Quand Ari raconte sa vie

 

Article du Dauphiné Libéré (25 février 2000).

Entraîneur-joueur et superviseur des Brûleurs de Loups, Ari Salo a décidé de rester au club malgré tous ses ennuis. Son objectif ? Faire en sorte que Grenoble redevienne une place forte du hockey français.

Champion d'Europe avec Helsinki en 1995, onze sélections en équipe nationale, deux fois champion de Finlande, vice-champion de France : le palmarès d'Ari parle pour lui. Réservé, il est cependant beaucoup plus difficile de le faire parler de lui. Avec son accent finlandais et sa lèvre enflée par un palet lors d'un match amical, il a quand même accepté de se livrer.

Après avoir joué dans sa ville natale de Jyräskä jusqu'à l'âge de 26 ans, il va tenter sa chance en Suède une saison puis revient en Finlande à Helsinki où il va remporter deux titres nationaux et devenir champion d'Europe. Puis, sur les conseils d'un de ses coéquipiers, il vient en France, à Rouen. << J'avais envie de connaître une nouvelle expérience. La Suède ressemble beaucoup à la Finlande mais en France, j'ai vraiment été dépaysé. >> Car si le hockey est le sport roi en Finlande, il découvre que le championnat français est vraiment très différent : << Tout est plus professionnel en Finlande. Il y a une véritable culture hockey. J'ai chaussé mes premiers patins à l'âge de trois ans et à six ans j'avais déjà une crosse dans les mains. Le hockey, c'est comme le football ici, tout le monde veut être professionnel. >> Après Rouen, il va à Briançon rejoindre Rami Koïvisto, un ami, puis il pose ses valises à Grenoble.

Et alors que tout le monde quitte le navire quand les Brûleurs sont rétrogradés en troisième division, il décide de rester. << Je me sens bien ici. Il y a les montagnes partout et la mer n'est pas trop loin. Mes enfants sont scolarisés à Grenoble et on n'avait pas envie de déménager une nouvelle fois. >> Malgré quelques propositions et après de longues discussions avec le président, il devient entraîneur-joueur et superviseur des Brûleurs de Loups. Ce passionné, qui ne pense qu'au hockey, l'avoue : << Il y a beaucoup de travail >>, mais la bonne ambiance le motive. << Grenoble doit redevenir une place forte du hockey français. Tout est réuni pour que l'on ait une grande équipe et le championnat français a besoin de Grenoble. >> Alors, malgré la troisième division, il s'investit énormément et ne rate aucun entraînement de l'équipe première aux tout-petits. Quand on l'interroge pour savoir quels sont ses projets, Ari répond simplement : << Si on me propose de continuer à travailler ici, je resterai, car je suis bien. Avec la nouvelle patinoire il faut que l'on retrouve l'Élite car c'est notre place. >> Et quand on lui demande s'il continuera à chausser ses patins (Ari a bientôt 37 ans) il se fait plus évasif mais on sent que la passion est telle qu'à la moindre occasion il sera prêt à défendre son camp. En tout cas, ce petit gabarit (1,72 m pour 72 kg) qui a toujours compensé son manque de physique par son patinage et sa vision du jeu (ses principaux atouts selon lui) s'est fait à Grenoble, à défaut d'un palmarès, beaucoup d'amis. Et des joueurs aux supporters en passant par les dirigeants, sa simplicité, sa générosité et son travail font l'unanimité.

Julien Reynier

 

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