Premier tour de la Coupe d'Europe 1978/79, match retour.

Bolzano a décidé de jouer ce match retour non pas à domicile mais à Ortisei. La patinoire y est située à l'abri du vent dans une cuvette, et elle est donc moins froide que celle de Gap malgré l'altitude supérieure.

Tout cela, Zdenek Blaha le sait fort bien. L'entraîneur tchèque de Gap s'était occupé pendant deux saisons (1968/69 et 1974/75) du club d'Ortisei avant de venir en France. La rivalité entre "Bozen" et "St. Ulrich" (noms allemands des deux localités à population majoritairement germanophone) est une des affiches du championnat italien, et on comprend donc que le public ne soit guère pressé d'encourager Bolzano. Il semble parfois même se désintéresser du match, et s'il est très bavard, ses sujets de conversation sont rarement centrés autour du hockey.

On peut admettre cette attitude en voyant la désinvolture avec laquelle Gap aborde ce match, qui est pourtant une rare occasion de se frotter à un niveau supérieur. Considérant que l'écart de l'aller était de toute façon impossible à remonter, les dirigeants ont préféré renvoyer Richard Peterson avec une petite indemnité alors que le Canadien avait été initialement engagé pour jouer les deux rencontres. Il est remplacé dans l'effectif par le jeune Jean-Pierre Allard.

La majorité des joueurs gapençais est venue ici en dilettante, la plupart des acteurs du match paraissent en promenade, même les arbitres qui sifflent par principe au moindre soupçon de faute sans vraiment se concentrer sur le jeu. Le match commence sans rythme, Klaus Runer marque sur la première action de Bolzano et l'international yougoslave Gorazd Hiti ne tarde pas à doubler la mise. Les Italiens dominent déjà largement, ils cherchent à mettre le maximum de buts sans se préoccuper de la manière, mais ils manquent de sérieux en défense et laissent les frères Masse réduire le score dans la confusion. On note d'ailleurs le bon match de Charly Masse, qui retrouve la grande forme après quelques saisons perturbées par des ennuis de santé. Autant citer les motifs de satisfaction à Gap car il n'y en a pas beaucoup. Pelloux, Oprandi et même Tindle, le Canadien qui paraissait encore si mal intégré dans l'équipe au match aller, rentrent dans ce registre, eux qui tentent des choses.

Le match est haché, sans intérêt, et il n'y a pas grand-chose pour sauver les Gapençais. Ils tirent plus souvent en deuxième période mais cela ne semble guère troubler le gardien Tigliani, qui affiche une effarante décontraction et se permet même de converser avec les spectateurs postés derrière son but. Un temps, le public s'amuse des visiteurs, mais même ce goût de la moquerie lui passe et son intérêt pour ce qui se passe sur la glace disparaît tout à fait. Il faut dire qu'il n'y a rien de beau à voir, le gardien Bernard Cal est contaminé par la léthargie collective et fait un festival de mauvais placements et d'anticipations douteuses. On ne peut même pas dire que la pénalité majeure de Dominique Pelloux pour une altercation avec un adversaire désorganise les lignes gapençaises, car il n'y a plus rien à désorganiser.

Gap est dépassé en patinage et ne fait même pas l'effort d'essayer de compenser. Le match aller avait livré une vraie opposition et des efforts notables malgré l'écart de niveau, celui-ci déshonore les deux équipes. Tigliani livre un triste spectacle, il donne un second coup de crosse dans le match à un Gapençais et prend cinq minutes de pénalité, avant de faire un numéro en fin de match en se permettant de dribbler Charly Masse devant sa cage, histoire d'humilier un peu plus les visiteurs.

Certains dirigeants gapençais parlent surtout d'oublier ce match et de se concentrer sur le championnat de France, où la concurrence est moins forte. Navrante manière d'aborder un match international qui a montré une nouvelle fois les limites du hockey français. Les signes de grande combativité du jeune Philippe Combe, qui connaît les confrontations internationales avec l'équipe de France junior, tranchent toutefois dans cet état d'esprit. Ils montrent qu'arrive une nouvelle génération ambitieuse de hockeyeurs tricolores plus désireuse de se frotter au niveau international et qui se complaira peut-être moins dans sa médiocrité.

Commentaires d'après-match (dans France Hockey)

Zdenek Blaha (entraîneur de Gap) : "Nos joueurs ont manqué de motivation, ils ont mal joué. Il y avait une différence de niveau évidente, et de plus nos joueurs ont été ici handicapés par l'altitude. Finalement, c'était plutôt pour nous un match de préparation pour le championnat qu'autre chose, mais il faut savoir quand même qu'en Italie les joueurs disputent 54 matches par saison et jouent deux fois par semaine, cela explique qu'il y ait une telle différence de niveau entre ces deux équipes."

Bolzano - Gap 15-5 (4-2, 7-1, 4-2)

Mardi 26 septembre 1978 à la patinoire d'Ortisei (ITA).

Arbitrage de M. Berchten (SUI) assisté de MM. Ehrenberger et Odermatt (SUI).

Pénalités : Bolzano 21' (2', 8', 6'+5'), Gap 17' (4', 5', 8').

Évolution du score :

1-0 : Runer assisté de Gatscher et Sbironi

2-0 : G. Hiti assisté de R. Hiti

2-1 : J.-C. Masse assisté de C. Masse

3-1 : H. Gasser assisté de Strohmaier et Pasqualotto

3-2 : Pelloux assisté de P. Combe

4-2 : Benvenuti assisté de R. Hiti

5-2 : B. Mair assisté de Gasser

6-2 : Daccordo assisté de B. Mair et M. Mair

7-2 : Pasqualotto assisté de Sbironi

8-2 : R. Hiti assisté de G. Hiti et Benvenuti

9-2 : H. Gasser assisté de Strohmaier

9-3 : Tindle assisté de P. Combe

10-3 : Benvenuti assisté de R. Hiti et G. Hiti

11-3 : Strohmaier assisté de G. Hiti

12-3 : R. Hiti assisté de Daccordo (sup. num.)

12-4 : B. Combe assisté de P. Combe

13-4 : Gasser assisté de R. Hiti

14-4 : Strohmaier assisté de Gasser et M. Pavlu

14-5 : Tindle assisté de B. Combe et Pelloux

15-5 : B. Mair assisté de Runer et Pasqualotto

Gardien : Giorgio Tigliani.

Défenseurs : Norbert Gasser, Manfred Gatscher, Gino Pasqualotto, Rudi Hiti.

Attaquants : Jaroslav Pavlu, Luciano Sbironi, Rolando Benvenuti (C), Klaus Runer, Michael Mair, Gorazd Hiti, Herbert Strohmair, Bernhard Mair, Eduard Daccordo, Hubert Gasser, Martin Pavlu.

Remplaçant : Urban Tutzer (G).

Gardien : Bernard Cal.

Joueurs de champ : Robert Oprandi, Bernard Combe, Charles Libermann, Georges Libermann (G), Daniel Galland, Dominique Pelloux, Alain Chabot, Keith Tindle, Jean-Pierre Allard, Philippe Combe, Charly Masse, J.-C. Masse, G. Angella, R. Eyraud, Mazeau, Gueyte.

Remplaçant : Yvon Giraud (G).

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