Brest en bref

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (13 janvier 2000).

Incontestablement, Brest demeure l'invité surprise de ce championnat de France 1999/2000. Exilé en Nationale 3 par pur esprit de contradiction, Briec Bounoure et ses hommes ont fait leur come-back au haut niveau. Avant cela, ils ont décroché un titre de champion de France en N3 puis en N2 la saison passée. Annonçant un budget douteux au regard de l'effectif (1,1 MF), le club a fait un retour remarqué en Nationale 1. Pourtant, en début de championnat, les Brestois faisaient pâle figure. Mais, c'était sans compter sur la détermination du "père Dodu", président du club, qui n'a pas traîné longtemps avant de se séparer des "boulets". Depuis, les Albatros ont fait un parcours quasiment sans faute en terminant deuxièmes, juste derrière Mulhouse, à l'issue de la phase préliminaire. Lors du coup d'envoi des play-off, les coéquipiers de Sergeï Toukmatchev ont décroché une première victoire face à Dunkerque (3-0), à l'inverse des Mulhousiens, défaits à Briançon (5-10). Reste que lors de ses deux face à face avec les Bretons, Mulhouse n'a jamais chuté. Attention toutefois, en s'attachant les services de Daniel Kysela (Lyon), Lilian Prunet (Rouen), Jari Rosenberg (Caen), Alexandre Baillard (Anglet), Fred Chaisson (Cherbourg), Rami Koïvisto (Grenoble), Stéphane Lacuisse (Amnéville) et Markku Takala (Olofström), Brest a montré qu'il ne visait qu'une chose : le titre. N'oublions pas qu'à l'issue de la saison 95-96, Brest avait été sacré champion de France Élite.

 

Un Neckar sur la glace

Blessé depuis le match retour contre Dunkerque, François Neckar retrouvera ses buts samedi, avec la venue de Brest. Celui qui a quitté l'ex-Tchécoslovaquie il y a quelques années avait failli signer à Brest. Les relations politico-économiques et les tensions d'alors avec le bloc communiste avaient rendu le transfert impossible.

François Neckar se prénomme en fait Frantisek. Il a fait toutes ses armes dans l'ex-Tchécoslovaquie et a longtemps porté les couleurs du prestigieux Dukla Jihlava, le club le plus titré en Europe (1988/1992). Il a préféré le quitter plutôt que de devoir signer un contrat lui liant pieds et poings durant cinq ans.

Espion ?

Il a tenté le grand saut en venant en France. Un choix qu'il est loin de regretter. << Je savais qu'il y avait des changements dans l'air et ne voulais pas signer un contrat sur cinq saisons en Tchécoslovaquie. J'ai bien fait. La preuve : je n'aurais pu jouer que deuxième gardien. >> Son arrivée en France coïncide avec une période trouble dans les relations entre les pays occidentaux et communistes. Le Tchèque en a d'ailleurs fait les frais. << J'étais en contact avec Brest. L'affaire était très compliquée. Ma demande de carte de séjour a été refusée. En fait, à l'époque, j'avais trois demandes pour Brest, Nantes et Bordeaux. J'étais considéré comme étant un simple ressortissant de pays communiste. Mes contacts avec Briec Bounoure, le président du club des Albatros, s'étaient très bien passés. Mais le ministère de la Défense de l'époque avait mis son veto sur les trois demandes... La peur, peut-être, que je sois un espion ! >> François Neckar aurait pu retourner dans son pays. Sans doute poussé par son envie d'étudier en France et par une proposition à Valenciennes, il déposait ses valises dans le Nord. << Le cauchemar pour moi. Je venais d'Élite et me retrouvais dans un club de deuxième division. C'était terrible. J'y suis resté deux saisons. En plus, à l'époque, les clubs n'avaient droit qu'à un étranger et le rôle du gardien n'était pas aussi important. Aujourd'hui, un club qui a des ambitions trouve d'abord son gardien et construit l'équipe autour >>, raconte François.

Redémarrer en D2

De Valenciennes, il est passé à Tours (D2) avant de trouver sa place à Lyon, en Élite. Avec l'équipe de Rhône-Alpes il décrochait une médaille de bronze. Jugé trop "cher", le club l'avait laissé mariner. François Neckar avait décidé de jouer les portiers ailleurs. Des propositions lui ont été faites en Italie, aux États-Unis et en Écosse. Il décidait de porter les couleurs des Fife Flyers pour une saison. En même temps, il réussissait sont BTS de commerce international. Après des propositions à Caen, en Allemagne, il préférait se poser à Mulhouse, avec un contrat de trois années et de solides objectifs. Il en profite pour terminer sa maîtrise. A 28 ans, il estime avoir encore de belles années à vivre en hockey. << La maturité d'un gardien se situe entre 29 et 33 ans. Je pense logiquement que j'ai encore quelques saisons devant moi. >>

Trois ans à Mulhouse

Samedi, François Neckar retrouvera ses buts après plusieurs semaines d'absences. Blessé aux ligaments internes du genou droit, il avait été mis hors service pour éviter d'aggraver sa blessure. La venue de Brest ne sera pas sans lui évoquer de bons souvenirs. Il retrouvera une de ses vieilles connaissances, Daniel Kysela (ex-Lyon). Et puis, ce sera l'occasion de défier les Albatros. << Pour moi, Brest est le favori malgré leurs deux défaites contre nous. Les Albatros me portent chance ... pour l'instant >>. HC Mulhouse - Brest, samedi à 17 h 30, à la patinoire de Mulhouse.

Alain Cheval

 

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