Suisse - Suède (16 février 1922)

 

Championnats d'Europe 1922, deuxième match.

Loin du doux voyage touristique des Tchèques, le périple de la Suède fut compliqué pour arriver dans les Alpes suisses. Ils ont peu anticipé leur voyage et ont accumulé les contrariétés. Dès le dimanche, le ferry est parti du port de Trelleborg avec quatre heures de retard à cause du brouillard. L'équipe suédoise est tout de même arrivée vers minuit à la Stettiner Bahnhof de Berlin pour passer la nuit à l'Hôtel Baltic. Elle a même pu s'entraîner sur la patinoire de Berlin en fin de matinée. Elle compte en effet toujours dans ses rangs deux joueurs du Berliner SC, les premiers à avoir pratiqué le hockey sur glace à la façon canadienne. Mais depuis deux ans, ce sport olympique s'est aussi développé en Suède et les hockeyeurs locaux ne veulent pas rester au second plan...

Sur le chemin de Berlin, les joueurs de Stockholm décident entre eux qu'ils veulent continuer à être titulaires ensemble : arrivés en Allemagne, ils annoncent aux expatriés que la ligne offensive de Göta restera inchangée. Ils disent à Nils Molander qu'il ne reste qu'un poste ouvert, celui d'arrière droit, et à Erik Burman qu'il peut faire le voyage uniquement comme réserviste. Une certaine tension s'installe au sein de l'équipe. Molander envisage même de ne pas faire le voyage dans ces conditions... Il accepte finalement le rendez-vous pour le train de 20h19 le lundi soir, sachant que le voyage vers Saint-Moritz via Bâle est censé prendre 26 heures de train. Il durera en fait un jour de plus : les Suédois n'arriveront que le mercredi soir, obligeant les organisateurs suisses à chambouler le calendrier pour eux et à retarder leur entrée au jeudi.

Le temps de la réflexion commune semble avoir porté ses fruits. Burman et Molander se présentent finalement tous deux comme titulaires de l'attaque. Le problème deviendra alors différent : ils jouent tellement entre eux que leur coéquipier "Fransman" Johansson patine souvent en vain sans jamais recevoir le palet. Pas facile de faire jouer ensemble des hockeyeurs qui jouent toute l'année dans deux pays différents !

Quelle que soit la composition présentée, il est clair que les Suédois ne pouvaient pas être inquiétés par la Suisse. Dans les rues de la station des Grisons où les touristes - majoritairement anglais - dînent en smoking, ils ne se sentent pas à tout à fait du même monde. Ces athlètes issus du bandy voire du football, deux sports plus populaires, considèrent les Suisses comme des joueurs "aristocratiques", même si ce n'est guère vrai des villageois de Saint-Moritz qui n'ont acquis ces habitudes qu'en côtoyant le public très sélect de la station en vogue. 'Stor-Klas" Svensson et plus encore "Knatten" Lundell - le meilleur joueur sur la glace avec ses mises en échec efficaces - sont dominants en défense. Les arrières suisses sont bien plus faibles et ne peuvent guère gêner les attaquants suédois.

Pour autant, les visiteurs ne sont pas grandement satisfaits de leur facile victoire. Ils avaient espéré que la grande glace de Saint-Moritz (65 mètres sur 33) leur permettrait de se sentir "comme à la maison", contrairement aux patinoires couvertes d'Europe de l'ouest (où ils avaient fait leurs débuts aux Jeux olympiques d'Anvers). Il y a normalement de la place pour faire de longues passes dont les Suédois ont l'habitude dans leur pratique du bandy. Mais dans le compte-rendu qu'il fait du match à la presse suédoise, Putte Kock estime que ses coéquipiers se sont un peu fourvoyés en essayant de répéter les mêmes actions qu'au Stadion de Stockholm. Ils cherchent en effet des passes que le receveur est censé récupérer après rebond dans la balustrade. Mais les bandes en bois de dix centimètres de haut qui entourent la patinoire de Saint-Moritz rebondissent très mal. Elles absorbent le choc dans un temps de suspension et le palet s'immobilise. La dimension de la patinoire conduit les Suédois à abuser un peu trop des tirs lointains et excentrés. "Stor-Klas" est friand de faire admirer sa puissance de lancer, mais le gardien suisse arrive souvent à les repousser de manière peu académique, dans un style plus proche du tennis. Stor-Klas finit quand même par marquer trois buts, dont un du milieu de la patinoire.

Suisse - Suède 0-7 (0-4, 0-3)
Jeudi 16 février 1922 à 15h30 à Saint-Moritz.
Arbitrage de Karel Hartmann (TCH).

Buts : Svensson 3, Molander 2, Burman 1, Holmqvist 1

Suisse

Attaquants : Mezzi Andreossi - Donald Unger - Giannin Andreossi

Défenseurs : Édouard Mottier - Marius Jaccard

Gardien : Zacharias Andreossi

Remplaçants : Walter de Siebenthal et Edi Koch

Suède

Attaquants : Georg Johansson-Brandius - Erik Burman - Nils Molander

Défenseurs : Einar Lundell - Einar "Stor-Klas" Svensson

Gardien : Einar Olsson.

Remplaçants : Birger Holmquist et (Gunnar Galin ou Ragnar Tidqvist ou Rudolf Kock ?)

 

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