Suède - République Tchèque (7 mai 2009)

 

Quart de finale des championnats du monde 2009.

Ils ne se sont pas approchés du Monstre

Puisque les Américains ont mis fin à leur série noire contre la Finlande hier soir, cela motive sûrement les Tchèques, bien décidés eux aussi à prendre leur revanche de l'an passé. On sait que la clé se situera dans les cages, avec deux jeunes gardiens qui se sont révélés cette saison. Jonas Gustavsson - élu dans la semaine meilleur joueur de l'Elitserien suédoise - et Jakub Stepanek - élu meilleur débutant de l'Extraliga tchèque - sont encore novices en équipe nationale et n'ont jamais eu autant de pression concentrée sur un match. L'échec ou la réussite d'un Mondial se joue aujourd'hui.

On joue depuis seulement vingt-deux secondes que Dick Tärnström sort déjà le palet au-dessus du plexi pour la première pénalité. Les Tchèques peuvent donc lancer les premières offensives, mais se font surprendre par un contre de Niklas Persson qui se présente seul à la cage. La Tre Kronor a pour sa part deux supériorités numériques, lorsque Hlinka fait trébucher Jönsson devant le banc suédois qui s'offusque, puis lorsque Blatak accroche Berglund parti à la cage. Stepanek est déjà sous pression et voit un palet atterrir sur la transversale. C'est parce que les deux équipes patinent fort qu'elles provoquent toutes deux des prisons adverses. Josef Vasicek en débordement est fait trébucher par Magnus Johansson, mais la République Tchèque se fait encore prendre en contre alors qu'elle est en supériorité numérique. C'est Jaromir Jagr qui concède la pénalité. Aucune équipe n'aura pris le dessus dans ces échanges en déséquilibre numérique. Les Tchèques ont montré une défense un peu plus poreuse, et les Suédois des difficultés à entrer en zone offensive.

Une situation de 4 contre 4, après une explication entre Cajanek et Oduya, s'annonce intéressante. Elle se signale surtout par une perte de palet en zone défensive de Magnus Johansson, pourtant le meilleur joueur suédois depuis le début du tournoi. Jan Marek bénéficie du cadeau et prend un bon lancer, détourné du bras droit par Gustavsson. On n'arrive toujours pas à jouer à 5 contre 5, puisque Plekanec subit une obstruction d'Åkerman. C'est le meilleur jeu de puissance tchèque pour l'instant, avec en maître de cérémonie un Marek bien remis de sa blessure. Ce tiers-temps se termine par une nouvelle pénalité, contre Omark, et une incroyable intervention de Kenny Jönsson qui plonge devant le rebond en cage ouverte de Zidlicky et le détourne de la jambe. Le capitaine suédois vient de sauver son équipe au buzzer !

Les Tchèques commencent ainsi la deuxième période en avantage numérique et ils s'installent donc en zone offensive... jusqu'à une obstruction de Rolinek sur le gardien. Il est même rejoint en prison par Michalek, qui a essayé d'élever la crosse de Strålman qui tombe. Cette pénalité douteuse, Ruzicka l'évoque avec l'arbitre en grimaçant, le chewing-gum en coin et la mine inquiète. Il faut dire que cette décision coûte très cher à son équipe qui doit jouer à 3 contre 5. Mattias Weinhandl en profite pour ouvrir le score : son tir de la gauche touche le bras de Stepanek, voilé par son défenseur Polak, et rentre (1-0).

Chaque équipe a coup sur coup une énorme occasion. Hemsky n'arrive pas à exploiter un rebond dans une cage ouverte après un lancer non cadré de Jagr, et Weinhandl ne cadre pas sa reprise après une magnifique passe transversale de Tony Mårtensson... qui prend une pénalité sur l'action. Gustavsson lâche un rebond chaud sur un bon lancer dans le haut du plastron signé Marek Zidlicky, mais ensuite, Loui Eriksson parvient à fausser compagnie à la défense en infériorité et se présente seul devant le gardien. Le buteur des Stars de Dallas essaie une bonne feinte mais le palet lui échappe et file à côté du cadre.

Les sifflets des arbitres américains se taisent enfin. La configuration de jeu plus stable permet de confirmer le léger avantage de la Suède, par sa maîtrise du palet et son meilleur placement défensif. Les Tchèques dominent certes aux tirs, mais ce sont essentiellement des lancers extérieurs, que Gustavsson voit toujours partir. À deux minutes de la fin du tiers, Klepis est sanctionné pour une obstruction en zone offensive. Stepanek n'a pas le temps de couvrir le rebond après un tir direct de Weinhandl que Dick Tärnström a poussé le palet au fond (2-0).

Dès le début du troisième tiers-temps, Johan Harju est sanctionné pour avoir retenu Hlinka. Les Tchèques n'en profitent toujours pas, malgré un bon une-deux Jagr-Cajanek. Au retour au complet, fatalement provisoire, Plekanec vient attaquer la cage et le gardien, et Gunnarsson et Michalek sont exclus dans l'échauffourée qui suit. Cette seconde situation de 4 contre 4 est plus favorable aux rouges. Le tir du poignet de Patrik Elias frappe le poteau, tandis que Wallin est sanctionné pour cinglage. Cette phase de 4 contre 3 est capitale, mais Jagr, Hemsky, Elias et Zidlicky n'y arrivent pas. La ligne de Marek rentre pour le 5 contre 4, mais l'entente entre les défenseurs Blatak et Rachunek fait toujours défaut.

Peu de temps après, les Tchèques se retrouvent en double infériorité après des pénalités contre Blatak et Elias, pour un dégagement hors du jeu. Et c'est pourtant dans cette situation défavorable qu'ils se relancent. Ils récupèrent le palet pendant un changement suédois qui laisse le champ libre à droite à Tomas Rolinek qui centre. Petr Cajanek a devancé Tärnström et se retrouve seul face au but pour ajuster Gustavsson (2-1). Alors que la Suède aurait pu et dû tuer le match, elle a pris un but et... une pénalité, pour une crosse baladeuse de Mårtensson.

Huitième essai pour le powerplay tchèque, qui tâtonne toujours. Les partenaires de Jagr changent sans cesse : Hlinka s'ajoute à Elias et succède aux Cajanek, Hemsky ou Vasicek. La réussite n'est toujours pas au rendez-vous puisque le missile de la bleue de Zidlicky heurte la transversale et retombe juste devant la cage.

Vladimir Ruzicka continue de chambouler ses lignes à chaque présence, mais sans franchement réduire son banc car onze attaquants tournent encore (il ne manque que Vasicek). Ces perpétuelles évolutions n'aident pas la construction offensive, bien au contraire. Les hommes de Ruzicka sont désordonnés, et la Suède n'a plus qu'à achever la bête. Après une première alerte de Mårtensson et Weinhandl en 2 contre 1, bien parée par Stepanek, c'est Kenny Jönsson qui porte le coup de grâce de la ligne bleue de Kenny Jönsson (3-1). Un dernier beau geste défensif d'Ondrej Nemec, qui plonge pour subtiliser le palet avec sa crosse à Johan Harju parti en échappée, et les Tchèques s'inclinent, désabusés.

La Suède se qualifie donc pour la demi-finale, comme l'an passé, et y rencontrera le Canada, comme l'an passé. Ce sera maintenant à elle d'espérer que l'histoire ne se reproduira plus...

Ce match devait désigner un grand gardien, et il l'a fait (sans que Stepanek ne démérite, d'ailleurs). Puisque sa mère gravement malade a demandé à Jonas Gustavsson de partir aux championnats du monde, il est comme envoyé en mission ici. Le "Monstre" a répondu présent. Il peut compter sur une défense solide où Jönsson, Oduya et Tärnström ont effectué un travail remarquable pour tuer les pénalités et interdire l'accès à son slot. Mais les Canadiens seront sûrement beaucoup plus agressifs sur les rebonds et les écrans que ne l'étaient des Tchèques pas aussi prêts à aller au sacrifice.

Le talent offensif de la République Tchèque n'avait personne pour le servir. L'attaque suédoise ne manque pas de porteurs d'eau, mais elle a peu de joueurs décisifs : tout a reposé sur le duo Mårtensson-Weinhandl ce soir, ce duo que le Canada avait su museler il y a un an. La pépite Linus Omark a encore fait étalage de sa classe exceptionnelle, mais son sens du jeu est si fin qu'il est parfois trop compliqué pour ses coéquipiers. Thörnberg a été à la traîne ce soir pour deviner les passes du petit génie.

Désignés joueurs du match : Jonas Gustavsson pour la Suède et Patrik Elias pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé Marc Branchu / photos Francis Larrède

 

Commentaires d'après-match

Petr Cajanek (capitaine de la République Tchèque) : "Je ne sais pas si nous avons manifesté assez d'attention devant la cage. Les Suédois nous ont écartés de son voisinage immédiat. À 0-2, nous avons ouvert le jeu, nous avons pressé à deux joueurs, mais rien n'y a fait. Le hockey est terriblement équilibré. Nous étions habitués aux médailles chaque année, mais malheureusement, aujourd'hui, les résultats sont ce qu'ils sont. Nous sommes incapables de passer les quarts de finale."

Marek Zidlicky (défenseur de la République Tchèque) : "Nous sommes des joueurs techniques. Quand nous sommes allés voir la glace, nous avons vu qu'elle était désastreuse [NB : c'était la journée la plus chaude du Mondial et la glace en a pâti]. Ce n'est pas une excuse, il ne peut pas y en avoir. Cela ne sert à rien de discuter des décisions de l'arbitre après le match. C'est fini."

 

Suède - République Tchèque 3-1 (0-0, 2-0, 1-1)

Jeudi 7 mai 2009 à 20h15 à Berne. 10415 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker et Thomas Sterns (USA) assistés de Peter Feola (USA) et Antti Orelma (FIN).

Pénalités : Suède 22' (10', 2', 10'), République Tchèque 22' (8', 6', 8').

Tirs cadrés : Suède 20 (7, 7, 6), République Tchèque 34 (13, 10, 11).

Évolution du score :

1-0 à 30'02" : Weinhandl assisté de Johansson (double sup. num.)

2-0 à 39'03" : Tärnström assisté de Weinhandl et Mårtensson (sup. num.)

2-1 à 48'48" : Cajanek assisté de Rolinek (double inf. num.)

3-1 à 57'46" : Jönsson assisté de Nilson et Persson

 

Suède

Gardien : Jonas Gustavsson.

Défenseurs : Dick Tärnström - Johnny Oduya ; Carl Gunnarsson - Magnus Johansson (A) ; Kenny Jönsson (C) - Anton Strålman ; Nicklas Grossman - Johan Åkerman.

Attaquants : Kristian Huselius - Rickard Wallin (A) - Marcus Nilson ; Loui Eriksson - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Martin Thörnberg - Johan Harju - Linus Omark ; Niklas Persson - Johan Andersson - Patrik Berglund.

Remplaçant : Stefan Liv (G). Absents : Joel Lundqvist (cuisse), Tobias Enström (fracture au visage), Johan Holmqvist (G).

République Tchèque

Gardien : Jakub Stepanek.

Défenseurs : Petr Caslava - Marek Zidlicky (C) ; Miroslav Blatak - Karel Rachunek ; Ondrej Nemec - Roman Polak.

Attaquants : Ales Hemsky - Petr Cajanek (A) - Jaromír Jágr (A) ; Patrik Elias - Tomas Plekanec - Milan Michalek ; Jakub Klepis - Josef Vasicek - Jaroslav Hlinka ; Jan Marek - Tomas Rolinek - Ales Kotalik ; Rostislav Olesz [2 présences au 1er tiers].

Remplaçants : Lukas Mensator (G), Roman Cervenka. Absents : Michal Barinka (épaule), Zbynek Irgl (en réserve), Martin Prusek (G).

 

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