Championnats du monde 1955

 

L'Allemagne organise sa première compétition internationale d'après-guerre, désigné par 27 voix contre 12 face à la candidature de Paris.

Après la tonitruante irruption des Soviétiques pour leur première apparition, les Canadiens, qui ne s'intéressaient pas aux championnats du monde où ils s'étaient habitués à gagner sans grande peine, sont dans un tout autre état d'esprit. Il n'y avait qu'un seul membre de l'agence de presse canadienne l'année précédente, il y a désormais des cohortes de journalistes canadiens pour relater l'évènement. Tout le monde attend la réaction du Canada, qui se doit de reconquérir son bien. Il est représenté par son champion amateur, les Penticton Vees. Cette équipe de Colombie-Britannique a été un vainqueur-surprise de la Coupe Allan car elle a des moyens financiers très modestes. Elle est emmenée par les trois frères Warwick, des joueurs controversés dont l'arrivée à Penticton a coupé la ville en deux. Les V's ont été renforcés pour l'occasion de Jack Taggert (Kamloops) et Jim Middleton (Kelowna).

 

25 février
Tchécoslovaquie - Suisse 7-0 (1-0,2-0,4-0) [à Cologne]
Canada - États-Unis 12-1 (3-0,5-1,4-0) [à Dortmund]
URSS - Finlande 10-2 (2-2,5-0,3-0) [à Düsseldorf]
Allemagne de l'ouest - Suède 4-5 [à Krefeld]

26 février
États-Unis - Finlande 8-1 (1-1,4-0,3-0) [à Cologne]
URSS - Suède 2-1 (1-1,0-0,1-0) [à Dortmund]
Canada - Tchécoslovaquie 5-3 (1-0,0-1,4-2) [à Düsseldorf]
Allemagne de l'ouest - Pologne 4-5 (3-3,0-1,1-1) [à Krefeld]

27 février
Canada - Pologne 8-0 (3-0,3-0,2-0) [à Cologne]
Allemagne de l'ouest - États-Unis 3-6 (0-3,3-3,0-0) [à Dortmund]
Suède - Suisse 10-0 (0-0,6-0,4-0) [à Düsseldorf]
URSS - Tchécoslovaquie 4-0 (1-0,1-0,2-0) [à Krefeld]

28 février
URSS - Pologne 8-2 (2-0,2-1,4-1) [à Cologne]
Canada - Finlande 12-0 (7-0,3-0,2-0) [à Düsseldorf]
États-Unis - Suisse 7-3 (1-1,2-1,4-1) [à Krefeld]

1er mars
Tchécoslovaquie - Suède 6-5 (2-1,2-1,2-3) [à Cologne]
Suisse - Pologne 4-2 (1-1,1-0,2-1) [à Düsseldorf]
Allemagne de l'ouest - Finlande 7-1 (3-0,3-1,1-0) [à Krefeld]

2 mars
Canada - Suisse 11-1 (4-1,3-0,4-0) [à Cologne]
Suède - Finlande 9-0 (1-0,6-0,2-0) [à Düsseldorf]
Allemagne de l'ouest - Tchécoslovaquie 0-8 (0-0,0-5,0-3) [à Düsseldorf]
URSS - États-Unis 3-0 (1-0,2-0,0-0) [à Krefeld]

3 mars
Pologne - Finlande 6-3 (1-1,2-1,3-1) [à Cologne]
Tchécoslovaquie - États-Unis 4-4 (1-1,1-1,2-2) [à Cologne]
Allemagne de l'ouest - URSS 1-5 (1-0,0-2,0-3) [à Düsseldorf]
Canada - Suède 3-0 (0-0,3-0,0-0) [à Krefeld]

4 mars
Canada - Allemagne de l'ouest 10-1 (3-0,4-1,3-0) [à Cologne]
États-Unis - Pologne 6-2 (2-0,3-0,1-2) [à Düsseldorf]
URSS - Suisse 7-2 (2-0,2-1,3-1) [à Krefeld]

5 mars
Finlande - Suisse 7-2 (2-1,3-1,2-0) [à Cologne]
Suède - États-Unis 1-1 (0-0,0-0,1-1) [à Düsseldorf]
Tchécoslovaquie - Pologne 17-2 (7-0,3-2,7-0) [à Krefeld]

6 mars
Suède - Pologne 9-0 (4-0,2-0,3-0) [à Cologne]
Tchécoslovaquie - Finlande 18-2 (3-1,7-1,8-0) [à Düsseldorf]
Allemagne de l'ouest - Suisse 8-3 (3-1,1-2,4-0) [à Düsseldorf]
Canada - URSS 5-0 (1-0,2-0,2-0) [à Krefeld]

Classement (8 matches)

                   Pts   V  N  D   BP-BC  Diff
1 Canada            16   8  0  0   66-6   +60
2 URSS              14   7  0  1   39-13  +26
3 Tchécoslovaquie   11   5  1  2   63-22  +41
4 États-Unis        10   4  2  2   33-29  +4
5 Suède              9   4  1  3   40-16  +24
6 RFA                4   2  0  6   28-43  -15
7 Pologne            4   2  0  6   19-59  -40
8 Suisse             2   1  0  7   15-59  -44
9 Finlande           2   1  0  7   16-72  -56

La première anicroche de ces championnats a lieu avant même que la compétition ne commence. Une simple vérification des passeports montre en effet que dix des joueurs canadiens mentionnent leur hockey comme leur profession. Le président des Penticton V's, Clem Bird, explique alors que tous ses joueurs ont pris le statut amateur depuis au moins deux ans. De toute manière, on sait que l'amateurisme des Soviétiques, officiellement militaires ou employés de l'état, est parfaitement factice.

Les deux équipes se craignent et s'observent. Le Canada a retenu la leçon de 1954 et observe avec une particulière attention cette étonnante URSS, en envoyant des observateurs à ses rencontres de préparation. Mais les Soviétiques ne sont pas en reste et assistent aux entraînements des Canadiens. Leur entraîneur-joueur Grant Warwick (meilleur rookie de NHL en 1942) croit perturber cet espionnage en demandant à ses joueurs de s'entraîner sans porter de numéro. Mais le chef de la délégation soviétique Pavel Korotkov s'est fait envoyer des photos et les montre à ses joueurs qui peuvent identifier leurs adversaires.

Soviétiques et Canadiens balaient tout sur leur passage. Entre les deux ténors invaincus, le match au sommet a bien lieu. Plus de neuf mille spectateurs remplissent la patinoire de Krefeld, alors que les places se négocient cinq fois leur prix au marché noir. Avant même le coup d'envoi, Grant Warwick, qui décide de ne pas jouer et de se concentrer sur le coaching pour ce match, demande aux arbitres suisses de vérifier la longueur des palettes des Soviétiques. Les crosses sont mesurées et sont conformes, mais cette ruse canadienne a fait perdre sa concentration à l'URSS. Perturbés par les mises en échec adverses, les joueurs soviétiques commettent en outre l'erreur d'essayer comme à leur habitude de construire le jeu pour marquer de près, justement sur le point fort du gardien Ivan McLelland. Surclassés physiquement, ils sont sèchement battus 5-0, avec des doublés pour Bill Warwick et Mike Shabaga, dans un choc qui tourne court. Les militaires canadiens venus des bases établies en Allemagne après-guerre, qui composent une bonne partie du public, sont aux anges.

À plus de dix mille kilomètres de là, à Penticton, le père Warwick a fait installer sept haut-parleurs dans son snack-bar pour diffuser la retransmission radio des exploits de ses fils. Il promet une bière gratuite pour chaque but canadien, et aura donc payé 66 tournées à l'issue de la compétition. Avec Foster Hewitt aux commentaires (qui sera aussi dix-huit ans plus tard la "voix" de la série du siècle), la station CBC réalise pour le match URSS-Canada la meilleure audience jamais enregistrée alors à la radio canadienne.

Il faut toutefois mettre un bémol à cette belle histoire des Penticton Vees (dont le surnom fait référence aux trois variétés de pêches qui poussent dans la ville, la Vedette, la Valiant et la Veteran). Le comportement des joueurs canadiens n'a en effet pas toujours été exemplaire. Ils ont reconquis ce titre comme s'ils étaient lancés dans une grande croisade parfois aveugle contre le communisme. Une des victimes les plus atypiques de cette haine politique a été un joueur suisse, qui s'est pris un coup de coude de Bill Warwick avant de se faire traiter de "sale communiste". Il fallut tous les efforts de l'encadrement pour convaincre le buteur canadien qui voyait rouge que, non, la Suisse n'était pas un pays communiste !

La Finlande termine à la pire position de toute son histoire (si l'on excepte ses débuts en 1939), neuvième. En plus, l'attaquant Seppo Liitsola, victime d'une fracture du fémur contre les Américains, doit mettre un terme à sa carrière de joueur. Il deviendra sélectionneur national en 1969.

 

Meilleurs buteurs

                             B
1 Vlastimil Bubník     TCH  17
2 Vladimír Zábrodský   TCH  13
  Bill Warwick         CAN  13
4 Slavomir Barton      TCH  10
5 Jake McIntyre        CAN   9
  Sven Johansson       SUE   9
7 Hans Oberg           SUE   8
  Markus Egen          RFA   8

Meilleur gardien : Don Rigazio (États-Unis).

Meilleur défenseur : Karel Gut (Tchécoslovaquie).

Meilleur attaquant : Bill Warwick (Canada).

Équipe-type des entraîneurs (7 votes, sans URSS et Pologne) : Don Rigazio (USA, 7) ; Kevin Conway (CAN, 4) - Nikolai Sologubov (URS, 3) ; Bill Warwick (CAN, 5) - Vladimír Zabrodský (TCH, 7) - Vsevolov Bobrov (URS, 5).

 

 

"Groupe junior" (futur groupe B)

La France renonce à participer au "groupe junior".

25 février
Autriche - Yougoslavie 3-2 (1-1,1-1,1-0) [à Dortmund]
27 février
Pays-Bas - Belgique 6-3 (1-1,1-0,4-2) [à Dortmund]
28 février
Yougoslavie - Belgique 5-2 (0-0,4-1,1-1) [à Krefeld]
Italie - Autriche 3-1 (2-1,1-0,0-0) [à Düsseldorf]
2 mars
Autriche - Belgique 5-3 (1-0,1-1,3-2) [à Krefeld]
Italie - Pays-Bas 10-2 (4-1,2-0,4-1) [à Dortmund]
4 mars
Italie - Yougoslavie 9-1 (3-1,4-0,2-0) [à Cologne]
5 mars
Autriche - Pays-Bas 6-1 (2-0,2-0,2-1) [à Krefeld]
6 mars
Italie - Belgique 28-0 (7-0,13-0,8-0) [à Krefeld]
Pays-Bas - Yougoslavie 9-1 (3-1,2-0,4-0) [à Krefeld]

Classement (4 matches)

                    Pts  V  N  D   BP-BC  Diff
1 Italie             8   4  0  0   50-4   +46
2 Autriche           6   3  0  1   15-9   +6
3 Pays-Bas           4   2  0  2   18-20  -2
4 Yougoslavie        2   1  0  3    9-23  -14
5 Belgique           0   0  0  4    8-44  -36

 

Hors compétition :

Allemagne de l'ouest B - Italie 2-2 (1-1,0-1,1-0) [à Düsseldorf]
Allemagne de l'ouest B - Pays-Bas 11-1 (3-1,2-0,6-0) [à Cologne]
Allemagne de l'ouest B - Autriche 3-2 (1-0,2-1,0-1) [à Cologne]
Allemagne de l'ouest B - Yougoslavie 5-1 (4-0,0-0,1-1) [à Düsseldorf]
Allemagne de l'ouest B - Belgique 11-1 (1-0,4-0,6-1) [à Düsseldorf]

 

 

Les précédents championnats du monde (1954)

Les Jeux Olympiques 1956 (qui comptent également comme championnats du monde)

Les championnats du monde "seuls" suivants (1957)

 

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