Tchécoslovaquie - Suède (24 mars 1970)

 

Championnats du monde 1970, septième journée.

C'est le premier choc de cette phase retour, que la Suède doit gagner pour rester au contact de l'URSS. Le public de Stockholm ne demande qu'à s'enflammer. Stefan Karlsson lève les bras et feint de croire avoir marqué après 45 secondes de jeu, mais l'action avait été arrêtée par un coup de sifflet très audible dès qu'il avait reçu, en position de hors-jeu de ligne rouge, la passe d'Arne Carlsson qui avait franchi deux lignes. Vladimír Bednář fait trébucher Lars-Göran Nilsson, mais la pénalité est tuée grâce à l'obstination de Jaroslav Holík pour harceler le porteur de palet et à une brillante interception du corps de Jan Suchý pour empêcher une entrée de zone. Jiří Kochta accélère pour la première occasion tchèque, mais Leif Holmqvist pare la tentative de František Ševčík puis Kjell-Rune Milton se jette devant le rebond de Pospíšil. La Tchécoslovaquie est quand même mal entrée dans la partie avec des relances approximatives, au point de concéder cinq dégagements interdits en dix minutes. C'est donc logique si la Suède ouvre le score par un tir du poignet que Björn Palmqvist a placé à mi-distance entre les bottes de Vladimír Dzurilla. Le gardien tchécoslovaque se rattrape en s'interposant devant Ulf Sterner, servi seul devant la cage par Nilsson.

La première moitié du match a donc été sous domination jaune, mais Dzurilla a su émettre des anticorps face à trois revers de Hans "Virus" Lindberg (dont une déviation) et maîtriser la poussée de fièvre. Une perte de palet de Stefan Karlsson offre un 2 contre 1 parfait à Richard Farda et František Ševčík, mais ce dernier s'y reprend à deux fois sans pouvoir lever le palet au-dessus de Holmqvist couché. Après cette première alerte, la Suède commence à reculer. Stanislav Prýl marque du revers au rebond d'un lancer de la bleue de Jan Suchý et les deux équipes sont à égalité. La Tchécoslovaquie est maintenant plus incisive et Holmqvist doit se montrer vigilant face à la soudaineté des tirs de Nedomanský.

La troisième période sera déterminante. La Suède l'aborde mieux, alors même qu'elle commence à quatre à cause d'une obstruction de Stig-Göran Johansson avant la pause. Elle s'arroge le palet en mettant de l'impact physique. Le jeu se rééquilibre après le changement de côté à mi-période. À cinq minutes de la fin, Ulf Sterner remporte une mise au jeu en zone neutre devant la ligne bleue suédoise contre un Nedomanský peu pressé de revenir défendre. Le centre suédois peut donc échanger le palet avec son ailier gauche Palmqvist puis décaler à droite le petit Stig-Göran Johansson qui feinte Dzurilla et le trompe d'un revers croisé à ras glace. Les Suédois sont alors tout proches d'un troisième succès en trois rencontres face à leurs concurrents pour le titre. Leur meilleure arme réside dans la possession, mais Stefan Karlsson l'abandonne sur une mise en échec de Jiří Holík dans la zone tchèque. Son frère Jaroslav se saisit du palet et sert d'une passe précise Jan Hrbatý, qui a déjà fait admirer sa technique de crosse au cours de la soirée et qui dribble Holmqvist pour l'égalisation. Le match s'achève par un score nul et par une empoignade à trois secondes de la fin quand Ulf Sterner charge violemment sur le côté du but le gardien Dzurilla, qui le fait tomber contre la bande (photo). Le capitaine suédois est évacué sur civière, le bras gauche enfoui sous son maillot...

La Tchécoslovaquie a arraché un point qui lui permet de ne pas être totalement décrochée, avec 9 points contre 11 à la Suède et 12 à l'URSS. En plus d'un Suchý toujours très présent en défense, Jiří Kochta a fait un très bon match avec beaucoup d'activité offensive. Ce n'est pas ça qui a manqué à Václav Nedomanský, mais il a en revanche déçu par sa paresse au repli défensif : ce grand gabarit patine sans vigueur et se contente de gêner l'adversaire avec sa crosse. L'équipe suédoise est sans doute plus constante et homogène, notamment en défense. Sa personnalité marquante Lennart Svedberg a été plus discrète dans son style de jeu ce soir, sans rien perdre en efficacité pour autant. Les autres arrières ont tout donné de leur personne et le duo Kjell-Rune Milton - Nils-Rune Johansson a été plus solide que dans ses dernières sorties.

Marc Branchu

Joueur du match (jury de 3 journalistes) : Leif Holmqvist (Suède).

Commentaires d'après-match

Ulf Sterner (attaquant de la Suède) : "J'avais du noir devant les yeux. C'est un miracle que je n'aie pas perdu conscience. Je n'entendais pas le speaker, j'étais à court de souffle."

Arne Strömberg (entraîneur de la Suède) : "Ce match a presque été la copie conforme de notre rencontre du premier tour. La première période a été pour nous, les Tchécoslovaques ont été bien plus forts en deuxième période. Au troisième tiers, je pensais que nous avions les deux points dans la poche, mais nous en avons perdu un sur une erreur fatale... Les arbitres ont eu tort d'expulser Sterner, car Dzurilla était en dehors de sa zone de gardien. Palmqvist est intervenu pour protéger Sterner. Dans un tel match, toutefois, les joueurs peuvent facilement perdre leur sang-froid."

Jaroslav Pitner (co-entraîneur de la Tchécoslovaquie) : "Pas besoin de longues explications. L'action a été commencée par Sterner, qui a attaqué le gardien dans une situation où ce n'était pas nécessaire. C'était même une charge avec la crosse. Les joueurs protègent toujours leur gardien. Je ne cautionne pas ce genre de scènes, mais elles ne sont pas rares dans le hockey. Le point crucial et que Sterner a déclenché la bagarre et que Dzurilla a été attaqué dans sa zone de but. Et c'était un cross-check. Les ralentis de la télévision montrent qui a raison. [...] Notre équipe était très nerveuse au premier tiers et nous avons été menés par une erreur défensive. Nous avons été privés de la victoire à cause des nombreuses occasions non concrétisées au deuxième tiers."

Tchécoslovaquie - Suède 2-2 (0-1, 1-0, 1-1)
Mardi 24 mars 1970 à 19h30 au Johanneshovs Isstadion de Stockholm. 9990 spectateurs.
Arbitrage de MM. Yuri Karandin (URS) et Jan Wycisk (POL).
Pénalités : Tchécoslovaquie 12' (2', 0', 5'+5') ; Suède 12' (0', 2', 5'+5').
Tirs : Tchécoslovaquie 27 (6, 15, 6) ; Suède 23 (9, 6, 8).

Évolution du score :
0-1 à 13'53" : Palmqvist assisté de S.-G. Johansson
1-1 à 32'09" : Prýl assisté de Suchý
1-2 à 55'21" : S.-G. Johansson assisté de Sterner
2-2 à 57'30" : Hrbatý assisté de Jaroslav Holík
 

Tchécoslovaquie

Attaquants :
20 Jiří Holík (C, +1) - 5 Jaroslav Holík (+1) - 10 Jan Hrbatý (+1)
9 Július Haas (-1) - 14 Václav Nedomanský (A, -1) - 6 Stanislav Prýl (-1)
11 Richard Farda - 12 Jiří Kochta - 8 František Ševčík

Défenseurs :
3 Josef Horešovský (+1, 5') - 17 Jan Suchý (A, +1)
7 František Pospíšil (-1) - 4 Oldřich Machač (-1)
19 Vladimír Bednář (2') - [Suchý]

Gardien :
1 Vladimír Dzurilla (5')

Remplaçants : 2 Miroslav Lacký (G), 16 Vladimír Martinec. En réserve : 18 Lubomír Ujváry (D), 21 Ivan Hlinka (A), 15 Josef Černý (cervicales).

Suède

Attaquants :
11 Tord Lundström (-1) - 10 Håkan Wickberg (-1) - 9 Stefan Karlsson (-1)
18 Björn Palmqvist (+2, 5') - 14 Ulf Sterner (C, +2, 5') - 12 Stig-Göran Johansson (+2, 2')
15 Lars-Göran Nilsson (-1) - 20 Anders Hedberg (-1) - 23 Hans Lindberg (-1)

Défenseurs :
4 Lennart Svedberg (-1) - 3 Arne Carlsson (A, -1)
8 Thommy Abrahamsson (+2) - 7 Lars-Erik Sjöberg (+2)
6 Kjell-Rune Milton (-1) - 5 Nils-Rune Johansson (-1)

Gardien :
1 Leif Holmqvist

Remplaçant : 2 Gunnar Bäckman (G). En réserve : 19 Anders Hagström (D), 17 Roger Olsson, 21 Anders Nordin (A).

 

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