Marc Billiéras, de l'Europe à la D3

 

Article du Dauphiné Libéré (11 février 2000).

Intégré dans l'équipe élite grenobloise l'an passé, Marc Billiéras mène l'attaque iséroise en division 3 et en junior cette saison. Titulaire en sélection nationale des moins de 20 ans, il est l'un des derniers fleurons de la formation iséroise.

Marc Billiéras n'en est plus à un paradoxe près. L'histoire commence tout petit lorsque, tradition familiale oblige, le papa l'inscrit au hockey : << Moi, je voulais faire du football à l'époque. Mais j'ai pris goût au palet. >> Pourtant, à 5 ans, Marc n'a qu'une idée : << A la fin de ma première année, j'ai dit à tout le monde : soit je joue gardien, soit j'arrête le hockey. >>

Qu'à cela ne tienne, il gardera les buts grenoblois jusqu'à ce qu'une mauvaise blessure au genou, à 9 ans, ne le contraigne à évoluer dans l'aire de jeu, attaquant de préférence. Depuis, il enfile le costume offensif avec brio. A 16 ans, il honore une première sélection nationale et en quittera plus la tunique bleu-blanc-rouge. Mais comme les paradoxes sont partie prenante de son aventure sportive, le voilà aujourd'hui plongé en division 3, quelques mois après avoir disputé la Ligue européenne...

Car le destin de Marc Billiéras a subi un coup d'accélérateur l'an passé. Jaroslav Jagr, alors aux commandes des Brûleurs de Loups en élite, sonde le réservoir junior pour pallier un manque d'effectif senior. << Marc, c'est le plus doué de tous, nous confiait-il avant de l'appeler en équipe Une. Seulement, il ne faut pas le lui dire ! >> Lancé dans le grand bain par le coach tchèque à l'automne 98, il saisit l'opportunité avec quelque appréhension : ses premiers compagnons d'attaque s'appellent Benoît Bachelet et Konstantinidis. Puis, il remplace Lempiaïnen, blessé, pour évoluer aux côtés de Koïvisto et Podlaha ! Une entrée en matière avec quelques-uns des meilleurs attaquants du championnat de France : << J'avais hâte de jouer même si, pendant l'été, je ne pensais pas intégrer l'équipe. Quand j'ai disputé mes premières rencontres, je cherchais avant tout à ne pas faire de conneries ! J'avais un rôle défensif que j'essayais de remplir au mieux. >>

Son initiation, il la fait en accéléré : << Entre juniors et seniors, il y a un gros fossé. Tout allait plus vite, pas question de tergiverser avec le palet. >> Il fourbit ses armes au contact de ses partenaires et inscrit son premier but à Rouen. Mais, pour tout dire, son plus grand souvenir remonte à Magnitogorsk. Grenoble dispute au fin fond de l'Oural, un match retour d'EHL face au futur (double) champion d'Europe, Magnitogorsk. Grenoble, écrasé à l'aller, se présente amoindri et Marc obtient du coup pas mal de temps de jeu. Et si les Brûleurs de Loups s'inclinent 9-4, il marque : << Je me souviens avoir récupéré un palet, m'être avancé pour shooter et je vois le puck qui rentre dans les filets. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, je me demandais même si c'était vrai. >> La saison suit son cours et lui, l'un des trois juniors de l'équipe (avec Mathieu Bellet et Thomas Bergamelli), continue ses classes avec talent.

L'été survient et Marc part en stage avec l'équipe de France des moins de 20 ans. << J'ai alors appris que c'en était fini de l'élite. Je me suis posé quelques questions et puis, je suis resté. Le championnat junior restait attrayant et nous avions un challenge à relever en seniors. >> Des sunlights de l'Europe, il tombe dans la pénombre de la D3, où l'adversité se résume à presque rien, n'était-ce l'équipe niçoise qu'affronte Grenoble samedi soir. << Il faut avoir envie pour disputer ces matchs, reconnaît-il, et se motiver comme on peut. >> Entre temps, Marc participe à l'aventure des juniors tricolores, qui décrochent cet hiver le podium du mondial B. Un double exploit : << D'abord, parce qu'on nous promettait la relégation et, plus personnellement, parce qu'être sélectionné (avec Bellet) en jouant en D3, c'est pas évident. >>

Fidèle à ses Brûleurs de Loups, quand tant d'autres ont quitté le navire, Marc, à peine 20 ans et une gueule d'ange séducteur, a poursuivi en Isère. Persuadé que Grenoble renaîtrait de ses cendres fumantes. << Bien sûr, je serais amené à réfléchir si le purgatoire se prolongeait. Mais j'aimerais rejouer en élite ici. >> En attendant la résurrection, il tâchera samedi de faire revivre Clémenceau malgré la relégation aux oubliettes nationales. Et d'en finir avec les paradoxes.

Jean-Benoît Vigny

 

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