Canada - URSS (11 septembre 1976)

 

Match comptant pour la cinquième et dernière journée de la Coupe Canada 1976.

La Tchécoslovaquie attend son adversaire de la finale. La rencontre pour laquelle tout le Canada trépigne d'impatience a enfin lieu. Pourtant, les spécialistes s'étonnent que ce match soit décisif. On aurait pu s'attendre à ce que cette demi-équipe soviétique fût déjà hors course à ce stade, mais elle ne s'est pas trop mal sortie de l'absence de ses vedettes. Surtout, on aurait pu se figurer que le Canada serait déjà qualifié pour la finale de ce tournoi qu'il a fondé et pour lequel il a construit la plus grosse équipe jamais vue, sans avoir à passer par ce match-couperet.

Pendant deux périodes, on assiste à du hockey de haut niveau joué à un rythme effréné. Mais le Canada semble prendre le meilleur grâce à son style parfaitement au point, qui lui permet d'envoyer le palet au fond et de rentrer en zone en empêchant les défenseurs de dégager. Ceux-ci ne sont pas aidés par Tretiak car les gardiens européens ne sont pas habitués à cette tactique et ne sortent jamais de leur cage. Le contraste est évident entre les Canadiens et les Soviétiques, qui portent le palet et font de beaux mouvements en entrée de zone, mais qui se heurtent à une défense très solide à la bleue.

L'opportunisme est donc favorable aux Canadiens, et ils le prouvent en exploitant la première pénalité du match, sifflée contre Maltsev. Sur la supériorité, Gilbert Perreault remplace Phil Esposito sur la première ligne et pénètre sur la glace pour la première fois de la soirée, inaugurant l'évènement par l'ouverture du score. Vikulov égalise mais le Canada récupère les commandes lorsque Bobby Hull reprend parfaitement une bonne passe de Perreault.

En deuxième période, Bill Barber, le meilleur ailier gauche de NHL de la saison précédente, conforte la victoire canadienne. À partir de ce but, l'équipe locale se replie et sa défense devient insurmontable. Le grand bonhomme en est Bobby Orr, qui mourait d'envie de jouer enfin contre les Soviétiques, ce qu'il n'avait fait qu'une fois, en juniors. Orr avait en effet manqué la série du siècle car il était blessé au genou, et c'est ce même genou récalcitrant qui lui fait craindre une fin de carrière proche. L'homme qui a révolutionné le poste d'arrière aura ainsi affronté - et battu - l'URSS avant d'être obligé de raccrocher les patins. Et il le fait en maître, car c'est lui et personne d'autre qui imprime le rythme du match.

N'oublions pas la nouvelle belle prestation du gardien moustachu Rogatien Vachon, encore une fois auteur d'un grand match. Il a fait jusqu'ici un tournoi de rêve, n'encaissant pas le moindre but facile.

Commentaires d'après-match

Phil Esposito (attaquant du Canada) : "Ne me demandez pas pourquoi j'ai si peu joué. Demandez aux cerveaux là-haut..."

Scotty Bowman (entraîneur du Canada) : "Phil ne patine pas assez bien pour jouer contre les Russes."

Bobby Clarke (attaquant du Canada) : "Nous ne paraissions peut-être pas nerveux, mais nous l'étions. [...] Nous ne comprenions pas pourquoi Tretiak n'allait pas arrêter les palets qui passaient derrière ses filets. C'est ce qu'un gardien professionnel aurait fait. Mais nous en avons profité toute la soirée !"

Vladislav Tretiak (gardien de l'URSS) : "J'ai été impressionné par leur capitaine Bobby Clarke. Il n'arrête jamais de travailler. Il influence tous les autres joueurs et il les encourage."

Aleksandr Maltsev (capitaine de l'URSS) : "Nous sommes entrés dans le match en sachant que notre forme était ascendante et que nous pourrions jouer à forces égales avec le Canada. Mais quand j'ai vu ce qui arrivait, j'ai compris que j'étais naïf. Les Canadiens pouvaient nous blesser avec des intentions évidentes. Les arbitres américains leur donnaient le feu vert. La défaite dans ces circonstances n'est pas mortelle, à la fin nous voulions juste ne pas risquer de blessures. Mais nous attendons la revanche aux championats de Vienne, où nous viendrons dans une composition bien plus forte. Les championnats ouverts [aux pros] auront un enjeu et un haut niveau sportif, pourvu que les règles de la LIHG soient appliqués et que des arbitres objectifs soient nommés."

Anatoli Tarasov (ex-entraîneur de l'URSS, dans les colonnes de la Komsomolskaya Pravda) : "Viktor Tikhonov a fait un bon travail avec son Dynamo de Riga. Ses méthodes étaient adaptées aux joueurs d'un niveau moyen. Pour augmenter les forces de hockeyeurs de premier plan, néanmoins, ces méthodes ne fonctionnent pas."

 

Canada - URSS 3-1 (2-1, 1-0, 0-0)
Samedi 11 septembre 1976 au Maple Leaf Gardens de Toronto (CAN). 16485 spectateurs.
Arbitrage de Jim Neagles (USA).
Pénalités : Canada 6' (2', 4', 0'), URSS 6' (2', 2', 2').
Tirs cadrés : Canada 43 (18, 10, 15), URSS 28 (12, 8, 8).

Évolution du score :
1-0 à 07'08" : Perreault assisté de Potvin et Lafleur (sup. num.)
1-1 à 10'22" : Vikulov assisté d'Aleksandrov et Luchenko
2-1 à 17'02" : Hull assisté de Perreault et Potvin
3-1 à 37'33" : Barber assisté de Clarke et Lapointe

 

Canada

Attaquants :
Bobby Hull - Gilbert Perreault - Marcel Dionne
Bill Barber - Bobby Clarke - Reggie Leach
Steve Shutt - Pete Mahovlich - Guy Lafleur
Bob Gainey - Darryl Sittler (2') - Lanny McDonald
Phil Esposito

Défenseurs :
Denis Potvin (4') - Bobby Orr
Larry Robinson - Serge Savard
Guy Lapointe

Gardien :
Rogatien Vachon

URSS

Attaquants :
Sergueï Kapustin - Vladimir Repnev - Aleksandr Maltsev (2')
Boris Aleksandrov - Viktor Zhlutkov - Vladimir Vikulov
Valeri Belousov - Vladimir Kovin (2') - Aleksandr Skvortsov
Helmut Balderis - Yuri Lebedev

Défenseurs :
Zinetula Bilyaletdinov - Valeri Vassiliev
Aleksandr Gusev - Vladimir Lutchenko
Vladimir Krikunov (2') - Sergueï Babinov

Gardien :
Vladislav Tretiak

 

Retour à la Coupe Canada