Tchécoslovaquie - Suède (9 septembre 1981)

 

Match comptant pour la cinquième journée de la deuxième édition de la Coupe Canada.

Compte tenu de son tournoi pour le moins décevant, les Suédois peuvent s'estimer heureux d'être toujours en course pour la qualification. Si elle bat la Tchécoslovaquie, elle peut encore lui passer devant et prendre sa place en demi-finales. Bien sûr, pour cela, il faudrait montrer un tout autre visage que celui vu jusqu'à présent.

Mais quand une équipe est en panne de confiance, il est difficile de remonter la pente. Surtout quand elle prend un coup sur la tête d'entrée. Sur la première présence, Dusan Pasek contourne le défenseur Peter Helander, et la star suédoise Börje Salming laisse Darius Rusnak repiquer depuis son aile pour prendre le rebond. Que peut-il arriver de pire qu'un but sur la première présence ? Peut-être un but juste avant la pause... Et c'est justement ce qui se produit quand Jiri Dudacek marque à six secondes seulement de la sirène, d'un tir bas depuis le cercle droit.

La Suède craque complètement en deuxième période après le troisième but signé Jaroslav Pouzar. Dans la minute qui suit, Stefan Persson part en prison et Jiri Dudacek - fidèle à l'étiquette de meilleur junior du monde donnée par les dépisteurs de la NHL - en profite pour marquer son second but personnel, son quatrième dans le tournoi, ce qui en fait le meilleur marqueur tchécoslovaque à 19 ans seulement.

C'en est trop pour Lindmark. Son collègue Pelle Lindbergh prend alors le relais et on a l'impression que le changement de gardien peut entraîner un choc psychologique lorsque le nouveau venu gagne un face-à-face avec Pasek. Dans la foulée, Lars Molin inscrit le but de l'espoir sur un rebond qui traîne, avec des assistances du capitaine Anders Hedberg et du jeune joueur de 20 ans Patrik Sundström, deux des joueurs qui ont surnagé dans le marasme suédois durant cette compétition. Mais le pire est à venir. Et on ne parle pas là du 5-1 signé Jiri Lala en 2 contre 1, mais de ce qui se passe quand Milan Novy écope d'une pénalité majeure pour un coup de crosse sur Sundström : la Suède a cinq minutes complètes d'avantage numérique, et ne réussit qu'un seul tir sans grand danger ! Elle marque certes en fin de supériorité, mais l'arbitre refuse ce but pour une crosse haute. À vrai dire, la Tre Kronor a même moins bien joué à 5 contre 4 qu'à 5 contre 5, où le gardien Karel Lang a tout de même eu pas mal de travail.

Cela ne doit plus surprendre personne : la Suède termine le tournoi avec un zéro pointé sur 18 supériorités numériques ! Il ne faut pas chercher plus loin les raisons de l'échec de la Tre Kronor. Forcément, comme Salming est sanctionné juste avant le retour aux vestiaires, Miloslav Horava concrétise le jeu de puissance à la reprise. Darius Rusnak n'a plus ensuite qu'à couronner son très bon match par un nouveau but pour le 7-1. La coupe est pleine.

La presse suédoise va maintenant pouvoir se répandre en synonymes de désastre, de honte, etc. Anders Persson, le défenseur des New York Islanders, avait déjà confié avant même ce dernier match qu'il était content de rester en Amérique et de ne pas avoir à rentrer en Suède. Les critiques se déchaîneront donc à distance, et auront pour principale cible Kent Nilsson : il n'avait plus porté le maillot national depuis ses années juniors, et on l'imaginait déjà en héros national. On attendait monts et merveilles de lui puisqu'il avait fini troisième marqueur de la dernière saison NHL avec 131 points. Avec deux maigres assistances, il n'a malheureusement pas du tout répondu aux attentes placées en lui...

Élus meilleurs joueurs du match : Darius Rusnak pour la Tchécoslovaquie et Anders Hedberg pour la Suède

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Ludek Bukac (entraîneur de la Tchécoslovaquie) : "Nous sommes contents que l'équipe ait su relever psychologiquement après la défaite contre les États-Unis et qu'elle ait livré une excellente performance collective. Je pense que nous avons été plus intenses et que nous avons joué avec plus de cœur. Notre volonté était plus grande que celle de nos adversaires. Quand nous avons pris deux puis trois buts d'avance, on pouvait voir que cela les affectait. Nous avons atteint l'objectif fixé avant le tournoi, la qualification en demi-finale. Une très forte équipe d'URSS nous y attend."

Anders Parmström (entraîneur de la Suède) : "Je suis profondément déçu, nos hockeyeurs continuent leurs performances sans âme. L'équipe de Tchécoslovaquie a un très fort moral, je la félicite sincèrement pour sa victoire."

Anders Hedberg (capitaine de la Suède) : "Horrible. Quand on est battu 7-1, il n'y a pas d'explications. Rendez-vous compte, on perd 7-1 et on a plus tiré qu'eux. Ils ne sont probablement pas meilleurs que nous, mais ils ont gagné 7-1. Je n'ai pas mérité le prix de meilleur joueur, mais je suppose qu'il fallait bien le donner à quelqu'un. Après avoir joué contre les Russes [en préparation avec des courtes défaites 1-2 et 1-4], nous pensions être sur la bonne voie. Je repense à ce premier match contre les États-Unis. Nos fans et nos médias disaient que nous devions gagner facilement, mais les joueurs savaient que ce serait un match difficile. Nous avons perdu 3-1 et leur victoire était parfaitement méritée. Peut-être que si le tournoi recommençait demain, les résultats seraient différents. Mais pour l'heure, tout est dit dans les résultats officiels."

 

Tchécoslovaquie - Suède 7-1 (2-0, 3-1, 2-0)
Mercredi 9 septembre 1981 au Ottawa Civic Centre. 2988 spectateurs.
Arbitrage de Bruce Hood (CAN) assisté de Lasse Vanhanen (FIN) et John D'Amico (CAN).
Pénalités : Tchécoslovaquie 13' (4', 2'+5', 2'), Suède 10' (4', 6', 0').
Tirs cadrés : Tchécoslovaquie 29 (9, 10, 10), Suède 33 (8, 15, 10).

Évolution du score :
1-0 à 00'26" : Rusnak assisté de Dudacek et Korbela
2-0 à 19'54" : Dudacek assisté de Dvorak
3-0 à 26'42" : Pouzar assisté de Dvorak et Pasek
4-0 à 27'37" : Dudacek assisté de Novy et Svoboda (sup. num.)
4-1 à 28'33" : Molin assisté de Hedberg et Sundström
5-1 à 31'49" : Lala assisté de Penicka
6-1 à 40'31" : Horava assisté de Kadlec (sup. num.)
7-1 à 45'23" : Rusnak assisté de Pouzar
 

Tchécoslovaquie

Attaquants :
Jaroslav Pouzar - Darius Rusnak - Dusan Pasek
Jiri Dudacek - Milan Novy (5') - Oldrich Valek
Jiri Lala - Jindrich Kokrment - Lubomir Penicka (2')
Frantisek Cernik - Jaroslav Korbela (4') - Jan Neliba

Défenseurs :
Miroslav Dvorak (2') - Milan Chalupa
Radoslav Svoboda - Miloslav Horava
Arnold Kadlec - Stanislav Hajdusek

Gardien :
Karel Lang

Remplaçant : Jiri Kralik (G). En réserve : Pavel Richter (A), Norbert Kral (A).

Suède

Attaquants :
Lars Molin - Patrik Sundström - Anders Hedberg (C)
Jörgen Pettersson - Thomas Gradin - Anders Kallur
Jan Erixon - Kent Nilsson - Anders Håkansson
Bengt Lundholm (2') - Thomas Steen (2') - Kent-Erik Andersson

Défenseurs :
Peter Helander - Börje Salming (2')
Lars Lindgren (2') - Thomas Eriksson
Mats Waltin - Stefan Persson (2')

Gardien :
Peter Lindmark puis Pelle Lindbergh à 27'37"

En réserve : Tomas Jonsson (D), Ulf Nilsson (A, rotule).

 

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