Le hockey mulhousien veut l'Elite

 

Article de L'Alsace (18 janvier 2000).

Le HCM accueille Caen, une équipe Elite, demain en Coupe de France. Son président Claude Bauer explique ses ambitions et revient sur les problèmes du club.

NÉ À MULHOUSE d'une famille originaire de Waldighoffen, Claude Bauer a fait ses études à Mulhouse et s'est installé comme notaire en 1988. Féru de sports de combat, il a créé et présidé la section d'arts martiaux du FCM pendant une dizaine d'années avant de prendre les rênes du hockey il y a trois ans. Le club évoluait alors en division régionale.

Le HCM accueille Caen demain à la patinoire. Un club Elite à la patinoire...

Je suis à la fois content et déçu d'avoir Caen. Déçu parce que ce match n'est plus du tout dans l'esprit d'une Coupe avec quatre chapeaux de tirage au sort au lieu d'un... Mais, bon, ça reste un match étalon par rapport aux ambitions du club.

Justement, les ambitions du club. L'Elite l'année prochaine ? Les règlements de la fédération vous autorisent à y aller.

Les ambitions du club sont comme celles de tous les clubs. Evidemment au niveau de la qualité du jeu et de l'organisation, l'Elite est le mieux. A condition que tous les clubs Elite tiennent, qu'on n'ait pas de disparitions prématurées en cours de championnat... Pour résumer, on aimerait aller en Elite mais à condition d'être prêt aussi bien financièrement que structurellement. Et à condition que l'Elite soit prête aussi.

Vous-même affirmiez que l'Elite prête à caution, avec son calendrier bizarre et ses clubs en difficulté.

Oui, elle prête à caution... mais l'Elite a le mérite d'exister. En Allemagne, la DEL (élite allemande) a eu les mêmes problèmes. C'était laborieux mais maintenant c'est un super championnat. L'argent arrive, les spectateurs sont là et la télé suit. J'espère que l'Elite connaîtra le même dénouement. Elle n'est pas facile à organiser puisque le hockey n'a pas forcément la même place en France.

Le HCM franchira-t-il ou non le pas ?

Honnêtement, je ne sais pas. J'attends de voir ce que propose la fédération. Et puis on verra après le match de Coupe. On verra quel est le niveau à franchir pour avoir une place correcte en Elite. Je ne veux pas aller en Elite pour rendre service à la Ligue Elite. Ce n'est pas parce qu'il manque des clubs en Elite que nous allons prendre des risques ici à Mulhouse.

Qu'est-ce qui change vraiment ?

Les coûts de transport doublent, les coût d'arbitrage aussi. La masse salariale doit, aussi, à mon avis, doubler puisqu'il faudra recruter des joueurs.

Faut-il aussi doubler le budget ?

Non. Je suis persuadé qu'en remaniant certaines choses, on peut y arriver avec le même budget. Trois joueurs de gros calibre, c'est ce que me demande Pascal Ryser. Des joueurs d'Elite sont prêts à venir contre des emplois qualifiés. Je suis en mesure de trouver des emplois pour des joueurs qualifiés et diplômés. On cherche des joueurs qui veulent assurer une reconversion à court ou long terme. Cette année, par exemple, Richard, Neckar ou Renier ont avant tout fait des choix de carrière à long terme.

On raconte beaucoup de choses sur les salaires des joueurs. On parle de 40 000 FF par mois pour certains.

(Il rit) 40 000 francs ? Du délire. Les joueurs les mieux payés ne dépassent pas 13 000 nets. Certains touchent sur douze mois, d'autres sur neuf ; certains ont un appartement ou une voiture... Du côté professionnel, le hockey est sans doute le sport le moins coûteux à Mulhouse, et j'en ai pour mon argent. Mes joueurs se défoncent pour ces salaires.

La patinoire a été revue aussi dans l'optique Elite.

La direction de la patinoire a bien voulu agrandir la patinoire. On en a doucement besoin. La patinoire doit être organisée avant d'aller en Elite. Le plexiglas sera installé. Mais, il y a aussi l'organisation des matches, les bénévoles, la billetterie : tout est à revoir. Le projet pour la patinoire est de rajouter 500 places. Il y a 1000 places assises officielles. Si on en rajoute 500, plus des populaires derrière les buts, on arrive à 1800. 1800 places à Mulhouse, on n'en a pas besoin tout de suite. On a une marge de progression.

Un club c'est une équipe première mais aussi des équipes de jeunes. De ce point de vue, le HCM en Elite, n'est-ce pas une création ex nihilo ?

Non, on ne peut pas dire ça. Le club de hockey de Mulhouse existe depuis longtemps. C'était plutôt axé sur le loisir jusqu'à ce que Pascal Ryser ne vienne. Soit on faisait de la formation intense tout de suite et peut-être que dans dix ans, on aurait eu une équipe en Nationale 2 issue complètement du club. Peut être... On a pris l'option de développer une équipe une tout de suite et de scinder le club en deux associations : l'équipe une et le hockey mineur. Ça nous fait une équipe phare, ça développe le hockey à Mulhouse et le hockey mineur en profite parce qu'on a des inscrits, des inscrits, des inscrits... On ne sait plus comment les gérer. De ce point de vue, c'est bien. J'ai lu dans Hockey Magazine qu'à Saint-Gervais, où on axe tout sur la formation, on considérait que sortir trois joueurs capables de jouer en équipe une sur 250 gamins était déjà un exploit... Alors, il faut être réaliste : Mulhouse peut avoir un gros centre de formation mais ça ne suffira jamais à avoir une équipe compétitive. On lutte avec nos armes.

Claude Bauer dans son étude : << Le public est bon à Mulhouse même si certains se plaignent tout le temps >>.

Daniel Schmitt

 

LE CHIFFRE

4

millions, c'est le budget officiel du HCM malgré les différents chiffres qui circulent. Confirmation avec Claude Bauer : << Il y a un peu de tout (rires). Beaucoup de clubs de hockey français ne sont pas aptes à comprendre un budget. Ou ils font semblant de ne pas comprendre. Alors, depuis un an, je raconte exprès n'importe quoi (rires). Ça m'amuse. Ainsi tout le monde raconte n'importe quoi. Un exemple : quand je vois Brest qui annonce 1,2 million de budget et qui a des joueurs à 25000 F par mois, je ne sais pas comment on y arrive. La moitié des clubs ne disent pas tout ou alors estiment qu'on met dans un budget certaines choses et pas le reste. Nous, quand on fait un budget au HCM, on met tout. Vraiment tout. Les emplois jeunes, les CES, les gens subventionnés par l'Etat sont dans le budget. Les vrais chiffres, les voici : le hockey mineur tourne avec 400-500 000 F et nous, on tourne avec 3,2 millions. Tout confondu, on n'est donc pas loin des 4 millions. Mais quand je parle de 4 millions à la fédération, on me dit : "Ligue Elite, Ligue Elite!". Ils ne comprennent pas que ces 4 millions ne sont pas 4 millions de joueurs. Qu'on monte un club à partir de rien. On a besoin de communiquer, de plaquettes prestigieuses, de buffets de match, de tas d'autres choses que, eux, ne budgétisent pas, mais qui sont dans notre budget. Les mentalités ne sont pas prêtes... Peut-être aussi que les gens sont un peu hypocrites. On nous traite de multinationale et souvent on voudrait que le HCM fasse des cadeaux. Non, comme tous les clubs, on fait la chasse au moindre franc. >>

 

Retour aux articles de janvier 2000

Retour à la liste des articles

Retour au sommaire