États-Unis - Norvège (9 mars 1951)

 

Match comptant pour les Championnats du monde 1951.

Après avoir accueilli les Six Jours de cyclisme pour mériter son surnom de Vel' d'Hiv', le Palais des Sports de Grenelle a été mis en glace pour accueillir une grande compétition internationale, les championnats du monde de hockey sur glace. Six nations sont présentes dans le groupe A, qui s'affrontent pour le titre mondial, et sept - dont la France - dans le groupe B.

La cérémonie protocolaire de ces championnats du monde de Paris a commencé à 20h30 : les treize équipes se sont alignées derrière leur gardien, porte-drapeau, pour le discours introductif du président de la LIHG Fritz Kraatz et pour une Marseillaise. Il ne manquait que le public, peu nombreux pour cet hymne national : les Parisiens sont arrivés petit à petit vers 21 heures pour la soirée. Il faut dire que, selon les différents journaux, le match de hockey sur glace proprement dit devait commencer à 20h45, 21h15 ou 21h45. Ce flou ne favorisait donc pas la ponctualité.

Les spectateurs ont pour la plupart profité des exhibitions de patinage artistique, que le règlement de la compétition autorise uniquement pour la soirée d'ouverture : un couple britannique, le petit junior Alain Giletti, et surtout Jacqueline du Bief, qui inaugura par un programme classique dans un fourreau de satin noir, avant de le terminer avec une exhibition plus originale, dans un costume couleur de biche, en mimant un animal traqué par les chasseurs puis succombant sous leurs coups de fusil. Le dessin animé Bambi, qui traumatisera des générations d'enfants, est sorti en France trois ans et demi plus tôt...

Vient ensuite le match entre les Norvégiens et les Américains, qui intriguent le public parisien par leurs patronymes à consonance française : l'équipe représentant les États-Unis est en effet le "Bates Hockey Club" de Lewiston, représentant d'une gigantesque usine textile qui est le principal employeur de l'État du Maine. Elle a attiré la plupart de ses travailleurs depuis l'autre côté de la frontière, au Québec et en Acadie.

Le match commence par un accident après seulement deux minutes. Ce n'est pas une biche qui est étendue sur la glace, c'est Bjørn Gulbrandsen, fauché dans sa "chevauchée" avec le palet et retombé en arrière sur la nuque : victime d'une probable commotion cérébrale, il est évacué vers un hôpital proche (Boucicaut, où les médecins lui recommanderont six mois de repos sans sport). Habitués à un jeu moins physique, en plein air, puisqu'ils n'ont pas de patinoire couverte, les Norvégiens ne vont-ils pas être perturbés par cet incident ? Non. S'ils sont moins athlétiques, ils compensent par leur ardeur au patinage et un meilleur jeu collectif. Le public finit par prendre fait et cause pour eux, et non pour les Américains francophones. En dépit de quelques contre-attaques menées avec de la vitesse de Belaud et Lauze, ce sont bel et bien les Scandinaves qui dominent.

La Norvège ouvre logiquement le score sur une attaque rapide de Solheim dès le début du deuxième tiers-temps. Le gardien Henry Brodeur maintient ensuite ses cages inviolées grâce à quatre arrêts importants, mais il ne fait que retarder l'échéance pour son équipe, de plus en plus fatiguée. Dubois et Parent surnagent. La cohésion et l'énergie supérieures des Scandinaves, au maillot blanc étoilé de rouge, leur permettent d'ajouter deux buts supplémentaires en troisième période, par Rygel en supériorité numérique et par Berg du revers.

Marc Branchu, avec les archives photographiques de Patrick H.

 

États-Unis - Norvège 0-3 (0-0, 0-1, 0-2)
Vendredi 9 mars 1951 à 21h30 au Palais des Sports de Grenelle, Paris (FRA).
Arbitrage de MM. Ahlin et Sando (SUE).
Pénalités : États-Unis 10', Norvège 2'.

Évolution du score :
0-1 à 25' : Solheim
0-2 à 42' : Rygel (sup. num.)
0-3 à 48' : Berg assisté de Solheim

 

États-Unis

Attaquants :
Albert Moreau - Pete Thériault - Bob Dubois (4')
Amédée Beland - George Morin - Chuck Poirier

Défenseurs :
Norm Parent (4') - Jim Fife
Hank Martineau (2') - Larry Berube
Raymond Marcotte (C)

Gardien :
Hank Brodeur

Remplaçant : Gaston Lauze (A). En réserve : Léon Lafrance (G), Laurier Charest (entraîneur-joueur).

Norvège

Attaquants :
Per Voigt (2') - Ragnar Rygel - Bjørn Gulbrandsen puis Annar Petersen
Jan Erik Adolfsen - Leif Solheim - Arne Berg

Défenseurs :
Johnny Larntvet (C) - Roar Pedersen
Gunnar Kroge - Per Hagfors

Gardien :
Per Dahl

En réserve : Arthur Kristiansen (G), Finn Gundersen (A), Odd Hansen (A).

 

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