Les joueurs passent à l'attaque

 

Article de La Nouvelle République (22 décembre 1999).

Les hockeyeurs de l'ASGT sont des hommes. Ils ont des idées et les expriment. Ils ont leur avis sur les résultats de l'ASGT, sur le coaching et sur les déclarations récentes de leur président. Ils répondent ici.

Pas besoin d'être connaisseur pour voir qu'il subsiste un malaise à l'ASG Tours. Ce qui devait être "l'année du diable" se transforme en un cauchemar infernal pour les hommes en noir. Etant les seuls jusqu'à aujourd'hui à ne pas avoir exprimé leur opinion au public sur une moitié de saison catastrophique.

Les ennuis de début de saison sont largement oubliés et ne serviront jamais d'excuse aux mauvais résultats. Il y avait galère, d'accord, mais il y avait de l'envie aussi. Eh bien cette flamme, qui anime et transcende tout sportif au moment de pratiquer son art, cette flamme a été réduite en cendres pour ne devenir qu'un morceau de braise. Aujourd'hui, il y a une équipe qui, au lieu de concentrer son énergie sur ses adversaires du samedi soir, est en conflit avec son entraîneur et l'équipe dirigeante.

Tout commence par un chef d'orchestre qui démissionne de ses fonctions en pleine rencontre (Cholet), décision qu'il annonçait "ferme et définitive". Par la suite, c'est la confusion la plus totale. Les dirigeants convoquent tout leur petit monde. "Ceux qui l'ouvrent le plus" (selon les mots du président) s'expriment et ils le font toujours dans l'intérêt du club. Il en ressort un besoin de changement. Les joueurs sont prêts à se donner davantage, à se remettre en question aussi car "l'examen de conscience", eux l'ont fait. Sur ce, l'entraîneur est maintenu dans ses fonctions contre sa décision, mais il accepte, toujours dans l'intérêt du club. Comprendra qui peut ! Les joueurs se demandent si on ne les prend pas pour des imbéciles.

Quelle crédibilité peut-on accorder à un homme qui est là contre sa propre volonté ? Que penser d'une direction de club qui n'accepte pas d'entendre les propositions de changement de la part de ses joueurs ? La confusion est telle que l'on en arrive à la situation extrême de souhaiter le départ de l'entraîneur. En attendant, l'autorité a décidé. Les joueurs ont encaissé et les Diables Noirs prennent des raclées. L'équipe avait effectivement demandé plus de rigueur aux entraînements. Les dirigeants ont répondu par plus de rigueur pour les retards et absences. Quel est le rapport ? Les uns parlent sport, les autres répondent intendance. Les voila sanctionnés pour avoir demandé d'être mieux encadrés. Aberration ! C'est la fessée que l'on donne aux gosses capricieux.

La bonne volonté du groupe à vouloir s'en sortir a été franchement et sérieusement ébranlée lorsque, dernièrement par l'intermédiaire de son président, l'équipe dirigeante s'est permis de faire des jugements de valeur sur les performances individuelles des joueurs, alors qu'aujourd'hui personne n'est capable de les orienter dans leur mission. Ce n'est pas avec des individualités que l'on construit des victoires, mais avec un groupe qui va dans le même sens, une équipe qui a acquis une âme en exploitant le meilleur de chacun de ses éléments, quelles que soient les compétences individuelles. C'est un feeling, une alchimie qui provoque une émulsion, un élan et peut-être des victoires. Favoriser cet esprit d'équipe est le rôle de l'entraîneur.

Vous l'aurez compris, il règne une sale ambiance dans les couloirs de la patinoire et le moral des Diables Noirs est au plus bas. Cependant, dès janvier, ils continueront à se battre avec leurs armes pour leur public, pour leur fierté aussi. Mais ils voudront rapidement oublier ce triste épisode qui leur gâche bien du plaisir. Il suffira de souffler un peu plus fort sur la braise pour que la flamme renaisse.

 

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