États-Unis - URSS (9 septembre 1976)

 

Match comptant pour la quatrième journée de la Coupe Canada 1976.

Première surprise avec l'apparition sur la glace du trio Belousov-Kovin-Skvortsov comme première ligne soviétique. Est-ce parce que les Russes comptent sur la vitesse de ces jeunes joueurs pour imprimer le rythme du match ? Ou le but n'est-il pas plutôt d'utiliser l'énergie et les qualités au combat de la ligne de Vladimir Kovin pour neutraliser les ambitions américaines, en laissant le soin aux lignes plus expérimentées de marquer ? C'est en tout cas ce qui se passe. Les États-Unis tentent d'imposer un jeu physique mais dans les règles, hormis le coup de coude de Jensen sur Babinov, mais ils n'arrivent pas à gêner leurs adversaires, qu'ils trouvent plus forts que les Tchécoslovaques et les Canadiens, malgré ce qu'indique le classement du tournoi. Et le danger vient effectivement de la deuxième ligne.

Car, après avoir connu son jour de gloire avant-hier, Viktor Zhluktov n'a pas l'intention de s'arrêter là. Sa ligne n'est que la deuxième du CSKA Moscou derrière la super-troïka Kharlamov-Petrov-Mikhaïlov, mais elle se retrouve ici propulsée sur le devant de la scène. Du fait des nombreux joueurs restés à la maison, c'est Zhluktov qui a la charge de mener la barque. On peut lui faire confiance car c'est quelqu'un de très solide, même s'il n'a rien d'exceptionnel. Sa technique est bonne mais ordinaire et son patinage pas spécialement gracieux, il est donc un peu la star par défaut ici.

La classe, il faut plutôt la chercher à sa droite avec Vladimir Vikulov. Ancien compagnon de ligne de Firsov et plus brièvement de Kharlamov, auprès duquel il a aussi joué le rôle d'enseignant, le vétéran du CSKA sait faire progresser ceux qui jouent à ses côtés, comme c'est le cas depuis deux ans de Zhlutkov et Aleksandrov qui se sont révélés à son contact. C'est qu'il est un formidable animateur de jeu doté d'une habileté rare, comme il le prouve sur le premier but, où il dévie le palet en mouvement vers Gusev. Celui-ci avance de deux coups de patin, le gardien Curran anticipe le tir, mais le défenseur décale Boris Aleksandrov qui ouvre le score. L'explosif ailier gauche formé au Kazakhstan rajoute ensuite un second but personnel, de nouveau sur un service grandiose de Vikulov, qui fait ce soir une démonstration de ses qualités de passe. Trois minutes plus tard, il trouve Aleksandrov dans l'enclave, et Zhlutkov est là pour prendre le rebond après le premier arrêt.

Vladimir Vikulov sait aussi marquer. En deuxième période, il entre en zone, feint de chercher un partenaire, mais prend en fait un tir précis et soudain qui passe au-dessus du bras droit de Curran surpris. Le travail de la deuxième ligne a été tel que sa seule faiblesse aujourd'hui est à rechercher dans le jeu de puissance, où elle a manqué de mouvement.

Cette victoire soviétique ne souffre aucune discussion. Alors qu'ils évoluent à domicile face à leur rival politique exécré, les joueurs américains ne constituent à aucun moment une opposition sérieuse. La seule fois où ils sont menaçants, c'est en troisième période quand ils ouvrent la boîte à gifles et à intimidations. Cela fonctionne parfois, lorsque Vassiliev et Hangsleben sont renvoyés aux vestiaires après une échauffourée, mais cela tombe souvent à plat. Une scène significative a lieu lorsque Butch Williams essaie de provoquer le petit Boris Aleksandrov, que son gabarit n'a jamais empêché de foncer vers le but quels que soient la taille des défenseurs adverses. Au lieu de répliquer, le joueur soviétique éclate tout simplement de rire, et pointe du doigt le score au tableau d'affichage. Tout est dit.

Élus meilleurs joueurs du match : Gary Sargent pour les États-Unis et Vladimir Vikulov pour l'URSS.

Commentaires d'après-match

Gary Sargent (défenseur des États-Unis) : "Les hockeyeurs soviétiques étaient meilleurs et ont mérité leur victoire."

Vladimir Vikulov (attaquant de l'URSS) : "Je ne pense pas que c'était notre meilleur match. Nous n'avions pas mal joué contre la Suède et nous attendons maintenant le Canada."

 

États-Unis - URSS 0-5 (0-3, 0-1, 0-1)
Jeudi 9 septembre 1976 au Spectrum de Philadelphie (USA). 13776 spectateurs.
Arbitrage d'André Lagasse (CAN).
Pénalités : États-Unis 24' (8', 4', 2'+10'), URSS 8' (2', 4', 2').
Tirs cadrés : États-Unis 22 (5, 13, 4), URSS 30 (12, 9, 9).

Évolution du score :
0-1 à 04'39" : Aleksandrov assisté de Gusev et Vikulov
0-2 à 10'39" : Aleksandrov assisté de Zhluktov et Vikulov
0-3 à 13'54" : Zhluktov assisté d'Aleksandrov et Vikulov
0-4 à 22'41" : Vikulov assisté de Kulikov
0-5 à 57'46" : Repnev assisté de Golikov

 

États-Unis

Attaquants :
Mike Polich - Curt Bennett - Fred Ahern
Alan Hangsleben - Robbie Ftorek - Dean Talafous
Butch Williams - Harvey Bennett - Craig Patrick
Gerry O'Flaherty - Joe Noris - Steve Jensen

Défenseurs :
Lou Nanne - Bill Nyrop
Rick Chartraw - Mike Milbury
Gary Sargent - Mike Christie

Gardien :
Mike Curran

URSS

Attaquants :
Valeri Belousov - Vladimir Kovin - Aleksandr Skvortsov
Boris Aleksandrov - Viktor Zhlutkov - Vladimir Vikulov
Sergueï Kapustin - Aleksandr Maltsev - Helmut Balderis
Yuri Lebedev - Vladimir Repnev - Aleksandr Golikov

Défenseurs :
Aleksandr Gusev - Aleksandr Kulikov
Zinetula Bilyaletdinov - Valeri Vassiliev
Vladimir Krikunov - Sergueï Babinov

Gardien :
Vladislav Tretiak

 

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