversaires. Le quart de finale est à ce prix, et l'expérience slovaque prouve que ce devrait être plus "facile" contre les Finlandais que contre les Tchèques.

Mais le sort semble s'acharner contre les Biélorusses. Après le forfait des frères Kostsitsyn de la NHL (Sergei est opéré de l'épaule et Andrei a refusé de venir... parce qu'il ne veut pas jouer avec son "ennemi juré" Grabovsky ?), voilà que ses deux meilleurs éléments de la KHL, Konstantin Koltsov et Aleksei Kalyuzhny, sont blessés.

Le capitanat de Koltsov est transféré à Salei (tandis que Grabovsky récupère un "A"), et la place en première ligne de Kalyuzhny est prise par Sergei Demagin. Le jeune attaquant du Dynamo Minsk est donc présent sur l'engagement, reçoit le palet gagné par Grabovsky... et son tir du poignet se loge dans la lucarne opposée. Cinq secondes ! Le but le plus rapide en championnat du monde !

Pour la Finlande, c'est ce qui s'appelle se mettre dans la mouïse. À quoi cela ressemble-t-il, la mouïse ? Cela ressemble à quatre voire cinq joueurs alignés sur leur ligne bleue pour en interdire l'accès autrement qu'en envoyant au fond. Cela ressemble à une défense ultra-compacte, regroupée autour de son gardien Andrei Mezin, qui a vécu tellement de fois ce genre de circonstances... Et la mouïse, c'est efficace. Les blancs s'y prennent les pieds et elle commence à coller à leurs patins.

Il reste aux Finlandais leur jeu de puissance, le deuxième du tournoi derrière celui du Canada. Mais il semble de moins en moins performant au fil des rencontres, comme si les adversaires l'avaient étudié. La première supériorité numérique ne passe la bleue que sur un exploit en entrée de zone. La seconde s'installe, mais Sami Kapanen et Niklas Hagman cherchent vainement des déviations et des rebonds.

Le Bélarus ne commet toujours aucune erreur, au contraire de la Finlande. Sur un palet perdu en zone neutre, Aleksei Ugarov s'échappe, dribble le gardien et rabat le palet du revers... juste à côté du cadre. Leo Komarov se procure certes un tir dangereux sur la contre-attaque, mais les faits sont là : la Finlande aurait pu se retrouver menée 0-2 à l'issue d'un tiers-temps qu'elle a essentiellement passée dans le camp adverse.

La deuxième période se poursuit sur un mode similaire. Les rouges ne se livrent pas le moins du monde, bons soldats obéissant au mot d'ordre de "rester groupir". Leur placement est sans faille, et la meilleure occasion est une fois de plus pour eux, quand un contre de Dmitri Meleshko arrive jusqu'au gardien. En infériorité numérique, ils tiennent toujours. Le cinglage de Salei a été tué grâce à cinq tirs bloqués. Mais lorsque Ryadinski est pénalisé pour un coup de coude, la Finlande trouve enfin la clé. Une clé toute simple : un bon écran de Niklas Hagman, qui s'est placé devant Mezin et lui bouche totalement la vue pendant le lancer de la bleue de Janne Niskala (1-1).

Le jeu se muscle en troisième période. Meleshko, qui avait subi une petite commotion au premier tour, est méchamment pris en sandwich entre Koistinen et Ruutu et reste au sol. Les deux Finlandais paraissent également coupables, le casier judiciaire fait le reste : c'est Jarkko Ruutu qui va (retourne, en fait...) en prison. Le plus blessé est cependant Juha-Pekka Hytönen : le palet s'envole sur sa crosse et l'atteint à la joue. Il part se faire recoudre. Komarov conserve le palet en zone offensive et est fait trébucher par Meleshko. En supériorité, Lasse Kukkonen repique au but, un peu trop à son goût puisque Salei le pousse violemment contre la cage dont il prend le coin en pleine poitrine. Une pénalité aurait été possible pour ce geste gratuit, signe d'un jeu devenu de plus en plus rugueux.

Poison permanent, Ugarov intercepte encore un palet en zone neutre, fait faire une crise d'apoplexie au commentateur de la télévision finlandaise et prend un lancer en angle détourné par Rinne. Il ne reste plus que cinq minutes. La Finlande essaie encore : tir entre les cercles de Santala sur centre en retrait de Ruutu, puis déviation de Pyörälä à bout portant. La sirène retentit. La prolongation n'amènera rien de plus, malgré une bonne occasion... d'Ugarov.

Niklas Hagman ouvre la séance de tirs au but, part à gauche, veut enchaîner avec le zag à droite, mais Mezin lui barre la route de la crosse, avec autorité. Le spécialiste Oleg Antonenko donne l'avantage au Bélarus, mais la Finlande a aussi un grand tireur de penaltys : Petteri Nummelin. Sa technique de crosse est étourdissante de vitesse et il place le palet juste au-dessus de la jambière droite de Mezin. Le revers de Meleshko échoue sur Rinne, alors que celui d'Immonen trouve les filets. Grabovsky vient avec assurance égaliser dans la série.

Ce sera donc un duel au sommet entre les deux spécialistes. Antonenko est de retour, s'avance jusqu'à deux mètres et tire avec toujours la même assurance. Cette fois, Nummelin manque le cadre...

Ce Mondial restera donc comme celui des nations de l'est qui ont des techniciens formés à la vieille école soviétique qui s'avèrent décisifs aux penaltys. La Lettonie a gagné deux fois aux tirs au but grâce à Nizivijs, et le Bélarus deux fois grâce à Antonenko.

Ces deux pays sont presque en quart de finale, surtout le Bélarus. La Slovaquie est éliminée après sa journée noire, et seule la Norvège peut lui passer devant en battant coup sur coup Canadiens et Slovaques, ce à quoi personne ne croit.

Aujourd'hui s'est donc produit un évènement rare : une équipe de Finlande battue sur la tactique et la discipline défensive. Hormis contre la Suède, on ne pensait que ce jour adviendrait jamais !

Désignés joueurs du match : Pekka Rinne pour la Finlande et Andrei Mezin pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Nous avons opté pour une tactique défensive, pour faire tout notre possible pour éviter que les Finlandais se présentent à 3 contre 2 et 2 contre 1. Je ne vais pas le cacher : c'était un choc de perdre Kalyuzhny et Koltsov. Chacun d'eux jouait plus de 20 minutes par match. Mais j'ai vu une fois de plus combien les sentiments amicaux étaient forts dans notre équipe. Sur le banc, tout le monde était là, les blessés et le gardien de réserve Igor Brikun. Koval jouera demain, Mezin a gagné le droit de se reposer après ce grand match. Mais nous avons deux grands gardiens."

 

Finlande - Bélarus 1-1 (0-1, 1-0, 0-0, 0-0) / 2-3 aux tirs au but

Samedi 2 mai 2009 à 20h15 à Kloten. 5621 spectateurs.

Arbitrage de Danny Kurmann (SUI) et Marcus Vinnerborg (SUE) assistés de Yuri Oskirko (RUS) et Peter Sabelström (SUE).

Pénalités : Finlande 12' (2', 4', 6', 0'), Bélarus 12' (4', 4', 4', 0').

Tirs cadrés : Finlande 45 (15, 15, 12, 3), Bélarus 18 (5, 10, 2, 1).

Évolution du score :

0-1 à 00'05" : Demagin assisté de Grabovsky

1-1 à 33'22" : Niskala assisté de Nummelin (sup. num.)

Tirs au but :

Finlande : Hagman (arrêté), Nummelin (réussi), Immonen (réussi).

Bélarus : Antonenko (réussi), Meleshko (arrêté), Grabovsky (réussi).

Tireurs supplémentaires : Antonenko (BLR, réussi), Nummelin (FIN, à côté).

 

Finlande

Gardien : Pekka Rinne.

Défenseurs : Petteri Nummelin (A) - Mikko Lehtonen ; Janne Niskala - Lasse Kukkonen ; Ville Koistinen - Topi Jaakola ; Anssi Salmela.

Attaquants : Niklas Hagman - Niko Kapanen - Antti Miettinen ; Sami Kapanen (C) - Jarkko Immonen - Mika Pyörälä ; Ville Vahalahti - Juha-Pekka Hytönen - Hannes Hyvönen ; Leo Komarov - Tommi Santala - Jarkko Ruutu (A).

Remplaçants : Karri Rämö (G), Kalle Kerman. En réserve : Janne Niinimaa, Tuomas Pihlman.

Bélarus

Gardien : Andrei Mezin.

Défenseurs : Aleksandr Ryadinsky - Ruslan Salei (C) ; Vladimir Denisov - Andrei Bashko ; Viktor Kostyuchenok - Ivan Usenko.

Attaquants : Aleksei Ugarov - Mikhaïl Grabovsky (A) - Sergei Demagin ; Dmitri Meleshko - Andrei Mikhalev - Yaroslav Chuprys ; Oleg Antonenko (A) - Evgeni Kovyrshin ou Andrei Stas - Aleksandr Kulakov ; Mikhaïl Stefanovich.

Remplaçants : Vitali Koval (G), Andrei Antonov, Dmitri Korobov. Absents : Aleksandr Makritsky (épaule), Konstantin Koltsov (adducteurs), Aleksei Kalyuzhny (poignet).

 

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